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Yaoundé - 20 avril 2024 -
Agriculture et agroindustrie

Café

(Investir au Cameroun) - Café : « le Cameroun entend tripler sa production »

Le pays veut porter sa production de café de 43 000 à 125 000 tonnes en cinq ans pour reprendre sa place parmi les douze premiers producteurs mondiaux.

Une coopérative de producteurs de café en Ethiopie.

Une coopérative de producteurs de café en Ethiopie.

Deuxième exportateur mondial de café en 1990, avec une production de 132 000 tonnes, le Cameroun n’en a produit que 24 360 tonnes en 1994. Le café subissait les conséquences de l’ajustement structurel ayant imposé la libéralisation des cultures de rente à la plupart des pays africains, qui ont fait appel à la Banque mondiale pour enrayer la dégradation de leur situation économique.

La régénération des vieilles plantations est arrêtée, la vulgarisation des meilleures pratiques culturales oubliée, la commercialisation libéralisée vire à l’anarchie avec l’afflux de nombreux aventuriers décidés à gagner de l’argent à tout prix.

La potion s’applique indifféremment à tous les pays, à toutes les filières. De l’arachide sénégalaise au cacao ghanéen, du coton malien à l’ananas ivoirien. Pour restaurer les finances publiques déficitaires, il faut délester l’Etat des investissements dans ces filières. Abandon de la recherche, de la fourniture des semences, des engrais et du matériel agricole, suppression de la subvention des prix d’achat au producteur qui chutent drastiquement en raison de l’arrivée du Viêt Nam sur le marché du café (grâce aux conseils de la Banque mondiale) et de l’expansion de la culture au Brésil. Cette politique a ruiné quelque 25 millions de petits producteurs partout dans le monde, avec la chute de moitié des cours, qui retombent au niveau des prix pratiqués trente ans auparavant.

 

Désengagement

Au Cameroun, l’Etat s’était désengagé de toute la production caféière. L’arrêt des recherches a décimé les variétés de café cultivées localement, particulièrement vulnérables à l’anthracnose. La régénération des vieilles plantations est arrêtée, la vulgarisation des meilleures pratiques culturales oubliée, la commercialisation libéralisée vire à l’anarchie avec l’afflux de nombreux aventuriers, décidés à gagner de l’argent à tout prix. La suppression de l’encadrement des producteurs, des subventions qui rendaient les pesticides et les engrais disponibles et accessibles, l’abandon des plantations, la mauvaise organisation des producteurs, s’ajoutant à la taille modeste des parcelles de production, à l’épuisement des sols, à l’utilisation de matériel végétal de mauvaise qualité et au vieillissement des producteurs finissent de ruiner la filière.

La productivité en est, comme la production, fort affectée. Elle tombe à 300 kg à l’hectare, contre, par exemple, 816 à 1032 au Brésil, en 2002.

 

D’autres ressources

Pendant longtemps, malgré l’appauvrissement des caféiculteurs, le gouvernement ne s’en est guère préoccupé. Il peut compter sur d’autres ressources, le pétrole, le bois, pour entretenir, de 1965 à 1985, une croissance soutenue. La dégradation de la situation économique, qui a culminé avec la dévaluation de la monnaie commune, le franc CFA, de la zone franc en 1994, a contraint le pays à se plier aux conditions de la Banque mondiale et du FMI pour obtenir l’effacement de 3475 milliards de dollars de dette en atteignant, en juin 2006, le point d’achèvement du PPTE (Pays pauvres très endettés).

 

Injonctions

Depuis, le pays est obligé de tenir compte des injonctions des institutions de Bretton Woods. En juin 2008, en lui accordant 4,29 millions de dollars au titre de la FRPC (Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance), le FMI notait que « l’accélération de la croissance exigerait des efforts de réforme plus intenses. Il serait essentiel de mobiliser davantage de recettes non pétrolières et de réduire les subventions aux entreprises publiques, afin de dégager la marge de manœuvre budgétaire requise pour augmenter les dépenses prioritaires, notamment dans l’agriculture et les infrastructures ».

La récente décision de relancer la production de café est une des réponses aux « conseils » de Bretton Woods. Elle va contribuer à réduire la dépendance au pétrole et à investir dans l’agriculture.

 

Nouvelles plantations

Le plan de relance 2010-2015, rendu public le 7 octobre dernier, doit permettre de porter la production de café, de 43 000 tonnes cette année, à 125 000 tonnes. 26 milliards de francs CFA (38 millions d’euros) devront être investis. Pour définir la stratégie et les moyens de relance de la production caféière, le plan a été élaboré avec la participation de tous les acteurs de la filière au Cameroun et l’assistance de la Banque mondiale, de la CNUCED et de la FAO. L’étude a été financée par le Centre du commerce international et l’Union européenne. Il s’agit de mettre en place de nouvelles plantations, au matériel végétal amélioré, de régénérer le verger existant, d’augmenter l’utilisation des engrais grâce à la baisse de leurs coûts, de moderniser les équipements techniques et de subventionner les agriculteurs. Le Cameroun espère retrouver ainsi sa place parmi les douze premiers producteurs mondiaux de café.

Sur les 38 millions d’euros nécessaires au financement du plan, l’Etat en a déjà mobilisé 12 millions. Le Fonds de développement des filières cacao-café doit apporter 15 millions supplémentaires. Les 9 millions restants sont attendus des partenaires de coopération, la Banque mondiale, le Centre du Commerce international, la FAO et le Fonds commun pour les produits de base.

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