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Yaoundé - 25 avril 2024 -

Les 27 et 29 décembre 2023, la Société anonyme des boissons du Cameroun (SABC), le leader du marché brassicole au Cameroun, et ses filiales Société camerounaise de verrerie (Socaver) et Société des eaux minérales du Cameroun (Semc) ont procédé à la rétrocession aux populations de Ndogbong (Littoral), Bamendakwe (Nord-Ouest) et Mboango (Littoral), de trois projets d’adduction d’eau potable financés par leurs soins. Il s’agit de deux forages (Ndogbong et Bamendakwe) et d’un réseau de conduite d’eau potable (Mboango), qui ont globalement coûté 63 millions de FCFA, apprend-on.

Selon Boissons du Cameroun et ses filiales, ces ouvrages ont pour objectif de soulager les populations durement affectées par les pénuries d’eau, en favorisant « l’accès à l’eau potable à plus de 30 000 personnes ; à lutter contre les maladies hydriques tel que le choléra ; et à apporter de l’espoir et procurer du bonheur » aux populations concernées.

« Vous savez tous que l’eau, c’est vie. Les populations de Mboango, qui étaient habituées à aller dans les ruisseaux pour recueillir de l’eau, ont enfin de l’eau potable en cette fin d’année. Je dis merci à la Société des eaux minérales du Cameroun », a confié Sa Majesté Frédéric Augustin Pandong, chef de 1er degré du Canton Mbo, auquel appartient le village Mboango.

« Avec ces ouvrages, nous poursuivons notre engagement citoyen sur les principaux axes de notre stratégie de responsabilité sociétale ; qu’il s’agisse d’encourager la performance à l’école par l’octroi des bourses et fournitures scolaires aux meilleurs élèves, de dons de consommables, médicaments et matériel médical pour améliorer les conditions de prise en charge des malades à l’hôpital et sauver des vies ; de la fourniture d’eau potable ; de la promotion du sport, de l’art et la culture, ou de l’entrepreneuriat », commente Stéphane Descazeaud, le directeur général de la SABC.

BRM

L’encours des créances en souffrance des banques de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac) a atteint 1917,9 milliards FCFA au 31 décembre 2022. Ces crédits bancaires non remboursés à échéance ont été multipliées par 4 par rapport à leur niveau atteint dix ans plus tôt (495 milliards FCFA à fin décembre 2012), révèle la Banque des États d’Afrique centrale (Beac), dans sa revue de stabilité financière 2022, publiée le lundi 8 janvier 2024.

Selon l’institution financière, cette dégradation de la qualité du portefeuille de crédits des banques sur la période 2012-2022 s’explique à la fois par des facteurs conjoncturels et structurels. Sur le plan structurel, l’institut d’émission des six pays de la zone Cemac fait savoir que l’augmentation du niveau des créances en souffrance est liée aux insuffisances des dispositifs de gestion des risques et de gouvernance au sein des banques. En effet, la Beac explique que les banques déploient davantage d’efforts sur les aspects commerciaux au détriment d’une analyse rigoureuse du risque de crédit dans leurs portefeuilles.

Sur le plan conjoncturel, la fragilisation des équilibres budgétaires des États de la Cemac, suivie de la baisse de l’activité économique a induit une accumulation des arriérés de paiement par les États, dans le portefeuille de crédits des banques.

Pour la Beac, cette croissance des créances en souffrance « constitue une préoccupation majeure pour les États de la zone, pour la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac), la banque centrale et les établissements de crédit ». Cette préoccupation est d’autant plus importante que le risque de crédit, appréhendé par les créances en souffrance, demeure actuellement l’un des principaux risques auxquels sont confrontées les banques de la Cemac, souligne la banque centrale.

1 BEAC

Pour limiter la progression de ces créances qui affectent la liquidité des banques et réduit leurs actions de financement de l’économie, la Cobac demande formulée aux banques par de présentation des plans d’apurement de ces créances en souffrance ainsi que la mise en place de mesures visant à améliorer les dispositifs de gestion du risque de crédit des banques.

Chamberline Moko

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Malgré la reprise de ses activités en 2020, après une suspension intervenue en septembre 2018, à cause de la crise socio-politique qui secoue les régions anglophones du Cameroun depuis fin 2016, la Cameroon Development Corporation (CDC) peine toujours à payer les salaires de ses employés. Ceci, en dépit des différents appuis financiers de l’État, unique actionnaire de cette entreprise qui exploite de vastes plantations d’hévéa, de bananes et de palmiers à huile dans la région en crise du Sud-Ouest du pays.

« Les difficultés d’exploitation rencontrées par la CDC ne permettent pas d’honorer ses engagements financiers. (…) L’on note ainsi une augmentation globale de son endettement. (…) Pour la dette sociale, son augmentation est liée à l’évolution des arriérés de salaires au 31 décembre 2022 de 17,78%, malgré l’appui de l’État, ainsi qu’à l’accumulation des impayés de cotisations sociales en augmentation de 15%. Au 30 juin 2023, les arriérés de salaires se situent à 35,7 milliards de FCFA, et la dette sociale vis-à-vis de la CNPS (le fonds de pension public, NDLR) à 26,7 milliards de FCFA », révèle le rapport sur la situation des entreprises et établissements publics en 2022, que vient de publier la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR). Avec une masse salariale mensuelle estimée à 2 milliards de FCFA, selon le chiffre révélé lors d’un conseil d’administration tenu le 27 décembre 2018 à Bota-Limbé, dans la région du Sud-Ouest, cela fait autour de 17 mois d’arriérés de salaire cumulés.

Avec des pertes cumulées de 38,7 milliards de FCFA entre 2019 et 2021, selon les données de la CTR ; la CDC est l’entreprise camerounaise qui paye le plus lourd tribute des revendications séparatistes en cours dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. En 2018, par exemple, 12 sites de production sur les 29 que compte l’entreprise étaient en arrêt total de production, en raison de l’insécurité créée dans les plantations par les séparatistes. Ces derniers n’avaient d’ailleurs pas hésité à transformer certains de ces sites en camps de base pour leurs milices armées, qui ont tué plusieurs travailleurs et grièvement blessés plusieurs autres.

Cette conjoncture difficile a officiellement causé la perte de 6 124 emplois sur les plus de 22 000 que comptait cette entreprise, 2e employeur du Cameroun après l’administration publique. Ces pertes d’emplois ont probablement augmenté au cours de l’année 2022, du fait de la situation précaire dans laquelle évolue la CDC. « L’on observe un taux de désertion du personnel de plus en plus important, malgré les subventions débloquées par le gouvernement pour le règlement partiel des salaires », révèle le rapport de la CTR.

Brice R. Mbodiam

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Dans un communiqué rendu public ce 9 janvier 2024, le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, dévoile la nouvelle grille tarifaire du fer à béton au Cameroun. Cette grille, applicable dès ce mois de janvier 2024, consacre une baisse de ce produit variant de 70 à 235 FCFA en fonction des villes (Douala et Yaoundé) et du type de fer, soit une réduction de l’ordre de 2,2% à 5%. « Les nouvelles baisses ainsi enregistrées s’appliquent, à due hauteur, sur l’ensemble du territoire national », précise Luc Magloire Mbarga Atangana.

 Nouvelle grille des prix en FCFA

Douala

Yaoundé

FE400

Prix actuel 

Nouveau prix

Différence

Prix actuel

Nouveau prix

Différence

Diamètre 8

2900

2795

-105 (3,6%)

2950

2850

-100 (3,3%)

Diamètre 10

4460

4295

-165 (3,6%)

4540

4380

-230 (5%)

Diamètre 12

6400

6165

-235 (3,6%)

6520

6290

-230 (3,5%)

FE500

Prix actuel

Nouveau prix

Différence

Prix actuel

Nouveau prix

Différence

Diamètre 8

3070

3000

-70 (2,2%)

3125

3055

-70 (2,2%)

Diamètre 10

4700

4590

-110 (2,3%)

4790

4680

-110 (2,2%)

Diamètre 12

6750

6600

-150 (2,2%)

6880

6725

-155 (2,2%)

Source : ministère du Commerce

Cette nouvelle baisse des prix du fer à béton intervient après celle survenue en octobre 2023 « décidée en concertation avec les sociétés de production », d’après Luc Magloire Mbarga Atangana. Les prix de ce produit utilisé dans le secteur du BTP avaient déjà connu une réduction de l’ordre de 2%. Par ces baisses des prix, les producteurs de fer à béton accèdent à une requête du gouvernement qui souhaite voir les prix de certains produits de grande consommation baisser sur le marché, à la faveur de la détente actuellement observée autour des cours mondiaux des matières premières et du fret.

Il faut dire que malgré cette tendance, le Cameroun connait toujours une hausse généralisée des prix. Selon les données de l’Institut national de la statistique (INS), en moyenne, sur les douze derniers mois, le taux d’inflation s’élève à 7,5% en novembre 2023. Ces tensions inflationnistes dépassent largement le seuil de 3% admis dans la zone Cemac.

SG

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Le Cameroun veut consacrer 38 millions de dollars (un peu plus de 22,77 milliards de FCFA à la valeur actuelle du dollar américain) pour lutter contre l’insécurité alimentaire dans le pays en 2024, a annoncé, le 4 janvier, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural (Minader), Gabriel Mbaïrobe. Ce montant s’inscrit dans le cadre du Projet d’urgence de lutte contre la crise alimentaire (Pulca), financé par la Banque mondiale à hauteur de 100 millions de dollars (plus de 59 milliards de FCFA).

 « Nous avons des populations qui sont en situation de crise alimentaire et ce projet vise non seulement à soutenir ces populations en leur apportant une assistance humanitaire, mais aussi de renforcer leurs capacités de production. Il sera aussi question d’améliorer les infrastructures communautaires pour faire face aux effets négatifs du changement climatique », a déclaré le membre du gouvernement, cité par Cameroon tribune.

Le projet est prévu pour couvrir les régions du Nord, de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest, du Sud-Ouest, de l’Adamaoua et de l’Est. Au Cameroun, 2,9 millions de personnes (soit 10,6% de la population) sont en insécurité alimentaire, selon les résultats du Cadre harmonisé des zones à risque et d’identification des populations en insécurité alimentaire et nutritionnelle au Cameroun dévoilés le 11 décembre dernier.

Cette situation d’insécurité alimentaire, qui inquiète les autorités camerounaises, serait due à la hausse des prix des intrants, la flambée des prix des denrées alimentaires, des conditions météorologiques extrêmes (sécheresse et inondations) dans la partie septentrionale du pays, la destruction des cultures par les chenilles, la dévastation des champs par les éléphants et la crise sociopolitique dans les régions anglophones. La situation, apprend-on, s’est particulièrement dégradée dans 10 départements du pays : cinq dans le Sud-Ouest, trois dans le Nord-Ouest et deux dans l’Extrême-Nord.

Cette enveloppe devrait permettre notamment d’améliorer les moyens de subsistance et de subvenir aux besoins alimentaires et nutritionnels de plus de 260 000 personnes en situation d’insécurité alimentaire et de vulnérabilité, ainsi qu’à 159 000 agriculteurs, éleveurs et pêcheurs touchés par la crise dans les régions ciblées.

P.N.N

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Au cours de l’exercice 2022, le trafic aérien de passagers a connu une hausse d’environ 37,5% au Cameroun par rapport à 2021. Ainsi, le nombre de passagers transportés par voie aérienne est passé de 1 083 117 passagers en 2021 à 1 489 317 en 2022, soit une augmentation de 406 200 passagers. Cependant, cette augmentation demeure inférieure au niveau d’avant la pandémie (année 2019) de -1,55%. C’est ce que révèle le rapport de la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR) sur la situation des entreprises et établissements publics du Cameroun en 2022. Selon le document, l’année 2022 a été marquée par une activité dense du trafic aérien mondial en raison de l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) du 9 janvier au 6 février 2022 au Cameroun. Ce, après la baisse considérable de l’activité aérienne observée en 2020 suite à la pandémie de la Covid-19 et sa reprise modérée en 2021.

Cette embellie s’est également répercutée sur la Cameroon Airlines Corporation (Camair-Co) qui a connu une accélération caractérisée par l’augmentation des fréquences de vols sur les zones de dessertes de Yaoundé (Centre), Douala (Littoral), Ngaoundéré (Adamaoua), Garoua (Nord) et Maroua (Extrême-Nord). Selon le CTR, la compagnie nationale aérienne du pays a transporté 209 994 passagers en 2022 contre 153 571 en 2021. Soit 56 423 passagers en plus, ce qui représente un taux de 36,74% par rapport à l’année précédente. Sur la même période, la compagnie a transporté 341 155 kg de fret. Ce, pour des recettes totales de plus de 18 milliards de FCFA en 2022, en hausse de 56 % par rapport à 2021, apprend-on. Ledit chiffre d’affaires est constitué de 92% du revenu issu du transport des passagers et 8% du fret. Selon le rapport, la flotte actuelle de l’entreprise compte neuf aéronefs, dont six en service. En 2022, six destinations ont été desservies sur le marché domestique par la compagnie et deux dessertes sur le marché régional (Gabon, Tchad), d’après la même source.

Le nombre de mouvements d’aéroports a connu également une progression de 28,65%, passant de 27 850 mouvements en 2021 à 35 830 mouvements en 2022, indique le CTR. A contrario, le trafic aérien de fret a connu une régression : le tonnage annuel transporté en 2022 a enregistré une chute de 13,20% en comparaison avec l’année 2021, passant ainsi de 25 106 tonnes en 2021 à 21 791 tonnes en 2022, soit une baisse de 10,51% par rapport à 2019 avant la Covid-19. L’Association internationale du transport aérien (IATA, sigle en anglais) prévoyait que les compagnies aériennes devraient réaliser en 2023 des bénéfices nets de 4,7 milliards de dollars sur des recettes de 776 milliards USD.

Patricia Ngo Ngouem

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D’après le rapport sur la situation des entreprises et établissements publics pour l’année 2022, de la Commission technique de réhabilitation (CTR), un organe du ministère des Finances, la Société de recouvrement de créances du Cameroun (SRC) a travaillé en 2022 sur neuf décisions de justice pour un montant de 46,297 milliards de FCFA avec pour objectif de recouvrer 10,325 milliards de FCFA pour le compte de l’État et de ses démembrements. Mais elle n’a recouvré que 5,395 milliards de FCFA. Ce qui correspond à un taux de réalisation de 52,26% et une baisse de 17% par rapport aux 6,5 milliards de FCFA recouvrés en 2021.

Les raisons de cette contre-performance ne sont pas évoquées par la CTR. Elle intervient pourtant après que la SRC s’est vue accorder de nouveaux pouvoirs en 2020 en vue d’accroitre son champ d’action. Depuis lors, le bras séculier de l’État en matière de recouvrement des créances peut faire recours à la force publique, accéder à toutes bases de données, aux immeubles, locaux et propriétés des débiteurs.

Même si ses recouvrements ont connu un bond de 39,45% en 2021, de manière générale la SRC peine souvent à atteindre ses objectifs de recouvrement. Selon le rapport de la CTR de 2020, le volume de créances recouvrées au cours de cet exercice est de 4,6 milliards de FCFA contre un objectif de départ de 6,6 milliards. Pour remédier aux problèmes, la SRC entend renforcer ses effectifs par le recrutement dans le corps de la magistrature et de l’administration des greffes et améliorer les capacités de son personnel en matière de recouvrement bancaire.

La SRC envisage, en outre, de poursuivre la recherche de nouveaux portefeuilles de créances compromises et le recouvrement des créances commerciales par des actions de marketing, en direction des entreprises publiques porteuses de créances douteuses ou compromises (CNPS, Pak, Art, Sonara et Matgenie). Elle veut par ailleurs nouer un partenariat avec le ministère des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières (Mindcaf) pour une meilleure gestion des inscriptions d’hypothèques.

Frédéric Nonos

Une nouvelle récolte de blé est attendue dans les prochains jours à Wassande, localité l’Adamaoua, une région du Cameroun qui abrita en son temps les installations de la Société de développement du blé (Sodéblé), entreprise publique tombée en faillite en 1980. L’information a été révélée au cours de la visite de terrain effectuée le 22 décembre 2023 à Wassande par le ministre de l’Agriculture, Gabriel Mbairobe. La récolte, dont le tonnage n’a pas été précisé, est le fruit de semences mises à la disposition d’une coopérative locale en août 2023 par l’Institut de recherches agricoles pour le développement (Irad).

En effet, afin de réduire la dépendance du Cameroun aux importations de blé, qui creusent le déficit de la balance commerciale du pays, l’Irad expérimente depuis quelques années des variétés de blé pouvant pousser au Cameroun avec des rendements probants. Ces expérimentations ont eu lieu dans les régions du Nord-Ouest et de l’Adamaoua. C’est dans cette dernière région que l’Irad a décidé de lancer les premiers champs semenciers, certainement à la faveur des financements mis à sa disposition suite à une instruction du chef de l’État.

C’est que, après la publication en avril 2022 d’une note de conjoncture sur le blé, dans laquelle l’Irad invoquait le manque de moyens financiers pour le développement de la culture de cette céréale dans le pays, le président de la République, Paul Biya, a instruit la mise à la disposition de cet institut, d’une subvention spéciale d’un peu plus de 10 milliards de FCFA à décaisser sur une période de 5 ans. Avec pour objectif de relancer la production à grande échelle du blé au Cameroun.

Pour rappel, selon les données de l’Institut national de la statistique (INS), le pays a importé une cargaison totale de 966 400 tonnes de blé en 2021. Ce qui correspond à une augmentation de 106 400 tonnes (+12,3%) par rapport aux 860 000 tonnes de cette céréale importées au cours de l’année 2020. Ces importations ont imposé au Cameroun d’expatrier une enveloppe de 182,7 milliards de FCFA, contribuant ainsi non seulement à obérer les réserves en devises du pays, mais aussi à creuser le déficit commercial du Cameroun, estimé à 1 478 milliards de FCFA en 2021 (+7,5%). 

BRM

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Depuis le 1er janvier 2024, les personnes désireuses de sortir du Cameroun sont obligées de présenter une attestation de conformité fiscale (ACF) dans les services consulaires des ambassades pour obtenir le visa, conformément aux nouvelles dispositions de la loi de finances 2024 de l’État du Cameroun. Mais, dans un communiqué signé le 5 janvier 2024, le ministre des Finances, Louis Paul Motazé, précise que certaines personnes sont exemptes de cette obligation.

« Le ministre des Finances informe les contribuables particuliers, professionnels ou non, qu’en application des dispositions nouvelles de la loi de finances 2024, l’attestation de conformité fiscale est désormais exigible pour toute demande de visa auprès des missions diplomatiques et consulaires établies au Cameroun. Toutefois, ne sont pas concernés par cette exigence, les enfants mineurs et étudiants sans revenus, ainsi que les cas d’évacuation sanitaires », peut-on lire dans le communiqué sus-mentionné.

Dans un prospectus de sensibilisation sur cette nouvelle mesure fiscale, la direction générale des impôts (DGI) du ministère des Finances explique que ce document exclusivement délivré en ligne est venu substituer l’attestation de non redevance (ANR), et « atteste qu’un contribuable est à jour de ses obligations déclaratives et de paiement d’impôts et taxes ». « L’existence d’une dette (fiscale) à la charge de l’entreprise ne fait pas obstacle à l’obtention par son dirigeant d’une ACF », précise la DGI.

BRM      

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Au cours de l’année 2023, le Cameroun a exporté 206 852 tonnes de bananes, en baisse de 4,3% (-9 251 tonnes) par rapport à la cargaison de 216 103 tonnes expédiée vers le marché international au cours de l’année 2022, selon les données révélées par l’Association bananière du Cameroun (Assobacam). Cette baisse des exportations survient alors qu’un 4e producteur est arrivé sur le marché local depuis le mois de juin 2023.

Il s’agit de la Compagnie des bananes de Mondoni (CDBM), nouvelle filiale du groupe français Compagnie fruitière, qui contrôle déjà la société des Plantations du haut Penja (PHP), le leader du marché de la banane au Cameroun. La nouvelle entité, qui opère dans la localité de Mondoni, dans la région du Sud-Ouest du Cameroun, a totalisé des exportations de 3 155 tonnes au 31 décembre 2023, selon les chiffres mis à disposition par l’Assobacam.

La baisse des exportations de bananes enregistrée au Cameroun au cours de l’année 2023 aurait pu être plus importante, n’eussent été les bonnes performances réalisées par la Cameroon Developement Corporation (CDC) au cours de la période sous revue. Cette société d’État, 2e employeur du pays après l’administration publique, affiche des exportations de 29 063 tonnes en 2023. Celles-ci sont en hausse de 37% par rapport aux 21 224 tonnes de bananes expédiées vers le marché international en 2022.

L’embellie observée à la CDC a permis d’atténuer le fléchissement des exportations observé aussi bien à la PHP qu’à Boh Plantations Plc, qui a cédé son statut de petit poucet du marché au nouveau venu CDBM. En effet, à en croire les chiffres de l’Assobacam, les exportations de la PHP ont chuté de 9,5% en 2023, passant de 179 347 tonnes à fin 2022 à 162 267 tonnes au 31 décembre 2023. Ce qui correspond à une baisse de 17 080 tonnes en valeur absolue.

Dans le même temps, Boh Plantations Plc enregistre une baisse des exportations de 20,4% au cours de l’année 2023. Selon l’Assobacam, elles ont culminé à seulement 12 367 tonnes en 2023, après être ressorties à 15 532 tonnes en 2022.

Pour rappel, principalement vendue dans les pays de l’Union européenne, la banane fait partie du top 10 des exportations non pétrolières du Cameroun. Pour tirer davantage de revenus de ce produit d’exportation, le pays entend porter la production nationale annuelle à 500 000 tonnes en 2030, selon les projections contenues dans la Stratégie nationale de développement (SND 20-30).

Brice R. Mbodiam

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En 2022, la Société de développement du cacao (Sodecao), bras séculier de l’État en matière de développement de la cacaoculture, a bénéficié d’une subvention de l’État d’un peu plus de 1,6 milliard de FCFA, apprend-on dans le rapport de la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR) sur la situation des entreprises et établissements publics du Cameroun en 2022. Il s’agit d’une subvention de fonctionnement de 1,35 milliard de FCFA octroyée par le ministère des Finances (Minfi) et d’une subvention d’investissement de 280 millions de FCFA accordée par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural (Minader).

Cet appui financier du Minader a permis à la Sodecao de produire 5 256 600 plants de cacaoyers contre 5 000 000 en 2021 (en hausse de 5%), 210 264 cabosses semences contre 187 000 en 2021 et créer neuf ha de nouveaux champs semenciers, selon le CTR. Ce financement a également permis à la Sodecao d’acquérir dix motos pour l’encadrement des cacaoculteurs, quatre tracteurs pour le transport des terres fumistes.

En plus de ces subventions, la Sodecao a reçu de la Redevance à l’exportation du Cacao et du Café (RECC) un montant de 2,1 milliards de FCFA représentant 40,59% des ressources globales et 1,2 milliard de FCFA grâce à un Contrat d’objectif minimum signé en 2021 avec l’État. Ce qui a permis notamment d’acquérir des véhicules pour le transport des plants de cacaoyers, créer 40 hectares de plantations de production et 09 champs semenciers…

Au cours des prochaines années, la Sodecao espère accroitre davantage ses rendements et porter la production à 640 000 tonnes de cacao d’ici 2025 et 1,2 million de tonnes à l’horizon 2035 notamment grâce à l’opérationnalisation en cours de la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND 30) d’une part, la mise en œuvre de la Stratégie de développement du secteur rural (SDSR) et le Plan national d’investissement agricole (PNIA), outil de développement sectoriel d’autre part. Un objectif qui pourrait être atteint si le Cameroun réussit à réduire son déficit de semences évalué à 20 millions de plants par an.

Rappelons que la Sodecao œuvre pour le développement de la cacaoculture au Cameroun. À ce titre, elle est chargée entre autres de la réalisation des Plantations d’expérimentation et de démonstration (PED) ainsi que de la vente ou la transformation des produits issus de ces dernières, de l’approvisionnement et la formation des planteurs en vue de l’amélioration de la qualité du produit et la réhabilitation et l’entretien des pistes de collecte du cacao.

SG

La plateforme d’échange de cryptomonnaies Yellow Card est au centre d’un litige financier. Son conseil, Me Jonie Banyong Fonyam, Jr, par ailleurs actionnaire et administrateur au Cameroun, est placé en garde à vue depuis le 27 décembre 2023 à la prison centrale de Douala, après dix jours de garde à vue à la police judiciaire. Il est accusé de rétention frauduleuse et d’escroquerie d’une somme de 510 millions de FCFA.

Dans une déclaration publiée le 31 décembre 2023, la fintech américaine qui opère au Cameroun par le biais de deux filiales (Yellow Card Cameroon et Backend Tech Services), précise que la détention de son administrateur est relative à un différend commercial avec deux de ses clients. Il s’agit des Camerounais Sébastien Bodang et Cedric Tifuh Fon, ainsi que leurs sociétés respectives, Bosecx FX LTD et Fon Tifuh FG Enterprises. Clients de Yellow Card depuis 2021, ces derniers ont effectué un total de 2213 transactions dont huit (environ 0,3%) font l’objet du litige financier.

D’après Yellow Card, ces clients n’auraient pas réglé l’intégralité des montants à percevoir, entraînant une dette de 510 millions de FCFA, répartie sur les huit transactions (au lieu d’une seule transaction). Présente dans une vingtaine de pays africains, Yellow Card soutient par ailleurs que Me Jonie Banyong Fonyam n’était ni dirigeant ni administrateur au moment des transactions. Il faut rappeler qu’il a été nommé administrateur en novembre 2022. L’entreprise indique qu’en octobre 2023, après avoir procédé à un processus exhaustif de rapprochement des relevés bancaires et à un audit interne, la dette impayée a été déduite d’une transaction entre les parties.

Cette déduction est contestée par les deux clients qui affirment que les huit transactions en litige, ils ont payé un montant total de 510 millions de FCFA en espèces à l’ancien employé de Yellow Card, Nigel Ndikombui Mingoh. Mais ces derniers, selon Yellow Card, n’ont pas réussi à justifier leurs affirmations par des documents écrits ou des enregistrements de communications électroniques datés de l’époque où se sont déroulés les faits. « Yellow Card n’accepte pas et n’a jamais accepté d’argent liquide payé directement à la société ou aux représentants de la société (…) dans le cadre de la conformité de sa conformité avec les lois et règlements contre le blanchiment d’argent et la criminalité financière… », soutient la fintech.

Malgré des discussions entamées pour résoudre le différend à l’amiable, « les plaignants ont eu recours à des moyens non orthodoxes afin de biaiser le cours de la justice au Cameroun en influençant les fonctionnaires pour faire arrêter Jonie, ce qui a été fait sur instruction du procureur général auprès la Cour d’appel du Littoral », accuse Yellow Card, qui juge absurde que « Jonie ait été accusé d’actes criminels pour un litige purement commercial dans lequel il n’a entrepris aucune action, et ait été incapable d’obtenir une libération sous caution alors que les actes criminels allégués constituent des délits passibles de caution ». Joints au téléphone, les plaignants n’ont pas souhaité se prononcer sur cette affaire.

Au cours de sa première audience le 3 janvier dernier, le tribunal a rejeté la demande de liberté provisoire formulée par les conseils de Me Jonie Banyong Fonyam et ordonné l’ouverture des débats. La prochaine audience est prévue le 15 janvier prochain.

Frédéric Nonos

Dans une circulaire signée le 5 janvier 2024, adressée aux directeurs nationaux et chefs de centre de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), le directeur d’exploitation de l’institut monétaire des pays de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale) donne les orientations sur la mise en œuvre du processus de retrait progressif de la circulation des billets de banque de la gamme 2002. À en croire Jean Clary Otoumou, ce processus est effectif depuis le 2 janvier 2024, conformément à une résolution prise lors de la session ordinaire du Comité interministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale du 7 novembre 2022.

Afin de rendre cette mesure effective, le directeur d’exploitation de la Beac prescrit de ne servir que « les billets de la gamme 2020 lors des prélèvements des banques et comptables publics, à compter du 2 janvier 2024 ; reconnaître et contrôler les billets de 5 000, 2 000, 1 000 et 500 FCFA de la gamme 2002, puis les transférer à la caisse destruction après leur perforation ; procéder au tri qualité des billets de 10 000 de la gamme 2002 reçus des versements des banques et comptables publics, puis les transférer dans les caisses dédiées (caisse réserve et caisse destruction) », détaille le document signé par Jean Clary Otoumou.

Cette opération vise à inonder les circuits économiques avec les nouvelles coupures dites de la « gamme 2020 », officiellement mises en circulation dans la zone Cemac le 15 décembre 2022 par la banque centrale, tout en retirant progressivement ceux de la gamme 2002. Ce qui ne signifie pas que les coupures de 2002 ne sont plus admises lors des transactions financières dans la zone Cemac. Elles seront toujours utilisées par les agents économiques, jusqu’à la survenue de la décision de les démonétiser, qui pourrait intervenir dans 10 ans.

Pour preuve, les billets de la gamme 1992, remplacées par celles de la gamme 2002, ne seront démonétisées qu’à partir du 1er juin 2024, soit plus de 20 ans après leur mise en circulation. Depuis le 1er juin 2023, les détenteurs de ces billets peuvent toujours les échanger dans les services de la Beac.

BRM

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A compter de ce 8 janvier 2024, une partie du personnel de la société Azur SA entame une période de chômage technique, qui pourrait durer jusqu’à six mois. C’est ce que révèle une note signée le 3 janvier 2024 par le directeur général adjoint de cette entreprise agro-industrielle, Kamal Massoud. Selon ce responsable du numéro 2 de la production des huiles végétales raffinées et de savons de ménage au Cameroun, cette décision est consécutive « à la conjoncture économique difficile que traverse l’entreprise, occasionnant ainsi une baisse des activités ».

La mise en chômage technique de certains employés d’Azur SA, entreprise contrôlée par le milliardaire Nana Bouba, survient quelques mois seulement après la révélation, en septembre 2023, de la création par cet industriel de la Société de transformation des oléagineux du Cameroun (Stoc), dont le siège est à Ngaoundéré, dans la partie septentrionale du pays. « La conjoncture économique difficile que traverse » Azur SA, qui peut se justifier par la multiplication de nouvelles unités de production des huiles végétales raffinées et de savons dans la partie méridionale du pays, peut expliquer le vœu de son promoteur de vouloir davantage s’enraciner sur le marché des régions septentrionales, où la Sodecoton et son huile Diamaor règnent en maîtres.

Cependant, au-delà de la conjoncture sur le marché des huiles végétales, marquée par une concurrence de plus en plus farouche, la mise en chômage technique des employés de la société Azur SA trahit la situation visiblement difficile dans laquelle se trouve le groupe de l’industriel Nana Bouba depuis quelques années. En effet, après avoir contrôlé la distribution des produits alimentaires de grande consommation (sucre, riz, sel, tomates, etc.) dans le pays pendant de nombreuses années, sa Société alimentaire du Cameroun (Soacam) est aujourd’hui sur le déclin, en raison des problèmes de gouvernance, apprend-on de sources autorisées.

De plus, alors qu’elle contrôlait 6% du marché de l’eau minérale au Cameroun, à travers sa marque Opur, la société Nabco de Nana Bouba a dû céder ses actifs à Supermont en 2016, renforçant ainsi le leadership de cet opérateur sur ce marché. À travers la cession de ses actifs dans l’eau minérale et la production de boissons gazeuses (Planète), le conglomérat fondé par Nana Bouba disait vouloir se recentrer sur son segment agro-industrie, porté par son unité de transformation de l’huile de palme de Douala et ses plantations industrielles situées dans le département du Nkam, dans la région du Littoral. C’est cette activité qui, aujourd’hui, doit à son tour faire face à une « conjoncture économique difficile », induisant la mise en chômage technique des employés.

BRM

Selon le rapport de la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR) sur la situation des entreprises et établissements publics du Cameroun en 2022, les sociétés d’État actives dans le secteur agricole (forêts, agriculture et pêche) ont été pratiquement toutes déficitaires. « Avec un résultat net cumulé de -11,9 milliards de FCFA, il ressort que toutes les entreprises enregistrent des résultats négatifs, à l’exception de la Sodecoton (Société de développement du coton) et de la Semry (Société d’expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua) », peut-on lire dans le rapport de la CTR.

En clair, l’ensemble des sociétés d’État du secteur agricole ont perdu un montant global de près de 12 milliards de FCFA au terme de l’exercice 2022. La plus grosse perte a été réalisée par la Cameroon Developement Corporation (CDC). 2e employeur du pays après l’administration publique, cette unité agro-industrielle exploitant la banane, l’hévéa et le palmier à huile dans la région du Sud-Ouest a encore perdu 15,5 milliards de FCFA en 2022. Cette nouvelle contreperformance témoigne de ce que, malgré la reprise progressive de ses activités à la faveur de la remise en exploitation de nombreuses plantations jadis envahies par les militants séparatistes, cette entreprise ne s’est toujours pas relevée de la crise socio-politique qui secoue les deux régions anglophones du Cameroun depuis fin 2016.

La 2e plus grosse perte enregistrée par les entreprises publiques du secteur agricole au Cameroun en 2022 incombe à Pamol Plantations, qui est avec la CDC parmi les entreprises camerounaises qui paient le plus lourd tribut de la crise socio-politique sus-mentionnée. Ce producteur d’huile de palme, dont les plantations sont également situées dans la région en crise du Sud-Ouest, affiche plus de 753 millions de FCFA de pertes en 2022, selon les données de la CTR. Contre 210,8 millions de FCFA pour l’Agence nationale d’appui au développement forestier (Anafor), qui complète le trio des entreprises publiques du secteur agricole enregistrant les plus grosses pertes à fin 2022.

 Manque de compétitivité

Ces pertes de la CDC et d’autres entités publiques du secteur agricole sont cependant atténuées par la bonne tenue des activités de la Sodecoton. Cette société d’État, qui encadre plus de 200 000 producteurs de coton dans la partie septentrionale du Cameroun, affiche un bénéfice de 4,6 milliards de FCFA en 2022. Loin devant la Semry, dont le résultat net ressort à plus de 145 millions de FCFA au terme d’une année 2022 plutôt déficitaire pour la plupart des sociétés publiques actives dans le secteur agricole.

Les raisons des pertes enregistrées par ces dernières ne sont pas explicitées dans le rapport 2022 de la CTR. Mais, selon les experts du Fonds monétaire internationale (FMI), les entreprises publiques camerounaises enregistrent généralement de « piètres résultats », en raison principalement du manque de compétitivité. Dans un document annexé à la loi de finances 2021 de l’État, le gouvernement, lui, cite cinq causes majeures pouvant justifier les contreperformances des sociétés d’État et des établissements publics du Cameroun.

Contrats de performance

Il s’agit notamment de l’absence d’innovation technologique ; la présence dans l’outil de production des immobilisations non productives et non nécessaires à l’exploitation ; l’absence des économies d’échelle et une structure pléthorique de coûts, dont notamment la masse salariale qui constitue une composante majeure des charges de ces entreprises. Au rang des obstacles à la rentabilité des entreprises publiques au Cameroun, le document cite également le besoin en fonds de roulement toujours important, lié au déséquilibre de la structure financière des entreprises publiques ; et une stratégie marketing peu efficace et moribonde.

Afin d’inverser cette tendance, et sous la pression du FMI qui conduit actuellement un programme économique et financier avec le Cameroun, le gouvernement a décidé de mettre toutes les entreprises publiques sous contrats de performance à partir de l’année 2023. Selon le chronogramme du ministère des Finances, cette opération dont on attend toujours la matérialisation devrait être achevée au 31 décembre 2024. À en croire aussi bien le gouvernement que le FMI, ces contrats de performance constituent la voie royale pour que les sociétés d’État deviennent rentables, et ne soient plus ce boulet que traîne actuellement l’État du Cameroun, à travers les subventions, les reprises de dettes ou encore des garanties souveraines.

Pour rappel, dans un document annexé à la loi de finances 2021, le gouvernement camerounais analyse la rentabilité économique de 38 entreprises publiques sur les 44 qui constituent son portefeuille (établissements publics non compris). « L’exercice 2019 est caractérisé par une détérioration de la rentabilité financière des entreprises publiques. En effet, le taux de rentabilité financière s’établit à -14,5%, soit 6,5 points de moins qu’en 2018. Depuis l’exercice 2017, cette rentabilité est plombée par la situation structurellement déficitaire de ces entreprises », apprend-on.

Brice R. Mbodiam  

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Koree, une plateforme camerounaise de transactions financières, vient d’annoncer la clôture d’un tour de financement de pré-amorçage de 200 000 dollars (plus de 120 millions de FCFA à la valeur actuelle du dollar américain). La fintech nigériane Duplo a dirigé cette levée de fonds à laquelle d’autres investisseurs privés ont participé, notamment Cameroon Angels Network, Catalytic Africa et Digital Africa, apprend-on. Ce capital devrait permettre à la fintech fondée par la Camerounaise Magalie Gauze-Sanga (photo) de soutenir son expansion sur le continent, notamment en Afrique francophone. Korée prévoit ainsi d’utiliser ces fonds pour étendre son réseau de commerçants, élargir sa base d’utilisateurs et adapter le produit au marché, d’après sa CEO.

Selon le site TechCabal spécialisé sur les innovations et les développements technologiques en Afrique, Koree s’apprête à lancer une nouvelle place de marché qui permettra aux utilisateurs d’obtenir des récompenses sur leurs achats quotidiens. Sa fondatrice affirme à cet effet que les consommateurs gagneront désormais de l’argent lorsqu’ils feront leurs achats sur l’application dans 14 catégories allant de la boulangerie au supermarché, en passant par la restauration rapide, le cinéma et la pharmacie. « Ils font leurs achats comme d’habitude et gagnent un certain pourcentage du montant qu’ils ont dépensé. L’argent que les utilisateurs de Koree gagnent dans leur portefeuille est de l’argent liquide qu’ils peuvent échanger directement sur leur compte d’argent mobile », précise Magalie Gauze-Sanga.

Cette solution digitale, accessible sur iOS et sur Android, a été conçue dans le but de résoudre le problème de la pénurie de monnaie en Afrique francophone. La vision de Koree est simple : permettre au consommateur de récupérer sa monnaie chez des commerçants partenaires, directement sur un mobile, tout en proposant un système de cashback par lequel le consommateur reçoit une certaine somme d’argent en retour lorsqu’il effectue des achats chez ces commerçants. Ce cashback, qui récompense la fidélité des utilisateurs, est crédité sur une carte de fidélité numérique accessible via l’application, comme l’explique We Are Tech.

Depuis son lancement en 2022, Koree affirme avoir déjà enregistré plus de 13 000 utilisateurs, traité plus de 50 000 transactions en espèces pour un montant total de 400 000 dollars (plus de 240 millions de FCFA à la valeur actuelle du dollar américain). La fintech revendique également la création de 30 000 portefeuilles numériques depuis ses débuts. Lauréate de l’Ecobank Fintech Challenge et du défi Orange Fab Cameroun en 2023, Koree dispose d’une équipe établie au Cameroun, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Togo et au Nigeria, et envisage d’ouvrir un bureau physique à Douala, la métropole camerounaise.

P.N.N

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Selon l’Association bananière du Cameroun (Assobacam), un 4e producteur de bananes est opérationnel sur le marché local depuis le mois de juin 2023, aux côtés de la société des Plantations du haut Penja (PHP), la Cameroon Development Corporation (CDC) et Boh Plantations Plc (BPL). Ce nouveau producteur a pour dénomination la Compagnie des bananes de Mondoni (CDBM). Mondoni est une localité située dans l’arrondissement de Tiko, région du Sud-Ouest du Cameroun. De sources documentaires, cette localité a aussi donné son nom à une plantation de palmiers à huile qui s’étendait déjà sur près de 4 000 hectares dans les années 70. Il est fort probable que tout ou partie de cette plantation abrite désormais les bananeraies de la toute nouvelle CDBM.

Les données de l’Assobacam révèlent que ce nouveau producteur de bananes a exporté une cargaison globale de 3 155 tonnes entre juin 2023, date du lancement de ses activités d’exportation, et décembre 2023. Mieux, les statistiques que vient de publier l’Assobacam laissent voir une montée en puissance des expéditions de bananes de ce nouveau producteur vers le marché international, passant de seulement 46 tonnes en juin 2023, à 896 tonnes au mois de décembre. Après avoir atteint 695 tonnes au mois d’octobre 2023.

De sources internes à la filière banane, la CDBM a été lancée il y a 3 ans par la PHP, la filiale locale de la Compagnie fruitière de Marseille et leader du marché de la banane au Cameroun. La nouvelle entité porte ainsi à deux le nombre d’entreprises de production de bananes contrôlées par cette multinationale agro-industrielle française au Cameroun. À travers la CDBM, la Compagnie fruitière de Marseille renforce surtout sa superpuissance sur le marché camerounais de la banane, puisqu’en plus de ses deux filiales, cette multinationale assure depuis des années l’assistance technique à la CDC et BPL (suivi de la production et exportation des produits), les deux autres opérateurs de la filière dans le pays.

Selon les confidences glanées au sein de la filière banane, la CDBM est en réalité une société créée depuis de nombreuses années par la PHP, en vue du rachat des actifs de la Société des plantations de Mbanga (SPM). Il s’agit d’une entreprise de production de bananes tombée en faillite en 2013 dans cette localité du département du Moungo, dans la région du Littoral.

Mais, apprend-on de sources proches du dossier, après moult tractations, la PHP abandonnera finalement son projet de reprise de la SPM, en raison de la lourde ardoise laissée par ses promoteurs, mais surtout les multiples litiges fonciers existants avec les populations riveraines des différents sites de production de l’entreprise. Aussi, il y a 3 ans, la PHP a-t-elle simplement transféré la CDBM dans le Sud-Ouest, le « M » initialement mis pour Mbanga dans le sigle de l’entreprise désignant désormais « Mondoni », où la nouvelle société opère désormais, détaille notre source.

Brice R. Mbodiam

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Dans la loi de finances 2024 de l’État du Cameroun, le gouvernement a introduit de nouvelles mesures fiscales qui vont inévitablement occasionner une baisse des salaires chez certains travailleurs. À en croire Célestin Tawamba, le patron des patrons camerounais, l’ensemble de ces mesures devrait induire une baisse des revenus salariaux oscillant entre 5 à 25% dans les entreprises, selon les cas.

Parmi ces mesures, il y a d’abord l’élargissement de la liste des avantages en nature soumis au barème d’imposition, apprend-on dans la circulaire sur l’exécution de la loi de finances 2024 de l’État, signée le 29 décembre 2023 par le ministre des Finances, Louis Paul Motazé. « L’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) dans la catégorie traitements et salaires a été rationnalisé, à travers : l’imposition intégrale de tout avantage en nature versé en argent ; l’élargissement de la liste des avantages en nature faisant l’objet d’une estimation suivant les modalités ci-après, pour détermination de la base imposable à l’IRPP catégorie traitements, salaires : téléphone 5%, carburant 10%, gardiennage 5%, internet 5% », indique la circulaire sus-mentionnée.

En d’autres termes, en plus des indemnités de logement (15%), d’électricité (4%), d’eau (2%), des domestiques (5% chacun), des véhicules (10% chacun) et de nourriture (10%) offertes comme avantages en nature à certains travailleurs, et qui étaient jusqu’ici soumis au barème d’imposition à l’IRRP, l’État y ajoute, à compter du 1er janvier 2024, les indemnités de téléphone (5%), de carburant (10%), de gardiennage (5%) et d’internet (5%). Selon les explications obtenues de sources internes à la direction générale des impôts du ministère des Finances, sur la base de cette nouvelle disposition de la loi de finances 2024, un travailleur bénéficiant par exemple d’une indemnité de téléphone de 50 000 FCFA par mois verra seulement 5% de ce montant (soit 2 500 FCFA) être exonérés de l’IRPP. Tout le reste de cette indemnité, soit 47 500 FCFA, sera assujetti au paiement de l’IRPP.

D’importantes retenues sur les gros salaires

Dans la même veine, le travailleur bénéficiant d’une indemnité de carburant du même montant (50 000 FCFA) verra l’IRPP être déduite sur 45 000 FCFA, tandis que 5 000 FCFA seront exonérés du paiement de cet impôt. Concrètement, le taux de l’IRPP pour des salaires en dessous de 2 millions de FCFA étant de 10% au Cameroun, le travailleur concerné par ce cas de figure (en considérant évidemment que son salaire est inférieur à 2 millions de FCFA, NDLR) perdra 4 500 FCFA sur son indemnité de carburant, en raison du paiement de l’IRPP à l’administration fiscale. Ce qui correspond aussi à une baisse de son salaire de 4 500 FCFA. Cette baisse sera encore plus importante au fur et à mesure que la même opération se fera sur les indemnités de téléphone, de gardiennage et d’internet.

L’on peut cependant noter que les avantages en nature ciblés par cette nouvelle disposition de la loi de finances 2024 relative à l’IRPP concernent les travailleurs des catégories supérieures, bénéficiant généralement d’enveloppes salariales importantes. En d’autres termes, la loi de finances 2024 permettra de prélever davantage de recettes fiscales sur les gros salaires. Et, plus le salaire sera gros, plus la retenue au titre de l’IRPP sur les avantages en nature sera importante, dans la mesure où le taux de cet impôt varie en fonction du niveau des revenus. Il est notamment de 10% pour les revenus en dessous de 2 millions de FCFA par mois, de 15% pour les revenus situés entre 2 et 3 millions de FCFA, de 25% pour les revenus compris entre 3 et 5 millions de FCFA, et de 35% pour les revenus supérieurs à 5 millions de FCFA.

À côté de cette mesure d’élargissement de la liste des avantages en nature soumis au barème d’imposition à l’IRPP, le gouvernement, dans la loi de finances 2024, consacre le plafonnement à 4,8 millions de FCFA par an (soit 400 000 FCFA par mois) de l’abattement forfaitaire fixé à 30% du salaire brut annuel. « Seuls les salaires supérieurs à 1 333 000 par mois sont concernés par cette limitation », précise la circulaire signée le 29 décembre 2023 par le ministre des Finances.

En d’autres termes, pour un travailleur bénéficiant de revenus salariaux annuels d’un montant total de 100 millions de FCFA, il ne bénéficiera désormais que d’un abattement maximum de 4,8 millions de FCFA (le reste étant assujetti au paiement de l’IRPP), contre 30 millions de FCFA par le passé. En clair, pour cette catégorie de travailleur, les près de 25 millions de FCFA qui étaient exonérés de l’IRPP avant l’entrée en vigueur de la nouvelle loi de finances, rejoindront la base imposable, lui faisant par la même occasion perdre d’importants revenus au profit du fisc.

Brice R. Mbodiam  

Selon les données du ministère de l’Agriculture et du Développement rural (Minader), quelque 127 202 producteurs de cacao et de café ont été enrôlés par le guichet producteurs du Fonds de développement des filières cacao et café du Cameroun (Fodecc) à fin décembre 2023. Pour l’année 2024, l’objectif est d’enrôler 300 000 producteurs. Mais l’ambition, à terme, est d’enrôler au moins 600 000 producteurs, affirme Samuel Donatien Nengue, administrateur du Fodecc, dans des propos rapportés par le quotidien à capitaux publics Cameroon tribune. Ce dernier reconnaît qu’il s’agit d’un « objectif un peu ambitieux » mais réalisable, car le guichet jouit d’une bonne réputation auprès des producteurs. « Le mécanisme a une certaine reconnaissance auprès des producteurs qui font la démarche lorsqu’ils ont besoin d’intrants pour leurs plantations, et le guichet s’exécute », dit-il.

Lancé en 2021, le guichet producteurs est un mécanisme qui permet aux producteurs de cacao et/ou de café des différents bassins agricoles du pays de rentrer directement en possession des subventions gouvernementales de masse ou à la carte. Pour ce faire, il suffit pour le producteur d’enregistrer ses données au Fodecc et de déposer sa quote-part de 60% dans une institution financière. Il recevra en contrepartie sa subvention à hauteur de 30 à 40% de l’investissement, en l’occurrence un bon d’achat pour l’acquisition des plants, des intrants agricoles, des produits phytosanitaires, des équipements et des machines agricoles, ainsi que des infrastructures de soutien à la production.

En 2023, le Fodecc annonce avoir distribué 6,3 milliards de FCFA de subvention aux producteurs, ce qui leur a permis de générer un chiffre d’affaires global de 15,8 milliards de FCFA. Ces chiffres ont été révélés le 28 décembre dernier à Yaoundé, au cours d’une session du comité de pilotage de la mise en œuvre de la politique d’octroi des subventions agricoles. Le guichet ambitionne à terme d’injecter 50 milliards de FCFA dans les filières cacao et café en 5 ans afin de booster la production. L’objectif visé par le gouvernement est de porter la production du cacao à 640 000 tonnes d’ici 2030 contre 262 112 tonnes au cours de la campagne 2022-2023. Pour ce qui est du café, il est question pour les autorités de relever la production nationale à 160 000 tonnes en 2030 contre 38 047 tonnes au cours de la saison 2021-2022.

P.N.N

Le ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat) s’engage à nouveau à sponsoriser la participation d’entreprises camerounaises à la 9e édition du Salon international de l’entreprise, de la PME et du partenariat de Yaoundé (Promote) prévu du 17 au 25 février prochain. Dans un communiqué rendu public le 22 décembre dernier, Alamine Ousmane Mey, le patron de ce département ministériel, invite les PME locales désireuses de bénéficier de l’accompagnement du Minepat en vue de leur participation à ce grand rendez-vous d’affaires à remplir le formulaire de demande y afférente. Ce formulaire, dit-il, est disponible sur le site Internet de son ministère. Ces entreprises ont jusqu’à ce vendredi 5 janvier 2024 pour transmettre leurs formulaires.

« La liste des entreprises sélectionnées sera communiquée en temps opportun par le Minepat », peut-on lire dans le document. Il faudra donc attendre un peu avant de connaître le nombre de PME qui vont bénéficier de cet accompagnement cette année. Lors de la dernière édition de Promote en 2022, le Minepat avait soutenu la participation de 100 PME locales à ce Salon, à travers des appuis multiformes.

Selon le Minepat, cette initiative d’accompagnement des entreprises à Promote vise à promouvoir le « made in Cameroon » afin de renforcer la position concurrentielle des produits locaux face aux produits importés, en sus d’accroître la visibilité de ces PME. Elle s’inscrit dans le cadre de la politique globale d’accompagnement du secteur privé mise en œuvre par le gouvernement depuis plusieurs années. Cette politique est actuellement réitérée dans la SND30 qui vise la transformation structurelle de l’économie avec comme l’un de ses leviers, la politique d’import-substitution qui vise à produire et à transformer localement.

P.N.N

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A compter du 10 janvier prochain, « les droits d’enregistrement et de timbre sur les mutations des véhicules d’occasion importés seront déclarés et payés dans le Cameroon custom information system (Camcis), en même temps que les droits et taxes de douane à travers le Bulletin de liquidation douanière (BLD) », peut-on lire dans un communiqué rendu public le 2 janvier 2024 par le ministre des Finances (Minfi), Louis Paul Motaze.

En clair, les droits d’enregistrement et de timbre sur les mutations des véhicules d’occasion importés, qui sont déclarés et payés depuis 2017 à travers le système informatique de la Direction générale des impôts (DGI), le seront désormais dans Camsis, un système de dédouanement électronique déployé depuis avril 2020 par la douane. D’après le Minfi, « cette mesure d’administration, qui vise à faciliter les procédures et à améliorer le service rendu aux usagers, n’introduit pas de nouvel impôt et n’accroît aucunement la charge fiscale des contribuables ».

En effet, les documents de la DGI renseignent que toute transaction portant sur un véhicule d’occasion donne lieu à perception des impôts et taxes tels que les droits d’enregistrement calculés au taux de 5% sur la valeur du véhicule acquis ; le droit de timbre sur la carte grise, dont le tarif est fixé à 3 000 FCFA par Cheval Vapeur (CV) ; la taxe à l’essieu pour les véhicules d’occasion de charge utile supérieure à 3 tonnes, dont le tarif varie en fonction de la charge utile ; et le droit de timbre de dimension au tarif de 1 000 FCFA par page.

FN

Dans le cadre des mesures d’élargissement de l’assiette fiscale prises dans la loi de finances 2024 de l’État du Cameroun, il est institué « un taux allégé de 5% au titre de l’impôt sur les bénéfices non commerciaux (BNC), applicable aux revenus générés sur les plateformes numériques par les particuliers qui réalisent des opérations de vente d’un bien, de fourniture d’un service ou d’échange, de partage d’un bien (économie collaborative) », peut-on lire dans la circulaire sur l’exécution de la loi de finances 2024, signée le 29 décembre 2023 par le ministre des Finances, Louis Paul Motazé.

Les termes de cette circulaire ministérielle laissent entendre que depuis le 1er janvier 2024, les revenus générés par les particuliers opérant dans la vente en ligne, activité en pleine expansion au Cameroun depuis l’avènement de l’Internet et des réseaux sociaux, sont désormais assujettis au paiement de l’impôt sus-mentionné. Il en est de même des revenus engrangés par les « influenceurs », terme généralement utilisé pour désigner des personnes physiques vendant leur notoriété sur les réseaux sociaux et autres plateformes numériques, à travers divers services rendus aux entreprises et à des particuliers.

Au demeurant, si l’on peut comprendre que le gouvernement, en quête permanente de ressources pour satisfaire ses besoins de plus en plus croissants, s’intéresse à cette autre niche fiscale (comme ce fut déjà le cas il y a quelques années avec les transferts d’argent par voie électronique, NDLR), l’on peut cependant s’interroger sur l’effectivité de la mise en œuvre de cette mesure. Ceci, au regard de la complexité de la traçabilité des revenus issus des activités sus-mentionnées.

En effet, s’il est loisible de retracer les revenus générés par les entreprises formelles de vente en ligne, aux fins du paiement des différents impôts auxquels la société est assujettie, il apparaît bien difficile d’assurer par exemple la traçabilité des revenus engrangés par un jeune étudiant qui vend des produits à travers ses pages sur les réseaux sociaux, et se fait payer en cash. La même difficulté apparaît pour le cas d’un « influenceur » qui fait la publicité de produits sur ses pages pour doper les ventes, contre une rémunération effectuée par d’autres moyens de paiements en dehors de ceux assurant une certaine traçabilité comme le chèque ou encore le Mobile Money.

« Le système fiscal camerounais est déclaratif. Les assujettis devront souscrire leurs déclarations conformément à la législation en vigueur. L’administration fiscale se réservant ensuite le droit de s’assurer de la conformité desdites déclarations au moyen des contrôles divers. Les équipes en charge desdits contrôles ayant tous les moyens pour reconstituer les revenus des concernés », confie une source autorisée à la direction générale des impôts (DGI) du ministère des Finances.

Brice R. Mbodiam        

Le franc CFA, utilisé au Cameroun, est actuellement l’une des devises les plus recherchées par les agents économiques présents au Nigeria voisin et même au Ghana. À l’aéroport d’Accra, la capitale ghanéenne, les voyageurs en provenance de Lomé ou d’Abidjan peuvent constater que le premier bureau de change accepte de convertir 1000 francs CFA à un taux proche de celui du dollar américain.

Au Nigeria, la demande de franc CFA est encore plus forte, du fait de la faible disponibilité de liquidités en nairas et de la dépréciation de cette monnaie locale. Dans les bureaux de change de Lagos, 1000 francs CFA peuvent rapporter jusqu’à 1875 nairas. Cet intérêt marqué pour le franc CFA contraste avec la perception d’une partie des populations des pays de la zone Franc, comme le Cameroun, qui y voient un symbole de la domination économique de la France.

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Evolution du naira par rapport au CFA (cours officiels)

Au Nigeria comme au Ghana, ce regain d’intérêt s’explique de la même façon : la facilité de conversion et la stabilité relative de la valeur du franc CFA. Le paradoxe réside dans le fait que le Nigeria et le Ghana représentent un marché potentiel combiné de près de 250 millions d’habitants, soit environ 60% de la population de la Cedeao. Selon le FMI, le PIB du Nigeria devrait reculer à 394 milliards de dollars en 2024, loin des 477 milliards de 2022. Néanmoins, même affaiblies, les économies nigériane et ghanéenne cumuleraient encore 61% du PIB global de la Cedeao et de l’Uemoa.

L’importance prise par le franc CFA dans ces deux pays ne reflète donc pas un renversement des forces économiques régionales, mais la façon dont toutes ces économies ont été affectées par des facteurs exogènes. Si le cedi ghanéen vaut théoriquement plus que le franc CFA face au dollar, il a perdu comme le naira nigérian jusqu’à 90% de sa valeur face au billet vert, tandis que la dépréciation du franc CFA est restée limitée à 19%. Face à l’euro, la monnaie de la zone Franc est demeurée stable, alors que le cedi et le naira ont chuté de plus de 79% en moyenne.

L’une des conséquences de cette appréciation relative du franc CFA est une distorsion des prix dans les villes frontalières au Nigeria et au Ghana, du fait du pouvoir d’achat plus important qu’il représente par rapport aux monnaies de ces pays. Sur les produits transfrontaliers, les hausses de prix fragilisent des populations souvent rurales, aux revenus limités et peu évolutifs. Pour l’heure, aucun document public ne laisse penser que les banques centrales de ces zones économiques coopèrent sur cette question.

Idriss Linge, Agence Ecofin

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Dans son adresse à la nation à l’occasion de la fin d’année 2023 et du Nouvel An 2024, le président Paul Biya a annoncé le démarrage, « au cours de l’année qui s’annonce », de la phase 2 du projet construction de l’autoroute Yaoundé-Douala. Avec cette annonce, le gouvernement dispose, à ce jour, de moins de 12 mois pour conclure l’accord avec le partenaire privé qui devra mener les travaux, l’État ayant entrepris de réaliser la phase 2 de ce projet en mode PPP.  

Au ministère des Travaux publics (Mintp), maître d’ouvrage du projet, l’on est persuadé que les travaux pourraient effectivement débuter au courant de l’année 2024 comme annoncé par le chef de l’État le 31 décembre dernier. « Les discussions avec Mota Engil sont très avancées, et elles devraient effectivement se conclure pour un démarrage des travaux cette année. L’entreprise en charge des travaux de la phase 1 (China First Highway Engineering, NDLR) a également soumis une offre. La comparaison des deux va permettre de décider avec qui on va y aller. Tous les éléments techniques sont là pour choisir avec qui on ira pour l’exécution de cette deuxième phase », ont confié à Investir au Cameroun des sources proches de ce dossier au Mintp.

Initialement, trois entreprises ou groupements d’entreprises avaient été retenus dans le cadre de l’appel public à manifestation d’intérêt lancé le 4 mars 2020 en vue de la sélection des entreprises et/ou groupements d’entreprises devant accompagner le gouvernement dans le financement, la conception, la construction, l’exploitation et la maintenance de l’autoroute Yaoundé-Douala phase 2. Il s’agit des Français Sogea-Satom-Vinci/Razel-Fayat, du Portugais Mota Engil et des Chinois Sinohydro-PCRB-SDHS.

Selon nos sources, le dialogue de préqualification s’est achevé le 30 juin 2023 et en octobre de la même année le processus était rendu à l’étape de l’offre finale. « L’offre finale du seul candidat (Mota Engil, NDLR) ayant atteint cette étape a été reçue le 7 septembre 2023 et transmise à la commission spéciale des contrats de partenariat relative à ce projet mise en place par le Premier ministre, haute autorité des contrats de partenariat », indiquent nos sources. Cette commission disposait d’un délai d’un mois pour achever ses travaux et soumettre au chef du gouvernement son rapport en vue d’une adjudication éventuelle. Mais à ce jour, le nom du partenaire retenu n’est pas encore officiellement connu.

L’entreprise chinoise China First Highway Engineering (CFHEC), qui a réalisé le premier tronçon de l’autoroute (60 km), est entrée dans la danse après le « désistement » du groupement français Sogea-Satom-Vinci/Razel-Fayat et a également introduit une offre. Mais l’on ne précise pas quand celle-ci a été transmise. Ce que l’on sait, c’est que les deux offres sont actuellement à l’étude à l’effet de voir à qui confier le projet.

« Après l’adjudication, il restera à négocier les termes du contrat avec l’adjudicataire avant sa signature et son entrée en vigueur. La recherche des financements du partenaire privé se fera avec le contrat signé. Il s’agit d’un partenariat public privé de type concessif dans lequel le partenaire privé portera effectivement le risque de la demande (risque de trafic). Toutefois, compte tenu du niveau très faible niveau des trafics enregistrés actuellement, l’État devra apporter une subvention d’investissement au début pour assurer l’équilibre financier du projet », affirment nos sources. Et pour le faire et lancer les travaux cette année, il faudra aller vite…

La phase 2 du projet vise à construire sur 136 km, une autoroute de 2x2 voies extensibles à 3 voies de Bibodi, localité du département du Nyong-et-Kellé (Centre), à Douala (Littoral), la métropole économique du Cameroun. Cette deuxième phase est segmentée en deux lots : Bidodi-Edéa (70 km) et Edéa-Douala (66 km). Pour cette phase, le gouvernement estime le coût global des travaux à 812,8 milliards de FCFA (hors taxes). À noter que sur les 196 kilomètres de la future chaussée, seuls 60 km (phase 1) ont été réalisés depuis le début des travaux en 2014. Ce premier tronçon, reliant la capitale Yaoundé à Bibodi, a été ouvert à la circulation le 31 décembre 2021.

Patricia Ngo Ngouem

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Depuis le 1er janvier 2024, date d’entrée en vigueur de la loi de finances 2024 de l’État du Cameroun, toutes les personnes désireuses d’obtenir un visa de sortie du pays auprès d’une ambassade étrangère devront impérativement présenter une « attestation de conformité fiscale » (ACF). Selon les agents du fisc, il s’agit d’un document qui, comme son nom l’indique, apporte la preuve que son détenteur est parfaitement en règle envers l’administration fiscale.

« L’attestation de non-redevance (ANR) a été substituée par l’attestation de conformité fiscale (ACF), et la portée de ce document a été renforcée, à travers : sa délivrance exclusive par voie informatisée ; l’exigence de sa présentation pour les opérations d’importation ou d’exportation et d’obtention des subventions publiques, les demandes de visas de sortie auprès des ambassades et des consulats, le règlement des factures par l’État, les collectivités territoriales décentralisées, les établissements et entreprises publics, les sociétés à capital public et les entreprises privées qui figurent sur une liste arrêtée par le Minfi (ministre des Finances), la délivrance des attestations de prise en charge et d’exonération », détaille la circulaire relative à l’exécution de la loi de finances 2024, signée le 29 décembre 2023 par le ministre des Finances, Louis Paul Motazé.

Selon le gouvernement camerounais, cette nouvelle disposition est une « mesure de promotion du civisme fiscal » dans le pays. Elle permet surtout d’accroître les recettes fiscales, en incorporant dans le fichier de l’administration fiscale, les nombreux contribuables qui échappent encore aux mailles du fisc. Il s’agit non seulement des opérateurs économiques véreux, qui multiplient généralement des subterfuges pour ne pas s’acquitter de leurs obligations vis-à-vis de l’administration fiscale, mais aussi et surtout des acteurs du secteur informel, qui représentent environ 45% du PIB du pays, pour une contribution fiscale de seulement 5%, selon les estimations du ministère des Finances.

Pour ramener ces potentiels contribuables dans le système, le gouvernement n’a de cesse de multiplier les réformes, comme celle prescrivant désormais l’obligation de présenter une ACF lors d’une procédure de demande de visa de sortie du Cameroun. Il en est de même, selon le ministère des Finances, du « renforcement du mécanisme de retenue à la source, qui permet d’effectuer des prélèvements à l’occasion des transactions réalisées par les entreprises du secteur informel auprès des grandes entreprises ».

À en croire le Minfi, ce dispositif a fait passer la population fiscale du Cameroun de 89 741 en 2015, à plus de 140 000 contribuables professionnels en juillet 2021. Avec à la clé la mobilisation, « chaque année, de plus de 50 milliards de FCFA (de recettes) au titre des précomptes et acomptes sur les contribuables du secteur informel », apprend-on de la même source.

Brice R. Mbodiam

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La construction de la route Ebolowa-Akom II-Kribi (179,2 km), dans la région du Sud, devrait démarrer cette année. « Les négociations avec les bailleurs de fonds, qui ont longtemps achoppé sur les questions environnementales, sont finalement en train d’aboutir. Toutes les dispositions nécessaires seront prises pour que la construction de cette route, tant attendue par les populations concernées, démarre effectivement en 2024 », a assuré Paul Biya le 31 décembre 2023 au cours de son traditionnel discours de fin d’année.

Cette annonce du chef de l’État intervient après l’autorisation donnée au ministre de l’Économie, Alamine Ousmane Mey, de signer le 4 août 2023 un accord de prêt d’environ 130,4 milliards de FCFA avec la Standard Chartered Bank Londres pour la construction de cette route. Le 22 août 2023, Paul Biya habitait Alamine Ousmane Mey à contracter un nouveau prêt de 8 milliards de FCFA auprès de la même banque anglaise, devant servir à l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan de gestion environnementale et sociale (PGES). Ce qui porte le coût global du projet à 138,23 milliards de FCFA.

Ces fonds ont été sollicités après la signature le 23 mars 2022 d’un contrat de gré à gré entre le ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi, et Roberto Costantini, directeur Afrique de l’entreprise italienne ICM Construction, chargée de la construction de cette route dont la durée des travaux est de 36 mois, selon les termes du contrat.

La construction de la route Ebolowa-Akom II-Kribi est une promesse du chef de l’État faite aux populations de la région du Sud du pays à l’occasion du Comice agropastoral d’Ebolowa en 2011. Le projet a été attribué à ICM à la suite de la visite d’État effectuée par Paul Biya du 20 au 22 mars 2017 en Italie. Sa réalisation va permettre de relier Ebolowa à Sangmelima pour faciliter notamment le transit des ressources forestières venant du Congo à destination du port de Kribi.

Frédéric Nonos

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Le Cameroun devrait connaitre une nouvelle hausse des prix des carburants au cours de l’année 2024. « L’année dernière, le gouvernement a été amené à procéder à un léger relèvement des prix des carburants à la pompe. Grâce à cette mesure, la subvention des produits pétroliers, qui était de plus de 1000 milliards de FCFA en 2022, a été réduite à environ 640 milliards de FCFA en 2023. Cependant, cette subvention continue de peser significativement sur le Trésor public. Nous n’aurons très certainement pas d’autre choix, que de la réduire de nouveau. Nous veillerons néanmoins à ce que les ajustements nécessaires n’impactent pas substantiellement le pouvoir d’achat des ménages », a en effet indiqué le président de la République, Paul Biya, lors de son discours de fin d’année prononcé ce 31 décembre 2023.

Cette annonce présidentielle, qui intervient au lendemain d’une pénurie du carburant super, est conforme aux engagements pris par le pays dans le cadre de son programme avec le Fonds monétaire international (FMI). Dans le cadre de ce programme, il est d’ailleurs prévu qu’une nouvelle hausse intervienne en 2025 en fonction de l’évolution des cours des produits pétroliers sur le marché international. 

Depuis le 1er février 2023, le litre de super coûte 730 FCFA, en hausse de 100 FCFA (+15%) par rapport au 630 FCFA d’antan. Le litre de gasoil quant à lui est vendu à 720 FCFA, contre 575 FCFA auparavant. Ce qui correspond à une augmentation de 145 FCFA (25,2%). Le litre de pétrole vendu aux industriels par la Société camerounaise des dépôts pétroliers (SCDP) coûte 410,19 contre 560,19 FCFA, soit une hausse de 150 FCFA (36,5%). Seul le prix du pétrole lampant est resté stable à 350 FCFA le litre de même que celui du gaz domestique (6 500 FCFA pour la bouteille de 12,5 kg). 

Constatant que la mise en œuvre des projets devant permettre de répondre aux aspirations des populations se heurte à l’insuffisance des ressources financières, Paul Biya a promis une « intensification notable au cours de l’année qui s’annonce » de la lutte contre la corruption et des détournements des deniers présentés comme un impératif pour la préservation des ressources publiques.

Le président de la République a ensuite rappelé que la confiance dans le système judiciaire participe inévitablement de la perception du climat des affaires. « La justice est, comme vous le savez, l’un des piliers de l’État de droit. Il est donc impératif qu’elle agisse en toute impartialité et soit imperméable aux interférences de toute nature. Je voudrais vous assurer, qu’en tant que garant de son indépendance, je continuerai à prendre toutes les mesures nécessaires à son bon fonctionnement ».

Évoquant la grève des enseignants qui paralyse le secteur éducatif (surtout secondaire), avec le mouvement On a trop supporté (OTS) depuis octobre 2022, Paul Biya a reconnu que « la sérénité n’y est pas complètement revenue malgré les efforts du gouvernement ». Il a rappelé qu’en dehors des nombreuses mesures de divers ordres qui ont été prises par les administrations concernées, plus de 72 milliards de FCFA ont été débloqués en 2023 pour prendre en charge les dépenses y afférentes. « Une provision complémentaire de 102 milliards de FCFA a également été constituée dans le budget de l’État, au titre de l’exercice 2024, afin d’apurer les dépenses résiduelles », a indiqué le chef de l’État.

En attendant, Paul Biya brandit la menace contre les grévistes. « Je voudrais être clair à cet égard. Autant je suis soucieux de voir les enseignants bénéficier des conditions appropriées pour l’exercice de leur noble métier, autant je suis intransigeant pour le respect du droit à l’éducation de notre jeunesse. Des mesures fermes vont à cet égard être prises pour veiller à ce que nos enfants ne se retrouvent pas victimes d’une éducation au rabais ».

Frédéric Nonos

Après une phase pilote réussie, le Cameroun se prépare à généraliser la procédure dématérialisée d’obtention du visa technique du ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable (Minepded), dans le cadre du contrôle des importations des équipements électroniques et électriques, réputés contenir des substances qui appauvrissent la couche d’ozone. En prélude à cette réforme, le Guichet unique des opérations du commerce extérieur (Guce), bras armé de l’Etat du Cameroun en matière de dématérialisation et de facilitation des procédures du commerce extérieur, et le Minepded ont organisé, le 28 décembre 2023 à Douala, un séminaire de sensibilisation des parties prenantes (banques, entreprises, douane, usagers, etc).

En plus de la dématérialisation du visa technique, la réforme proposée par le Minepded et le Guce permet également de payer les frais y afférents sur la plateforme e-Guce, apprend-on officiellement. Ce qui est non seulement un moyen de facilitation du paiement, eu égard à la panoplie des outils de paiement intégrés à cette plateforme, mais aussi une garantie de sécurisation des recettes issues du visa technique du Minepded.

Pour rappel, le visa technique délivré par le Minepded aux importateurs des équipements électriques et électroniques, apprend-on de sources autorisées, permet de catégoriser les équipements importés, d’en assurer la traçabilité jusqu’en fin de cycle. Ce qui permet de s’assurer du traitement desdits équipements comme déchets au bout de la chaîne, afin d’éviter leur rejet dans la nature.

Selon les responsables du Guce et du Minepded, le contrôle des importations des équipements électriques et électroniques est une matérialisation des engagements pris par l’Etat du Cameroun, à travers la ratification, le 30 août 1989, de la convention de Vienne sur la protection de la couche d’ozone, et le protocole de Montréal relatif aux substances qui appauvrissent la couche d’ozone.

BRM

Le ministre de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales (Minepia), Dr Taïga, et son homologue du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, ont signé le 28 décembre 2023 à Yaoundé, un accord de financement de 130 milliards de FCFA avec la Bridgin Foundation, une fondation de droit belge. L’accord signé en présence du Premier ministre, Joseph Dion Ngute, vise à booster la pisciculture et la production laitière au Cameroun, grâce à la mise en place d’infrastructures et équipements y afférents.

Les investissements à réaliser par ce partenaire du gouvernement camerounais, apprend-on, le seront en mode FBOT (Finance-Build-Operate-Transfer). C’est-à-dire que la Bridgin Foundation apporte à la fois les financements, assure la construction des infrastructures, la production et la commercialisation des produits, avant la rétrocession de l’investissement au gouvernement camerounais au bout de 25 ans d’exploitation.  « L’Etat du Cameroun ne débourse rien, mais facilite juste les procédures », tient à préciser le ministre Mbarga Atangana.

Une fois réalisé, l’investissement annoncé par la Bridgin Foundation permettra d’assurer une production annuelle de 100 000 tonnes de poissons et 50 000 tonnes de lait, affirme le ministre du Commerce, cité par le journal à capitaux publics Cameroon Tribune. Ce projet, poursuit-il, permettra de réduire les importations annuelles de poissons, qui s’élèvent actuellement à 250 000 tonnes par an, et coûtent au pays environ 150 milliards de FCFA.

Le projet participe de l’ambition des pouvoirs publics de réduire les importations massives de poissons et de lait, qui obèrent la balance commerciale du pays chaque année. Selon le ministre de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales, il s’agit surtout de doper la production nationale de deux produits qui occupent une place de choix dans la politique d’import-substitution, mise en œuvre depuis 2021 par le gouvernement.

Les bénéfices réalisés dans le cadre de cet investissement, souligne Tanko Mouhamadou, directeur général et président de la Bridgin Foundation, serviront à développer dans le pays les infrastructures dans les secteurs de l’éducation, de la santé, et à renforcer l’autonomisation de la femme.

P.N.N

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En moyenne sur les douze derniers mois, le taux d’inflation s’élève à 7,5% en novembre 2023. C’est ce qui ressort de la note sur l’évolution des prix à la consommation finale des ménages au Cameroun en novembre 2023, publiée par l’Institut national de la statistique (INS). Bien que cet indicateur soit en baisse de 0,2% par rapport au 7,7% du mois d’octobre 2023, il représente toujours plus du double de la limite du seuil de 3% fixé par la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale) dans son dispositif de surveillance multilatérale. Selon le document, les taux d’inflation restent supérieurs à 7% dans 9 des 10 régions du pays, avec le plus élevé enregistré à Bertoua (Est), soit 8,9 %. Bamenda, la capitale régionale du Nord-Ouest, affiche le taux le plus bas avec 6,1%, mais celui-ci est également au-dessus de la norme communautaire.

L’INS explique que cette inflation provient principalement de « la progression de 11,6% des prix des produits alimentaires, de 13,8% des coûts de transport et de 7,7% des prix des meubles, des articles de ménage et des produits d’entretien courant ». Les statisticiens nationaux notent toutefois que l’inflation alimentaire a baissé de 0,4% sur la période sous revue. Cette baisse des prix des produits alimentaires est à mettre en lien avec le recul des prix des pains et céréales (-1,1%), des poissons et fruits de mer (-1,1%), des huiles et graisses (-1,1%), ainsi que des légumes (-0,4%). En revanche, les prix des viandes et des fruits ont augmenté sur la même période, respectivement de 0,6% et de 1,9%. Pour les produits non alimentaires, la baisse concerne uniquement les boissons alcoolisées, tabacs et stupéfiants (-0,1%).

Dans la loi de finances 2024, le gouvernement camerounais prévoit que l’inflation se replierait à 4% l’année prochaine contre 6,7% à fin décembre 2023, bien que ce taux reste au-dessus du seuil communautaire. Dans sa réponse à la situation inflationniste, la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), institution d’émission des pays membres de cet espace communautaire, assèche les banques au moyen du relèvement répété de ses principaux taux directeurs, de la suspension des opérations d’injection de liquidités dans le système bancaire de la Cemac et de l’intensification des opérations de reprise de liquidité auprès des établissements bancaires. Mais la Beac reconnaît que seulement 20% de l’inflation est d’origine monétaire.

P.N.N

Dans une correspondance adressée le 20 décembre 2023 au Premier ministre, Joseph Dion Ngute, l’Association des producteurs d’alcool du Cameroun (CAPA, en anglais) sollicite du gouvernement une augmentation des prix des bières et des boissons gazeuses de 50 FCFA (selon la loi, ces prix sont soumis à la procédure d’homologation préalable, NDLR). Cette mesure, indiquent le regroupement constitué de Boissons du Cameroun (SABC), de l’Union camerounaise des brasseries (UCB), de Guinness Cameroon, de la Société camerounaise de fermentations (Fermencam) et de la Société de fabrication des vins du Cameroun (Sofavinc), vise à permettre à ces opérateurs économiques de pouvoir faire face à l’augmentation de leurs charges fiscales induite par des dispositions de la loi de finances 2024 de l’État, promulguée par le président de la République le 19 décembre 2023.

« La solution optimale, convenant à toutes les parties, est de procéder à une augmentation de 50 FCFA par bouteille de bière et de boissons gazeuses, dès la mise en application de la loi de finances 2024. Cette hausse modérée ne pourrait être acceptable pour les industriels qu’à la seule condition du maintien de la base de calcul de DA (droit d’accises) identique à celle en vigueur à ce jour. Cette augmentation, conjuguée aux nouvelles dispositions de la loi de finances 2024, permettra ainsi à l’État de prélever en sus la TVA additionnelle, et laissera la marge de manœuvre nécessaire, afin de faire une répartition entre les autres acteurs (producteurs, distributeurs et détaillants), apportant par la même occasion une réponse aux revendications des distributeurs et des barmen », expliquent les membres du CAPA.

En effet, à en croire ces derniers, en « supprimant l’abattement sur les DA pour les bières et en réduisant de plus de moitié (60%) celui des boissons gazeuses », la loi de finances 2024 de l’État du Cameroun augmente les charges fiscales des producteurs d’alcool « d’environ 12 milliards de FCFA », apprend-on. Ce qui, selon le CAPA, correspond à « un impact d’environ +8 FCFA par bouteille de bière et +10 FCFA pour les boissons gazeuses ». Tout ceci sans compter que « plusieurs autres mesures de cette loi sont défavorables à l’industrie brassicole », et que la « hausse des prix des matières premières (…) depuis 2021 », consécutivement à la crise russo-ukrainienne et la période post-Covid, « a engendré un coût additionnel de 26 FCFA par bouteille de bière, hors augmentation des coûts de l’énergie et de la main-d’œuvre », détaillent les membres du CAPA dans la lettre au PM.

Fin du statu quo fiscal

En effet, l’on se souvient que depuis le 1er janvier 2023, l’Agence de régulation du secteur de l’électricité (Arsel) a autorisé une augmentation des tarifs de l’électricité aux entreprises de l’ordre de 30% ; tandis que le gouvernement, pour faire face à l’explosion de la subvention des produits pétroliers à la pompe, a décidé de procéder à une hausse des prix à compter du 1er février 2023. Dans le même temps, la loi de finances 2023, elle, consacrait l’extension de la taxe spéciale sur les produits pétroliers au gaz industriel utilisé comme énergie d’appoint par les entreprises, face aux coupures récurrentes de l’énergie électrique observées dans le pays. Cette mesure imposait alors aux consommateurs du gaz industriel, approvisionnés par Gaz du Cameroun (GDC), qui a lui-même décidé d’augmenter ses tarifs de 20%, de payer au fisc 70 FCFA par mètre cube de gaz consommé (cette taxe est passée à 60 FCFA dans la loi de finances 2024, NDLR).

Cependant, souligne le CAPA dans sa lettre du 20 décembre 2023, « malgré ces vents contraires, les membres du CAPA ont exprimé leur détermination à demeurer des entreprises citoyennes, et l’industrie brassicole un partenaire stratégique du gouvernement dans sa lutte contre la vie chère. À cet effet, leur proposition était de combattre ensemble l’inflation, pour le bien et la protection des consommateurs, à travers le maintien inchangé des prix des boissons, sous condition d’un statu quo fiscal des impôts et taxes spécifiques ». Ce statu quo n’a pas été maintenu dans la loi de finances 2024, qui, selon les producteurs d’alcool, est plutôt « venue fragiliser davantage l’un des secteurs clés de l’économie camerounaise… ».                          

Brice R. Mbodiam

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Le ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique par intérim (Minmidt), Fuh Calistus Gentry, a signé, le 22 décembre 2023, un communiqué « interdisant désormais toute activité minière artisanale et artisanale semi-mécanisée au-delà de 30 m de profondeur ». D’après le membre du gouvernement, la mesure vise à protéger et préserver l’environnement et à prévenir tout risque d’éboulement et les pertes en vies humaines associées.

Fuh Calistus Gentry invite tous les opérateurs dont les profondeurs des sites d’exploitation vont au-delà de la profondeur susmentionnée à « suspendre immédiatement leurs activités, à évacuer leurs machines et équipements de production, à restaurer et à fermer lesdits sites ». Pour les semi-mécanisées, seuls feront exception les exploitants miniers qui auront « préalablement présenté un plan d’exploitation et une étude géotechnique sur la stabilité des talus, avec pour objectif de migrer vers la petite mine », précise le Minmidt.

D’après la loi portant nouveau Code minier (après celui de 2016) promulguée le 19 décembre 2023 par le président de la République, Paul Biya, « l’activité minière artisanale doit se concentrer à une profondeur maximale de 10 m en utilisant des méthodes et procédés ne mettant en œuvre que la motricité humaine ». Cette mesure intervient dans un contexte où l’abandon des sites miniers au Cameroun donne lieu à des trous béants devenus des lacs artificiels qui dégradent l’environnement et mettent les populations riveraines en péril.

Selon un recensement effectué par l’organisation non gouvernementale Foder (Forêts et développement rural) entre 2015 et 2022, 205 décès ont été enregistrés dans les sites miniers des régions de l’Est et de l’Adamaoua, dont 12 cas de noyades dans des lacs artificiels. Les 193 autres décès étaient dus aux éboulements et glissements de terrain causés par des trous béants abandonnés.

Frédéric Nonos

Les travaux de réhabilitation de la section Babadjou-Matazem (lot 1) de la route Babadjou-Bamenda, sur le corridor Yaoundé (Cameroun)-Enugu (Nigeria), affichent un taux d’exécution estimé à 92% au 26 décembre 2023. Le béton bitumineux a déjà été posé le long de 14 des 17 km de cette section, selon le ministère des Travaux publics (Mintp), maître d’ouvrage de cette infrastructure.

Le projet couvre un total de près de 52 km de routes répartis en quatre lots. Le lot 2 deux s’étend sur 18 km entre Matazem et Welcome to Bamenda, le lot 3 va de Bamenda up à Hill station bypass (près de 5 km) et le dernier lot consiste à la réalisation de la traverser urbaine de la ville de Bamenda (près de 12 km). Les sections 2 et 3 sont aussi en cours de réalisation alors les études techniques en vue de la réhabilitation de la traversée urbaine sont en cours.

Démarré en 2017, le chantier de construction de la première section, confié au préalable à l’entreprise française Sogea-Satom, a connu plusieurs arrêts en raison principalement de la situation sociopolitique dans la région du Nord-Ouest qui a occasionné de nombreux dégâts matériels (destruction des engins lourds de construction) et humains (enlèvement et meurtre) chez cette entreprise. Face à ces difficultés, la filiale du groupe Vinci a décidé de se retirer du projet.

Depuis janvier 2022, la société camerounaise Buns a repris les travaux suite à un mémorandum d’entente signé avec le ministère de la Défense (Mindef) pour la sécurisation du chantier. Les travaux devraient être livrés le 6 septembre 2023. La même entreprise s’est également vue attribuer le lot 2 alors que le lot 3 a été confié à une autre entreprise camerounaise des BTP dénommée Bofas. Et ces lots devraient être livrés respectivement 18 janvier 2024 et 17 octobre 2023. Mais lors de sa dernière visite de chantier du ministre Emmanuel Nganou Djoumessi, intervenue en début juillet 2023, le Mintp annonçait déjà des risques de dérapage de délai pour tous ces travaux. On s’achemine donc vers une prorogation des délais de livraison de ces chantiers.

En rappel, le gouvernement camerounais, avec l’appui de la Banque mondiale à travers le Projet de développement du secteur du Transport (PDST), a entrepris de réhabiliter la route nationale n° 6, notamment la section Babadjou-Bamenda qui relie les régions de l’Ouest et du Nord-Ouest. En plus d’éliminer les accidents, la reconstruction de ce tronçon devrait réduire les coûts de transport et les durées de transit sur le corridor routier qui relie Yaoundé, la capitale camerounaise, à la frontière est du Nigeria.

P.N.N

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Au sortir d’un Conseil d’administration extraordinaire tenu le 26 décembre 2023, Tikum Elias Mbanwei (photo) a été nommé au poste de directeur général (DG) du Parc national du matériel de génie civil (Matgénie), l’entreprise publique du BTP du Cameroun. Cet ingénieur des travaux de génie civil, qui officiait jusqu’ici comme inspecteur général des services au ministère des Travaux publics, remplace à ce poste Gustave Ebongué, nommé en septembre 2021, après avoir été directeur général adjoint (DGA) de cette société d’État à partir de juin 2017. Dans le même temps, Joseph Zambo Belinga, universitaire en service à l’Université de Yaoundé I, hérite du poste de président du Conseil d’administration (PCA). En lieu et place de Jean Roland Daniel Ebo, dont les rapports avec les différentes équipes dirigeantes (et mêmes avec les administrateurs, NDLR) qui se sont succédé à la tête du Matgénie depuis 2017 étaient des plus exécrables.

Troisième DG à être nommé au Matgénie depuis 2017, c’est-à-dire en l’espace de 6 ans, Tikum Elias Mbanwei hérite d’une entreprise publique en difficulté depuis 20 ans. Avec à la clé deux anciens DG condamnés ou alors en bisbille avec la justice camerounaise, pour des faits de détournements de deniers publics et diverses autres malversations financières. Il s’agit de Jeremiah Andossey, en fuite depuis son limogeage en 2005 et condamné à vie en 2018 par le Tribunal criminel spécial (TCS), pour détournements des deniers publics d’un montant de 12 milliards de FCFA ; et de Niwa Long Othon, son successeur limogé en 2017 puis emprisonné en 2019, pour soupçons de malversations financières lors de l’exécution du contrat-plan Matgénie-Etat du Cameroun d’un montant de 8 milliards de FCFA.

 Ce lourd passif managérial, auquel il faut ajouter les grèves à répétition des employés réclamant le paiement de leurs salaires, devrait hanter le séjour de Tikum Elias Mbanwei à la tête du Matgénie. En effet, depuis environ deux décennies maintenant, le paiement des salaires dans cette entreprise publique, pourtant transformée en mastodonte public du BTP suite à une réforme intervenue en 2015, est un véritable casse-tête. Et pour cause, l’entreprise est financièrement exsangue. C’est qu’au fil des années, son parc de matériel s’est réduit comme peau de chagrin. Couplée au manque de moyens financiers, aux retards de paiements des rares prestations réalisées généralement pour le compte du ministère des Travaux publics et à la concurrence qui s’est installée sur le marché de la location des engins du BTP (son cœur de métier à l’origine, NDLR), la situation des équipements du Matgénie ne permet même plus à l’entreprise de réaliser les contrats qui lui sont confiés.

Dans son rapport sur les entreprises publiques en 2019, la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR), organisme spécialisé du ministère des Finances, révèle par exemple que cette année-là, le Matgénie a gagné des contrats de prestation pour un montant de 12,4 milliards de FCFA. Mais, l’entreprise n’a pu réaliser « des travaux facturables qu’à hauteur de 1,3 milliard de FCFA, soit un taux de réalisation de 11% ». Et la CTR de poursuivre : « le déploiement marketing impulsé au sein de la société depuis 2018 lui a permis d’avoir un portefeuille important de commandes, qui n’arrivent pas à être exécutées en raison des difficultés de trésorerie. On peut citer des contrats de travaux d’entretien des infrastructures routières avec diverses administrations et des privés pour un montant de 15,7 milliards de FCFA, en tant que prestataire ou maître d’ouvrage dans le domaine du génie civil (81%), et des études (19%) ».

La valse des DG, une solution cosmétique…

Face à ces difficultés, les quelques revenus générés par l’entreprise servent essentiellement à payer des charges, principalement constituées des salaires des employés, qui sont généralement sur le pied de guerre chaque fin du mois, habitués qu’ils sont à l’accumulation des arriérés. Selon la CTR, ces charges « absorbent 89,95% du chiffre d’affaires » du Matégnie, situation qui, à en croire l’organisme spécialisé du ministère des Finances, « pourrait constituer à terme un risque budgétaire pour l’État, si la tendance n’est pas inversée ». Afin de pouvoir justement inverser cette tendance, plusieurs initiatives ont été prises ou envisagées, bien au-delà des remplacements des différents directeurs généraux, qui s’apparentent chaque fois à une solution cosmétique.

D’abord, pour doper le parc d’engins du Matgénie, le 1er février 2019, le gouvernement camerounais, à travers le ministère des Travaux publics, a signé avec la société belge DEM Group, un contrat de 157 milliards de FCFA, en vue de la fourniture de plus de 600 engins et véhicules au Matgénie. Le contrat prévoyait la livraison de ces équipements sur 2 ans, afin de permettre à cette société d’État de se déployer davantage sur le terrain de l’entretien routier, conformément à un contrat de partenariat signé avec les communes camerounaises ; de doper son parc pour plus d’efficacité dans la location des engins aux entreprises ; et de constituer de la ressource matérielle pour la réalisation de ses propres travaux dans le secteur du BTP. Mais, aussitôt signé il y a bientôt 5 ans, ce contrat semble avoir été oublié dans les tiroirs du gouvernement.

Ensuite, pour permettre au Matgénie de se positionner sur le marché devenu très concurrentiel du BTP au Cameroun, et ainsi en tirer des revenus devant conduire au rétablissement de l’équilibre financier de l’entreprise, les services du Premier ministre (PM) ont suggéré deux solutions au ministre des Travaux publics, qui sont jusqu’ici restées lettre morte. En effet, apprend-on de sources autorisées, suite à un plaidoyer de la direction générale du Matgénie auprès du gouvernement, les services du PM ont suggéré au ministre Nganou Djoumessi, début septembre 2021, d’attribuer à cette entreprise publique deux contrats d’un montant cumulé de 70 milliards de FCFA. Dans le même temps, la Primature a demandé à ce membre du gouvernement de formaliser, à travers un projet de texte à valider, l’attribution au Matgénie d’une quote-part de contrats publics dans le secteur du BTP. « Jusqu’ici, nous continuons d’attendre le retour du ministère par rapport à ces instructions des services du Premier ministre », confie une source proche du dossier. Dans l’intervalle, la valse des DG se poursuit, sans pour autant interrompre la longue agonie du Matgénie.

Brice R. Mbodiam

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Le ministère des Travaux publics (Mintp) a annoncé, le 23 décembre, que le gouvernement procèdera en 2024 à la réhabilitation des tronçons routiers Moutourwa-Maroua sur la nationale n° 1 et Magada-Yagoua sur la nationale n° 12, dans la région de l’Extrême-Nord. Aucune date précise n’est toutefois avancée. Le 19 décembre, le patron de ce département ministériel, Emmanuel Nganou Djoumessi, a publié un appel d’offres international pour l’exécution desdits travaux d’infrastructures. Le document précise que le marché est scindé en trois lots suivant trois sections de routes à réaliser, à savoir : les axes Moutourwa-Maroua (36 km), Magada-Guidiguis (68,30 km) et Guidiguis-Yagoua (68,70 km), soit 173 kilomètres de routes à réhabiliter. Les candidats ont jusqu’au 16 février 2024 au plus tard pour soumettre leur offre.

La réhabilitation de ces tronçons routiers s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la politique du gouvernement en matière de développement économique et social, et vise à assurer la bonne circulation des biens et des personnes dans les localités desservies, à promouvoir le développement économique et la réduction de la pauvreté au sein des populations, à faciliter l’accès aux pays de la sous-région à partir du pont frontalier sur le Logone entre Yagoua et Bongor (Tchad) en cours de construction, et à accélérer les échanges économiques entre le Cameroun, le Tchad et la RCA.

Ces travaux d’infrastructures, qui consistent en l’aménagement de ces tronçons en béton bitumineux (BB), font partie du Projet d’aménagement territorial et de promotion du secteur privé de la région de l’Extrême-Nord, véritable carrefour sous-régional entre trois des quatre pays du bassin du lac Tchad (le Cameroun, le Nigeria et le Tchad) mais qui subit un déficit de développement structurel et persistant, une rupture du contrat social au Nigeria voisin qui s’est manifestée par une insurrection extrémiste violente avec des répercussions dans la région et une crise environnementale préoccupante, conséquence du changement climatique. Ce projet bénéficie d’un prêt de plus de 133 milliards de FCFA (203,11 millions d’euros) de la Banque africaine de développement (BAD), approuvé par le conseil d’administration de l’institution le 25 octobre dernier. L’Union européenne (UE) devrait aussi injecter 19,6 milliards de FCFA (30 millions d’euros) dans le projet, à travers un don du EU-Africa Infrastructure Trust Fund.

P.N.N

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Les entreprises privées et publiques camerounaises, qui sollicitent des financements auprès de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC), vont désormais bénéficier de la garantie souveraine de l’État. C’est l’objet de la convention de garantie de portefeuille signée le 20 décembre 2023 à Douala, entre le ministre des Finances, Louis Paul Motazé, et le président de la BDEAC, le Camerounais Dieudonné Evou Mekou. C’était en marge de la tenue, dans la capitale économique camerounaise, d’une Assemblée générale de cette institution financière sous-régionale.

« Cette convention est une grande avancée, parce que beaucoup d’entreprises qui nous sollicitent pour des financements sont confrontées au problème de garantie. Nous pensons qu’avec cette garantie souveraine de l’État, ce problème est résolu. Nous bénéficions ainsi d’un grand appui de l’État du Cameroun », se satisfait le président de la BDEAC. Le montant de cette garantie souveraine, ainsi que les modalités d’accès à cet appui étatique aux financements de la BDEAC n’ont pas été précisés. Cependant, l’on sait que depuis la loi de finances 2021, l’État du Cameroun a mis en place une ligne de garantie d’un montant de 200 milliards de FCFA au profit des entreprises, principalement les PME, en quête de financements auprès des banques et autres institutions financières. 

Ce mécanisme de garantie, qui n’a pas obtenu les résultats escomptés à partir de sa mise en œuvre en 2022, selon le ministre des Finances, Louis Paul Motazé, a été réajusté en 2023. Pour plus d’efficacité, souligne le ministre. Selon le mécanisme réformé, sur l’enveloppe de 200 milliards de FCFA de garantie mise à disposition par l’État, 30% permettront de faciliter l’accès aux crédits aux entreprises et établissements publics, contre 70% pour les entreprises du secteur privé. Le taux de couverture des crédits par cette facilité réservée uniquement aux entreprises de droit camerounais à capitaux majoritairement camerounais est plafonné à 30% pour les grandes entreprises, contre 70% pour les PME. Cependant, apprend-on, ces plafonds de couverture peuvent être portés à 60% pour les grandes entreprises et à 80% pour les PME opérant dans les zones économiquement sinistrées. Il s’agit ici des régions du Nord-Ouest, Sud-Ouest et de l’Extrême-Nord, en proie à la crise dite anglophone pour les deux premières, et aux attaques de Boko Haram pour la dernière.

Par ailleurs, apprend-on, sont éligibles à cette facilité de l’État, les prêts destinés à financer les besoins en fonds de roulement des entreprises, et surtout à l’investissement dans les filières identifiées comme prioritaires par la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND30). Il s’agit notamment de l’énergie ; des services financiers ; de l’agro-industrie ; du numérique ; des filières forêt-bois, textile-confection-cuir, mines-métallurgie-sidérurgie, hydrocarbures-pétrochimie-raffinage, chimie-pharmacie ; constructions ; services.

« Sont également prioritaires, les prêts visant à accroître la production locale de nos principaux produits d’importation et permettant de renforcer nos capacités d’exportation. Seront exclues de ce champ, les opérations de refinancement, de restructuration, de remboursement ou de rachat d’un prêt existant », avait précisé le secrétaire général du ministère des Finances, Gilbert Didier Edoa, le 16 août 2023 à Yaoundé. C’était lors de la présentation du mécanisme révisé, effectuée au cours de la cérémonie de signature d’une convention de garantie de portefeuille entre le ministère des Finances et l’Association des établissements de crédit du Cameroun (Apeccam).

Brice R. Mbodiam

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Après une interruption de cinq ans, l’indice de développement des technologies de l’information et de la communication (TIC) a été publié le 13 décembre dernier par l’Union internationale des télécommunications (UIT). Dans ce rapport 2023, le Cameroun perd quatre places en Afrique centrale par rapport au classement 2017. Avec 36,8 points, le pays de Paul Biya se positionne comme le 6e pays d’Afrique centrale où le niveau de développement des TIC est le plus élevé sur les 10 pays classés. Il occupait la 2e position en 2017. Le Cameroun arrive derrière le Gabon qui se maintient au premier rang avec 72,9 points, Sao Tomé-et-Principe (54,5 points), l’Angola (44,1 points), le Rwanda (40,1 points) et la Guinée équatoriale (37,6 points).

C’est dire qu’entre les deux périodes sous-revues, le Cameroun n’a pas enregistré le même progrès que plusieurs pays de la sous-région en matière de développement des TIC. En effet, ledit rapport, qui s’intitule « Measuring digital development: The ICT Development Index 2023 », analyse et évalue les progrès accomplis dans le domaine des TIC dans 169 pays et territoires. Ces pays sont notés sur une échelle allant de 0 à 100 points en se basant sur 10 indicateurs, dont le pourcentage des particuliers utilisant Internet, la pénétration de la téléphonie mobile à large bande mobile, le trafic Internet à large bande mobile (en giga-octets par abonnement), le prix des données mobiles et des services voix et le taux de possession de téléphones mobiles. Et dans la plupart de ces indicateurs, le Cameroun est en dessous de la moyenne. S’agissant par exemple de la couverture des réseaux 3G et 4G, le Cameroun enregistre un score de 18,4 sur 100 tandis que le Gabon obtient la note de 98 sur 100 et Sao Tomé celle de 37,6 sur 100. Sur le prix des données mobiles et des services voix, le Cameroun a 0,8% tandis que le Gabon a 85,2%.

Cette étude fait donc ressortir les retards accusés par le Cameroun par rapport à plusieurs pays de la sous-région Afrique centrale dans le développement de l’économie numérique. Pourtant, d’après les autorités locales, des progrès significatifs ont été réalisés dans ce sens par le pays au cours de ces quatre dernières années. Par exemple, d’après le ministère des Postes et Télécommunications, le taux de pénétration du haut débit mobile est passé de 18% à 39% en quatre ans. Le pays devra donc fournir encore plus d’efforts s’il veut remonter dans le top 3 des pays qui affichent des progrès notables dans le domaine des TIC en Afrique centrale comme c’était le cas en 2017.

Sur le plan africain, le Maroc arrive en tête du classement suivi de l’Île Maurice, des Seychelles, l’Afrique du Sud, la Libye, l’Algérie, l’Égypte, la Tunisie, le Botswana, et le Gabon qui ferme le top 10 africain de ce classement.

Selon le rapport de l’UIT 2023, des progrès sensibles en matière de développement des TIC ont été réalisés en Afrique. Utilisé par plusieurs acteurs du secteur des TIC et numérique, l’Indice de développement des TIC de l’UIT est considéré comme l’un des référentiels des données et des analyses mondiales les plus fiables sur l’état du développement des TIC.

Sandrine Gaingne

Classement Afrique centrale 

Economie Rang Afrique centrale 2023 Rang Afrique centrale 2017
Gabon 1er 1er
Sao Tomé-et-Principe 2e 3e
Angola 3e 5e
Rwanda 4e 4e
Guinée équatoriale 5e 6e
Cameroun 6e 2e
Congo 7e Non classé
RDC 8e 7e
Burundi 9e 8e
Tchad 10e 9e
RCA Non classé  10e  

 

Classement Afrique  

1-Maroc (Score : 85,1 points)

2-Maurice (81,7)

3-Seychelles (80,9)

4-Afrique du Sud (80,5)

5-Libye (79,4)

6-Algérie (77,8)

7-Egypte 75,8

8-Tunisie (75,4)

9-Botswana (74)

10-Gabon (72,9)

11-Eswatini (71,7)

12-Cap-Vert (68,1)

13-Namibie (68,1)

14-Sénégal (66,5)

15-Ghana (65,9)

16-Djibouti (63,6)

17-Côte d’Ivoire (59)

18-Sao Tomé-et-Principe (54,5)

19-Kenya (54,2)

20-Mauritanie (53,7)

21-Zambie (49,5)

22-Lesotho (44,3)

23-Nigeria (44,2)  

24-Angola (44,1)

25-Comores (43,5)

26-Zimbabwe (42,7)

27-Togo (40,2)

28-Rwanda (40,1)

29-Bénin (38,3)

30-Mali (38,2)

31-Guinée équatoriale (37,6)

32-Tanzanie (37,2)

33-Cameroun (36,8)

34-Ouganda (34,8)

35-Ethiopie (33,8)

36- Malawi (31,5)

37- Guinée-Bissau (33,1)

38-République du Congo (29,2)

39-RD Congo (29,1)

40-Burkina Faso (28,5)

41-Madagascar (26,4)

42-Mozambique (25,8)

43-Burundi (23)

44-Somalie (21,4)

45-Tchad (20)

 

Le Port autonome de Douala (PAD) et Sapro Logistics Cameroun (SLC) ont signé, le 21 décembre 2023, une convention portant sur l’aménagement d’une zone logistique et d’un parking d’attente des camions en zone aval du port au terme d’un processus de sélection lancé en octobre 2020, apprend-on d’une note d’information du PAD. SLC est la filiale camerounaise du groupe Sapro, fondé par le milliardaire congolais Paul Obambi. C’est ce dernier qui est d’ailleurs l’administrateur directeur général de SLC.   

Le projet sera déployé sur deux sites d’une superficie totale de 15 ha (avec une zone logistique sur 5 ha et un parking de camions sur 10 ha). La zone logistique sera constituée d’un quai de chargement et de déchargement, des chemins de fer, un entrepôt métallique modulable de grande capacité, des aires d’entreposage des conteneurs, des voies de circulations de largeur supérieure à 12 m pour une mobilité plus accrue des engins. Le parking d’attente pour camions comprendra une aire de parking d’une capacité de 621 semi-remorques et 30 tracteurs de camions. La zone de vie quant à elle comprendra un bâtiment administratif, un hôtel, une infirmerie, un mini marché, une mosquée, un réfectoire, des espaces de parking pour véhicules léger, un poste de police, une mini-station d’épuration.

Le projet, dont la date de démarrage n’est pas encore connue, sera réalisé en mode BOT (Build-Operate and Transfer) et est prévu pour s’exécuter en 3 ans. Sapro Logistics Cameroun doit investir les 44,4 milliards de FCFA HT nécessaire pour sa réalisation, sans aval ni caution du PAD et de l’État du Cameroun. Le partenaire du PAD va ensuite exploiter les infrastructures pendant 21 ans. Le taux de rentabilité interne (TRI) du projet sur les 24 ans est de 185,1%.  

Le projet qui devrait générer 250 emplois directs et environ 800 emplois indirects, « devrait désengorger des voies de desserte du port, le long desquelles stationnent continuellement des camions qui assurent le transport des marchandises (…) ou encore d’offrir des solutions de stockage et de gestion logistique des marchandises pour les opérations diverses de pré et de postacheminement à l’importation et à l’exportation », fait savoir le PAD. Son directeur général, Cyrus Ngo’o, rappelle que l’aménagement d’une zone logistique et d’un parking de camions en zone aval du domaine portuaire fait partie des projets prioritaires retenus par le schéma directeur de développement de ce port à l’horizon 2050, dans le cadre de l’ambitieux programme de rénovation et de modernisation des installations et des équipements portuaires.

Frédéric Nonos

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Le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé, le 20 décembre dernier, la prorogation d’un an du programme de réformes économiques du Cameroun censé prendre fin en juillet 2024. L’annonce a été faite par le ministre des Finances (Minfi), Louis Paul Motaze, dans un communiqué publié jeudi 21 décembre. «Le conseil d’administration du Fonds a approuvé la prorogation de 12 mois dudit programme afin d’approfondir d’autres problématiques émergentes, à l’instar de la réduction des risques liés au changement climatique », peut-on lire dans le document.

Dans un communiqué le 17 novembre, le FMI a annoncé être parvenu à un accord avec les autorités camerounaises sur la prorogation, jusqu’en juillet 2025, du programme économique et financier triennal (juillet 2021-juillet 2024) appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC) et le Mécanisme élargi de crédit (MEDC). « Cette prorogation s’accompagne d’un accès à des ressources supplémentaires pour permettre au gouvernement de disposer de marges budgétaires additionnelles, à l’effet de mener à bien ces réformes », indique le Minfi. Cette rallonge devrait ainsi permettre au Cameroun de bénéficier d’un financement supplémentaire de 145,4 millions de dollars (près de 89 milliards de FCFA), précisait le FMI dans son communiqué en novembre dernier.

Il est aussi prévu que d’autres bailleurs apportent des appuis budgétaires, tels que la Banque africaine de développement (BAD) qui vient d’approuver un prêt de 74,25 millions d’euros (environ 49 milliards FCFA) au Cameroun pour la mise en œuvre de la première phase du Programme d’appui au redressement du secteur de l’électricité (Parsec). La BAD promet un second financement de 30,94 millions d’euros (20,3 milliards de FCFA), dont le décaissement est prévu pour janvier 2025. Elle conditionne toutefois l’instruction de cette phase à l’extension d’un an du programme triennal soutenu par le FMI.

Cette prorogation répond notamment au besoin de permettre au pays de rétablir la viabilité de la dette, de limiter l’inflation et de réduire le déficit budgétaire. Les autorités camerounaises, apprend-on, se sont par exemple engagées à réduire encore le déficit primaire hors pétrole pour le ramener à moins de 2% du PIB et l’encours de la dette publique à 40% du PIB en 2024. Selon les projections du FMI, l’encours de la dette publique devrait passer de 45% du PIB fin 2022 à moins de 42% fin 2023.

En plus de cette prorogation du programme, le conseil d’administration du FMI a aussi approuvéle décaissement de près de 45 milliards de FCFA en faveur du Cameroun, annonce le Minfi. Cela porte à environ 345 milliards de FCFA, le total des décaissements effectués depuis le début du programme triennal en cours, conclu le 29 juillet 2021. Ce programme devrait permettre au pays d’engranger environ 770 milliards de FCFA au titre d’appuis budgétaires, d’après les autorités. Sur cette enveloppe, 380 milliards de FCFA devraient être mis à disposition par le FMI, tandis que le reste devrait provenir des bailleurs de fonds tels que la BAD, la Banque mondiale, l’Union européenne (UE) et la France.

Patricia Ngo Ngouem

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Sur la période de 72 heures allant du 18 au 20 décembre 2023, le Trésor public camerounais a effectué des remboursements d’un montant total de 95 milliards de FCFA sur le marché des titres publics de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), apprend-on officiellement. Dans le détail, une dette de 20 milliards de FCFA a été réglée le 18 décembre, pour apurer une émission d’obligations du Trésor assimilables (OTA) effectuée il y a 2 ans, tandis que 75 milliards de FCFA étaient destinés à l’apurement, le 20 décembre 2023, d’un emprunt contracté par émission de bons du Trésor assimilables (BTA) il y a 13 semaines.

Afin de pouvoir effectuer ces remboursements, qui représentent le plus gros volume d’emprunts jusqu’ici remboursé par le pays sur ce marché en un laps de temps, le Cameroun a dû effectuer de nouveaux emprunts. Sur une enveloppe de 120 milliards de FCFA recherchés à travers divers instruments financiers, environ 100 milliards de FCFA ont pu être mobilisés, apprend-on de sources internes au ministère des Finances.

 « Sur le remboursement de 20 milliards pour les OTA, nous n’avions pas de pression, puisque les fonds étaient déjà disponibles. C’est sur le remboursement de 75 milliards de FCFA sur les BTA qu’il fallait chercher la totalité de l’enveloppe. Ça n’a pas été facile. Mais, nous y sommes parvenus », souffle une source autorisée dans ce département ministériel.

À l’en croire, pour obtenir l’enveloppe recherchée afin de permettre ce remboursement, il a fallu consentir des taux d’intérêt dépassant 5,5% tous instruments confondus. Ce qui est pratiquement le double des 3% jadis servis par le Cameroun sur cette même catégorie de titres. La faute à une politique monétaire de plus en plus austère mise en place par la Beac pour combattre l’inflation.

BRM

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Le Camerounais Elvis Castanou a été promu au poste de directeur général de Hydrochem Cameroun, société spécialisée dans la vente d'engrais, en remplacement de Kudjoe Agbenyaga, démissionnaire. C’était à l’issue d’un conseil d’administration de cette structure du groupe NJS fondé par feu Noutchogouin Jean Samuel, tenu le 29 novembre dernier.

Elvis Castanou devient ainsi le tout premier directeur général de cette société sous sa nouvelle dénomination. Car la société qui était autrefois connue sous le nom Yara Cameroun a été récemment rachetée par le groupe NJS. Avec l’acquisition de cette société, le groupe du défunt homme d’affaires camerounais actuellement centrée sur le développement maîtrisé de l’élevage, envisage d’élargir son offre destinée au secteur agricole. L’objectif étant de promouvoir les meilleures pratiques agricoles afin d’augmenter la productivité des cultures au Cameroun et vulgariser de nouvelles techniques.

Pour l’aider à atteindre ces objectifs, le groupe a donc porté son choix sur Elvis Castanou, une tête connue dans la gestion des entreprises du groupe Noutchogouin. En effet, avant sa nomination, il a occupé la fonction de directeur général de Icrafon, une autre entreprise dans laquelle feu Noutchogouin Jean Samuel détient des parts. Il a par ailleurs officié comme directeur commercial des Brasseries et Limonaderies du Burundi Brarudi S.A. et responsable marketing chez Heineken à Kigali au Rwanda. Ces expériences acquises dans le secteur de l’agro-industrie lui seront certainement utiles dans ses nouvelles fonctions. Diplômé de Grenoble école de management, l'expert en finances, marketing et commerce international devra également faire appel à ses qualifications académiques pour remplir ses missions à la tête de Hydrochem Cameroun.

SG

L’enquête sur le climat des affaires dans le secteur industriel, récemment publiée par le ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), révèle que 81% des chefs d’entreprises trouvent le taux de pression fiscale (part des dépenses fiscales sur le chiffre d’affaires) élevé,18% le trouvent moyen et 1% le considèrent comme faible. Plus de la moitié des patrons des 1000 entreprises enquêté estiment n’avoir pas de bons rapports avec les services de la douane, des impôts et autres. D’une manière générale, souligne l’étude, les patrons du secteur industriel pensent que la fiscalité est lourde au Cameroun.

Estimé à 11,8% du PIB en 2022, le taux de pression fiscale a atteint 12,6% en 2023, selon la direction générale des impôts (DGI) du ministère des Finances, qui le projette à 13,55% en 2024. Pour la DGI, la pression fiscale au Cameroun reste encore inférieure à la moyenne africaine évaluée à 17,2%, ainsi qu’aux standards internationaux. « Il est généralement admis que la part des prélèvements obligatoires dans la richesse nationale doit atteindre au moins 25% pour être significative et engendrer un véritable développement », soutient-on à la DGI.

D’après des experts financiers, le problème de la fiscalité au Cameroun n’est pas la pression, mais l’équité fiscale. En effet, la pression fiscale dans le pays est essentiellement supportée par un nombre infime de contribuables, notamment les grandes entreprises, tandis que de nombreux potentiels contribuables échappent au fisc. Dans son récent rapport sur la gouvernance et la corruption au Cameroun, le Fonds monétaire international (FMI), indique que « les grandes entreprises formelles au Cameroun sont grevées non seulement par un taux d’imposition global élevé, mais aussi par des limites inhabituellement strictes en matière de déductions fiscales ».

L’institution de Bretton Woods fait savoir que « des charges fiscales effectives élevées sur les bénéfices des entreprises formelles favorisent l’informalité et la déclaration erronée des bénéfices et du chiffre d’affaires ». Elle propose au Cameroun de réduire les taux légaux de l’impôt sur les sociétés, de l’impôt minimum et des systèmes d’imposition forfaitaire (libératoire) et simplifiée prévus dans le Code général des impôts. Depuis 2020, le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) déplore le caractère « confiscatoire » de l’impôt dont le taux général sur les sociétés est de 33% (y compris la surtaxe du conseil local), tandis que l’impôt minimum est de 2,2% du chiffre d’affaires. 

Frédéric Nonos

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Au cours de l’année 2024, le Trésor public camerounais va poursuivre sa stratégie de recherche des capitaux sur différents marchés, afin de pouvoir financer le budget de l’État. À ce titre, apprend-on de la loi de finances de l’État de l’année 2024, promulguée le 19 décembre 2023 par le chef de l’État, un peu plus de 514 milliards de FCFA devraient être mobilisés sur le marché des capitaux sous-régional.

Dans le détail, selon les projections du gouvernement, une enveloppe maximale de 375 milliards de FCFA devrait être mobilisée par émissions de titres publics. Ici, le Cameroun aura le choix entre la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (Bvmac), le marché financier unifié de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale), et le marché des titres publics de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), l’institut d’émission commun aux six pays de la Cemac. Au regard du montant global d’endettement par émissions des titres publics projeté dans la loi de finances 2024, l’hypothèse la plus probable est l’utilisation des deux marchés par l’État.

En clair, à côté des émissions régulières des bons du Trésor assimilables (BTA) et des obligations du Trésor assimilables (OTA) sur le marché des titres public de la Beac, l’on s’achemine, au cours de l’année 2024, vers l’émission du 8e emprunt obligataire de l’État du Cameroun sur le marché financier sous-régional. L’hypothèse de l’émission d’un nouvel emprunt obligataire est d’autant plus probable que la bataille pour la mobilisation des financements sur le marché des titres de la Beac, ces dernières années, est devenue plus rude avec les autres États de la Cemac, généralement plus généreux que le Cameroun sur les taux d’intérêts servis aux investisseurs.

À côté des financements à lever par émissions des titres publics, pour un montant n’excédant pas 375 milliards de FCFA, la loi de finances 2024 prévoit un endettement de 139,4 milliards de FCFA sur le marché bancaire national. En d’autres termes, au cours de l’année 2024, le Trésor public contractera des emprunts auprès des banques locales pour ce montant-là.

Au demeurant, que ce soit pour les émissions des titres publics que sur les emprunts bancaires, l’un des plus gros enjeux des opérations de levées de fonds de l’État du Cameroun en 2024 sera le taux d’intérêt proposé aux pourvoyeurs des capitaux. En effet, depuis fin 2021, l’on assiste à un durcissement de la politique monétaire par la banque centrale, qui a eu pour conséquence le relèvement des taux d’intérêt sur le marché des capitaux. Une réalité plutôt inconfortable pour le Cameroun, arc-bouté, depuis belle lurette, à la pratique des taux d’intérêt bas.

Fidèle à sa pratique d’une rémunération maîtrisée des pourvoyeurs de capitaux, contrairement aux autres pays de la Cemac qui aguichent généralement les investisseurs avec des taux d’intérêt alléchants, le Trésor public camerounais a dû accumuler des échecs sur le marché des titres de la Beac en début d’année 2023, avant de consentir à relever ses taux. Tout en demeurant le pays qui s’endette le moins cher sur ce marché. C’est également dans l’optique de maîtriser la rémunération de son endettement sur le marché des capitaux que le Cameroun a expérimenté, en 2023, la toute première émission obligataire à taux multiples sur le marché financier unifié de la Cemac.

Brice R. Mbodiam

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Boissons du Cameroun, leader du marché brassicole dans le pays, et le Fonds Pierre Castel viennent de gratifier le Réseau des associations féminines de l’arrondissement de Mouanko (Rafamo), dans la région du Littoral, d’un lot d’équipements de transformation de manioc. D’une valeur de 5 millions de FCFA, ce don leur a été remis le 19 décembre 2023, apprend-on.

« En offrant ce jour au Rafamo, d’un don en équipement de transformation de tubercules de manioc, nous assumons notre leadership. Et c’est finalement ce qui distingue notre entreprise qui est régulièrement citée comme première entreprise citoyenne au Cameroun », a expliqué le directeur général de Boissons du Cameroun, Stéphane Descazeaud.

La sollicitude du leader du marché brassicole au Cameroun envers la femme rurale de Mouanko s’intègre dans la stratégie RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) de cette entreprise. À en croire le DG, celle-ci se déploie « dans toutes les régions du Cameroun. C’est un moment de partage avec les populations autour des problématiques de développement durable autour de six thématiques : éducation, santé, environnement, sport, arts et culture, entrepreneuriat ».

BRM

La ministre de l’Habitat et du Développement urbain (Minhdu), Célestine Ketcha Courtès, a procédé, le 19 décembre, à la pose de la première pierre des travaux de construction de 3060 nouveaux logements au quartier Olembe, à Yaoundé. La première phase, dite pilote, prévoit la construction de 60 logements dans un délai de neuf mois sur un espace de 5 000 m2. Il s’agit de trois immeubles et d’un espace vert, objet de la pose de la première pierre mardi. Dans le cadre de la deuxième phase, il est prévu de construire les 3 000 autres logements sur 20 ha. Cette seconde phase doit démarrer en 2024 et s’étalera sur quatre ans, apprend-on.

Ces logements, dont le chantier a été confié au groupe espagnol Pablo y Natalia Holding Group (PNHG), s’inscrit dans le cadre du programme gouvernemental de construction de 10 000 logements sociaux et d’aménagement de 50 000 parcelles constructibles. « Après le programme de construction de logements sociaux par les PME camerounaises et le programme Coffor qui, après évaluation à date présentent des résultats peu reluisants pour diverses raisons, le Minhdu, dans la recherche de solution pragmatique visant à rattraper le gap et à répondre à la demande de plus en plus pressante, a entrepris la relance de ce programme en lui insufflant un nouveau souffle par la préparation de plusieurs protocoles d’entente avec des partenaires prêts à accompagner l’État dans sa mission par la production en masse de logements. C’est dans ce cadre que ce chantier a été confié à l’entreprise PNHG », justifie le ministère.

Au Cameroun, le déficit de logements est évalué à 2,5 millions d’unités. L’expansion démographique, la pauvreté et le taux de chômage font partie des nombreux facteurs qui expliquent ce déficit, selon les autorités. Pour tenter de combler le gap, le gouvernement a lancé, en 2010, le programme de construction de 10 000 logements dans l’objectif de faciliter l’accès à un logement décent aux Camerounais. La première phase de ce programme prévoyait la construction de 1 675 logements à Yaoundé et Douala, dont 500 à Olembe. 

P.N.N

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Selon le ministère des Travaux publics (Mintp), Emmanuel Nganou Djoumessi, le patron de ce département ministériel, effectue dès ce 21 décembre une visite de travail dans la région de l’Extrême-Nord. Visite au cours de laquelle il va procéder à la mise en service du pont Limani qui relie le Cameroun au Nigeria. Situé à Mora, commune du département du Mayo-Sava proche de la frontière nigériane, ce pont de 124 mètres, dont la réhabilitation a débuté en 2021, a été financé à près de 1,4 milliard de FCFA conjointement par le Mintp et le ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat).

Le pont, qui s’était effondré en 2015, permet de relier Limani au corridor Amchidé-Bankim, une route liant le Cameroun et le Nigeria. Cette route a été rouverte en 2019 après 5 ans de fermeture, en raison de l’insécurité causée par le groupe terroriste Boko Haram. Cette infrastructure est considérée par les autorités locales et les populations comme une plaque-tournante des transactions économiques entre les deux pays. A cet effet, elle devrait permettre de densifier les échanges commerciaux entre le Cameroun et le Nigeria, deux économies majeures d’Afrique centrale et de l’Ouest.

Par ailleurs, la mise en service du pont est un soulagement pour les populations qui peuvent désormais rallier sans problème Amchidé, grand marché à la frontière nigériane. A noter que les travaux réalisés par l’entreprise Coma Sarl concernent également la réalisation d’un radier général en béton cyclopéen sur 42,5 ml, l’assainissement des voies d’accès et protection des remblais, ainsi que des terrassements et aménagements des voies d’accès au pont.

P.N.N

Depuis le 20 décembre 2023, les centrales à gaz de Kribi (KPDC, 216 MW) et à fuel lourd de Dibamba (DPDC, 88 MW) sont de nouveau disponibles. La société britannique Globeleq, qui contrôle ces ouvrages de production (56% contre 44% pour l’État du Cameroun), a décidé de les remettre « exceptionnellement » en service, apprend-on d’un communiqué publié par le producteur indépendant d’électricité le même jour. Ce qui devrait réduire la fréquence et la durée des coupures d’électricité que connaissent actuellement six des 10 régions du Cameroun, dont les villes de Yaoundé et Douala. 

Pour justifier sa décision, Globeleq évoque « les engagements pris [par le gouvernement] afin de réduire la dette due par Eneo dès le 27 décembre 2023 ». Évaluée à 107,7 milliards de FCFA à fin novembre 2023, cette dette est projetée à 115 milliards de FCFA à fin décembre. Au ministère des Finances (Minfi), nos sources indiquent que le gouvernement s’est engagé à payer environ 30 milliards de FCFA d’ici le 27 décembre.

Pour comprendre cet engagement, il faut savoir qu’Eneo, contrôlé par le fonds d’investissement britannique Actis (51% contre 44% pour l’État du Cameroun), justifie son insolvabilité vis-à-vis de Globeleq par le volume de ses créances dues par le secteur public (État et autres entités publiques). Il est donc question pour l’État de mobiliser sur le marché des capitaux de l’argent, afin de régler une partie de la dette publique due à Eneo, pour que la filiale d’Actis puisse à son tour éponger une partie des impayés accumulés auprès de Globeleq.

Incertitude

Cette opération de monétisation est l’une des « solutions d’urgence de nature à réduire de façon significative les arriérés de paiement accumulés par Eneo » mise sur la table en novembre dernier pour convaincre Globeleq à remettre en service ses centrales thermiques. Du fait des arriérés accumulés par la filiale d’Actis, le producteur indépendant d’électricité avait déjà mis ses centrales à l’arrêt pendant la première semaine de novembre 2023. Et pour justifier la deuxième mise à l’arrêt, intervenue le 1er décembre, le directeur général de Globeleq Cameroun, Frédéric Mvondo (photo), évoquait, dans un courrier consulté par Investir au Cameroun, le fait qu’« aucun élément concret sur le montant et le calendrier de l’opération de monétisation n’est arrêté », et conditionnait la remise en service des ouvrages par la finalisation de cette opération.

Une perspective jusqu’ici bloquée, notamment par le bras de fer entre l’État et le distributeur exclusif de l’électricité sur la prise en charge des frais de cette levée de fonds. « Eneo ne veut rien prendre en charge. L’État va tout assumer », peste un responsable du Minfi. « Le non-paiement des sommes annoncées aux dates dues contraindrait Globeleq à appliquer de nouvelles mesures de sauvegarde en protection des équipements de production », menace pour sa part Frédéric Mvondo dans son communiqué. À lire entre les lignes, Globeleq attend d’autres paiements après l’opération de monétisation qui devrait permettre de lui verser environ 30 milliards de FCFA d’ici le 27 décembre. Serait-ce toujours par le biais du même mécanisme ? Rien n’est moins sûr.

Il faut dire que l’État continue de contester les créances revendiquées par Eneo. À fin septembre 2023, le distributeur exclusif de l’électricité au Cameroun chiffrait la dette publique à 234,5 milliards de FCFA, répartie en trois grandes catégories de débiteurs : l’État central (131,7 milliards de FCFA), les entreprises publiques (55 milliards de FCFA) et les autres entités publiques (47,8 milliards de FCFA). « L’État [central] ne doit rien à Eneo. Certaines entités publiques doivent environ 70 milliards de FCFA à Eneo. L’État compte se subroger à ces entités pour payer d’ici le 27 décembre environ 30 milliards de FCFA », soutient un haut responsable du Minfi, dont les collaborateurs participent aux commissions mises en place pour évaluer la dette du secteur public vis-vis d’Eneo.

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La société GLOBELEQ informe l’opinion publique avoir procédé à la suspension de la production des centrales électriques de Kribi et de Dibamba le 1er décembre 2023.

Cette décision de sauvegarde faisait suite au non-paiement par Eneo de factures dues aux entreprises KPDC et DPDC d’un montant culminant à FCFA 115 milliards.

Le groupe GLOBELEQ souhaite remercier le Gouvernement pour les engagements pris afin de réduire la dette due par ENEO dès le 27 décembre 2023.

Fort de ce confort et dans le souci de permettre à la population camerounaise de préparer et vivre sereinement les fêtes de Noël, le groupe GLOBELEQ a décidé de remettre exceptionnellement en service les centrales de Kribi et Dibamba.

Le non-paiement des sommes annoncées aux dates dues contraindrait GLOBELEQ à appliquer de nouvelles mesures de sauvegarde en protection des équipements de production.

KPDC S.A. & DPDC S.A.

Le Directeur Général

1 Globe

L’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (Oapi) est en voie d’harmoniser les stratégies d’exploitation des contenus culturels dans le contexte de leur diffusion par les voies numériques. 40 participants représentant les ministères de la Culture, les organismes de gestion collective des droits et les Industries culturelles des 17 États membres de cette organisation sont réunis depuis le 18 décembre 2023 à Douala. L’objectif de cette réunion qui s’achève ce 20 décembre est de trouver « une solution commune d’exploitation et les moyens de défense contre l’exploitation illicite des droits d’auteurs des artistes-musiciens et écrivains », explique le directeur général adjoint de l’Oapi, Mondésir Oualou Panouala.

Il y a quelques années, poursuit ce dernier, les méthodes et outils de travail n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui. À ce jour, « nous sommes avec des supports numériques et les techniques et collectes ne sont plus les mêmes. Cela nous amène à harmoniser les règles de fonctionnement et les stratégies ». Cette harmonisation en vue intervient dans un contexte où « les contenus des artistes et écrivains sont distribués sur Internet sans que ces derniers ne soient au courant de ceux qui les exploitent », précise le directeur adjoint de l’Oapi, qui rappelle que le but de ces réflexions « est de lutter contre la piraterie des contenus, afin de permettre aux auteurs et États de percevoir et d’améliorer leurs revenus ».

Pour atteindre cet objectif, l’Oapi est soutenu par le projet Droits de propriété intellectuelle pour l’Afrique (Afripi). Lancé en février 2020, ce projet est financé à 17 millions d’euros, soit 11,16 milliards de FCFA par l’Union européenne (UE) et l’office de l’UE pour la propriété intellectuelle (Euipo). Selon Abong Bebey Blaise, chargé des opérations Afripi, ces fonds ont pour objectifs d’apporter un appui à la stratégie de protection de la propriété intellectuelle de l’Union africaine (UA), le renforcement des capacités institutionnelles de l’Oapi et l’Organisation régionale africaine et la propriété intellectuelle (Aripo), le soutien aux PME et l’appui à la stratégie de l’UE en ce qui concerne les indications géographiques. Le projet Afripi s’achève en 2025.

FN

Le ministre des Mines par intérim, Fuh Calistus Gentry (photo), devrait présider le 22 décembre 2023 sur « le site du projet d’exploitation du fer de Mbalam », la cérémonie de « lancement des travaux de construction de la mine » de ce gisement de fer de niveau mondial, écartelé entre le Cameroun et le Congo. Le « projet de programme » de cette mission du ministre Calistus Gentry, signé le 19 décembre 2023 par ses propres soins, n’indique ni la localité qui va abriter cette cérémonie, ni une éventuelle participation des autorités congolaises. Tout au plus, il est prévu, après le « lancement des travaux de construction de la mine », des « échanges avec les autorités locales » à Ntam, ville camerounaise frontalière au Congo, dans la région de l’Est.

Mais, par-dessus tout, la principale curiosité de cette cérémonie prévue par le ministre camerounais des Mines réside dans le fait que depuis le 17 août 2022, date de l’attribution du permis d’exploitation du gisement de fer de Mbalam à la société Cameroon Mining Company Sarl (CMC), aucune information n’a filtré jusqu’ici, ni sur le financement, ni sur les partenaires financiers de ce gigantesque projet minier. Tout au plus, l’on sait à travers des annonces faites par AustSino, partenaire de Bestway Finance (véhicule d’investissement basé à Singapour et ayant la même maison-mère que CMC) sur le projet minier de Mbalam, qu’un aéropage d’entreprises chinoises a rejoint ledit projet.

 Il s’agit notamment de China Railway 20 Bureau Group Corporation (CR20G), China Machinery Engineering Corporation (CMEC), China Civil Engineering Construction Corporation (CCECC) et China National Chemical Engineering Heavy-Mechanized Corporation Ltd (CNCEHMC), ou encore CCC Mining Group Limited. L’on peut remarquer qu’il s’agit pour la plupart d’entreprises de constructions et d’infrastructures, ou alors de sociétés minières. Aucun partenaire financier n’apparaît sur cette liste. A moins que pour la construction de la mine de Mbalam, la société Cameroon Mining Corporation ne soit exclusivement portée, au plan financier, que par sa maison-mère Coconut Logic Holdings Pte Ltd (qui contrôle également Bestway Finance), véhicule d’investissement également basé à Singapour.

Opacité

Cette situation en rajoute aux zones d’ombres qui entourent la conduite du projet de fer de Mbalam depuis le constat de l’incapacité de l’Australien Sundance Ressources, premier développeur dudit projet, à le conduire jusqu’à terme. En effet, ils sont nombreux les observateurs de la scène minière camerounaise qui continuent de s’interroger sur le fait qu’une entreprise (CMC) créée le 16 mars 2022, ait pu successivement signer une convention minière avec l’Etat du Cameroun deux semaines plus tard (31 mars), puis obtenir un permis d’exploitation à peine cinq mois après sa création. Le tout sur un gisement de fer d’envergure mondiale.

A ces zones d’ombres, il faut ajouter le manque de transparence ayant entouré l’attribution de cette concession, comme celles de toutes les autres en cours dans le pays. En effet, à l’instar de tous les autres titres miniers actifs au Cameroun, le permis d’exploitation de CMC n’a toujours pas été rendu public jusqu’ici, en violation de l’article 144 du Code minier de 2016 (un tout nouveau vient d’être promulgué par le chef de l’Etat, NDLR). Cet article dispose que « les actes qui consacrent l’attribution, la prolongation, le renouvellement, le transfert, l’amodiation, le retrait ou la renonciation à un permis d’exploitation doivent faire l’objet d’une publication au Journal Officiel et dans les journaux d’annonces légales ».

Pour rappel, le gisement de fer de Mbalam, qui s’étend jusqu’à Nabeba au Congo, est considéré comme une réserve de niveau mondial. Sundance Resources Ltd, le premier développeur du projet, prévoyait un déploiement en deux phases. Il tablait, dans la première phase, sur une production annuelle de 40 millions de tonnes de minerai à enfournement direct, sur une période de 12 ans. Et dans la deuxième de prolonger l’exploitation du gisement de plus de 15 ans, en produisant un concentré d’itabirite hématite à haute teneur. Mais, pour en arriver là, des investissements globaux de plus de 5 000 milliards de FCFA sont nécessaires. Aussi bien pour la construction de la mine, d’une ligne de chemin de fer de 510 Km en direction du port de Kribi, et d’un terminal minéralier au sein de la même plateforme portuaire.

Brice R. Mbodiam

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