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Yaoundé - 25 avril 2024 -

Le conseil d’administration du groupe de la Banque africaine de développement (BAD) a annoncé avoir approuvé, le 14 décembre 2023, un prêt de 74,25 millions d’euros (environ 49 milliards FCFA) au Cameroun pour la mise en œuvre de la première phase du Programme d’appui au redressement du secteur de l’électricité (Parsec). Cet appui budgétaire permettra de financer une partie des actions du Plan de redressement prioritaire du secteur de l’électricité du Cameroun pour la période 2023-2026. Cet engagement de la BAD intervient après celui de la Banque mondiale.

L’institution de Breton Woods a en effet signé le 20 novembre une convention de financement de ce « plan d’urgence » à hauteur de 300 000 dollars (180 milliards de FCFA), via le Programme axé sur les résultats dans le secteur de l’électricité (PforR). Le PforR financera notamment les activités de mise à niveau des postes de transformation, la compensation tarifaire, la pose des compteurs intelligents dans les bâtiments publics, les branchements des ménages, les extensions et le renforcement du réseau de distribution.

À ce jour, ce plan a déjà récolté 229 milliards de FCFA sur les 400 milliards de FCFA que le gouvernement recherche. Il lui reste donc à mobiliser une enveloppe complémentaire de 171 milliards de FCFA, alors que la mise en œuvre dudit plan est annoncée pour début 2024. La BAD se dit toutefois disposée à accorder un second financement de 30,94 millions d’euros (20,3 milliards de FCFA) au titre de la deuxième phase du Parsec et dont le décaissement est programmé pour janvier 2025. « L’instruction de la phase II se fera sous réserve de l’extension d’un an du programme avec le FMI, pour laquelle le dialogue se poursuit avec le gouvernement », précise l’institution financière.

Selon la BAD, le financement proposé répond à une requête du gouvernement camerounais soumise à la Banque le 5 mai 2023, et qui s’inscrit dans un contexte marqué par l’apparition d’un déséquilibre financier global du secteur de l’électricité dans l’ensemble du pays. À cet effet, le Parsec se fixe comme mission d’appuyer la mise en œuvre des politiques et réformes institutionnelles, tout en stimulant la dynamique des réformes indispensables à l’amélioration de la gouvernance du secteur de l’électricité. Concrètement, l’investissement de la BAD servira à appuyer l’amélioration de la qualité du service de l’électricité par l’accroissement du rendement du segment distribution, le renforcement des capacités humaines des différents intervenants dans le secteur et le redressement de la situation financière du secteur à travers des mesures visant la réduction des pertes commerciales.

Pour faire face aux multiples déséquilibres, à la faible progression du taux d’accès et à la sous performance des opérateurs du secteur de l’électricité au Cameroun, le gouvernement a adopté, en février 2023, le Plan de redressement du secteur de l’électricité (PRSEC) pour conduire les réformes, les actions et les mesures de nature à faire face aux différents obstacles sur le chemin de l’émergence énergétique et électrique au Cameroun. Prévu pour couvrir la période 2023-2030, ce plan nécessite une mobilisation de 6 000 milliards de FCFA. Le « plan d’urgence » financé par la Banque mondiale et la BAD s’intègre dans le PRSEC et fait appel à certaines actions qui devrait permettre l’évacuation et distribution de l’électricité de la centrale hydroélectrique de Nachtigal (420 MW) dont l’entrée en service commercial est prévue en septembre 2024.

P.N.N

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Dans un communiqué daté du 12 décembre 2023, le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, demande à 177 contribuables, pas à jour du paiement de leurs impôts, de se rapprocher « de toute urgence de leurs centres des impôts de rattachement en vue du règlement de leurs arriérés fiscaux au plus tard le 22 décembre 2023 ».

Il s’agit des entreprises rattachées à la direction des grandes entreprises, au Centre régional des impôts du Centre 1 et 2, au Centre régional des impôts du Littoral extérieur, du Sud, de l’Est, du Centre extérieur, du Sud-Ouest… Dans la liste on retrouve des entreprises comme la Compagnie forestière du Cameroun (CFC), l’Agence forestière du Cameroun, la société financière et d’épargne pour le développement, Yuan Dong Congo BZV SARL, la Société de traitement du bois, Central Africa Investment Corp…

Le fisc veut ainsi mobiliser davantage de recettes fiscales à quelques jours de la fin de l’exercice 2023 qui s’étend du 1er janvier au 31 décembre. Objectif : atteindre l’objectif de collecte annuel de plus de 2800 milliards de FCFA prévu dans la loi de finances de l’État du Cameroun pour l’exercice 2023. À noter qu’au premier trimestre 2023, la direction générale des Impôts (DGI) avait déjà mobilisé des recettes globales de 818,5 milliards de FCFA sur un objectif de 761,5 milliards de FCFA, soit un taux de collecte de 107,5%.

Par ailleurs, dans une démarche qui vise à assainir le fichier des contribuables, le ministre des Finances donne la possibilité aux entreprises n’ayant souscrit à aucune déclaration fiscale, ni réalisé une activité au titre des quatre derniers exercices et qui souhaitent cesser définitivement leurs activités, de bénéficier de la dispense du contrôle fiscal. Ces entreprises peuvent également bénéficier d’une annulation d’office des sanctions pour défaut de dépôt des déclarations et de versements des impôts au titre des exercices non prescrits. Pour cela, ces contribuables doivent déposer auprès de la DGI ou de leur centre des impôts de rattachement, une déclaration de cessation définitive d’activités au plus tard le 31 décembre 2023, indique le ministère des Finances.

SG

Le Cameroun travaille actuellement avec plusieurs partenaires pour l’expérimentation du projet « Inclusive Bonds », une initiative pilote dont le lancement dans le pays est annoncé pour 2024. Un atelier de travail réunissant toutes les parties prenantes a eu lieu ce mardi 19 décembre à Yaoundé, afin « d’officialiser les modalités et les engagements nécessaires à la réussite du projet », selon le ministère du Commerce (Mincommerce).

Initié en 2020 par le cabinet FinAfrique, ce concept vise à améliorer les conditions d’accès au financement à l’attention de la couche entrepreneuriale la plus vulnérable constituée par les très petites et moyennes entreprises (TPME) et du secteur informel. Il consiste à lever des fonds sur le marché financier (BVMAC), les alloués aux établissements de microfinance locaux pour que ceux-ci financent les TPME et le secteur informel. Pour la phase pilote, deux secteurs sont ciblés. Il s’agit de transformation artisanale et le commerce transfrontalier, d’où la forte implication du ministre du Commerce. Luc Magloire Mbarga Atangana a d’ailleurs présidé la cérémonie de clôture de l’atelier de dialogue sur les Inclusive et Bonds et reçu le directeur exécutif de FinAfrique, Fabrice Kom Tchuente.

« Le principal mode de financement formel accessible à ce segment du secteur privé est la microfinance. En effet, la popularité des institutions de microfinance révèle un modèle de financement adapté aux petites économies, mais ce secteur connaît malheureusement une insuffisance de ressources pour satisfaire la demande qui lui fait face. Par ailleurs, la pratique de taux usuriers par de nombreuses microfinances alourdit les conditions de remboursement des emprunteurs, ce qui ne facilite pas leur accès à un cap supérieur de leur activité », affirme FinAfrique.

Soutien de multiple institutions internationales

Ce cabinet de conseil, dont la vocation est d’accompagner les institutions africaines dans leur quête de performance, explique que sa démarche consiste ainsi « à proposer un nouveau mécanisme de financement qui tienne compte des caractéristiques socioculturelles et économiques africaines spécifiques aux TPME et aux activités informelles ». Ce financement, dit-il, se présente à la fois comme une « alternative » et un « complément » vis-à-vis des financements déjà existants, mais surtout une « solution financière abordable » pour les couches entrepreneuriales vulnérables.

Dans le cadre de ce concept, l’État et les institutions de financement ont la charge de sélectionner un établissement de microfinance « crédible » pour jouer le rôle d’émetteur, apprend-on. Il est ensuite à la charge de cette microfinance, « émetteur désigné », de sélectionner pour un secteur donné des groupements/coopératives ayant fait preuve de bonne gouvernance opérationnelle et financière, car ce sont ces derniers qui procèdent à la désignation, au sein de leurs adhérents, des emprunteurs « bénéficiaires désignés » de cette opération, d’après la même source.

Dans un communiqué publié le 29 novembre dernier, FinAfrique a déclaré avoir reçu une subvention de 900 000 dollars canadiens (plus de 402 millions de FCFA) du Centre de recherches pour le développement international (CRDI) basé à Ottawa au Canada pour la mise en œuvre de ce projet au Cameroun et en Côte d’Ivoire. Le cabinet y indique également que ce projet a rassemblé autour de lui un Groupe de travail dans lequel figure des institutions internationales telles que le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) qui apporte également un appui financier à cette initiative, la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Africa Guarantee Fund, Proparco, le Fonds africain de garantie et de coopération économique (Fagace), le Fonds de solidarité africain, la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (BVMAC), ainsi que les administrations publiques telles que le Mincommerce et le ministère des Finances (Minfi) pour ce qui est du Cameroun.

Patricia Ngo Ngouem

Le Premier ministre camerounais, Joseph Dion Nguté, a officiellement lancé le 18 décembre 2023 à Yaoundé, le Projet de soutien de la Banque islamique de développement (BID), exécuté dans le cadre du Plan présidentiel de reconstruction et de développement des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest (PPRD). Doté d’un montant de 23,7 milliards de FCFA, dont 21 milliards de FCFA mis à disposition par la BID, ce projet permettra de réhabiliter ou de reconstruire des infrastructures de base dans les deux régions anglophones du Cameroun, en proie à une crise socio-politique désastreuses depuis fin 2016.

Ces infrastructures, qui seront construites dans des secteurs tels que l’éducation, la santé, l’élevage, l’agriculture, l’habitat, l’électricité, etc. seront réparties dans 47 communes des deux régions sus-mentionnées. Concrètement, le projet sera implémenté dans 24 communes de la région du Nord-Ouest, contre 23 pour sa consœur du Sud-Ouest.

L’on se souvient que l’engagement de la BID à accompagner le gouvernement camerounais dans la reconstruction de ses deux régions anglophones avait été pris le 10 mai 2023, en marge de la 48e réunion annuelle du conseil des gouverneurs de cette institution financière. En effet, c’est ce jour-là que le président de la BID, Muhmmad Al Jasser, avait signé avec le ministre camerounais de l’Économie, Alamine Ousmane Mey, un accord de prêt d’un montant de 32,250 millions d’euros, soit 21,155 milliards de FCFA.

Ce prêt venait alors donner une bouffée d’oxygène à la mise en œuvre du PPRD, pour lequel le gouvernement peine encore à mobiliser les financements nécessaires, estimés à 154 milliards de FCFA. Pour rappel, le PPRD vise à réduire les effets de la crise sur les populations et l’économie des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest dévastées par la crise sociopolitique qui y sévit depuis fin 2016. Il est axé sur trois piliers à savoir : la restauration de la cohésion sociale, la reconstruction et la réhabilitation des infrastructures de base et la redynamisation de l’économie locale.

BRM

Ce 19 décembre 2023, se tient l’assemblée générale constitutive de l’Interprofession de la filière palmier à huile du Cameroun (Interpalm-cam). Avec Investir au Cameroun, le représentant du Comité des initiateurs du projet décline les enjeux de la mise en place de cette structure. Celui qui est par ailleurs le secrétaire général de l’Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun (Asroc) revient également sur la politique des quotas dans la distribution de la matière première aux industries de la deuxième transformation (producteurs d’huile raffinée et de savons), qui fait de plus en plus jaser dans la filière.

Investir au Cameroun – Qu’est-ce qui motive la création d’une interprofession de la filière palmier à huile au Cameroun, et pourquoi maintenant ?

Jacquis Kemleu Tchabgou : Nous avons pensé que pour résoudre le problème qui nous préoccupe actuellement, à savoir la disponibilité de la matière première qu’est l’huile de palme, il faut que les différents segments de la filière puissent se concerter. Ce d’autant plus que nous n’avons pas pu trouver des solutions à notre difficulté au niveau du gouvernement. Pour ce faire, nous avons pensé qu’il fallait que ce qui nous a animés lorsque nous créions les différentes entités qui constituent l’interprofession que nous voulons créer, à savoir le Syndicat national des producteurs d’huile de palme (Pop’s), l’Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun (Asroc) et l’Union des exploitants du palmier à huile du Cameroun (Unexpalm), nous anime cette fois-ci pour la mise en place d’une organisation plus élargie, afin que nous puissions nous-mêmes trouver la solution à notre principal problème qui est la disponibilité des noix de palme au niveau des petits producteurs, pour alimenter les industries de la première transformation, en vue de rendre disponible l’huile de palme brute au niveau de la 2e transformation (raffineurs, savonneries). Tout ceci en volume, parce que nous avons un gros déficit structurel (160 000 tonnes officiellement, NDLR), et en qualité, parce que lorsque l’huile est extraite par les planteurs villageois grâces aux pressoirs artisanaux, non seulement le taux d’extraction est faible, mais la qualité n’est pas bonne. Et au bout de la chaîne, le prix peut devenir exorbitant.

En nous mettant ensemble, il est question de mettre en commun nos énergies pour plus d’efficacité. Concrètement, à travers l’interprofession, il est question que les fonds que les industries de la 2e transformation mettaient à l’époque à la disposition des industries de la première transformation pris individuellement, comme la CDC, la Socapalm ou encore Pamol, soient maintenant mis à la disposition de l’ensemble des acteurs qui travaillent dans l’exploitation du palmier. Donc, nous serons mieux organisés, mieux structurés, ce qui nous permettra de devenir une véritable force de propositions au niveau du gouvernement, relativement à cette difficulté d’accroître la production locale d’huile de palme brute, qui n’a pas pu être résorbée depuis plus de 10 ans qu’on en parle. Dans le cadre de cette interprofession, nous allons accompagner les petits planteurs en mettant à leur disposition ce qui leur permettra d’avoir des engrais pour accroître leur production et récolter à temps, parce que l’huile de palme est une denrée périssable. Tout ceci leur permettra de mieux gagner leur vie, parce qu’on a l’impression qu’ils sont des laissés-pour-compte en les comparant aux industriels de la première et de la 2e transformation, alors que ce sont eux qui fournissent la matière première essentielle. Et cela n’est possible que si les noix mises à la disposition de la première transformation sont vendues à des prix alléchants, ce qui enlèvera dans leur esprit cette idée selon laquelle en transformant eux-mêmes leurs noix, ils gagneront mieux.

Les petits planteurs nous ont dit qu’ils ne sont pas formés, qu’ils mettent des années sans mettre le moindre matériel végétal dans leurs plantations, alors qu’il y a une possibilité qui, jusqu’ici, n’a toujours pas été exploitée par les producteurs d’huile de palme ayant des plantations. Mais, ce n’est qu’aujourd’hui que le collège formé des producteurs des noix de palme a eu cette information.

Nous poursuivons également un 2e objectif qui est la formation de ces petits planteurs. Il est question de les aider dans la mise en place des comptabilités fiables, qui vont permettre de faire des analyses véritablement économiques de leurs activités. Que peut-on faire sans statistiques ? À côté de cette formation, il y aura un accompagnement technique, puisque nous poursuivons un objectif d’accroissement de la production en quantité et en qualité. Il faut que ces petits planteurs sachent que lorsqu’ils sont dans les champs, ils doivent utiliser des techniques culturales permettant d’atteindre tous ces objectifs. Les itinéraires techniques doivent être respectés. En plus de cela, il y aura un accompagnement parfois financier ou simplement matériel. Parce que, voyez-vous, dans le 2e collège constitué par les industries de la première transformation, vous avez par exemple la Socapalm qui produit des semences, des plants et qui a décidé de mettre ces plants de dernière génération à la disposition des exploitants du premier collège. Vous savez que ces industriels ont une contrainte aujourd’hui, qui est celle de ne plus étendre les plantations pour respecter la durabilité des activités. Cette entreprise a même créé en son sein toute une direction du développement durable, qui va former les gens prêts à travailler pour que, eux ils puissent produire une huile durable, respectueuse de la protection de l’environnement.

IC : Vous reconnaissez que cela fait 10 ans que le problème de l’accroissement de la production nationale d’huile de palme se pose, et que malgré les actions aussi bien de l’État que des acteurs de la filière les résultats obtenus ne sont pas positifs. Quels sont les leviers sur lesquels l’interprofession en gestation compte appuyer pour réussir ce qui a été couronné d’échec au cours des 10 dernières années ?

JKT : Vous savez, la communication est une arme fatale. De la journée de communication sur l’avènement de l’interprofession que nous avons organisée récemment à Yaoundé, il en ressort que beaucoup d’acteurs n’étaient même pas au courant que les industriels de la 2e transformation ont accompagné ceux de la première transformation pendant longtemps, en mettant des milliards de FCFA à leur disposition au moment de la récolte. C’était un élément déterminant d’émulation.

Les petits planteurs nous ont dit qu’ils ne sont pas formés, qu’ils mettent des années sans mettre le moindre matériel végétal dans leurs plantations, alors qu’il y a une possibilité qui, jusqu’ici, n’a toujours pas été exploitée par les producteurs d’huile de palme ayant des plantations. Mais, ce n’est qu’aujourd’hui que le collège formé des producteurs des noix de palme a eu cette information. Il n’est plus question d’étendre les plantations, mais de les régénérer, et des offres existent dans ce sens depuis des années du côté des producteurs d’huile de palme, dans la perspective de booster les champs. Vu sous cet angle, le simple fait de décider de dialoguer entre nous au sein d’une interprofession est déjà, en lui-même, vecteur de résultats probants.

IC : Est-ce que vous essayez -là de rassurer les petits planteurs, dont l’un des obstacles pour booster la production est généralement le manque de moyens à la fois matériels et financiers ?

JKT : Oui, on les a rassurés ! Parce que certains nous ont dit qu’ils n’ont pas pu mettre des engrais dans leurs plantations depuis 3 ans, et qu’ils sont même surpris par leur niveau de production, auquel ils ne s’attendaient même pas. Nous travaillons sur des financements alternatifs, puisque nous savons que l’État aujourd’hui a des difficultés à mobiliser des ressources suffisantes pour gérer toutes les questions qui le préoccupent comme le paiement des salaires, des fournisseurs, la gestion des crises multiformes… Donc, nous devons simplement aller vers ceux qui ont pensé qu’il faut financer les chaînes de valeurs, à l’instar de la Banque africaine de développement (BAD). Et le palmier à huile est parmi ces chaînes de valeurs, à côté des fruits comme l’ananas et tout le reste.

Ce n’est pas l’État qui a proposé la politique des quotas. Cela émane des acteurs de la filière eux-mêmes, au regard de la situation de certains qui n’avaient pas les capacités pour acheter la matière première.

Avec l’interprofession, les institutions comme la BAD vont dire, enfin nous avons en face de nous un bon interlocuteur. Ça leur renverra une certaine image de la filière et leur financement aura un sens. Grâce à l’interprofession, nous allons donc nous rendre vendables. C’est ce que nous avons expliqué aux petits planteurs. Ne dissimulons plus ce que nous faisons. Au contraire, faisons-le savoir parce que la bancabilité passe aussi par la transparence. Si vous montrez que vous ne produisez rien au cours d’une année, comment pouvez-vous prétendre à un financement ou un accompagnement quand on n’est pas sûr que vous allez produire des noix qui permettront d’obtenir la matière première recherchée ? C’est une logique qui est simple à comprendre. Mais, en plus de les avoir rassurés sur les financements, on leur a fait comprendre que ce n’est pas seulement une question d’argent. La formation est immatérielle, mais elle a son fondement, elle est indispensable.

IC : Le déficit de production d’huile de palme au Cameroun a conduit à la mise en place de la politique des quotas, afin de garantir l’approvisionnement de tous les industriels de la 2e transformation, en fonction de leurs capacités de production et du niveau de disponibilité de la matière première. Quelle appréciation faites-vous de cette politique aujourd’hui, après plusieurs années d’application ?

JKT : Il faut que je vous explique. Ce n’est pas l’État qui a proposé la politique des quotas. Cela émane des acteurs de la filière eux-mêmes, au regard de la situation de certains qui n’avaient pas les capacités pour acheter la matière première. Nous sommes donc tombés d’accord sur le fait que nous devons aller sur un principe simple, et qui consiste à accorder aux différents acteurs de la matière première en fonction de leurs capacités réelles de transformation. Quoi de plus logique ? Nous disons ces derniers temps « qu’ensemble nous sommes plus forts et que rien ne sera plus comme avant ». Sauf que quand l’administration s’en mêle, il y a des choses qui ne sont plus acceptables. Il y a des logiques qui sont même déplacées.

Comment pouvez-vous imaginer que dans une politique des quotas, la matière première disponible soit d’abord divisée en deux, avec une partie distribuée à égales parties à tout le monde et l’autre partie distribuée au prorata des capacités de transformation de chaque acteur ? C’est quelle logique ? Le Cameroun est un pays libéral et l’investissement est libre. Cette façon d’appliquer la politique des quotas correspond à quelle théorie mathématique ? C’est cela que nous ne voulons plus. Quand entre-nous, nous allons nous regarder, nous allons dire que telle unité produit une tonne, on lui donne la matière première pour une production d’une tonne, son responsable ne discutera pas. Il ne viendra pas corrompre le représentant de l’Asroc ou de Pop’s au sein de l’interprofession pour qu’il dise qu’on lui donne un peu plus que ce qu’il mérite. Ce ne sera plus possible. C’est ce type de problème que nous voulons résoudre à travers l’interprofession qui sera créée.

Vous comprenez donc que cette politique des quotas a glissé, parce qu’elle a été mal mise en œuvre après un certain temps. Et c’est récent ! On a toujours reparti en fonction des capacités réelles de production, jusqu’à ce que des fonctionnaires nous apportent une formule alambiquée et inacceptable. Nous avons décidé ne nous prendre en charge. Nous allons désormais dire à l’État, voici les besoins des industriels de la 2e transformation et des ménages, voici ce que les petits planteurs et les planteurs industriels peuvent mettre à disposition et comment ce sera distribué entre nous, voici l’écart que nous avons décidé d’importer pour respecter notre engagement à mettre sur le marché le produit fini, dont a besoin le consommateur. Une fois dit de cette manière-là, qu’est-ce que vous avez d’autre à dire si ce n’est valider ce qu’on vous dit ? Cette fois-là, nous aurons aussi une autre responsabilité. Parce que nous avons vu des importations non autorisées s’opérer et mettre ainsi en difficulté les industries de la première transformation.

Nous ne voulons plus fonctionner dans les prébendes, où on dit si vous nous ajoutez 100 FCFA, on vous garantit le volume. Non ! Il n’y aura plus cela ! Dans la transparence, la filière va gagner et l’État du Cameroun va gagner.

C’est pour mettre un terme à toutes ces pratiques que nous avons décidé de nous mettre ensemble. Il faut à un moment se regarder et dire qu’il n’est plus loisible d’importer, mais d’exporter parce que c’est attractif à l’extérieur et on va capter des devises, ou alors il est loisible d’importer maintenant parce que c’est moins cher, il est loisible de baisser le prix ou de l’augmenter selon la circonstance. Quand on n’est pas dans une interprofession, on subit l’administration. Par exemple, on vous a accordé un prix au moment où certains coûts de facteurs étaient à la hausse. Mais, quand c’est plutôt à la baisse on se regarde froidement. Nous l’avons fait récemment. Les transformateurs ont dit, la matière première comme variable dans les coûts de production a baissé, donc on baisse aussi les prix. Nous avons fait une proposition de baisse au ministre du Commerce lorsqu’il nous l’a demandée. C’est cette logique-là que nous voulons développer avec l’interprofession. Nous ne voulons plus fonctionner dans les prébendes, où on dit si vous nous ajoutez 100 FCFA, on vous garantit le volume. Non ! Il n’y aura plus cela ! Dans la transparence, la filière va gagner et l’État du Cameroun va gagner.

Plus grave encore, ce qui s’est passé ces derniers temps dans la filière c’est la volonté de voir le Comité de régulation faire financer ceux qui sont chargés de travailler quotidiennement pour le développement du Cameroun par les industriels de la filière. Je n’ai pas envie de dire leur octroyer un 2e salaire. Comment pouvez-vous imaginer qu’on vous dise qu’il y a un budget de 300 millions de FCFA à mettre à la disposition d’un comité (Comité de régulation de la filière des oléagineux, NDLR), qui est simplement chargé de s’assurer que l’offre est disponible et d’aller nettoyer le marché quand il est pollué par tout ce qui n’est pas conforme ? Ce budget correspond à quoi ? Nous avons travaillé pour dire que cette enveloppe ne devrait pas dépasser 30 millions de FCFA, mais elle a été quand même ramenée à 59 millions de FCFA. Comment comprenez-vous que nous partions de 300 millions a finalement 59 millions de FCFA ? De surcroît pour un comité dont la durée de vie est essentiellement limitée dans le temps. Est-ce qu’un comité de régulation fait un siècle ? Il a été créé pour une circonstance en 2004, la circonstance n’est pas terminée ? Ce sont autant de choses qui nous déterminent à nous autodéterminer en mettant sur pied cette interprofession.  

Vous dénoncez ce que vous appelez un glissement dans la mise en œuvre de la politique des quotas. Est-ce que vous dénoncez aussi le fait que l’on mette les producteurs d’huile de palme raffinée et les savonneries sur le même pied d’égalité dans la distribution des quotas ?

Tout ça, c’est l’industrie. On parle des transformateurs, tout court. Qui vous a dit que quand on raffine on est gagnant ? C’est ce que ceux qui ne sont pas dans le domaine pensent. Même ceux qui n’étaient pas encore dans le domaine pensaient comme cela avant, mais quand ils se sont retrouvés dans le raffinage, ce sont eux qui ont commencé à défendre les positions qui n’étaient pas les leurs hier. Quand vous fractionnez la matière brute pour obtenir la stéarine pour produire du savon, est-ce que vous savez que vous venez d’achever un processus de production qui a un coût ? C’est un problème de technicité et de compréhension des réalités de la filière. Pour produire du savon et de l’huile raffinée, c’est deux chaînes de production et de conditionnement différents qui sont mises en valeur. Ceux qui comprennent cette réalité devraient plutôt plaider pour qu’on donne plus de matière première à ceux qui font l’effort de mettre ces deux produits sur le maché. 

IC : Que répondez-vous à ceux qui pensent que la politique des quotas freine plutôt l’éclosion du segment industriel, dans la mesure où elle empêche certains de se développer davantage ?

JKT : Ecoutez, quand il y a une difficulté, la régulation se fait dans tous les pays du monde. Je vous ai dit que n’eut été la politique des quotas, tous les petits industriels allaient fermer. Ce sont les gros industriels, notamment les membres de l’Asroc, qui ont accepté et conduit de bout en bout la marche vers cette politique acceptée par tous, parce qu’elle est claire et obéit à un fondement mathématique. Est-ce qu’il est normal d’acheter de l’huile qu’on ne peut pas transformer ?

Même les évaluations des capacités faisaient problème. Quand vous nous mettez des administrateurs qui n’ont aucune certification pour aller évaluer les industries, cela répond à quelle logique ? Quand vous n’êtes pas certifiés, vous ne pouvez pas évaluer celui qui est certifié.

A travers les quotas, il était question pour tout le monde de travailler, mais en fonction du volume de son investissement. En période de crise, la régulation se fait. Ce n’est pas une exception camerounaise. C’est parce que le Cameroun a dit qu’il faut qu’on préserve tout notre tissu industriel, qui est encore en cours de construction, que la politique des quotas a été proposée et adoptée. Sinon, en réalité, quand on parle de libéralisme, chacun devait aller acheter au regard de sa capacité financière à pouvoir payer. C’est ce que nous faisions avant.

IC : Au regard de l’intérêt que les investisseurs manifestent de plus en plus pour le segment de la 2e transformation, n’est-ce justement pas l’occasion d’implémenter à nouveau ce libéralisme-là pour ouvrir le marché ?

JKT : Nous allons y arriver progressivement. Parce que même les évaluations des capacités faisaient problème. Quand vous nous mettez des administrateurs qui n’ont aucune certification pour aller évaluer les industries, cela répond à quelle logique ? Quand vous n’êtes pas certifiés, vous ne pouvez pas évaluer celui qui est certifié. Et quand vous leur dites ça, c’est comme de la raillerie. Qu’est-ce qui est difficile à comprendre là-dedans ? Quand nous nous mettrons ensemble, on commettra ceux qui ont la compétence et la qualité pour faire ce genre de travail. Sans publicité, on les connaît au Cameroun. La SGS a été choisie par l’État du Cameroun, Véritas est dans ce pays…

IC : Quels seront les chantiers immédiats de l’interprofession qui va naître sur le volet distribution de la matière première huile de palme ?

JKT : Je vous dis que nous avons nous-mêmes écrit l’équation permettant la distribution des quotas et l’avons fait adopter. Mais, il y a des malins-génies qui croient contester ce qu’ils ne peuvent même pas. Tout a marché jusqu’à ce que la corruption s’installe. Il faut convenablement prononcer les mots. Vous avez des gens aujourd’hui qui ont des quotas avec des usines fermées. C’est connu. Allez-vous renseigner ! C’est de la corruption. Donc, très vite on va remettre en place l’équité, en passant à un partage normal. C’est-à-dire en fonction des capacités de production de chacune des unités industrielles concernées.

Entretien avec Brice R. Mbodiam

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Les entreprises indiennes Kalpataru Projets International Limited et Transrail Lighting Limited ont décroché trois lots du projet d’interconnexion des réseaux électriques du Cameroun et du Tchad (Pirect), apprend-on dans l’avis d’attribution de marché signé de Victor Mbemi Nyankga, directeur général de la Société nationale de transport de l’électricité (Sonatrel). Cette dernière est l’entreprise publique qui pilote le projet côté camerounais.

Les deux entreprises indiennes sont chargées de la conception, la fourniture et le montage des lignes haute tension pour l’interconnexion de 225 kV entre le Réseau interconnecté Sud (RIS) et le Réseau interconnecté Nord (RIN) en trois lots. Le montant global du marché est évalué à un peu plus de 119,7 milliards de FCFA pour une durée d’exécution de 20 mois pour chaque lot.

Dans le détail, l’entreprise Kalpataru Projets International Limited, société d’ingénierie, d’approvisionnement et de construction indienne, décroche les lots 1 et 2 de ce projet. D’un montant de 41,4 milliards de FCFA, le lot 1 concerne les travaux des lignes haute tension de Nachtigal à Yoko (région du Centre). Et le lot deux consiste à la réalisation d’une ligne haute tension de Yoko à Tibati (région de l’Adamaoua) pour un montant de 34,1 milliards de FCFA.

Le lot 3 quant à lui est attribué Transrail Lighting Limited, entreprise indienne établie à Mumbai. Il concerne la conception, la fourniture et le montage de la ligne haute tension de Tibati à Wouro Soua (région de l’Adamaoua) pour un montant de 44,2 milliards de FCFA.

Pour ces marchés, les deux entreprises retenues étaient en compétition avec plusieurs autres à l’instar du groupement Synohydro dont les offres ont été rejetées pour non-conformité dans les trois lots. Les entreprises telles que le Groupement China Railway First Group, Kec International, Larsen & Toubro… quant à elles ont vu leurs offres évaluées, mais, pas retenues.

À noter que l’indien Kalpataru a déjà travaillé dans plusieurs projets électriques en Afrique et au Cameroun. Notamment le projet de construction de la ligne de transport d’énergie électrique de 225 kV entre Nkongsamba-Bafoussam et Yaoundé-Abong-Mbang. Transrail Lighting Limited pour sa part revendique avoir fait ses preuves dans plusieurs projets en Afrique.

Avec l’attribution de ces marchés, les travaux de réalisation de ce projet, lancé officiellement le 21 novembre dernier à Yaoundé par les gouvernements tchadien et camerounais, devraient démarrer de manière effective sur le terrain. Une fois terminé, ce projet devra permettre d’alimenter les régions du nord du Cameroun et le Tchad et ainsi améliorer le taux d’accès à l’électricité dans les deux pays. Il sera notamment question de prendre l’énergie électrique que va produire le barrage de Nachtigal (420 MW), encore en construction dans la région du Centre du Cameroun et de la conduire via un réseau de transport sur plus de 1300 km pour atteindre la ville tchadienne de Bongor.

Prévu pour être livré au cours de l’année 2027, le Pirect est évalué à 557,5 milliards de FCFA, financé par la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, la Banque islamique de développement, l’Union européenne et les deux États.

Sandrine Gaingne

Adeline Tsemo Machega épouse Pelage est à la quête de financements pour doper la production de son entreprise. Pour ce faire, la promotrice de Madinina Foods Sarl ouvre son capital (plus de 10 millions de FCFA en 2022). Elle prépare actuellement « un plan d’affaire à soumettre aux investisseurs dès 2024 ». Avec cette opération, elle souhaite mobiliser 30 à 40 millions de FCFA auprès « d’un ou plusieurs potentiels actionnaires prêts à partager les risques », précise la jeune patronne de 32 ans. Ce qui portera son capital entre 40 et 50 millions de FCFA.

Avec ces fonds, Adeline Pelage ambitionne de « construire une unité de production et d’acheter des machines en vue de passer d’une production actuelle de 1000 paquets de biscuits et madeleines par mois à 10 000 paquets par mois en fin 2024 ». À en croire la patronne de Madinina Foods, « l’objectif est de porter son chiffre d’affaires de 10 millions de FCFA en 2022 à 100 millions de FCFA d’ici 2026 ».

En production depuis 2019, Madinina Foods produit et commercialise des madeleines, cookies et sablés à base de farine de patate douce, 100% naturels. Basée à Douala, capitale économique du pays, cette biscuiterie est connue pour sa marque premium « Bobo ». Sa promotrice déclare avoir démarré son entreprise avec un capital de 500 000 FCFA, et emploie à ce jour cinq personnes. 

« Au départ, l’objectif était de se différencier sur un marché aujourd’hui partagé entre des marques locales low-cost et des marques internationales importées », explique Adeline Pelage. Près de trois ans plus tard, le pari semble gagné pour ces produits jugés naturels, sans conservateurs, sans additifs et sans colorants. « Conçus en formats de 35 g, 75 g et 230 g, ils coûtent entre 500 F et 2000 FCFA et sont déjà disponibles dans près de 40 supermarchés et restaurants à Douala et Yaoundé », explique la patronne de Madinina Foods.

En quête de rentabilité

Malgré ce succès, elle fait savoir que son entreprise n’est pas encore rentable. Bien plus, elle fait face à plusieurs difficultés. Il s’agit notamment des délais (un à trois mois) de paiement des clients. « Ce qui nous oblige à trouver d’autres sources de financements pour continuer à produire », se plaint l’entrepreneure, qui affirme financer son entreprise grâce à son salaire de banquière.

Autre difficulté, le non-respect du carnet de commandes du fait d’un outil de production peu performant. « Aujourd’hui, nous peinons à répondre à la demande des grandes surfaces avec un retard d’une à deux semaines sur des commandes à livrer en trois jours », poursuit-elle. Ces difficultés empêchent la lauréate du Prix Pierre Castel 2023 d’élargir son marché. Les 15 000 euros, soit 10 millions de FCFA, reçus de ce prix lui ont permis d’acquérir un four rotatif et une ensacheuse automatique. « Mais faute d’espace, ce four n’est pas opérationnel », explique Adeline Pelage. 

Vainqueur du prix entrepreneuriat féminin de la Délégation générale du Québec à Dakar au terme du 3e Forum international sur l’entrepreneuriat (FIE), les 1er et 2 novembre 2023 à Douala, Adeline Pelage a gagné 2000 dollars canadiens, soit 950 000 FCFA, un voyage au Québec avec frais de transport et séjour payés, un accompagnement de trois mois dans un incubateur québécois pour accélérer le processus de son projet. Formée en pâtisserie en France, la boulangère qui bénéficie déjà de l’encadrement de l’Institut européen de coopération et de développement (IECD), dans le cadre de l’accompagnement du Prix Castel, entend « mettre à profit l’incubation québécoise pour revoir nos recettes surtout nos madeleines, tout en restant naturelles ».

Frédéric Nonos

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En ce début de saison sèche, les prix du cacao au Cameroun poursuivent leur progression, après les augmentations successives enregistrées depuis le lancement officiel de la saison 2023-2024, au mois de septembre 2023. Selon les données compilées par le Système d’information des filières (SIF), dispositif d’alerte sur les prix piloté par l’Office national du cacao et du café (Oncc), le prix maximum du kg de fèves atteint 2 150 FCFA ce 18 décembre 2023. Il est en hausse de 50 FCFA, soit la même proportion d’augmentation que le prix minimum, qui culmine désormais à 2 000 FCFA.

Cette nouvelle hausse des prix des fèves était d’autant plus prévisible que le pays entre à peine dans la saison sèche, généralement très propice à l’embellie sur les prix. En effet, cette période de l’année, qui s’étend généralement jusqu’au mois de mars, est marquée par le bon état des routes. Ce qui rend non seulement facile l’accès aux bassins de production, mais aussi épargne les producteurs de la décote souvent pratiquée par les acheteurs du fait du mauvais état des routes durant la saison des pluies.

Mais au Cameroun, depuis au moins une campagne, cette logique est démentie par la réalité des prix, qui ne cessent de progresser indépendamment de la saison sèche ou pluvieuse. Témoignant ainsi de la vigueur de la demande en fèves, elle-même consécutive à l’arrivée de nouveaux broyeurs sur le marché local.

BRM

A fin septembre 2023, Eneo chiffre ses créances dues par le secteur public (État et autres entités publiques) à 234,5 milliards de FCFA, selon un document interne dont Investir au Cameroun a obtenu copie. À en croire la même source, cette dette a atteint ce montant malgré des paiements de 43,1 milliards de FCFA reçus de l’État depuis le début de l’année. Elle est répartie en trois grandes catégories de débiteurs : l’État central (131,7 milliards de FCFA), les entreprises publiques (55 milliards de FCFA) et les autres entités publiques (47,8 milliards de FCFA).  

Les sommes réclamées à l’État du Cameroun par le distributeur exclusif de l’électricité au Cameroun ont donc augmenté de 38,5 milliards de FCFA, depuis la lettre adressée le 14 avril au Premier ministre camerounais, Joseph Dion Ngute, par Actis, actionnaire majoritaire d’Eneo (51% des parts). Dans ce courrier signé par David Grylls, associé d’Actis, le fonds d’investissement britannique estimait la dette du secteur public vis-à-vis de sa filiale camerounaise à 186 milliards de FCFA.

Seulement, ce montant est tout de suite contesté par l’État du Cameroun, et des commissions sont mises en place pour arrêter d’un commun accord le montant de la dette du secteur public vis-à-vis d’Eneo. Mais, à en croire le communiqué publié à l’issue du conseil d’administration de l’électricien tenu le 7 décembre 2023 à Yaoundé, ce travail n’est toujours pas bouclé plusieurs mois après. « Le management a été encouragé à poursuivre le dialogue avec le régulateur (l’Agence de régulation du secteur de l’électricité, NDLR) pour résoudre les points en suspens, notamment la reconnaissance des investissements d’Eneo, la compensation tarifaire et l’éclairage public », y lit-on.  

Depuis toujours, la compensation tarifaire et la facturation de l’éclairage public font l’objet d’âpres négociations entre la filiale d’Actis et l’État et ses démembrements. Pour mieux comprendre, il faut savoir que la compensation tarifaire (subvention au consommateur supportée par l’État, représentant la différence entre le coût réel du kilowattheure et ce que paie effectivement le consommateur) dépend de plusieurs variables, comme le niveau d’investissement réalisé par Eneo, dont l’évaluation fait toujours l’objet de longues tractations avec le gouvernement. Par ailleurs, les villes du pays ne disposant pas d’un réseau d’éclairage public moderne, les consommations sont estimées à partir notamment du nombre de lampadaires recensés. Mais, les communes et Eneo peinent toujours à se mettre d’accord sur le nombre de lampadaires fonctionnels sur une période donnée. Ce qui demande souvent de conduire des contre-expertises.

Des fêtes de fin d’année dans les délestages

À fin septembre 2023, Eneo estime la compensation tarifaire à 75 milliards de FCFA et la facture de l’éclairage à 68,8 milliards de FCFA. Ce qui signifie que sur les 234,5 milliards de FCFA revendiqués par l’électricien à son actionnaire de référence (44% des parts), seuls 90,7 milliards sont déjà consolidés. L’incertitude continue de peser sur un montant de 143,8 milliards de FCFA, soit plus de 61,3% de la somme globale.  

Depuis plusieurs mois, les discussions entre Eneo et l’État sont en cours pour le règlement d’une partie de la dette publique due à l’électricien. Le sujet présenté comme une « situation d’urgence » a été au centre du conseil d’administration du 7 décembre dernier. « Les administrateurs ont été assurés du plan et entier soutien du gouvernement pour trouver des solutions rapides pour les paiements urgents du secteur », peut-on lire dans le communiqué signé du ministre Séraphin Magloire Fouda, président du conseil d’administration d’Eneo.

Mais, selon nos informations, rien de concret n’a été obtenu à ce jour sur cette question. On évoque la structuration d’une opération de monétisation d’une partie de la dette de l’État vis-à-vis d’Eneo, afin de permettre à la filiale du fonds d’investissement britannique de régler à son tour une partie de son ardoise vis-à-vis de ces fournisseurs. Estimant notamment qu’« aucun élément concret sur le montant et le calendrier de l’opération de monétisation n’est arrêté », le producteur indépendant d’électricité Globeleq, qui réclame jusqu’à 107,7 milliards de FCFA à Eneo, a arrêté, pour la 2e fois, depuis le 1er décembre 2023 ses centrales d’une capacité installée de 304 MW, provoquant des délestages dont la rotation dure plus de six heures.

Il faut dire que le financement de l’opération de monétisation est l’une des pommes de discorde qui bloque l’opération. La filiale d’Actis, qui supportait jusqu’ici ces charges, représentant entre 7 et 8% de la somme à mobiliser, refuse désormais de le faire. Et de son côté, l’État ne semble non plus disposé à les assumer. D’où le blocage, qui devrait maintenir la tension dans la fourniture du pays en électricité pendant les fêtes de fin d’année. Et de sources internes au secteur, la situation va aller en s’aggravant, à mesure qu’on progressera dans la saison sèche. Il faut notamment savoir qu’au plus fort de l’étiage, la centrale hydroélectrique de Memve’ele, qui a une capacité installée de 211 MW, produit souvent zéro wattheure à certains moments de la journée, faute d’un débit d’eau capable de faire tourner ses turbines.  

Aboudi Ottou  

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Le gouvernement camerounais et l’ambassade de France ont lancé, le 15 juin à Yaoundé, le Projet d’appui à la sécurité alimentaire dans les territoires ruraux du Cameroun (Secal). Le projet, qui s’étale de 2024 à 2026, est financé à hauteur de 16 millions d’euros (environ 10,5 milliards de FCFA) au titre du troisième Contrat de désendettement et de développement (C2D), une initiative française de « remise » de la dette en faveur des pays en voie de développement. Il vise à contribuer durablement à la création d’emplois, à la croissance inclusive et à la sécurité alimentaire du pays, à travers l’amélioration de l’écosystème des entreprises rurales identifiées dans les différents bassins de production.

« Le projet Secal est l’une des réponses aux crises sécuritaires et tensions inflationnistes induites par les conséquences de la pandémie du Covid-19 et de la guerre russo-ukrainienne qui ont fortement érodé les acquis de certaines actions menées par le gouvernement dans la lutte contre l’insécurité alimentaire au Cameroun. Ses interventions ont pour objectif d’accompagner les pouvoirs publics dans la mise en œuvre réussie de la stratégie de développement du secteur rural adossée à la SND30 », affirme le ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), Alamine Ousmane Mey, qui a procédé à son lancement.

Au Cameroun, quelque 2,9 millions de personnes (soit 10,6% de la population) sont en insécurité alimentaire sur la période octobre-décembre 2023, selon les résultats du Cadre harmonisé des zones à risque et d’identification des populations en insécurité alimentaire et nutritionnelle au Cameroun dévoilés lundi 11 décembre. La situation, apprend-on, s’est particulièrement dégradée dans 10 départements du pays : cinq dans le Sud-Ouest, trois dans le Nord-Ouest et deux dans l’Extrême-Nord. Cette réalité est consécutive notamment à la hausse des prix des intrants, la flambée des prix des denrées alimentaires, des conditions météorologiques extrêmes (sécheresse et inondations) dans la partie septentrionale du pays, la destruction des cultures par les chenilles, la dévastation des champs par les éléphants et la crise sociopolitique dans les régions anglophones.

Les activités du projet Secal, selon les autorités camerounaises, devaient contribuer à renforcer la productivité et la production des produits agricoles et agroalimentaires en milieu rural, améliorer l’offre des services financiers adaptée aux entrepreneurs ruraux, soutenir la résilience des systèmes alimentaires et nutritionnels en milieu rural, renforcer la disponibilité et l’accessibilité des produits agricoles dans le Nord, l’Extrême Nord, le Littoral, l’Ouest et le Centre, ainsi que le dispositif de stockage et de commercialisation desdits produits en milieu rural. « Il s’agit ici de renforcer la puissance agricole du Cameroun, à l’effet non seulement de nourrir sa population, mais également d’exporter l’excédent de sa production vers les pays voisins », a déclaré le diplomate français, Thierry Marchand, dont le pays appuie les efforts du Cameroun dans le secteur agricole.

P.N.N

Le ministre des Finances (Minfi), Louis Paul Motaze, et le directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (CDEC), Richard Evina Obam, ont signé, vendredi 15 décembre à Yaoundé, la convention fixant les modalités de gestion des opérations entre les deux structures. Cette signature constitue le premier acte sur la voie de la matérialisation des dernières mesures gouvernementales consacrant le lancement de la phase active du recouvrement des fonds et des valeurs de la CDEC détenus par des tiers. Par cette entente, la CDEC pourra désormais s’appuyer sur les comptables publics pour ses opérations financières dans tout le Cameroun.

L’activité des comptables du Trésor, en qualité de « préposé » de la CDEC, résulte des termes du décret du 15 avril 2011 portant organisation et fonctionnement de cette structure publique placée sous la double tutelle technique et financière du Minfi. Celui-ci dispose, en son article 33, que « la CDEC utilise le concours des comptables du Trésor, agissant en qualité de préposé, selon les modalités définies dans une convention établie entre la CEEC et l’administration du Trésor ». La même mesure est contenue dans un arrêté du Minfi du 1er décembre 2023 fixant les règles relatives à l’organisation financière et comptable, les modalités de dépôt et de retrait, de consignation et de déconsignation des fonds et/ou valeurs détenus par la CDEC.

Selon ce texte, le directeur général peut décerner ou faire décerner par les préposés de la CDEC des contraintes contre toute personne qui, tenue de verser des fonds et/ou valeurs détenus ou reçus à la Caisse ou auprès des préposés de la CDEC, est en retard dans l’exécution de ses obligations. Les préposés de la Caisse des dépôts et consignations sont comptables envers cette dernière des recettes et des dépenses qui leur sont confiées. Ils délivrent un récépissé des sommes dont ils font recette pour le compte de la CDEC. « Ce travail se fera au nom et pour le compte de la CDEC », a précisé le Minfi.

Louis Paul Motaze a notamment instruit la direction générale du Trésor (qui sera en première ligne des opérations financières visées par la présente convention et auprès de laquelle il est ouvert un compte au nom de la CDEC qui retrace toutes les opérations effectuées par les comptables publics pour le compte de cette caisse) à mettre à disposition un « personnel de qualité, trié sur le volet et capable de s’adapter et de délivrer les services que lui concède la CDEC », selon les standards requis par cette entente. « Je sais que les réflexions sont en cours au niveau du Trésor pour s’arrimer aux normes de la présente convention. Le processus y relatif doit donc être accéléré afin de concrétiser cet arrimage qui me paraît essentiel non seulement pour le maillage territorial de la CDEC, mais aussi pour l’efficacité de service public des Finances en général », a déclaré le membre du gouvernement.

Pour Richard Evina Obam, DG de la CDEC, cette convention est « capitale » dans le processus d’opérationnalisation de la structure qu’il dirige. Déjà parce qu’elle permettra aux préposés comptables relevant du Trésor public de travailler pour le compte de la CDEC en recevant les dépôts et en autorisant les retraits, les consignations et les déconsignations, dit-il. Mais aussi parce qu’elle contribuera à ce que « le service public de dépôts et de consignations puisse s’opérer sur le territoire national étant entendu que la CDEC opère dans son siège social (à Yaoundé, NDLR), mais ses relais à travers le territoire sont puisés au niveau de la direction générale du Trésor ».

 Patricia Ngo Ngouem

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Dans les prochains jours, le Cameroun va changer son mécanisme d’approvisionnement du marché domestique en carburants. Dans une lettre du secrétaire général de la présidence de la République (SGPR), Ferdinand Ngoh Ngoh, adressée le 14 décembre 2023 au ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, on apprend que le président de la République, Paul Biya, « prescrit de procéder à la libéralisation des importations des produits pétroliers ». Concrètement, selon la même lettre, la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures (CSPH) va désormais attribuer des quotas aux « importateurs majeurs du secteur, présentant les profils techniques et financiers leur permettant de procéder immédiatement aux importations ».

À en croire plusieurs acteurs internes au secteur et à l’administration, cette terminologie désigne les membres du Groupement des professionnels du pétrole (GPP), actuellement présidé par le PDG de Neptune Oil, Antoine Ndzengue. Il s’agit notamment des marketeurs TotalEnergies, Tradex, Ola Energy, Nepturne Oil, Bocom. D’ailleurs, dans le même courrier, il est demandé au Minee de « permettre aux marketeurs d’acquérir les produits pétroliers directement auprès des fournisseurs de leur choix ». Avec ces nouvelles orientations, Paul Biya « réhabilite » la CSPH dans « la fonction de pilotage du processus d’attribution des quotas aux importateurs », responsabilité dévolue au ministère de l’Eau et l’Énergie (Minee) depuis près de 4 ans, et repositionne également les marketeurs sur le marché des importations des produits pétroliers au détriment de la Société nationale de raffinage (Sonara).

La Sonara perd sa manne

Pour mieux comprendre cette évolution, il faut savoir qu’après l’incendie des installations de la Sonara, survenu fin mai 2019, le Cameroun s’approvisionne en produits pétroliers exclusivement à partir des importations. En vue d’assurer un approvisionnement régulier du marché local, le président de la République avait décidé, en fin de cet exercice, d’attribuer au raffineur public des agréments pour la couverture de 80% des importations des produits pétroliers consommés par le pays, et seulement 20% aux marketeurs, apprend-on du rapport 2020 de la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR), un organisme spécialisé du ministère des Finances (Minfi). Cette décision, couplée au « soutien à la raffinerie » (47,88 FCFA par litre de carburants vendu), a permis à la Sonara de réduire ses pertes entre 2019 et 2020 de 107,3 à 10,6 milliards de FCFA, et d’atteindre un résultat net positif après impôts de 78,9 milliards de FCFA en 2021.

Aujourd’hui, le chef de l’État demande de repartir les parts de marché en fonction des « profils techniques et financiers » des marketeurs, et confine la Sonara à la simple « confirmation des analyses réalisées par la société Hydrac (Hydrocarbures analyses contrôles, NDLR) » sur les produits pétroliers importés. Cette orientation devrait avoir un impact négatif sur la santé financière de cette société d’État. Mais, « il s’agit d’une bonne nouvelle pour les marketeurs-importateurs comme TotalEnergies ayant des capacités techniques et financières importantes », commente une source interne au GPP. En effet, sachant qu’un importateur gagne 16 FCFA sur chaque litre de super, gasoil et pétrole lampant importé, l’augmentation des parts de marché entraîne forcément la hausse du chiffre d’affaires.  

En fin d’année 2019, Paul Biya avait par ailleurs prescrit, toujours selon la CTR, « la sélection de quatre traders internationaux, pour l’approvisionnement pérenne du pays en produits pétroliers ». À la suite de cette prescription, le ministère de l’Eau et de l’Énergie a mis en place un « nouveau mécanisme consistant, tous les trimestres, à sélectionner par voie d’appel d’offres international quatre traders pour fournir les importateurs locaux de produits pétroliers », avec parmi les critères principaux « l’offre la plus basse proposée en matière de prime accordée au trader ».

Baisse des primes des traders

« Et depuis cette période, le nouveau mécanisme d’approvisionnement a permis d’obtenir des baisses significatives de la prime de l’ordre de 98 dollars par tonne métrique (-76,56%) pour le super, 77 dollars par tonne métrique (-63%) pour le gasoil et 53 dollars par tonne métrique (-49%) pour le jet A1. Une simulation faite sur cette base a révélé la réalisation par l’État d’économies annuelles de l’ordre de 100 à 150 milliards de FCFA [sur la subvention des produits pétroliers] », soutient-on à la fois à la CTR et au Minee. Et, selon les mêmes sources, ce sont ces économies qui sont transférées (en partie) à la Sonara, à travers la ligne « soutien à la raffinerie » insérée dans la structure des prix dès mars 2020. Selon le Minee, au 30 septembre 2023, cette ligne avait permis de mobiliser 270 milliards de FCFA. Un argent destiné à rembourser les nombreux créanciers intérieurs et extérieurs du raffineur public dont la dette est en cours de restructuration.

Malgré ces avantages, Paul Biya vient de prescrire de revenir quasiment à la situation d’avant, « sans concertations avec les ministères sectorielles », soutiennent plusieurs sources dans ces administrations, qui disent avoir été surprises par ces nouvelles directives. D’ailleurs, la correspondance du SGPR, répercutant les instructions présidentielles, ne vise aucun courrier provenant d’un département ministériel sectoriel. La décision du président de la République intervient cependant alors que le pays connait, depuis quelques jours, une pénurie du super carburant. Du coup, dans le secteur pétrolier et au sein du sérail, on n’hésite pas à établir un lien de causalité entre les directives du chef de l’État et cette pénurie.

« Quand chaque importateur ou marketeur allait acheter le produit, il pouvait surfacturer. Et le manque à gagner (à verser par l’État à chaque marketeur, NDLR) variait d’un importateur à un autre. En procédant par appel d’offres, on n’a, non seulement harmonisé les prix d’achat à l’importation, mais également réduit le volume de la subvention de l’État. Mais, en fait, l’affaire d’appel d’offres pour importer les produits gênait certains. Ils se sont donc mis au travail pour montrer les limites des appels d’offres en organisant les pénuries », analyse un cadre du secteur, tout en s’abstenant de pointer précisément un acteur. « La solution qui est aujourd’hui abandonnée n’était pas parfaite, mais elle adressait déjà un problème. Celui de l’explosion des primes des traders et des manques à gagner compensés par l’État. À mon avis, c’est le refus d’une collaboration plus étroite avec les marketeurs qui conduit à la décision actuelle », ajoute un autre cadre dans le secteur pétrolier.

Stocks règlementaires non assurés

Quoiqu’il en soit, ce nouveau mécanisme n’a pas permis au Cameroun de toujours disposer des stocks règlementaires, fixés à 15 jours de consommation pour les stocks commerciaux. La preuve, la pénurie actuelle, si l’on en croit le ministre de l’Eau et de l’Énergie, est due à des « conditions météo-océanologiques défavorables », qui ont retardé pendant quatre jours les navires devant desservir le pays. Ce qui suppose que si les stocks commerciaux disponibles couvraient 15 jours de consommation, cet incident n’aurait pas impacté la disponibilité de l’essence dans les stations-service.

D’ailleurs, de sources concordantes, la Sonara a souvent peiné à assurer la couverture de 80% des importations des produits pétroliers consommés par le pays, accordée par l’État. Selon la CTR, en 2021, par exemple, « la Sonara n’a satisfait les besoins du marché national qu’à hauteur de 67,89%, correspondant à 1 408 486 m³ ». En cause, liste la même source, la « rareté des devises » et « le blocage de ses opérations d’importation par la Beac pendant le dernier trimestre 2021, pour défaut de présentation des pièces justificatives (quittances douanières) des précédentes importations ».

Par ailleurs, le processus de passation des marchés d’importations est lui aussi souvent accusé d’être à l’origine des retards dans le renouvellement des stocks. En juin 2022, par exemple, des traders, sélectionnés après un appel d’offres, avaient finalement jeté l’éponge jugeant les primes trop bases. Ce qui a obligé la commission de passation des marchés, logée au Minee, à reprendre le processus, faisant courir au pays le risque d’une perturbation dans l’approvisionnement des produits pétroliers.

Plusieurs sources au sein du Groupement des professionnels du pétrole affirment que la libéralisation des importations des produits pétroliers devrait permettre d’éviter ces problèmes, si l’État et les acteurs du secteur capitalisent les acquis du mécanisme précédent. « L’État connaît déjà le niveau de prime que les traders sont prêts à accepter. On ne pourra plus lui raconter m’importe quoi. L’administration peut d’ailleurs fixer un montant plancher de prime à ne pas dépasser », tente-t-on de rassurer. En tout cas, selon les nouvelles directives de Paul Biya, il revient au ministère de l’Eau et de l’Énergie de « veiller à ce que les entreprises chargées de l’importation et de la distribution des différents produits respectent les prix homologués par le gouvernement ». L’enjeu est en effet important : une non maitrise des primes des traders pourrait compromettre le « soutien à la raffinerie » sur lequel repose le remboursement de la dette restructurée de la Sonara.  

Aboudi Ottou

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03-06-2020-Un nouveau mécanisme d’approvisionnement du Cameroun en carburants permet d’économiser 150 milliards de FCFA par an

Dans la nuit du 14 au 15 décembre 2023, et même dans la matinée de ce vendredi 15 décembre, des files de véhicules, motos-taxis et particuliers munis de bidons étaient toujours visibles dans certaines stations-service de Yaoundé, la capitale camerounaise. Preuve que la distribution des carburants, notamment du super, se heurte toujours à des épines, après les approvisionnements annoncés en début de semaine par le gouvernement, suite à la pénurie née le week-end dernier.

Pourtant, à la Société camerounaise des dépôts pétroliers (SCDP), l’on assure avoir régulièrement approvisionné la capitale, à hauteur de volumes oscillant entre 1000 et 1300 m3, largement au-dessus de la demande habituelle qui ne dépasse pas souvent 900 m3 chaque jour. Suffisant pour que des sources internes au secteur pétrolier mettent la situation actuelle sur le compte de « contraintes logistiques de certains marketeurs », après le retrait de leurs cargaisons des cuves de la SCDP.

La persistance des perturbations sur le marché de la distribution des carburants survient surtout trois jours après l’expiration du délai annoncé par le gouvernement pour un retour à la normale, après la pénurie. En effet, dans un communiqué signé le 11 décembre 2023, le ministre de l’Eau et de l’Énergie (Minee), Gaston Eloundou Essomba, avait annoncé le retour du super dans les principales villes (Douala, Yaoundé, Bafoussam) dès « le 12 décembre ». Au 15 décembre, soit trois jours après le délai gouvernemental, les perturbations persistent dans la capitale du pays.

BRM  

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Au cours de la dernière session de son Comité de politique monétaire (CPM), tenue le 12 décembre 2023 par visioconférence, la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) a annoncé, pour le compte de l’année 2023, une baisse des réserves de change des pays de la zone Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, RCA et Tchad), dont elle est l’institut d’émission commun.

Concrètement, ces réserves, qui garantissent solidairement les importations des pays de la Cemac, « reviendraient de 4,95 mois d’importations des biens et services en 2022, à 4,12 mois en 2023 ». Ce qui correspondrait à un « taux de couverture extérieur de la monnaie qui passerait de 73,1% en 2022 à 71,1% en 2023 », souligne le communiqué ayant sanctionné les travaux du dernier CPM de la Beac.

Interrogé sur les causes de ce recul des réserves de change, le gouverneur de la Beac a mis à l’index l’attitude de certains opérateurs économiques de la Cemac. En effet, a révélé Abbas Mahamat Tolli, ces derniers sont toujours à la manœuvre, pour se soustraire à l’obligation de rapatrier les devises issues de leurs activités à l’extérieur de la zone Cemac, que leur impose pourtant la nouvelle règlementation de change.

Mais, précise-t-il, en dépit de cette baisse qui va être enregistrée en 2023, le niveau des réserves de la Cemac demeure confortable pour permettre les importations de biens et service en toute sérénité. « Il n’y a pas péril en la demeure », a souligné le gouverneur de la banque centrale.

BRM  

Le ministre du Commerce (Mincommerce), Luc Magloire Mbarga Atangana (photo), souhaite voir les prix du poisson baisser sur le marché pendant la période des fêtes de fin d’année. Lors d’une réunion avec les acteurs de la filière le 12 décembre dernier à Yaoundé, le membre du gouvernement a exhorté ces derniers à œuvrer dans ce sens « afin de soutenir le pouvoir d’achat des ménages » durant cette période festive qui se traduit généralement par une forte demande de poisson.

Cet appel intervient dans un contexte où les produits alimentaires constituent depuis plusieurs mois le principal moteur de l’inflation. Selon l’Institut national de la statistique (INS), le taux d’inflation moyen annuel enregistré au Cameroun au cours du mois d’octobre 2023 a culminé à 7,7%. Cette augmentation provient principalement de la progression de 12,3% des prix des produits alimentaires. L’INS explique que l’augmentation des prix des produits alimentaires peut être principalement attribuée à la hausse des prix, bien que les augmentations aient reculé, des produits tels que les pains et céréales, les poissons et fruits de mer, ainsi que les huiles et graisses.

Pour cette fin d’année, la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) projette une hausse de la production halieutique au Cameroun favorisée par « la reprise des activités de pêche, en raison du repos biologique instauré au cours du troisième trimestre 2023 ». Selon les statistiques du ministère des Pêches, de l’Élevage et des Industries animales (Minepia), 150 186 tonnes de poissons ont été produites au Cameroun entre janvier et août 2023, contre 145 621 tonnes pour la même période en 2022. Ce qui fait une augmentation de 3%.

De façon plus spécifique, la production de la pêche artisanale maritime est passée de 113 561 tonnes entre janvier et août de l’année 2022 à 116 627 tonnes au cours de la même période en 2023, soit une augmentation de 3%. Dans le même temps, la pêche industrielle a connu une baisse de 9% passant de 9 888 tonnes en 2022 à 8 969 tonnes en 2023. La production de la pêche continentale a connu une évolution haussière de 8% pour se situer à 18 735 tonnes sur la période sus-revue. Quant à l’aquaculture, la production est passée de 4 796 tonnes à 5 855 tonnes, soit une augmentation de plus de 22% au 31 août 2023 comparée à la même période il y a un an, d’après la même source. Malgré cette hausse de la production, l’offre reste inférieure à la demande estimée à 500 000 tonnes par an. Pour satisfaire sa consommation locale, le Cameroun importe chaque année plus de 200 000 tonnes de poisson congelé.

À noter que cette action du Mincommerce s’inscrit dans la continuité des mesures engagées depuis plusieurs mois par Luc Magloire Mbarga Atangana dans le cadre d’un « appel citoyen » lancé aux opérateurs économiques. Cet appel a notamment abouti à la baisse des prix du pain, du poulet, des œufs et du ciment.

P.N.N

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Lors du conseil de communauté relatif à l’examen et à l’adoption du projet de budget de la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY) pour l’exercice budgétaire de 2024, tenu le 13 décembre, les conseillers de cette municipalité ont autorisé le maire de la ville, Luc Messi Atangana, à signer un contrat de concession avec la société Salem Tours Mfoundi (STM) pour l’exploitation d’un réseau de transport public de personnes par autobus de plus de 50 places dans la ville. Selon les termes du contrat, le nouveau concessionnaire du transport de masse par bus, sur qui peu d’informations sont disponibles, dans la capitale a un délai de 6 mois, après la signature dudit accord, pour mobiliser les moyens matériels nécessaires à l’exploitation de son réseau.

Il s’agit notamment de l’acquisition du matériel roulant (autobus de 50 places au minimum), l’aménagement effectif d’une base logistique et la matérialisation des arrêts bus. Cette société, a appris Investir au Cameroun, a été sélectionnée à l’issue d’un avis à manifestation d’intérêt lancé par la CUY. Sur les quatre opérateurs qui ont soumissionné, trois d’entre eux ont été retenus pour la poursuite des négociations par la commission créée par décision du maire de la ville en vue d’analyser les offres reçues. Les négociations portaient notamment sur le nombre de lignes d’exploitation, les caractéristiques des bus, le prix de base et les clauses des contrats et cahiers de charge. Au final, seule l’entreprise STM a mené les négociations jusqu’au bout avec, à terme, la signature d’un contrat et la sélection de trois lignes de bus pour une phase pilote.

La sélection de ce nouvel opérateur intervient dans un contexte où Yaoundé peine à disposer d’une société de transport de masse viable. La Société de transports et équipements collectifs de Yaoundé (Stecy SA), qui a débuté ses activités le 13 février 2017, a vu son contrat résilié le 17 février 2023 par le maire de la ville. Ce, « au motif d’un certain nombre de manquements par la Stecy a ses obligations contractuelles », selon le rapport sur les coûts des risques budgétaires générés par les projets exécutés en PPP publié en mai 2023 par le ministère des Finances (Minfi). Le document ne précise pas de quels manquements il s’agit. Mais en mai 2021, le ministre des Transports, Jean Ernest Masséna Ngalle Bibehe, avait accusé l’entreprise de sous-traiter ses locaux et de prêter son matériel à un opérateur de transport interurbain clandestin.

Solution alternative au BRT

Stecy SA fait toutefois partie des quatre opérateurs qui ont répondu à l’avis à manifestation d’intérêt de la CUY. En en croire nos sources, cette entreprise s’est « désistée » du processus au motif que « ses conditions contractuelles n’ont pas été acceptées » par les membres de la commission, notamment celles liées à la subvention d’équilibre. Stecy avait remplacé la société Le Bus, une coentreprise détenue par des institutions publiques camerounaises et le groupe américain Parker International Industries. Née d’un partenariat conclu en 2005, l’entreprise a mis la clé sous le paillasson en 2016.

La nouvelle société de transport en commun par bus pourra-t-elle faire mieux là où ses prédécesseurs ont échoué ? Pour certains experts du secteur des transports, la faillite de ces opérateurs s’explique par le fait que cette activité n’est pas rentable en raison notamment du problème des voies de communication dans la capitale du Cameroun. Tout entrepreneur qui s’y lance est confronté aux problèmes de bouchons et des voies mal entrevues. Résultat : les bus passent plus de temps dans les embouteillages et les garages à cause du mauvais état des routes et la faible densité du réseau. À la CUY, l’on explique que l’arrivée prochaine de cette société sur les routes de Yaoundé est une solution alternative en attendant le lancement du projet BRT (Bus Rapid Transit) de la ville, annoncé depuis 2019.

P.N.N

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La société norvégienne Scatec, qui a construit dans la partie septentrionale du Cameroun les centrales solaires de Maroua et Guider, d’une capacité cumulée de 30 MW, vient de décrocher un financement d’un montant d’un peu plus de 60 milliards de FCFA (100 millions de dollars) auprès de la Société financière internationale (SFI), filiale de la Banque mondiale dédiée au financement du secteur privé. Selon le communiqué officiel publié le 13 décembre 2023 par Release, filiale à travers laquelle le développeur norvégien de projets solaires a obtenu le financement, ce prêt qui permettra le déploiement de nouveaux projets au Cameroun et au Tchad est assorti d’une ligne de garantie d’un montant de près de 40 milliards de FCFA (65 millions de dollars), pour couvrir le paiement des factures des clients de Scatec sur lesdits projets.

« (…) Release explore activement de nouvelles opportunités au Cameroun, au Libéria et dans le reste de l’Afrique de l’Ouest et centrale, renforçant ainsi son engagement à faire progresser les solutions d’énergie renouvelable sur le continent africain et sur d’autres marchés sélectionnés », laisse entendre Hans Olav Kvalvaag, PDG de Release, parlant des ambitions de ce développeur de projets solaires et de sa maison-mère au Cameroun. En effet, apprend-on de sources autorisées, Scatec peaufine actuellement deux nouveaux projets de solaire dans la partie septentrionale du Cameroun. Ces deux centrales, apprend-on, devraient avoir une capacité de production globale de 25 à 30 MW. Et le financement et la garantie obtenus de la SFI viennent davantage déblayer le chemin pour faciliter la réalisation de ces projets, indiquent nos sources.

La mise en œuvre effective des deux projets actuellement en discussion avec l’État du Cameroun devrait permettre à Scatec de renforcer son statut, à la fois de pionnier et de leader de l’énergie solaire au Cameroun. En effet, les centrales solaires de Maroua et de Guider, inaugurées en septembre 2023 par le ministre camerounais de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, constituent le tout premier projet d’envergure réalisé dans le solaire au Cameroun. Ceci, pour le grand bonheur de la diversification du mix énergétique du pays (largement dominé par l’hydroélectricité) et des populations et entreprises des trois régions septentrionales du Cameroun.

En effet, selon Eneo, le concessionnaire du service public de l’électricité dans le pays, grâce à l’injection des premiers mégawatts des centrales solaires de Maroua et Guider dans le réseau interconnecté Nord (RIN) en fin d’année 2022, dès le premier trimestre 2023, les régions du Nord, de l’Adamaoua et de l’Extrême-Nord, qui constituent le RIN, n’ont pas connu les habituels délestages pour cause de déficit de production. Il s’agit d’une grande première depuis 3 ans, alors que les centrales solaires modulaires sus-mentionnées n’injectaient sur cette période qu’entre 15 et 18 MW dans le réseau, apprend-on.

De plus, l’arrivée de ces infrastructures énergétiques induit « l’arrêt des centrales thermiques autrefois utilisées pour renforcer l’offre de production dans cette partie du pays, générant ainsi des économies budgétaires pour l’État », avait souligné le ministre Gaston Eloundou Essomba dans le communiqué publié la veille de l’inauguration des centrales construites par Scatec à Maroua et Guider.

Brice R. Mbodiam

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Au 31 décembre 2023, la croissance économique dans la zone Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale) devrait ressortir à 2,2%, contre 2,8% au cours de la même période en 2022. Cette nouvelle prévision faite par la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) le 12 décembre 2023, au cours de la dernière session ordinaire de son Comité de politique monétaire (CPM) de l’année courante, est en baisse par rapport aux 2,5% projetés lors du CPM du 25 septembre 2023.

La banque centrale des pays de la Cemac justifie cette baisse de la croissance économique en 2023 par « un recul important de l’activité pétrolière ». En effet, apprend-on, le niveau de fléchissement de la production pétrolière dans les cinq pays producteurs de la Cemac devrait atteindre 2,7% en glissement annuel, contre seulement 0,7% à fin 2022.

Une fois de plus, cette dernière prévision est plus pessimiste que celle faite par la banque centrale en septembre 2023, au cours de la 3e session ordinaire de son CPM de l’année courante. À cette période-là, le recul de l’activité pétrolière dans la Cemac en 2023 était projeté à seulement 1,3% en glissement annuel.

BRM

Le tout nouveau « Jardin mémoriel de l’esclavage », inauguré le 11 décembre 2023, cherche à placer la région de l’Ouest en bonne place sur la carte du tourisme au Cameroun. Érigé sur le site de l’ancien « marché caché des esclaves » de Bangou, commune du département des Hauts-Plateaux située à une quarantaine de kilomètres de Bafoussam, la capitale régionale, ce mémorial de l’histoire de la traite et de l’esclavage du Cameroun veut attirer des milliers de touristes chaque année, à l’image de la célèbre île de Gorée au Sénégal. « Notre ambition est d’attirer 10 000 touristes par an », affirme Paule-Clisthène Dassi, conservatrice du patrimoine et responsable de la conservation au programme camerounais de développement culturel et touristique unique Route des chefferies (RDC), à l’initiative de ce projet.

L’histoire raconte que les personnes vendues sur cet espace étaient les enfants des dignitaires de la région ou les fils du village qui ne pouvaient être vendus sur la place publique par peur de représailles de la population locale. Pour ce qui est des fils des dignitaires, ils étaient vendus à cet endroit par vengeance de la population locale contre la vente des leurs sur la place publique par les dignitaires. Dans sa dynamique de promouvoir le patrimoine national et de sensibiliser tous les publics à la mémoire collective de l’esclavage au Cameroun, la RDC a entrepris d’aménager ce lieu chargé d’histoire en vue de le valoriser, grâce à un financement de l’Agence française de développement (AFD).

Le projet s’étend sur une superficie de 6 871 m2 et s’articule autour d’un bâtiment qui sert de salle d’accueil et d’une exposition de plein air qui associe des contenus historiques et artistiques. L’exposition s’organise sur un parcours d’esclave à travers une dizaine d’espaces thématiques. Sa mise en œuvre a mobilisé des artistes contemporains et des experts de la RDC. Les visiteurs peuvent ainsi contempler l’œuvre « Nightmare » (cauchemar, en français) du jeune artiste multimédia Ulrich Kenmegne Kom, une sculpture métallique d’homme de taille humaine avec 2 autres bustes le tout enfoui dans un socle. Celle-ci invite le public à s’interroger sur ses connaissances de l’histoire de l’esclavage et de la véracité de ces dernières.

Office du tourisme

L’œuvre, apprend-on, s’inspire d’une scène racontée par un descendant d’esclave de la région de l’Ouest qui relate la violence et la cruauté avec laquelle ses parents étaient capturés. Au centre du site, l’installation sculpturale « Prisoner » (Prisonnier) de 8 m de l’artiste plasticienne Justine Gaga, faite principalement en métal et plexiglass et d’autres types de matériaux, matérialise l’esclavage contemporain. « C’est un site mémoriel. On l’a mis en place pour pouvoir commémorer la mémoire des personnes qui ont été déportées du Cameroun », affirme la conservatrice. Mais au-delà du devoir de souvenir et de mémoire, Paule-Clisthène Dassi précise que le « Jardin mémoriel de l’esclavage » de Bangou a une vocation touristique importante.

« Ce site, qui a une portée universelle, s’adresse d’abord aux Camerounais eux-mêmes qui ont besoin de connaître leur histoire, et de la connaître sur le lieu même où les choses se sont passées. Il y aura les touristes qui vont venir et probablement tous les [Camerounais] de la diaspora d’Europe, d’Amérique et d’ailleurs. Si l’Office du tourisme fait bien son travail, il les condamnera à passer ici, d’une façon ou d’une autre, à un moment ou à un autre de leur circuit », a déclaré l’ambassadeur de France au Cameroun, Thierry Marchand, qui a présidé la cérémonie d’inauguration.

L’Office régional du tourisme Ouest Cameroun (Ortoc), structure créée en 2013 par un système d’acteurs composé des Communes et villes unies du Cameroun de l’Ouest, de l’assemblée des chefs traditionnels et des professionnels locaux du tourisme, devrait donc être un catalyseur pour attirer les visiteurs. L’Ortoc, qui a également été inaugurée le 11 décembre (en même temps que le Cefopicc, Centre de formation professionnelle-Patrimoine et industries culturelles et créatives), a pour objectif de faire connaître et faire aimer le patrimoine culturel et touristique de la région. Notamment par l’aménagement des sites touristiques et leur mise en valeur. Il devra par exemple organiser des excursions sur le site, à des prix attractifs pour faire venir les touristes.

En attendant, il faudra encore faire quelques aménagements pour rendre le site plus attrayant, même si « le résultat est assez bien », selon l’ambassadeur de France. Ce dernier espère y voir des « parterres plus verts » pour permettre au site de garder ce caractère de « jardin ». Paul Sikapin, maire de Bangou, pense aussi qu’il faudra apporter d’autres commodités au site. « Il y a d’abord la sécurisation du site. Nous avons également pensé que nous pouvons mettre quelques logements pour les gens qui peuvent venir et qui ont envie de se recueillir. C’est dans le projet. Nous sommes en train de nous battre pour trouver des financements dans ce sens », confie le premier édile. L’inauguration du « Jardin mémoriel de l’esclavage » de Bangou intervient au moment où la région de l’Ouest est engagée dans une démarche qui vise à faire du tourisme, un projet structurant pour son économie.

Patricia Ngo Ngouem, de retour de Bafoussam

Dans le rapport de l’enquête sur le climat des affaires dans le secteur industriel, que vient de publier le ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), 91% des chefs d’entreprises trouvent les coûts (charges liées au taux d’intérêt, à l’assurance et au courtage) d’accès au financement élevés. Seulement 6% les trouvent moyens et 3% faibles.

S’agissant des conditionnalités (ensemble des exigences imposées par les banques aux entreprises), l’enquête révèle que 59% des chefs d’entreprises les trouvent contraignantes et seulement 11% d’entre eux les trouvent acceptables. Dans la même veine, 91% des chefs d’entreprises estiment que les appuis financiers de l’État restent insuffisants, même si 61% d’entre eux n’en ont pas connaissance.

Pour améliorer l’accès au financement, les chefs d’entreprises interpellent l’État sur la nécessité de mettre l’accent sur la mise en œuvre des mesures déjà envisagées pour surmonter les difficultés d’accès au financement. Ces mesures couvrent notamment la mise en place des structures dédiées au financement des entreprises (BCPME, BSTP, etc.), la loi sur le crédit-bail, l’ouverture des guichets de financement alternatifs (loi sur l’affacturage, etc.) et la mise en place des structures de garantie de financement.

D’après le Minepat, l’enquête a été réalisée du 14 août au 13 septembre 2023 sur un échantillon de 1000 entreprises, sélectionnées dans chacune des dix régions du pays. Elle s’est faite au moyen d’une plateforme électronique où les entreprises ont directement renseigné la version électronique du questionnaire et à travers les échanges directs entre les équipes du ministère de l’Économie et les responsables des entreprises qui n’ont pas pu répondre via cette plateforme numérique. L’objectif de cette enquête, précise le ministère de l’Économie, était d’apprécier la manière dont les entreprises du secteur industriel perçoivent le climat des affaires (accès au financement, accès au marché, accès aux facteurs de production, etc.) et les actions menées par l’État en vue de l’améliorer.

Dans le cadre de sa Stratégie nationale de développement (SND 30), l’État du Cameroun s’est engagé à porter la part du secteur secondaire dans le PIB de 28,2% en 2018 à 36,8% en 2030, la valeur ajoutée manufacturière de 12,9% en 2016 à 25% en 2030 et la part des exportations des produits manufacturés à 54,5% en 2030. Au 2e trimestre 2023, le secteur secondaire s’est situé à 1,8% du PIB par rapport au même trimestre de 2022. Il a généré 1 688,2 milliards FCFA, selon la récente analyse sur les comptes nationaux publiée le 27 novembre dernier par l’Institut national de la statistique (INS).

Frédéric Nonos

Tunisie Leasing et Factoring, qui contrôle le groupe Alios Finance, entreprise de crédit-bail opérant actuellement dans 10 pays en Afrique, a annoncé le 12 décembre 2023 à la bourse de Tunis, avoir signé un accord avec la société de droit ivoirien Crédit d’Afrique Groupe, en vue de lui céder ses participations dans ses filiales en Côte d’Ivoire (52,02% du capital), au Cameroun (70,59% du capital) et au Gabon (72,89% du capital). Crédit d’Afrique Groupe est contrôlé par l’homme d’affaires ivoirien Serge Bilé.

La finalisation du deal avec Tunisie Leasing et Factoring permettra à cet investisseur de renforcer son positionnement sur les services financiers en Afrique centrale et de l’Ouest. À côté de ses actifs dans le BTP, à travers la Société africaine de béton manufacturé, spécialisée dans la production d’ouvrages en béton préfabriqué utilisés dans la construction immobilière, les routes, l’électrification et tous les domaines du génie civil.

Au Cameroun, le groupe contrôlé par Serge Bilé s’empare ainsi de l’un des leaders du marché local du crédit-bail, à côté des banquiers Afriland First Bank et Société Générale. Pour l’heure, l’on ignore si le changement d’actionnaire majoritaire dans le tour de table d’Alios Finance Cameroun aura un impact sur la stratégie de développement de ce spécialiste du leasing à l’horizon 2025. En cours d’exécution depuis quelques années, cette stratégie se matérialise par des levées de fonds successives sur le marché financier de l’Afrique centrale (Bvmac), à l’effet de se doter de ressources nécessaires permettant de doper les capacités de financement des clients.

« Alios Finance Cameroun ambitionne de renforcer la compétitivité de son offre de financement avec une stabilisation de la prise de risque et de la qualité de son portefeuille, pour consolider son leadership sectoriel. Cette stratégie nécessite de mobiliser des leviers de refinancement divers, innovants et adaptés », peut-on lire dans la note d’information élaborée à l’occasion de l’émission, en 2021, d’un emprunt obligataire de 10 milliards de FCFA sur le marché financier unifié de l’Afrique centrale. Une opération similaire a été lancée en juillet 2023.

Technique financière consistant à financer l’outil de production des entreprises, avec pour particularité que l’exploitation dudit outil permet de rembourser par traites le financement reçu majoré des intérêts, le crédit-bail dispose d’un potentiel non encore réalisé au Cameroun. À en croire l’Association camerounaise du crédit-bail (Camlease), le potentiel du marché est estimé à 400 milliards de FCFA, pour un volume effectivement réalisé de 125 milliards de FCFA en 2016, contre 45 milliards de FCFA en 2009, renseigne l’Institut national de la statistique (INS). Entre 2018 et 2021, ce marché a pesé 134 milliards de FCFA, selon Afriland First Bank, l’un des pionniers de ce type de financement au Cameroun avec sa filiale Africa Leasing Company, qu’il a finalement absorbée en 2017.

BRM

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Au cours de la 4e et dernière session ordinaire du Comité de politique monétaire (CPM) de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), tenue le 12 décembre 2023 par visioconférence, cette instance a autorisé la banque centrale des six États de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale) à « émettre des Bons du Trésor sur des maturités comprises entre 14 et 28 jours… », lit-on dans le communiqué ayant sanctionné les travaux. S’exprimant sur cet « instrument qui n’a jusqu’ici jamais été utilisé dans la zone Cemac », au cours de la conférence de presse en visioconférence qui a ponctué les travaux du dernier CPM de l’année 2023, le gouverneur de la Beac a présenté les Bons du Trésor à émettre prochainement par l’institut d’émission comme une offre faite par la banque centrale aux banques commerciales surliquides, de lui transférer leurs excédents de liquidité, contre une rémunération déterminée par les différentes offres de taux d’intérêt faites par les banquiers intéressés.

Concrètement, explique Abbas Mahamat Tolli, « nous allons demander à la communauté des banques qui ont de l’argent à mettre à la banque centrale de nous proposer des taux, suivant les montants de liquidité que nous voulons retirer du système. Chaque banque va faire son enchère, et au final nous allons obtenir un taux et retrancher la liquidité excédentaire qui existe dans ces banques ». À travers ces opérations de ponction de la liquidité bancaire, qui auront lieu à une certaine fréquence, apprend-on du communiqué publié au terme des travaux du CPM du 12 décembre 2023, il est question pour la Beac « d’accélérer la résorption de l’excès de liquidité bancaire sur le très court terme, et mieux monitorer son évolution ».

En d’autres termes, après les relèvements successifs de ses principaux taux directeurs pour durcir le refinancement des banques commerciales auprès de la banque centrale, l’augmentation du volume de liquidité prélevé dans les banques chaque semaine (200 milliards de FCFA), et la suspension des opérations d’injection de liquidité dans le système bancaire de la Cemac, la banque centrale est désormais dotée d’une nouvelle arme pour combattre l’inflation. Celle-ci est projetée par la banque centrale à 5,6% à fin 2023. Ce qui, comme en 2022, correspond à près du double du seuil communautaire qui est de 3%.

Résultats mitigés…

En effet, comme toutes les précédentes citées plus haut, cette nouvelle arme que sont les Bons du Trésor a pour but d’assécher davantage les banques. La banque centrale espère que cela va se répercuter sur le coût du crédit bancaire et restreindre ainsi son accès aux agents économiques. Ce qui devrait réduire la création monétaire dans l’espace Cemac, souvent à l’origine de la hausse généralisée des prix (inflation) que la Beac entend ainsi combattre. Sauf que, confesse la banque centrale elle-même, la proportion de l’inflation d’origine monétaire n’est que de 20%. Ce qui signifie que la nouvelle mesure que se prépare à mettre en œuvre la Beac n’aura qu’un effet limité sur l’inflation, dans la mesure où elle ne peut avoir aucune influence sur la proportion de 80% de l’inflation qui est d’origine non monétaire, mais importée.  

En tout cas, selon le gouverneur de la Beac, la stratégie des Bons du Trésor devrait être plus efficace dans l’assèchement des banques, notamment celles qui sont absentes du marché interbancaire (devenu la solution idoine pour le refinancement des banques face au relèvement des taux directeurs de la banque centrale, NDLR), alors qu’elles disposent d’excédents de liquidité. Abbas Mahamat Tolli justifie son optimisme par l’attractivité du niveau de rémunération des Bons du Trésor, qui devrait inciter les banques à y souscrire. En effet, contrairement aux opérations hebdomadaires de ponction de liquidité dans les banques, où le taux d’intérêt auquel est assortie l’opération, connu à l’avance, est fixé unilatéralement par la banque centrale ; la rémunération devait être plus élevée lors des émissions de Bons du Trésor par la banque centrale. Dans la mesure où le taux d’intérêt final découlera des enchères faites par les banques elles-mêmes.

À en croire le gouverneur de la Beac, ce nouvel instrument de pilotage de la politique monétaire que va lancer l’institut d’émission des pays de la Cemac n’est non plus en concurrence avec les Bons du Trésor assimilables (BTA) émis par les États sur le marché des titres publics opérationnel depuis 2011. Ceci, au regard de ses maturités (14 à 28 jours), qui relèvent davantage du très court terme et sont donc différentes des 13 semaines à 52 semaines des BTA émis par les Trésors nationaux de la zone Cemac.

Brice R. Mbodiam

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On le savait opposé au processus de fusion en cours entre le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) et Entreprises du Cameroun (Ecam). Mais, Jacques Jonathan Nyemb, coopté, en juin 2019, au sein du conseil d’administration du Gicam par le président actuel, Célestin Tawamba, s’est jusqu’ici abstenu de donner publiquement son avis sur cette initiative. À la veille de l’assemblée générale constitutive de l’entité née de la fusion entre le Gicam et Ecam, prévue le 14 décembre 2023, il a décidé de rompre le silence. Dans cette interview, l’avocat d’affaires, inscrit au barreau du Cameroun et de Paris, explique sa position, pose un regard critique sur les projets de textes statutaires de la nouvelle organisation patronale et dévoile ses projets pour la refondation du patronat camerounais.

Investir au Cameroun : Vous êtes membre de l’exécutif actuel du Gicam. Cet exécutif a été élu sur la base d’un programme réformateur, qui visait à transformer le groupement patronal pour qu’il puisse « agir en catalyseur de l’indispensable transformation de l’économie camerounaise ». Alors que votre mandat s’achève, quel bilan pouvez-vous en faire ?

Jacques Jonathan Nyemb : Il appartiendra à la liste baptisée « Gicam en Action » de dresser collectivement le bilan de son mandat. Ce que je peux dire est qu’en rejoignant cette équipe en 2019, je me suis engagé à œuvrer pour une refonte du dialogue public-privé au Cameroun, une meilleure gouvernance des entreprises privées, un renforcement de la compétitivité de nos petites et moyennes entreprises (PME) et enfin un meilleur accompagnement de notre jeunesse. L’élaboration du Code de bonne gouvernance des entreprises du Gicam, l’opérationnalisation du Centre de développement de la PME (CDPME) du Gicam ou encore la création du Cercle des jeunes dirigeants (CJD) du Gicam sont autant de chantiers que j’ai eu plaisir à piloter durant cette mandature qui s’achève ; sans oublier toutes les discussions autour de la réforme du Cameroon Business Forum (CBF). Il est encore trop tôt pour juger de l’impact de ces initiatives. Mais, j’espère qu’elles serviront leur but : accompagner nos champions nationaux dans la transformation durable de notre pays.

IC : En tant que membre du conseil d’administration, quelle est votre part de responsabilité dans ce bilan que certains adhérents jugent mitigé ?

JJN : Conformément aux textes régissant le Gicam, le conseil d’administration dirige le groupement. Le bilan de la liste « Gicam en Action » (Actes 1 et 2) est donc celui du conseil d’administration dans son ensemble, dont je fais partie. Je n’ai pas pour habitude de fuir mes responsabilités. Ce bilan est le nôtre, donc le mien également.

IC : Le 12 juillet 2023, vous avez été démis de vos fonctions de porte-parole du président du Gicam. Cette décision a révélé à la face du monde des divergences existant, depuis un certain temps, entre le président du Gicam et vous. Que reprochez-vous exactement à Célestin Tawamba, qui vous a pourtant coopté au conseil d’administration en juin 2019, faisant de vous le plus jeune membre de tous les exécutifs qui se sont succédé au Gicam depuis sa création, il y a plus de 65 ans ?

JJN : Prenant du recul, force est de constater que nos sociétés n’aiment plus la contradiction, ou peut-être ne sommes-nous plus socialisés à gérer cette contradiction. Et, je crains que la société civile, en particulier, le secteur privé, ne tende à devenir le miroir d’un affaissement progressif de cette culture du dialogue que nous décrions chaque jour auprès des décideurs publics. Qu’à cela ne tienne, et sur un plan plus personnel, ma sympathie envers le président du Gicam, Célestin Tawamba, comme envers l’ensemble de mes collègues du conseil d’administration du Gicam, reste intacte. Je tiens d’ailleurs une fois de plus à les remercier pour la qualité de notre collaboration au cours de ces dernières années.

Vos positions sont apparues irréconciliables au sujet de la fusion entre le Gicam et Ecam. Pour vous, cette initiative ne peut-elle pas être rangée dans les réformes nécessaires pour renforcer l’efficacité du patronat camerounais comme postulent ses promoteurs ? 

JJN : On fusionne pour concrétiser un projet. Une fusion au service d’un projet est un catalyseur. Une fusion sans projet est un artifice. Dans le cas qui nous concerne, et au-delà des nombreuses réserves qui sont les miennes quant à la régularité du processus engagé tant sur la forme que sur le fond, nous sommes nombreux à être restés sur notre faim quant au projet qui sous-tend une telle fusion. Unifier n’est pas agréger au forceps des adhérents, mais coconstruire avec ces derniers un projet commun pour l’avenir du patronat, du secteur privé, de l’économie camerounaise, du Cameroun. C’est la formidable opportunité que nous avions entrevue initialement à travers le principe d’une telle démarche : refonder, une fois pour toutes et enfin le patronat camerounais. Pour l’heure, je peine encore à voir en quoi la nouvelle structure serait garante du « renforcement de l’efficacité du patronat camerounais », pour reprendre vos termes…

IC : Le comité des sages du Gicam et le président de la commission de l’économie et développement de l’entreprise au Gicam, Emmanuel Wafo, sont aussi opposés à ce projet de fusion. Pour justifier leur opposition, ces derniers mettent, comme vous, en avant les violations des textes qui auraient émaillé le processus et la volonté de préserver le patrimoine du Gicam. Qu’est-ce cela vous inspire ?

JJN : La fusion Gicam-Ecam semble avoir fait ressortir au sein du Gicam des oppositions de valeurs, styles et visions qui transcendent les clivages socio-culturels et générationnels, qui ont trop souvent été les seules clés de lecture dans notre pays. Nous pouvons nous en féliciter. Mais, elle a aussi rappelé que le défi éthique qui nous oblige à transcender nos pulsions, intérêts et appartenances personnels, doit rester une préoccupation de tous les instants, partout et toujours.

IC : On vous prête l’ambition de vouloir diriger le Gicam. Cela ne motive-t-il pas aussi votre position actuelle ?

JJN : Seuls guident mon engagement : légalité, éthique et patriotisme. Je resterai toujours loyal au projet qui a motivé dès les premières heures mon engagement au sein du Gicam : la refondation du patronat camerounais.

IC : Le président Célestin Tawamba convie les membres du Gicam à l’assemblée générale constitutive de l’entité née de la fusion entre le Gicam et Ecam, prévue le 14 décembre 2023. Allez-vous prendre part à cette réunion ? Et pourquoi ?

JJN : Je voudrais savoir : si les membres réunis demain venaient à rejeter les projets de textes alors même que les assemblées générales du Gicam et Ecam auraient supposément approuvé la fusion, que se passerait-il ? Nous serions alors dans un entre-deux qui à lui seul caractérise le flou et la confusion qui règnent autour de la démarche engagée.

IC : À la lecture des projets de textes, qui seront soumis au vote lors de cette AG, il en ressort que plusieurs changements ont été effectués en rapport aux textes statutaires du Gicam. On constate que pour être président du groupement, il faudra désormais être fondateur actionnaire ou actionnaire majoritaire d’une entreprise membre à jour de ses cotisations ; les cotisations et le droit de vote devraient désormais être fixés en fonction de la taille de l’entreprise ; la représentativité régionale devrait désormais être prise en compte dans la constitution du conseil d’administration… Que pensez-vous de ces réformes ?

JJN : Nous vivons désormais à l’ère de la gouvernance durable et le patronat doit incarner cette aspiration. En 2023, la mission d’une entreprise n’est plus exclusivement de maximiser sa valeur pour ses actionnaires, mais aussi et surtout de prendre en compte les intérêts de toutes les parties prenantes. Comment expliquer alors qu’on puisse exclure, par principe, de la présidence d’un groupement patronal des salariés voire des non-Camerounais, quand on sait que notre diaspora regorge de ressortissants désormais naturalisés dans d’autres pays ? La décentralisation du patronat se limite-t-elle à de simples « représentations » en région, au demeurant déjà prévues par les textes antérieurs ? Quelle voix réelle auront les petites entreprises et les très petites entreprises dans cette nouvelle gouvernance à plusieurs vitesses ?

Voilà autant de questions qui méritaient d’être débattues de manière transparente et contradictoire, dans un débat ouvert et participatif avant tout vote. C’est à cette « démocratie associative » que nous aspirons au sein du secteur privé, pour l’exiger avec crédibilité et légitimité auprès des pouvoirs publics.

IC : Sous la bannière de votre Think Do Tank, The Okwelians, vous vous êtes lancé dans une vaste réflexion sur la « refondation du patronat » qui vous a mené dans plusieurs régions du pays. Quel est le portrait-robot de l’organisation patronale qui en est ressorti ?

JJN : De Ngaoundéré à Buea, en passant par Yaoundé, Bana et même la diaspora, nous avons écouté les attentes et espérances du secteur privé, mais aussi plus largement de toutes les parties prenantes quant à l’avenir de notre patronat. Plus de 300 personnes, parmi lesquels des personnalités de haut rang, ont contribué à cette réflexion engagée par notre Think Do Tank. Au sortir de ce cycle d’ateliers, le constat est sans appel : notre patronat doit changer de paradigme pour gagner le combat contre la vie chère, le sous-emploi ou encore l’insécurité alimentaire, et devenir un véritable levier de la transformation structurelle de notre économie.

Chefs d’entreprises, décideurs publics, leaders traditionnels, acteurs de la société civile, jeunes étudiants, toutes et tous appellent à un patronat plus inclusif, collaboratif et innovant. L’inclusion territoriale, sectorielle et catégorielle, pour intégrer les territoires, les filières ou encore les petites entreprises et les très petites entreprises, est en effet un message fort que nous avons reçu à travers les différents ateliers. Le patronat ne peut plus se limiter à représenter seulement 1% du tissu économique, dont ¾ d’entreprises sont pour la plupart des grandes entreprises et petites et moyennes entreprises situées à Douala et Yaoundé.

La capacité à collaborer efficacement avec les pouvoirs publics locaux, nationaux, sous-régionaux et internationaux, mais aussi avec la société civile, le monde universitaire, les médias, les partenaires au développement et les autres organisations patronales à travers le monde ressort également clairement des attentes exprimées. Enfin, outre la nécessité de compétences aiguës au sein des appareils patronaux, une refonte des services offerts par le patronat vers davantage de services de mutualisation, d’accélération ou encore de veille et intelligence économique a été plébiscitée. Le rapport sera publié au cours du premier trimestre 2024.

IC : Quelle est votre stratégie pour matérialiser ces aspirations ? Défendre le maintien en vie du Gicam, viser la tête de l’organisation en création, créer une autre entité patronale…

JJN : Nous sommes un Think Do Tank et donc toutes nos réflexions ont vocation à se concrétiser. Dès lors, et au-delà de la restitution qui sera faite des travaux que nous avons menés, nous entendons dans les prochaines semaines mobiliser toutes les parties prenantes, au premier rang desquelles les organisations patronales camerounaises, autour d’une démarche inédite en vue d’accélérer l’innovation patronale au Cameroun, dans la sous-région et sur le continent africain en général. Stay tuned !

Interview réalisée par Aboudi Ottou

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Ce mardi 12 décembre, la Société nationale de raffinage (Sonara) a signé à Yaoundé une convention de restructuration de sa dette portant sur un montant de 20 milliards de FCFA avec le trader suisse Mercuria Energy Trading. Par cet accord, fruit de plusieurs mois de négociations entre les parties et conclu sous l’égide du ministère des Finances (Minfi), l’État s’engage à rembourser cette somme sur une période de 10 ans, moyennant un taux d’intérêt hors taxes de 5,5% par an. Mercuria Energy Trading devient ainsi le quatrième trader avec lequel l’État du Cameroun, qui s’est engagé à éponger les dettes de la Sonara, a trouvé un compromis.

Le même exercice a été conclu avec le trader suisse Trafigura, le 29 septembre 2023, pour un montant de 14,5 milliards de FCFA. Le 26 janvier dernier, c’est avec le trader PSTV que la convention avait été signée pour le remboursement de 8,5 milliards de FCFA. Avant cela, le 22 septembre 2022, le même accord était signé avec le trader suisse Vitol, plus gros créancier et chef de file des fournisseurs du pétrole brut et des produits pétroliers finis, pour le remboursement de 185 milliards de FCFA. Toutes ces entreprises ont accepté le rééchelonnement du remboursement de la dette de la Sonara sur 10 ans, avec un taux d’intérêt annuel de 5,5% hors taxes.

Selon le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, cette quatrième étape du processus de restructuration et de remboursement de la dette de la Sonara vis-à-vis des traders « va s’achever durant le premier trimestre 2024 » par la conclusion de deux autres conventions avec les traders Petra Energy et Addax Energy. Le membre du gouvernement annonçait précédemment la fin de ce processus pour octobre 2023.

Après l’incendie qui a ravagé ses installations en mai 2019 à Limbe (Sud-Ouest), l’unique raffinerie de pétrole du pays peine à honorer ses engagements et traîne une ardoise de 374 milliards de FCFA auprès des traders et des fournisseurs de pétrole brut et des produits pétroliers finis. À fin septembre 2023, le raffineur cumulait une créance de 425,5 milliards de FCFA auprès de ses fournisseurs étrangers, soit 83,2% de l’encours global de la dette extérieure des entreprises publiques, révélait la Caisse autonome d’amortissement (CAA) dans sa dernière note de conjoncture mensuelle de la dette publique du Cameroun.

P.N.N

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L’Autorité aéronautique civile du Cameroun (CCAA, sigle en anglais) a récemment signé des accords relatifs aux services aériens avec le Mozambique, la Sierra Leone, l’Allemagne, la Finlande, le Liban, le Koweït et le Qatar. Ces accords ont été signés dans le cadre de la 15e édition de la conférence de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) sur les négociations des accords aériens (ICAN 2023), tenue du 3 au 7 décembre dernier à Riyad en Arabie Saoudite.

« Le paraphe de ces accords constitue le premier pas vers l’exploitation des services aériens entre le Cameroun et ces différents pays. Cette exploitation contribuera à coup sûr au développement du transport aérien au Cameroun et à l’amélioration de la connectivité aérienne du pays », affirme la CCAA sur son site Internet. Ces accords, s’ils sont exécutés, devraient stimuler le développement du secteur de l’aviation civile au Cameroun et impacter positivement le tourisme et le commerce, entre autres.

Le 12 octobre dernier, un avion de la compagnie Air Algérie a foulé le tarmac de l’aéroport international de Douala, 4 ans après l’annonce de l’arrivée du transporteur aérien public algérien dans le ciel camerounais. Ce vol inaugural intervenait au lendemain du décret du chef de l’État du 1er août 2023 ratifiant l’accord relatif aux services de transport aérien entre l’Algérie et le Cameroun. L’entente, signée le 24 février 2021 à Yaoundé, est relative aux services de transport aérien entre les deux pays. Il révise celui de 1974 et est destiné à promouvoir le tourisme et booster les échanges commerciaux entre les deux pays qui sont encore timides.

P.N.N

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Dans le classement 2023 sur la qualité de vie dans le monde publié le 11 décembre 2023 par le cabinet américain de conseil Mercer, Yaoundé et Douala, respectivement capitale politique et capitale économique du Cameroun, occupent respectivement la 28e et la 29place des villes africaines où il fait bon vivre sur 47 classées.

Les deux principales villes du pays perdent chacune trois places dans ledit classement par rapport à celui de 2019 où Yaoundé occupait la 25e place africaine et Douala la 26e place. À l’échèle mondiale, les deux capitales du Cameroun sont respectivement classées 207e et 210e sur un total de 241 villes étudiées dans ce classement qui est établi sur la base d’une quarantaine de critères répartis dans 10 catégories différentes. À savoir, l’environnement politique et social, l’environnement économique, l’environnement socioculturel, les considérations médicales et sanitaires, les écoles et l’éducation, les services publics et le transport, l’infrastructure urbaine, les loisirs, les biens de consommation, les logements et, enfin, l’environnement. Des critères sur lesquels s’appuient souvent les étrangers pour s’expatrier dans un pays.

Au niveau de la Cemac, Yaoundé et Douala se classent respectivement 2e et 3e des villes offrant la meilleure qualité de vie aux expatriés sur les six capitales de la zone qui figurent dans le rapport du cabinet américain. Aucune ville de la Guinée équatoriale n’est classée. Le Cameroun arrive derrière Libreville la capitale gabonaise (14e africain et 177emondial) et devant Brazzaville au Congo (232e mondial), N’Djamena au Tchad (236e), et Bangui en République centrafricaine (239e).

Sur le plan africain, la ville de Port-Louis à Maurice est considérée comme la plus agréable où s’expatrier en Afrique devant Victoria aux Seychelles et le Cap en Afrique du Sud. N’Djamena au Tchad, Bangui en Centrafrique et Khartoum au Soudan ferment ledit classement.

Rappelons que le Cameroun, comme tous les pays dans le monde, accueille sur son sol de nombreux expatriés. Selon des statistiques du ministère de l’Emploi et de la formation professionnelle, 4000 travailleurs expatriés sont légalement présents sur le sol camerounais tandis que plus de 10 000 en situation irrégulière. 

SG

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Détenteur d’un permis d’exploitation de la petite mine d’or de Colimine depuis le 14 septembre 2022, Codias SA, dont le promoteur est le Camerounais Bonaventure Mvondo Assam, peine à honorer les délais contenus dans ledit permis. Son article 5 prévoit que la société minière est tenue de construire la mine et ses installations dans un délai maximum d’un an après la délivrance du permis. Mais à ce jour, ce délai n’est pas honoré, si on en croit les récentes déclarations du ministre par intérim des Mines, de l’industrie et du Développement technologique (Minmidt), Fuh Calistus Gentry, devant la commission des finances et du budget de l’Assemblée nationale.

« La société de projet Comincor dans laquelle la Sonamines détient 10% de parts d’actions est en cours de création », fait en effet savoir le Minmidt, alors que cette dernière devait être opérationnelle depuis la délivrance du permis d’exploitation pour assurer la gestion du projet. Bien plus, « une action d’acquisition des équipements de production modernes de traitement de l’or dans un système clos afin d’accroitre la cadence de production et limiter les effets du traitement sur l’environnement est en cours », indique le ministre des Mines, qui précise que le décret d’indemnisation et l’arrêté d’occupation temporaire par Codias SA sont attendus, alors que l’exploitation de la mine est prévue en 2024, d’après le permis d’exploitation.

D’une superficie de 309 km2, la mine d’or de Colomine est située dans l’arrondissement de Ngoura, région de l’Est. Le projet est porté par Codias SA, titulaire depuis le 5 janvier 2017, du permis de recherche sur le site minier. Les travaux de recherche ont déjà permis d’évaluer le potentiel de Colomine à 485 045 tonnes de minerai. L’exploitation envisagée est artisanale semi-mécanisée pour une durée de 5 ans, avec un pic de production de 500 kg d’or/an dès la 2e année. Les revenus pour l’État sont estimés à 1,6 milliard de FCFA par an.

Frédéric Nonos

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Dans son discours de politique générale prononcé le 30 novembre 2023 à l’Assemblée nationale, le Premier ministre (PM), Joseph Dion Ngute, a annoncé la réalisation, en 2024, des « études Front End Engineering & Design (études d’ingénierie s’étendant jusqu’aux aspects architecturaux, NDLR), en vue de lancer le projet de réhabilitation de la Sonara (Société nationale de raffinage, NDLR) ». S’exprimant devant la commission des finances et du budget de l’Assemblée nationale, le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, a, pour sa part, assuré que deux entreprises américaine et française ont d’ores et déjà été recrutées pour la réalisation de ces études et l'assistance à la maîtrise d'ouvrage ; sans en dire un mot sur le coût des prestations ou le processus ayant conduit à leur sélection.

« Suite aux nouvelles instructions de monsieur le président de la République, la responsabilité de conduire le projet de réhabilitation-restructuration de cette entreprise, en qualité de maître d’ouvrage, a été confiée à monsieur le directeur général de la Sonara. (…) Il s’en est suivi l’élaboration d’un plan d’actions devant aboutir à la reprise de la production de la raffinerie, qui a été transmis au FMI ; ainsi que la sélection du cabinet d’ingénierie pour la réalisation des études Front End Engineering and Design et d’une assistance à la maîtrise d’ouvrage. À cet effet, les entreprises américaine Chemex Global LLC et française Performance Plus Innovation sont respectivement adjudicataires de ces marchés », a révélé le ministre Eloundou Essomba lors de la défense de l’enveloppe budgétaire 2024 du département ministériel dont il a la charge.

L’on peut remarquer que le constructeur de la raffinerie, ravagée par un incendie en mai 2019, reste à recruter. Le démarrage de cette réhabilitation avait été initialement annoncé pour l’année 2022 par le Premier ministre, Joseph Dion Nguté. C’était en novembre 2021, lors de la présentation du programme économique et financier du gouvernement devant les députés. Tout comme jusqu’ici, le gouvernement reste peu disert sur les modalités de financement de ce chantier, dont le coût est estimé à environ 250 milliards de FCFA par le ministère de l’Eau et de l’Énergie.

Des entreprises russes en embuscade

L’on se souvient cependant qu’en marge du Sommet Russie-Afrique qui s’est achevé le 24 octobre 2019 à Sotchi, les officiels Camerounais avaient pris langue avec trois groupes pétroliers russes : Rosneft, Lukoil, et Gazprom. Par la suite, le 6 février 2020, une délégation de responsables de l’opérateur pétrolier russe Lukoil a été reçue en audience à Yaoundé par le ministre de l’Eau et de l’Énergie en vue de poursuivre les pourparlers engagés à Sotchi. Mais depuis cette période, la suite de ces discussions avec les Russes n’a plus été révélée.

« Je termine par le vœu que vous puissiez reconstruire très rapidement et dans les meilleures conditions technique et financière cette raffinerie, surtout dans ces temps d’incertitude, voire d’inquiétude sur les équilibres énergétiques mondiaux. Soyez assurés du soutien du groupe Vitol qui se tient à votre disposition pour étudier toute contribution au processus de reconstruction », avait de son côté déclaré le directeur Afrique du trader Vitol, le 22 septembre 2022 à Yaoundé. Pierre Bardet s’exprimait ainsi lors de la cérémonie de signature de la convention de restructuration de la dette de la Sonara vis-à-vis de Vitol.

Pour rappel, l’incendie du 31 mai 2019 a endommagé totalement 4 des 13 unités de production de la Sonara, et en a partiellement soufflé trois. Selon Jean Paul Njonou, le DG de l’unique raffinerie de pétrole du Cameroun, cet incendie a également consumé plus de 10 000 m3 (10 millions de litres) de pétrole brut. Une fois lancés, les travaux de reconstruction devraient durer au moins 12 mois, selon les prévisions du gouvernement camerounais.

Brice R. Mbodiam

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Depuis le 6 décembre 2023, une mission d’opérateurs économiques argentins prospecte des opportunités de partenariats et d’investissements au Cameroun, informe la Chambre de commerce, de l’industrie, des mines et de l’artisanat (Ccima). Cette mission économique argentine survient quelques mois seulement après l’organisation, du 27 mars au 4 avril 2023 dans la province de Santa Fe, en Argentine, des journées camerounaises dans ce pays d’Amérique Latine.

À travers ces initiatives, les deux pays entendent densifier leur coopération économique, qui est de plus en plus dynamique ces dernières années. Selon les données de la Ccima, en 2020, par exemple, les exportations camerounaises vers l’Argentine ont culminé à 18 milliards de FCFA, avant d’atteindre 25 milliards de FCFA en 2021.

À en croire les données de l’Institut national de la statistique (INS), en 2022, l’Argentine s’est positionnée comme 2e fournisseur de blé au Cameroun, avec des achats de 157 500 tonnes, pour un montant de 42,1 milliards de FCFA représentant 16,2% des parts de marché local du blé.

BRM

Selon l’Institut national de la statistique (INS), 12 818 apprenants sont sortis des centres de formation professionnelle du pays au cours de la période 2021-2022, avec un taux d’insertion dans le monde du travail de 41,7%. Ces données sont contenues dans le document recensant « les chiffres et indicateurs clés de l’éducation et de la formation professionnelle au Cameroun en 2021-2022 », publié le 11 décembre 2023.

« Le suivi post-formation reste un défi dans le sous-secteur. Bien que 93,5% des apprenants terminent leur formation professionnelle, seulement 41,7% des sortants du système de formation professionnelle se sont insérés dans le marché du travail en 2022 », commentent les rapporteurs de l’INS.

Par ailleurs, les chiffres de l’organisme en charge de l’élaboration de la statistique officielle au Cameroun révèlent la place prépondérante qu’occupe le secteur privé dans le domaine de la formation professionnelle au Cameroun. En effet, apprend-on, au cours de la période sous revue, 83,6% des apprenants des centres de formation professionnelle ont été recensés dans les institutions privées, contre seulement 16,4% dans le public.

BRM

Le Cameroun a procédé, lundi 11 décembre 2023, au lancement de son Projet filets sociaux adaptatifs et d’inclusion économique (PFS-AIE), sous la direction du ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), Alamine Ousmane Mey. Ce nouveau projet a été mis sur pied avec l’appui de la Banque mondiale pour assurer la pérennisation des activités du Projet filets sociaux (PFS). Il est soutenu par l’institution financière à hauteur de 92,752 milliards de FCFA pour 217 000 ménages bénéficiaires. L’État du Cameroun y contribue à 54 milliards de FCFA pour 138 500 ménages bénéficiaires. Ce qui fait un montant global de 146,752 milliards de FCFA au profit de 356 000 familles bénéficiaires.

Le projet, qui s’étale sur la période 2023-2028, vise à élargir la couverture du programme de protection sociale aux ménages les plus démunis d’une part, et d’autre part, d’accroître l’accès aux opportunités de générer les revenus et de soutenir l’entrepreneuriat chez les jeunes urbains âgés de 18 à 35 ans. « Il y a les jeunes qui évoluent dans le secteur informel. On va donc leur apporter des appuis, les aider à développer leur entreprise et à migrer, dans la mesure du possible, dans le secteur formel », a déclaré Michelin Njoh, le coordonnateur national du PFS-AIE, à la télévision nationale.

De manière spécifique, le PFS-AIE permettra de poursuivre les appuis aux ménages pauvres tels que cela s’est fait dans les trois programmes du PFS, dans l’ensemble des régions du pays ; d’apporter des appuis aux jeunes travailleurs âgés de 18 à 35 ans du secteur informel qui sont des « entrepreneurs de subsistance », travaillant dans les zones urbaines pour leur propre compte, par manque d’autres opportunités ou de compétences et d’apporter des appuis aux jeunes entrepreneurs âgés de 18 à 35 ans ayant des projets d’entreprise prometteurs dans des secteurs productifs ciblés et prioritaires pour le gouvernement.

54,5 milliards de FCFA déjà dépensés

Il permettra également, selon les autorités, d’apporter un appui au développement du Registre social unifié du Cameroun (RESUC) dans l’optique de l’opérationnalisation d’un système d’information sociale soutenant les processus d’identification, d’enregistrement et d’évaluation des besoins et des conditions de la population pauvre et vulnérable et de promouvoir le paiement électronique des transferts monétaires aux bénéficiaires.

Selon Alamine Ousmane Mey, ce nouveau projet « charrie de nombreux espoirs, au regard de son impact multiforme et sa riche contribution à l’avènement de l’émergence du Cameroun dans une démarche d’inclusion, de solidarité, pour une prospérité partagée ».

Au Cameroun, le PFS constitue l’un des instruments phares de l’assistance sociale, car les filets sociaux accordent des transferts monétaires ciblés aux ménages les plus pauvres en vue de les aider à résister aux chocs et d’améliorer leurs conditions de vie. Expérimentés dans le pays de 2013 à 2022 avec le concours de la Banque mondiale et de l’Agence française de développement (AFD), ces mécanismes ont permis à 385 500 ménages (environ 2 400 000 personnes) de bénéficier des transferts monétaires pour un montant global de 54,5 milliards de FCFA, affirme le Minepat.

Patricia Ngo Ngouem

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Le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) vient d’offrir à des associations féminines de la ville de Maroua, dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, une unité de production du charbon écologique. Cette unité de production, qui sera utilisée par des femmes préalablement formées par l’organisme onusien, permettra, apprend-on officiellement, de réduire l’utilisation du charbon de bois, dont le corollaire est la déforestation.

« Encore appelé charbon vert ou bio-charbon, le charbon écologique est un combustible solide produit à partir de résidus agricoles et ménagers biodégradables, riches en carbone. C’est l’une des solutions innovantes locales, actuellement développées dans plusieurs pays du Sud, y compris au Cameroun. En fonction de la zone géographique, et des activités économiques qui s’y développent, il peut être produit à partir de divers déchets organiques (rebus de scierie, déchets agricoles, déchets ménagers, déchets de l’industrie agroalimentaire). Il se présente sous forme de briquettes ou de boule de la taille de morceaux de charbon de bois traditionnel », explique le Pnud.

Pour rappel, selon l’organisme onusien, au Cameroun, le bois et le charbon représentent respectivement 82,3% et 30,6% de la consommation énergétique des ménages. Dans la région de l’Extrême-Nord, déjà aux prises avec une sécheresse rude, l’utilisation du feu de bois comme énergie de cuisson atteint jusqu’à 95%, révèle le Pnud.

BRM

Le Trésor public camerounais devra payer un montant total de 73,2 milliards de FCFA cette semaine, au titre des intérêts et du principal de certaines dettes contractées à travers des émissions de titres publics sur le marché de la Beac. Selon les données de la banque centrale, au titre des remboursements de fonds mobilisés par émissions de bons et obligations de 2 ans, 3 ans et 26 semaines de maturité, un paiement global de 70,7 milliards de FCFA est attendu du Cameroun les 11 et 13 décembre 2023. Tandis que 2,5 milliards de FCFA, à payer ce 11 décembre 2023, représentent les intérêts sur des émissions d’OTA de 2 et 3 ans de maturité pas encore arrivées à échéance.

Pour réunir cette enveloppe sans trop de pression sur la trésorerie publique, l’on observe que le gouvernement camerounais émet, ce 11 décembre 2023, des bons du Trésor assimilables (BTA) à 26 semaines de maturité. L’opération, à en croire le tableau de bord des opérations publié par la Beac, vise à mobiliser 20 milliards de FCFA auprès des investisseurs.

Même sans la mobilisation effective de l’enveloppe requise, il y a très peu de chance que le Cameroun n’effectue pas les paiements attendus sur le marché des titres publics de la Beac entre le 11 et le 13 décembre 2023. En effet, depuis le lancement de ce marché en 2011, la locomotive économique de la Cemac n’y a jamais enregistré un seul défaut de paiement, aime-t-on rappeler au ministère des Finances. Ce qui en fait un partenaire crédible et solvable pour les investisseurs.

BRM  

Dans un communiqué signé ce 11 décembre 2023, le ministre de l’Eau et de l’Énergie (Minee), Gaston Eloundou Essomba, annonce dès demain, le retour du super dans les principales villes (Douala, Yaoundé, Bafoussam) du pays en panne sèche depuis des jours. « Actuellement, un navire est déjà à quai à Douala avec 13 000 m3 de super. Des dispositions ont par ailleurs été prises avec Société camerounaise des dépôts pétroliers (SCDP) pour un chargement immédiat de 81 camions-citernes toute la nuit du 10 au 11 décembre 2023 pour renforcer les transferts », précise Gaston Eloundou Essomba. Dans la même foulée, « les wagons seront chargés pour remonter les stocks ».

 « L’arrivée de deux autres navires contenant du super est annoncée cette semaine », indique le Minee, qui rassure les consommateurs que le pays sera approvisionné convenablement pendant toute la période des fêtes de fin d’année. D’après le membre du gouvernement, « cette perturbation a pour principale cause le retard dans l’arrivée de trois navires transportant ledit produit, dû aux conditions météo-océanologiques défavorables qui ont interrompu les chargements ship-to-ship desdits navires pendant quatre jours au port hub de Lomé (Togo) ».

Réagissant à cette pénurie qui est incomprise par des consommateurs à Douala, la SCDP a tenu à préciser que « sa mission consiste essentiellement à stocker les produits et de veiller à leur distribution à l’intérieur du pays et dans certains pays comme le Tchad et la RCA ». Le responsable de la communication de cette entreprise, Joseph Emmanuel Ba’ana, précise que le processus d’approvisionnement des produits pétroliers fait intervenir plusieurs acteurs et « notre rôle se déclenche dès que le produit est à la bouée au port de Douala ». À en croire, ce dernier, la situation se normalise depuis la mi-journée dans les villes de Douala et Yaoundé.

Il faut dire que les dysfonctionnements dans l’approvisionnement des produits pétroliers sont récurrents depuis qu’un incendie a ravagé la Société nationale de raffinage (Sonara) en 2019. Depuis lors, les activités de raffinage sont à l’arrêt et le Cameroun importe tous les carburants consommés dans le pays. Pour l’année en cours, « un volume global de 1,6 million de m3 tous produits confondus a été commandé et un volume de 1,36 million de TM a été livré au mois d’octobre 2023 », a récemment indiqué le Minee lors de la défense du budget 2024 de son ministère devant la commission des finances et du budget de l’Assemblée nationale.

Frédéric Nonos

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Au cours du mois de novembre 2023, le Cameroun a exporté 18 433 tonnes de bananes, selon les données révélées par l’Association bananière du Cameroun (Assobacam). Ce volume des expéditions de la banane camerounaise vers le marché international est quasi-stable (-141 tonnes, soit -0,7%) par rapport aux 18 574 tonnes exportées au cours de la même période en 2022.

Cette stabilité du volume des exportations en glissement annuel, la filière banane locale la doit principalement à la Cameroon Development Corporation (CDC), unité agro-industrielle publique qui se relève progressivement des ravages de la crise sociopolitique en cours dans les régions anglophones du Cameroun depuis fin 2016. En effet, selon les données de l’Assobacam, les exportations de la CDC ont culminé à 2 000 tonnes en novembre 2023, en hausse de 336 tonnes (+16,8%) par rapport aux 1 634 tonnes du mois de novembre 2022.

Ce maintien de la dynamique des exportations chez le 2e employeur du Cameroun après l’administration publique, avec une moyenne de 2 000 tonnes expédiées vers le marché depuis le début de l’année 2023, contre un peu plus de 1 700 tonnes en moyenne en 2022, a permis d’atténuer la contreperformance de Boh Plantations (BPL). À en croire les données compilées par l’Assobacam, cette entreprise privée, petit poucet du marché local de la banane, a vu ses exportations chuter de 48,2% en novembre 2023. Celles-ci sont en effet passées de 1 337 tonnes en novembre 2022 à seulement 902 tonnes un an plus tard.

Dans le même temps, les exportations de la société des Plantations du haut Penja (PHP), le leader du marché, se sont stabilisées. Elles ont été de 18 433 tonnes en novembre 2023, après être ressorties à 18 603 tonnes un an plus tôt. Cette filiale de la Compagnie fruitière de Marseille réalise ainsi sa 4e meilleure performance depuis le début de l’année 2023, après les 16 652 tonnes exportées en octobre 2023, les 15 887 tonnes de septembre et les 15 744 tonnes du mois de mars 2023.

Pour rappel, depuis belle lurette, la banane fait partie des principaux produits d’exportation du Cameroun, notamment vers les pays de l’Union européenne (UE). Selon le rapport 2022 du Comité de compétitivité, organisme spécialisé du ministère de l’Économie, la banane a été le 3e porte-flambeau du Cameroun sur le marché international cette année-là, derrière le bois, le cacao et ses dérivés. Le pays s’est notamment classé 2e producteur de ce fruit dans l’espace Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP), et surtout 10e exportateur au monde, loin derrière l’Équateur (numéro un mondial) et les Philippines (2e).

Brice R. Mbodiam

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Les prix du sac de ciment commercialisé par la société nigériane Dangote au Cameroun vont connaitre une baisse, selon une nouvelle grille tarifaire communiquée le 8 décembre 2023 par le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana.

D’après cette nouvelle mesure, le sac de 50 kg du ciment de type Falcon 32.5R de Dangote va être désormais vendu à Douala 4 450 FCFA et à Yaoundé à 4 750 FCFA, soit une baisse de 150 FCFA par sac. Et le sac de 50 kg du ciment de type 42.5R 3X chez le même opérateur sera commercialisé à 5 000 FCFA à Douala et 5 300 FCFA à Yaoundé, en baisse de 100 FCFA par sac.

Pour la société Cimpor Cameroun SA, le ministère du Commerce a effectué une « première homologation » sur les prix du Ciment de type 42.5R. À raison de 5 000 et 5 300 FCFA le sac respectivement à Douala et Yaoundé.

Le ministre du Commerce précise que cette réduction « s’applique, à due hauteur, sur l’ensemble du territoire national ». Par ailleurs, « dans, la mesure où ces prix s’entendent comme des prix maxima, à ne pas dépasser, le ministre du Commerce incite les distributeurs, selon leur taille et les charges inhérentes, à veiller à fidéliser leur clientèle et à intéresser de nouveaux clients par une pratique des prix inférieurs à ceux homologués », indique le communiqué.

Cette homologation des prix du ciment chez Dangote et Cimpor Cameroun est faite dans le prolongement de celle qui avait déjà été effectuée le 27 novembre dernier chez d’autres opérateurs tels que Cimaf, Cimencam et Mira. Chez ces derniers, le ministère du Commerce avait annoncé une baisse des prix qui variait entre 100 à 250 FCFA par sac et selon les villes.

Dans le détail, Cimencam, filiale locale du groupe LafargeHolcim Maroc Afrique réduit le prix du sac de 50 kg de 32.5R de 150 FCFA. Il doit être vendu à 4450 FCFA à Douala et 4750 FCFA à Yaoundé. Pour le ciment de type 42.5R, le sac de 50 kg baisse de 100 FCFA et doit être vendu à 5000 FCFA à Douala et à 5300 FCFA à Yaoundé. Le Marocain Cimaf procède aux mêmes baisses sur les mêmes sacs de ciment. Mira Cement, filiale du groupe libano-chinois Mira, réduit le prix de 200 FCFA sur le sac de type 42.5R qui doit se vendre à 4700 FCFA à Douala et 5000 FCFA à Yaoundé. Le sac de type 32.5R subit une réduction de 150 FCFA à Douala et y coûtera 4150 FCFA. Il sera vendu à 4450 FCFA à Yaoundé, soit une réduction de 250 FCFA.

Des réductions des prix du ciment obtenus, d’après le ministère du Commerce, après une concertation avec les cimentiers. Ce, suite à la baisse des coûts de production.

SG

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Comme prévu, le mégaprojet d’adduction en eau potable de la ville de Douala et ses environs, à partir du fleuve Wouri, devrait démarrer en 2024. Le Premier ministre (PM), Joseph Dion Ngute, l’a d’ailleurs indiqué lors de son discours de politique générale, le 30 novembre 2023, à l’Assemblée nationale. Selon le ministre de l’Eau et de l’Énergie (Minne), Gaston Eloundou Essomba, « le projet consiste à renforcer l’offre en eau potable de la ville de Douala et ses environs, à travers la production supplémentaire de 400 000 m3 par jour d’eau potable ». Ce qui portera la capacité de production de la ville à 703 400 m3 par jour contre 303 400 m3 par jour, selon les estimations de 2021. Il est également question d’étendre le réseau de distribution et de renforcer les capacités de stockage de la Cameroon Water Utilities (Camwater), le concessionnaire du service public de production et de distribution de l’eau potable du pays.

« Rendu en novembre 2023, les études d’avant-projet sommaires sont déjà validées et les études d’avant-projet détaillées sont en cours », a indiqué le Minee devant la commission des finances et du budget de l’Assemblée nationale. Pour 2024, il est question d’« achever la maturation en vue du démarrage des travaux du mégaprojet », a-t-il ajouté.

Le 6 juillet 2023, un accord de partenariat a été signé entre la Camwater, les entreprises belge Besix NV/SA et turque Ersa Construction, pour la réalisation en 36 mois dudit projet en cours de maturation. Les deux partenaires de la Camwater, apprend-on des comptes rendus de la cérémonie de signature, vont apporter les 125 milliards de FCFA nécessaires à la réalisation de ce projet. On ignore pour l’instant sous quelle forme. Est-ce un partenariat public-privé ou un prêt ? Investir au Cameroun n’est pas à mesure de répondre à cette question pour l’instant.

Ce mégaprojet devrait donc démarrer au moins 12 mois après la période prescrite par le chef de l’État. « J’ai demandé au gouvernement de finaliser en urgence des diligences relatives au lancement, dès 2023, du mégaprojet d’adduction d’eau potable de la ville de Douala et de ses environs », avait déclaré Paul Biya lors de son discours à la nation du 31 décembre 2022.

Annoncé depuis plusieurs années, ce projet ne devrait néanmoins pas combler le déficit en eau potable de la ville de Douala et ses environs que la Camwater chiffre à 500 000 m3 par jour.

Frédéric Nonos

Les prix de la viande bovine, au stade du consommateur final, ont subi une baisse à Garoua, la capitale régionale du Nord. Cette mesure, apprend-on, a été prise lors d’une réunion de concertation entre le délégué régional du Commerce du Nord et les acteurs locaux de la filière, le 8 décembre dernier. Selon la nouvelle grille tarifaire, le kilogramme de viande sans os de « premier choix » est désormais cédé à 2 300 FCFA contre 2 500 précédemment, soit une baisse de 200 FCFA. La même réduction est appliquée sur le kilo de viande avec os de premier choix qui passe de 2 200 FCFA à 2 000 FCFA.

Concernant la viande bovine de « deuxième choix », le prix du kilo sans os passe de 2 300 FCFA à 2 000 FCFA, tandis que la même quantité avec os passe de 2 000 FCFA à 1 800 FCFA. Quant au prix de la viande sans os de « troisième choix », il est désormais fixé à 1 800 FCFA au lieu de 2 000 FCFA, tandis que la viande avec os coûte 1 500 contre 1 800 FCFA, soit une baisse de 300 FCFA. Ces nouveaux prix, en vigueur du 8 décembre 2023 au 27 février 2024, ne s’appliquent qu’à la ville de Garoua.

« Pour les autres localités de la région du Nord, les tarifs seront déterminés par les délégués départementaux du Commerce », indique le ministère du Commerce (Mincomerce). Selon ce département ministériel, cette baisse participe des efforts du gouvernement dans sa croisade contre la vie chère, dans un contexte de flambée des prix des produits de grande consommation. Cette mesure, selon le Mincommerce, vise à « soulager les consommateurs locaux en cette période de fêtes de fin d’année » où le portefeuille de la ménagère est beaucoup sollicité. Des discussions, apprend-on, sont en cours avec les acteurs de la filière viande des autres régions pour que des mesures similaires soient prises sur l’ensemble du territoire national.

P.N.N

D’ici 2026, la compagnie Wafa assurance vie Cameroun (WAVC), filiale locale du marocain Wafa assurance, dédiée à l’activité d’assurance au sein du groupe Attijariwafa Bank, nourrit l’ambition d’intégrer le top 3 des parts de marché de l’assurance vie au Cameroun, a indiqué Driss Didi El Houari, directeur général de WAVC. C’était le 30 novembre 2023 au cours du lancement de Solutions Corpo, une nouvelle gamme de Wafa vie destinée aux entreprises. « Nous avons, pendant ces dernières années, réalisé des chiffres d’affaires qui nous ont portés à la 5e place du marché des assurances au Cameroun. Aujourd’hui, notre ambition est encore plus forte et nous souhaitons aller vers le marché des entreprises afin de passer à un cran supérieur », a affirmé Driss Didi El Houari (Photo).

Et les dirigeants de la compagnie d’assurance comptent s’appuyer sur la gamme Solutions Corpo pour accroitre le chiffre d’affaires de WAVC et donc ses parts de marché afin d’atteindre cet objectif. D’après Driss Didi El Houari, Wafa assurance vie Cameroun a réalisé en 2022 un chiffre d’affaires de 6,2 milliards de FCFA et contrôle donc 7,15% des parts de ce marché grâce à la rubrique des assurances individuelles. Une rubrique qui représente 43% du chiffre d’affaires de l’assurance vie au Cameroun. « La part de marché de WAVC sur cette seule rubrique passe ainsi à 16,3% ».

« Avec le lancement des Solutions Corpo, WAVC aura à adresser les 57% restantes du marché, réalisé sur la rubrique des assurances collectives et qu’elle ne couvre pas aujourd’hui. Cela va nous permettre d’occuper notre part naturelle », assure Driss Didi El Houari. À l’en croire, le travail, qui a démarré avec le lancement de Solutions Corpo, « se poursuivra dans les 2 à 3 années à venir pour installer notre marque sur ce marché comme nous l’avions déjà fait sur le marché des assurances individuelles et plus spécialement sur la bancassurance ».

La gamme de solutions Corpo, sur lequel la compagnie compte pour accroitre ses parts de marché au Cameroun, présente trois solutions aux chefs d’entreprises. Il s’agit de l’indemnité de fin de carrière qui permet aux entreprises d’étaler leurs charges liées à la fin de carrière des salariés conformément aux lois en vigueur ; la prévoyance décès groupe qui permet aux chefs d’entreprises de protéger leurs employés et leurs familles en cas de difficultés financières ou d’imprévus et la retraite collective qui sert à la constitution d’un capital substantiel qui sera versé au départ à la retraite du bénéficiaire.

Selon les données de l’Association des sociétés d’Assurance du Cameroun (Asac), le marché de l’assurance vie au Cameroun a été contrôlé en 2022 par Allianz, suivie de Prudential Beneficial Life Insurance (Prubli) (2e), Activa (3e), Sunu (4e) et WAVC (5e), qui convoite désormais la 3e place.

Sandrine Gaingne

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Alors que l’Inde a interdit depuis le 21 juillet 2023 l’exportation de son riz blanc non basmati, un décret du gouvernement indien a autorisé, le 18 octobre dernier, l’envoi de 190 000 tonnes de cette catégorie de la céréale vers le Cameroun. Amir Chand Jagdish Kumar Export Ltd, une société indienne spécialisée dans la production, la transformation et la commercialisation du riz indien, se propose de faciliter l’acheminement de cette cargaison que « le Cameroun se prépare à accueillir », selon le ministre du Commerce (Mincommerce), Luc Magloire Mbarga Atangana.

Shivam Malik, le responsable Afrique de cette société indienne, a rencontré le patron du Commerce le 5 décembre dernier à l’effet de lui soumettre cette offre. La société, apprend-on, propose de mettre en place « les meilleures solutions logistiques pour garantir une livraison rapide et efficiente » de ce riz au Cameroun. Amir Chand Jagdish Kumar Export Ltd, selon le ministère, dispose de succursales qui se chargent de faciliter les formalités de transport des marchandises à des « tarifs compétitifs ». Mais le montant de cette offre n’a pas été dévoilée, encore moins la date prévue d’arrivée de cette cargaison dans le pays.

Tout simplement a-t-on appris que les deux parties ont convenu de développer un partenariat facilitant l’importation de riz, une céréale qui est, avec le poisson congelé, les principaux produits alimentaires importés au Cameroun. De sources officielles, cette livraison de 190 000 tonnes de riz blanc non basmati équivaut « à près de quatre mois de consommation locale » et devrait « garantir la couverture du marché » et éviter toute crainte de pénurie pendant les fêtes de fin d’année.

L’Inde, qui réalise à elle seule plus de 40% des exportations mondiales de riz, a interdit les exportations de son riz blanc non basmati et de son riz brisé pour « garantir » un approvisionnement « adéquat » pour les consommateurs indiens et « atténuer la hausse des prix sur le marché intérieur », déclarait alors le ministère indien de la Consommation et de l’Alimentation. Ce pays asiatique a toutefois accordé une dérogation à 7 pays (Cameroun, Guinée, Côte d’Ivoire, Seychelles, Philippines, Népal et Malaisie) en autorisant les exportations vers ces États pour un volume total de plus d’un million de tonnes de riz blanc non basmati.

Tous les pays africains qui bénéficient de cette mesure indienne, à l’exception des Seychelles, font partie du top 10 des principaux importateurs de riz indien sur le continent, indique l’Agence Ecofin. Selon les données de la plateforme TradeMap, le Cameroun a importé 529 000 tonnes de riz indien en 2022 pour 175 millions de dollars (plus de 106 milliards FCFA à la valeur actuelle du dollar).

Patricia Ngo Ngouem

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Grâce à différentes mesures gouvernementales permettant le développement de la filière lait, la production au Cameroun a augmenté de 5% au 31 août 2023 par rapport à la période en 2022. La production laitière est ainsi passée de 105 190 tonnes à 110 374 tonnes ente 2022 et 2023 sur les périodes sus-revues, selon les chiffres révélés par le ministre de l’Élevage, des Pêches et des Industries animales (Minepia), Dr Taïga, en novembre dernier devant la Commission des finances et du budget de l’Assemblée nationale.

Mais en dépit de cette évolution, le pays continue d’enregistrer un déficit moyen de production de près de 120 000 tonnes de lait chaque année. Ce déséquilibre entre l’offre et la demande est compensé par des importations de produits laitiers qui coûtent près de 20 milliards de FCFA par an à l’État camerounais.

Afin de réduire cette enveloppe, le Cameroun a acquis, entre 2020 et 2023, 495 vaches laitières en provenance de France. Il s’agit des génisses gestantes de race montbéliarde dont la production laitière est estimée à 40 litres de lait par jour, et qui sont présentées comme une race très prisée en Afrique subsaharienne en raison de la qualité de leur lait et de leur adaptation aux conditions climatiques difficiles, notamment la chaleur. Cette acquisition s’est faite dans le cadre du Projet de développement de l’élevage (Prodel), financé par la Banque mondiale. Le gouvernement fonde beaucoup d’espoir sur ces vaches pour booster la production locale de lait.

P.N.N

Eneo a annoncé, le 5 décembre 2023, le lancement sur tout le territoire national de la campagne de mise à jour de 350 000 compteurs prépayés sur les 650 000 installés au Cameroun. Il s’agit de passer du standard STS édition 1 au standard STS édition 2. D’après l’électricien, cette mise à jour, qui concerne tous les compteurs de ce type dans le monde, devra s’effectuer avant le 24 novembre 2024. À cette date, les compteurs du standard STS édition 1 ne pourront plus fonctionner parce que « l’identifiant de chaque code de recharge d’électricité à 20 chiffres que les clients reçoivent lorsqu’ils font un achat de crédit d’électricité, est obsolète ».

Les utilisateurs de compteurs prépayés sont donc appelés à mettre à jour leur compteur en les arrimant au nouveau standard STS 2. C’est cette opération qui va permettre aux compteurs concernés de continuer de fonctionner et d’accepter des recharges de crédit d’électricité pour alimenter leurs installations. « Si cette mise à jour au standard STS édition 2 n’est pas effectuée avant le 24 novembre 2024, tous les compteurs à prépaiement au standard dit STS édition 1 ne pourront plus accepter les codes de recharge, donc ne pourront plus fournir de l’électricité », prévient l’électricien.

Pour vérifier l’éligibilité d’un compteur à la mise à jour, Eneo recommande de composer le 873 sur l’interface de recharge pour vérifier la version ou l’édition STS. Si le message 2, 02 ou 2-02 s’affiche, il faut arrêter l’opération, car ce compteur est déjà en STS édition 2. Si le message 01 (HEXING monophasé) ou 01 et puis 02 (HEXING triphasé) ou 01-02 pour INHEMETER s’affiche, il faut procéder à la mise à jour, conseille Eneo.

L’électricien indique par ailleurs qu’il saisira individuellement par SMS ou WhatsApp les clients concernés pour leur fournir les codes à insérer pour effectuer la mise à jour de leurs compteurs. Il s’agit de répondre à un enjeu de sécurité et continuité du service, indique Eneo, qui précise que la fiabilité des compteurs et la tarification ne seront en aucun cas affectées par cette mise à jour.

FN

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Convoqués pour le 1er décembre 2023, le conseil d’administration et l’assemblée générale de la société Geovic Cameroun (Geocam) n’ont pas eu lieu. Et pour cause, la Société nationale d’investissement (SNI), qui porte les parts des nationaux dans cette entreprise, détentrice depuis 20 ans du permis d’exploitation du gisement de nickel, cobalt et manganèse de Nkamouna, dans l’arrondissement de Lomié, région de l’Est, s’est opposée à la tenue de ces réunions en visioconférence.

« Après 10 ans d’interruption, il me semble important de tenir ces réunions à Yaoundé, au siège social. À cet égard, je vous informe que nous ne savons pas où se trouve la salle de conférence Google, dans quel pays ou planète, alors que les gisements de nickel/cobalt/manganèse, dont il est question dans le projet, se trouvent bien sur terre à Nkamouna, dans la région de l’Est au Cameroun », ironise Ambroise Ondoa Onana, le directeur général adjoint (DGA) de la SNI, dans une lettre adressée le 23 novembre 2023 à Serin Christopher, le président du Conseil d’administration de Geocam, en réponse à une convocation qui lui a été adressée le 13 novembre.

Et le DGA de la SNI de poursuivre : « suivant l’acte uniforme de l’Ohada, “en cas de participation d’administrateur (s) par visioconférence ou par d’autres moyens de télécommunication, le Conseil ne peut valablement délibérer que si au moins un tiers des administrateurs est physiquement présent”. (…) Constatant le retard dans la tenue des assemblées générales ordinaires, celles-ci doivent être obligatoirement autorisées par le président du tribunal de grande instance de Yaoundé, qui aura du mal à fixer leur tenue dans la salle de conférence de Google située nulle part. Après plus de 10 ans d’interruption, les mandats des différents administrateurs sont probablement caducs, y compris celui du président du Conseil. Les réunions proposées doivent donc prendre le temps de régulariser toutes ces situations. Les sujets à aborder sont si vastes qu’ils ne sauraient tous être abordés dans le laps de temps d’une connexion internet essentiellement instable. Monsieur le président, je pense que le projet Geocam est un projet suffisamment sérieux, qui a déjà nécessité un financement de plus de 100 millions de dollars (plus de 60 milliards de FCFA au cours actuel du dollar, NDLR), pour mériter que ses actionnaires lui consacrent un peu plus de temps pour régulariser une situation pour le moins difficile à démêler, comme cela a été fait dans les années 2006 à 2008 ».

« La complexité de la structure de Geovic » 

À la fois le contenu et le ton de la correspondance susmentionnée révèlent la qualité des rapports entre la SNI et la société Geovic, qui a déserté le projet de Nkamouna depuis 2013 (il y a donc 10 ans), après avoir échoué à céder ses actifs au Chinois JXTC. En effet, échaudée par les promesses non tenues par la junior minière américano-canadienne, qui continue d’entretenir l’espoir de l’exploitation du gisement de nickel, cobalt et manganèse de Nkamouna, projet toujours en berne depuis l’attribution du permis d’exploitation en 2003 (le tout premier dans la mine solide au Cameroun, NDLR), la SNI n’est toujours pas rassurée, malgré l’arrivée de Phoenix Mining dans le projet, apprend-on de bonnes sources. En effet, en 2022, Geovic a fini par céder ses actifs sur ce projet à Phoenix Mining, une autre junior-minière détentrice d’une licence dans la mine artisanale au Ghana, au moment de la transaction. 

Sauf qu’après avoir annoncé le rachat des actifs de Geovic sur le projet Nkamouna, Phoenix Mining se présente désormais comme simple « partenaire technique et financier ». C’est d’ailleurs sous ce titre que l’entreprise est présentée par le ministère des Mines dans la fiche de présentation du projet Nkamouna, qui indexe clairement « la complexité de la structure de Geovic », sa « faible capacité financière » ou encore « la cohabitation tumultueuse entre les actionnaires » de cette entreprise (Geovic et la SNI) parmi les difficultés qui bloquent le démarrage de ce projet minier.

« Les deux partenaires, la SNI et Geovic, semblent incapables d’apporter leur quote-part de financements en fonds propres, estimée à 40,2% du coût du projet qui est de 401 milliards de FCFA. Il a été envisagé l’apport de la quote-part de financement en fonds propres de la SNI par l’État camerounais, à travers un emprunt obligataire. Toutefois, laisser peser une telle pression sur le modeste budget du Cameroun par un projet minier, où le risque est élevé par essence, ne semble pas opportun. Le recrutement d’un partenaire stratégique susceptible de permettre la réalisation effective du projet est nécessaire », peut-on lire dans la même fiche de présentation.

Brice R. Mbodiam  

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Dans le cadre du Projet de développement des chaines de valeur de l’élevage et de la pisciculture (PDCVEP), le gouvernement camerounais envisage de construire trois centres de production de semences à Jakiri dans la région du Nord-Ouest, au Faro dans la région du Nord et à Ndokayo dans la région de l’Est.

À cet effet, un appel à manifestation d’intérêt vient d’être lancé par l’unité de coordination du PDCVEP dans le but de recruter un consultant chargé du contrôle et de la supervision des travaux de construction desdits centres de production. Les consultants intéressés ont jusqu’au 27 décembre 2023 pour le dépôt de leur candidature.

Selon une source au ministère en charge de l’Élevage, ces centres sont spécialisés dans la production des semences animales, notamment bovines. Ces centres devront à cet effet, apprend-on, produire des embryons bovins et réaliser des inséminations artificielles entre autres. Ce qui devrait permettre d’accroitre la production de viande au Cameroun.

Selon le ministère de l’Élevage, 197 680 tonnes de viande ont été produites au Cameroun entre janvier et août 2023, soit une hausse de 7% par rapport à la même période un an plus tôt. Dans cette quantité, la production de la viande bovine est évaluée à 80 791 tonnes au contre 42 369 tonnes pour la volaille, 31 755 tonnes pour la viande porcine et 24 936 tonnes pour la viande caprine.

Le projet de construction des trois centres va être financé grâce à un prêt de la Banque africaine de développement (BAD) dans le cadre du PDCVEP. Ce dernier vise l’accroissement compétitif et hygiénique des produits bovins, porcins et piscicoles et l’amélioration des revenus des acteurs ainsi que la création de nouveaux emplois dans les trois chaines de valeur. Le projet s’articule autour de trois composantes : le développement des infrastructures nécessaires à la mise à niveau des filières, le renforcement des capacités des acteurs des trois filières et la coordination et gestion du projet.

SG

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Bientôt dans la zone Cemac (Cameroun, Gabon, Guinée équatoriale, Congo, Centrafrique et Tchad), les transferts de fonds et les paiements marchands via le mobile money à un bénéficiaire erroné pourront être restitués au client donneur d’ordre. Effet, la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), dans une lettre circulaire signée le 24 novembre 2023, donne jusqu’au 31 mars 2024 aux prestataires de services de paiement instantané par téléphonie mobile, pour implémenter une solution ou une procédure de demande de restitution des transferts de fonds envoyés par erreur au mauvais destinataire. 

La Beac précise que la demande de restitution doit être introduite par le client donneur d’ordre dans les cinq minutes après débit de son compte et notification de l’exécution de son ordre. Cette demande de restitution peut également être introduite au-delà de ces cinq minutes. Mais, dans ce cas, les fonds du bénéficiaire pourraient être gelés, à moins que le solde du compte de celui-ci soit supérieur ou égal à la somme querellée.

Cette requête du client donneur d’ordre est par la suite communiquée au prestataire des services de paiement. « À la réception de la demande de restitution, le prestataire de service de paiement teneur de compte du bénéficiaire erroné doit, d’une part, automatiquement geler, immobiliser et rendre indisponible les fonds querellés et d’autre part, informer son client bénéficiaire de cette demande de restitution et du gel immédiat des fonds », indique la circulaire de la Beac. Cependant, le bénéficiaire des fonds querellés a la possibilité de contester la demande du client donneur d’ordre. Et dans ce cas, ce dernier doit engager des actions judiciaires pour obtenir la restitution des fonds querellés qui durant la procédure vont rester gelés.

Cette mesure est une innovation dans les transferts des fonds via le mobile money dans la zone Cemac. Car, jusqu’à présent, les opérateurs fournissant des services paiement par téléphonie mobile ne prévoyaient pas de service de restitution des fonds en cas d’erreur sur le destinataire ou sur son numéro lors de la transaction. Dès lors, les clients étaient obligés de contacter les bénéficiaires pour espérer récupérer le montant ou une partie du montant transféré.

« C’est vraiment une bonne chose, car, plusieurs fois, des clients ont transféré des sous aux mauvais destinataires et n’ont pas pu être remboursés. Car, ces personnes étaient pour la plupart de mauvaise foi », regrette Béatrice Mandeh, tenancière d’un call box à Douala. Les utilisateurs du mobile money attendent donc l’implémentation de cette mesure par les opérateurs de téléphonie mobile notamment.

SG

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Une assemblée générale constitutive (AG) de l’entité née de la fusion entre le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) et Entreprises du Cameroun (Ecam) est prévue le 14 décembre 2023 au siège du Gicam. Le président du Gicam, Célestin Tawamba, a formellement convié les membres de cet organisation patronale à cette AG. Selon le chronogramme, l’AG élective de la nouvelle entité patronale devrait intervenir au plus tard en mars et mettra fin au processus de fusion. Tête de proue d’une frange du Gicam opposée depuis le début à cette initiative, Emmanuel Wafo, directeur général de Mit Chimie, va-t-il prendre part à cette AG constitutive ? Va-t-il adhérer à cette nouvelle organisation patronale ou a-t-il un autre projet en tête ? Le président de la Commission de l’économie et développement de l’entreprise au Gicam répond à ces questions et à bien d’autres dans cette interview exclusive.

Investir au Cameroun : Le président du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam), Célestin Tawamba, convie les membres du Gicam à l’assemblée générale (AG) constitutive de l’entité née de la fusion entre le Gicam et Ecam, prévue le 14 décembre 2023. Allez-vous prendre part à cette réunion ? Sinon pourquoi ?

Emmanuel Wafo : Nous vous remercions pour votre démarche qui nous donne l’opportunité de nous exprimer à nouveau sur cette affaire. Nous avons effectivement appris qu’une AG constitutive a été convoquée, il ne s’agit évidemment pas du Gicam. Les membres du Gicam qui partagent notre vision, notre méthode et notre engagement sont conscients des enjeux et des manœuvres en cours visant à tromper leur vigilance. Nous restons sereins, et appelons les uns et les autres à la responsabilité et au respect des textes de notre organisation, afin de préserver notre patrimoine historique.

IC : Vous avez promis de vous résoudre au choix de la majorité des membres du Gicam à l’issue de l’assemblée générale du 11 juillet 2023. Et au cours de cette AG, le projet de fusion entre le Gicam et Ecam a été adopté à 73,7%. Pourquoi continuez-vous donc à vous opposer à la volonté de la majorité des membres du Gicam ?

EW : Nous tenons à dire merci à tous les membres du Gicam qui nous ont soutenus dans cette démarche, jusqu’au jour du vote. Oui, nous avons promis de respecter l’expression de la volonté de la majorité, nous y tenons toujours. Il va de soi que la majorité, c’est-à-dire 75% des voix, permettant le passage en force souhaité par l’exécutif actuel du Gicam, n’est pas atteinte. Nous réitérons donc, à l’attention de monsieur le président actuel du Gicam, l’appel au respect des textes qui lui avait été lancé par le Comité des sages depuis le 19 juillet 2023. Nous devons donc apprendre à dépasser nos égos au profit de l’intérêt général. Car, le non-respect des textes ou des statuts est une mauvaise habitude de certains citoyens de mon pays.

IC : N’y a-t-il pas aussi quelque chose de personnel dans votre obsession ? On sait que vous ambitionnez de diriger le Gicam. Et en remettant en scène Célestin Tawamba, la fusion ne fait pas vos affaires. N’est-ce pas cela qui vous motive en réalité ?

EW : Il importe de relever que dans la vie de tout homme l’ambition est légitime. Et le temps que nous avons passé au sein de cette organisation nous autorise à envisager toutes les possibilités sur cette question. Cependant, à titre personnel, monsieur Wafo Emmanuel n’a aucune obsession. Comme le montre notre parcours pour lequel nous n’avons rien à cacher : ce que je suis, je l’ai bâti jour après jour, pierre sur pierre. Notre combat est celui de la promotion d’un certain nombre de valeurs : l’éthique, le respect de la parole donnée, le respect de la chose publique, le respect des ainées, etc.

IC : Le projet de statut qui devrait être soumis à l’adoption des membres lors de l’AG constitutive affirme qu’en décidant de voter pour la fusion, les membres du Gicam ont dissout sans liquidation cette organisation. Dans une correspondance datée du 19 juillet 2023, le président du Comité des sages a signifié au président du Gicam que la majorité de 73,7% n’était pas suffisante pour approuver pareille modification. Mais, le processus se poursuit. Même la sensibilisation menée auprès des autorités ne semble non plus l’arrêter. Que vous reste-t-il pour vous faire entendre dans ce dossier ?

EW : Ce projet de statuts que vous évoquez ne concerne ni le Gicam, ni ses membres. Nous observons comme vous que des démarches sont menées en dépit de toutes les alertes. Ce n’est pas la première fois. En effet, vous vous rappelez que les mêmes acteurs, suite à leur incapacité de monter une liste pour compétir légalement en 2008, à l’effet de prendre la tête du Gicam, avaient entrepris de créer un mouvement patronal. Vous savez très bien que cette montagne avait finalement accouché d’une souris. Le président actuel avait dû rebrousser chemin, et les portes de la maison Gicam ne lui avaient pas été fermées. La preuve est qu’il en est le président depuis deux mandats. En ce qui nous concerne, nous n’entendons pas les laisser conduire notre mouvement dans un trou sans rien faire. Nous continuons les discussions avec les membres pour les sensibiliser.

IC : Plusieurs procédures sont en cours devant les tribunaux de Douala visant à interrompre ce processus. Où en sont-elles ?

EW : Nous voulons préciser ici que les démarches judiciaires en cours ont été engagées avec pour seul et unique objectif de faire manifester la vérité. Nous n’y avons ni renoncé, ni désisté. Nous faisons confiance à la justice de notre pays, pour mettre fin à toutes ces violations des textes du Gicam. En prenant appui sur l’avis du Comité des sages, nous appelons les uns et les autres à conformer leur conduite et leurs actes à notre loi commune.

IC : La mise en place de la nouvelle organisation est prévue pour s’achever au plus tard en mars 2024, avec l’élection de ses dirigeants. Au rythme qu’évolue ces procédures, ne craignez-vous pas que les décisions de justice interviennent trop tard ?

EW : La justice a son temps, les décisions de justice n’arrivent jamais trop tard. Une nouvelle organisation qui bafoue les lois et les règlements ressemble à un immeuble qui se construit sur du sable mouvant. La Justice tranchera. 

IC : Vous vous êtes toujours dit favorable au regroupement du patronat. Et les promoteurs du projet de fusion expliquent qu’il n’y avait que la fusion-création pour garantir une meilleure représentativité des différentes catégories d’entreprises, mettre l’entreprise en avant et non plus la corporation des patrons, garantir une représentativité régionale au sein du conseil d’administration et élargir l’organisation à d’autres catégories socioprofessionnelles comme les groupes d’initiative commune. Est-ce que tout ceci n’est pas plus important que le label Gicam que vous tenez absolument à préserver ?

EW : Il va de soi que, comme toute organisation humaine, le Gicam est à parfaire continuellement. En revanche, le Gicam a construit sa crédibilité et son attractivité sur les valeurs de l’attachement indéfectible vis-à-vis des autorités publiques en place, le respect de ses membres et le respect des ainés. L’appartenance au Gicam n’a jamais exclu les différences professionnelles. Les tenants de la fusion essaient, depuis le début, de caricaturer et exacerber les différences de statut avec pour intention claire d’alimenter la délation et les conflits, au détriment du dialogue et la conciliation. D’ailleurs, nous avons la conviction profonde que le Gicam vivra, et que les soubresauts actuels seront dépassés.

IC : Si malgré tout, la nouvelle organisation patronale finit par voir le jour. Allez-vous y adhérer ou avez-vous un autre projet en tête ?

EW : Pour le moment, nous restons et demeurons membres du Gicam. Votre question trouvera réponse dans un futur proche. En attendant, nous poursuivons le combat de la défense du Gicam.

IC : Également opposé au projet de fusion actuel, l’avocat d’affaires Jacques Jonathan Nyemb, membre du conseil d’administration du Gicam, s’est lancé dans une vaste réflexion sur la « refondation du patronat ». Est-ce une dynamique à laquelle pourriez-vous vous associer ?  

EW : Maitre Jonathan Nyemb est un avocat brillant. Il est aussi une voix dissonante. C’est la preuve que le combat pour la défense du Gicam est mené de façon différente par d’autres membres du Gicam, avec leurs moyens et leur argumentaire. Ce n’est donc pas l’affaire du seul Wafo Emmanuel comme certains essaient de le laisser croire.

Interview menée par Aboudi Ottou

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Le Trésor public camerounais a effectué, le 4 décembre 2023, deux émissions de bons du Trésor assimilables (BTA) à 26 semaines et 52 semaines, pour tenter de mobiliser une enveloppe globale de financements d’un montant de 60 milliards de FCFA. C’est l’une des plus grosses opérations effectuées sur ce marché par le Cameroun, depuis le début de l’année 2023.

À travers les BTA à 26 semaines, le gouvernement camerounais entendait lever une enveloppe de 45 milliards de FCFA, 15 milliards de FCFA grâce aux BTA à 52 semaines de maturité. Les résultats de ces deux opérations, dont le dénouement était prévu le 6 décembre 2023, n’ont pas encore été rendus publics.

Mais, rien ne garantit le succès de cette opération, au regard des conditions du marché de plus en plus difficiles. En raison du renchérissement du coût des ressources sur le marché des capitaux, du fait de la politique monétaire austère mise en place par la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), pour lutter contre l’inflation dans la zone Cemac.

BRM

Le 19 décembre 2023 aura lieu l’assemblée générale constitutive de la toute première interprofession de la filière palmier à huile au Cameroun, baptisée Interpalm-Cam. L’information a été révélée le 5 décembre 2023 à Yaoundé, au cours d’une journée d’information et de sensibilisation des acteurs sur ce projet initié par trois organisations professionnelles de la filière. Il s’agit de l’Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun (Asroc), l’Union des exploitants du palmier à huile du Cameroun (Unexpalm) et le Syndicat national des producteurs d’huile de palme, en abrégé « Pop’s ».

Selon les initiateurs du projet, qui se disent ouverts à l’accueil de toutes les autres associations professionnelles de la filière, Interpalm-Cam ambitionne de mutualiser les efforts de tous les acteurs de la filière palmier à huile. Ceci dans la perspective, apprend-on, de « l’augmentation de la production camerounaise d’huile de palme et sa qualité », afin de « satisfaire la demande locale, arrêter les importations et contribuer au développement économique du Cameroun ».

Pour rappel, en raison d’une production d’huile de palme qui ne parvient pas à suivre le rythme à la fois croissant et accéléré des investissements dans le domaine de la transformation, le Cameroun fait de nos jours face à un déficit structurel de 160 000 tonnes d’or rouge chaque année. Pour satisfaire les besoins des industries de transformation tournant de surcroit à seulement 50% de leurs capacités réelles, selon les opérateurs, le gouvernement se voit obligé d’autoriser chaque année des importations au taux de droit de douane réduit de 5%.

Pour le compte de l’année 2023, par exemple, une cargaison record d’importation de 200 000 tonnes a été autorisée. Sur ce volume, souffle une source au sein de la filière, « 170 000 tonnes ont déjà été importées ». Avec pour corollaire, l’accentuation du déséquilibre de la balance commerciale du pays. Dans la filière palmier à huile, Interpalm-Cam se donne 5 ans pour inverser cette tendance, en mettant un terme aux importations d’huile de palme et ses dérivés.

BRM

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Face aux membres de la commission des finances et du budget de l’Assemblée nationale, le 2 décembre dernier, le ministre du Commerce (Mincommerce), Luc Magloire Mbarga Atanagana, a déclaré que son département ministériel allait poursuivre en 2024 la mise en place des vitrines d’exposition et de commercialisation des produits fabriqués localement, en vue d’améliorer la visibilité et l’accessibilité des produits « made in Cameroon ». À cet effet, il a annoncé la construction et l’aménagement, l’année prochaine, d’une vitrine « made in Cameroon » à Ebolowa, la capitale régionale du Sud.

Le Mincommerce affirme qu’une enveloppe de 65 206 000 FCFA sera affectée à ce projet, sur un budget prévisionnel de plus de 8,9 milliards de FCFA sollicité par son ministère pour l’exercice 2024. Cette initiative est l’une des nombreuses autres entreprises par l’État pour la promotion des produits du terroir encore trop éclipsés sur les étals des marchés et supermarchés par les produits importés, dans un contexte où le gouvernement cherche à implémenter sa politique d’import-substitution. Ceci dans le but de rééquilibrer la balance commerciale du Cameroun qui est déficitaire à cause de sa dépendance croissante aux importations des produits de grande consommation et de l’exportation des produits primaires.

En 2023, le Mincommerce a notamment accompagné 13 promoteurs des produits locaux à l’intégration de leurs produits au sein des grandes surfaces et à l’exposition de ces produits dans les vitrines « made in Cameroon », où « plus de 2 000 références issues de la transformation locale de nos produits sont actuellement exposées et vendues au quotidien », soutient le patron du commerce.

Patricia Ngo Ngouem

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Le chef de l’État camerounais, Paul Biya, ne souhaite pas voir l’entreprise publique Cameroon Telecommunications (Camtel), l’opérateur historique des télécoms au Cameroun, passer sous le contrôle du secteur privé. C’est du moins ce que révèle une lettre adressée le 4 décembre 2023 au ministre des Finances (Minfi) par le secrétaire général de la présidence de la République (SGPR). « (…) J’ai l’honneur de vous faire connaître que monsieur le président de la République vous prescrit de surseoir à tout schéma de réhabilitation visant la privatisation de la société Camtel ou de tout segment de son activité », écrit Ferdinand Ngoh Ngoh à Louis Paul Motazé, par ailleurs président du Comité interministériel de la mission de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic.

Le courrier du SGPR, porteur de l’instruction présidentielle, intervient après le passage, le 15 novembre 2023, du ministre Motazé devant la commission des finances et du budget de l’Assemblée nationale, pour la défense de la loi de règlement de l’État de l’exercice budgétaire 2022. En effet, interrogé ce jour-là par les membres de la commission sur les performances peu reluisantes de Camtel, dans un secteur des télécoms où d’autres opérateurs affichent des performances enviables, le ministre des Finances a révélé que le gouvernement se prépare à faire éclater en trois entités le mastodonte public des télécoms, qui deviendra alors une holding.

« Évoquant le faible niveau de compétitivité de Camtel, au regard du dynamisme observé dans le secteur des télécommunications, le ministre des Finances a reconnu que le rendement de cette société n’est pas à la hauteur des attentes. C’est la raison pour laquelle un comité interministériel a siégé à l’effet d’examiner les contours de la restructuration de cette entreprise. La réflexion est en cours au sein du gouvernement pour relever ses performances. En perspective, il est envisagé que cette entreprise soit transformée en holding composée de trois entités », peut-on lire dans le rapport des travaux de la Commission des finances et du budget de l’Assemblée nationale, relatifs à la défense de la loi de règlement 2022 par le ministre des Finances.

4 000 employés et 600 milliards de FCFA de dettes

Comme on peut le constater dans l’extrait du rapport ci-dessus, le ministre Motazé n’a pas explicitement évoqué l’hypothèse de la privatisation de tout ou partie de Camtel devant les députés. De plus, soutient une source proche du dossier sur la réhabilitation de Camtel, « il y a effectivement eu une réunion de niveau ministériel pour examiner la situation alarmante de Camtel. La ministre des Postes et Télécommunications (Minpostel), le ministre de l’Économie (Minepat) et la DG de Camtel étaient tous là autour du ministre des Finances (Minfi), ainsi que le représentant de la présidence de la République. Le mot privatisation n’a jamais été prononcé et ne fait aucunement partie des solutions proposées. Les propositions majeures consistent à renforcer l’autonomie des business unit (fixe, mobile, transport), le tout chapeauté par Camtel, puis alléger les effectifs (4 000 employés), ainsi que la lourde dette (600 milliards de FCFA) ». Du coup, on peut s’interroger sur l'origine de l'objet du message du président de la République..

Pour rappel, depuis l’année 2020, la société Camtel est détentrice de trois licences, notamment pour l’exploitation d’un réseau de transport des communications électroniques, des réseaux de communications fixes, puis des réseaux mobiles. Les spécificités de chacune de ces licences donnent une indication plus ou moins claire sur les trois entités (actuellement appelées business unit au sein de l’entreprise) dont a parlé le ministre des Finances à l’Assemblée nationale le 15 novembre 2023, en révélant le projet de transformation de Camtel en une holding à trois filiales.

Par définition, « une holding appelée également “société mère”, est une structure qui a pour activité principale la détention totale ou partielle de titres sociaux (actions ou parts sociales) dans une ou plusieurs autres sociétés, dites “sociétés filles” ou “filiales”. La filiale est une société dont le capital est détenu partiellement (50% minimum) ou totalement par une société dite holding. Le rôle de cette dernière est de diriger, contrôler et administrer ses filiales », renseigne la plateforme legalstart.fr.

La suggestion de la Banque mondiale

Sur la base de cette définition, deux constats se dégagent. D’abord, les actifs d’une holding, pour rester sur le cas de Camtel, peuvent être majoritairement ou totalement détenus par l’État ou ses entités, ce qui permet à l’entreprise de rester dans le giron du public. Il en est de même des actifs des filiales. Ensuite, ces actifs, aussi bien dans la holding que dans les filiales, peuvent être majoritairement ou totalement détenus par des opérateurs privés, ce qui correspondrait à la privatisation de la société dans le cas d’espèce.

Cette dernière option à laquelle s’oppose le chef de l’État, selon la correspondance du SGPR, et qui ne ferait pas partie des solutions envisagées par le comité interministériel chargé de la réhabilitation des entreprises publiques, est, de bonnes sources, celle qui apparaît plus rassurante pour de nombreux opérateurs du secteur des télécoms au Cameroun. En effet, ces derniers n’hésitent pas à dire de Camtel qu’il est ce grossiste (gestion exclusive des infrastructures louées par les autres acteurs) qui fait encore lui-même concurrence aux détaillants (opérateurs de téléphonie mobile ou de services à valeurs ajoutées, fournisseurs d’accès à internet…). Dans un rapport publié en 2017 et intitulé « Cameroon Economic Memorandum », la Banque mondiale adopte la même posture, en suggérant au gouvernement de mettre un terme au monopole des entreprises comme Camtel (mainmise sur les infrastructures télécoms tout en étant fournisseur de services) et Bolloré (contrôle du fret ferroviaire et des services portuaires) « dans les secteurs produisant des intrants essentiels pour d’autres activités ».

Au cours d’un atelier organisé le 2 mars 2017 dans la capitale camerounaise, sur « la détermination des réformes à entreprendre en vue de l’amélioration de la compétitivité du secteur des TIC au Cameroun », cette institution de Bretton Woods avait déjà soutenu que la toute-puissance de Camtel dans le secteur des télécoms et TIC est porteuse de déséquilibre sur le marché camerounais. Elle avait alors conseillé au gouvernement la transformation de cette entreprise publique en une holding à deux entités : une filiale contrôlée par l’État, qui s’occuperait des infrastructures et du réseau de téléphonie fixe ; et une filiale dédiée au mobile et à la commercialisation de la fibre optique à domicile, qui serait, elle, ouverte à des investisseurs privés. 

Brice R. Mbodiam   

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