(Investir au Cameroun) - Le projet d’extension du gazoduc de la société Rodeo Developement, filiale camerounaise de la firme britannique Victoria Oil and Gas (VOG), de Bassa à la zone industrielle de Bonabéri à Douala, ne semble pas faire l’unanimité dans la capitale économique camerounaise. Alors que les opérateurs économiques se réjouissent de l’opportunité qu’offre ce gazoduc, qui devrait permettre aux entreprises de bénéficier des bienfaits de l’utilisation du gaz naturel comme source d’énergie, dans un contexte marqué par un déficit énergétique criard, les environnementalistes et certaines populations, eux, redoutent déjà les conséquences socio-environnementales de ce projet.
En effet, dans une «lettre ouverte» adressée aux parlementaires camerounais, qui s’apprêtent à tenir la 2ème session de l’année au mois de juin prochain, «un collectif» constitué d’économiste, d’écologiste, de juriste et de consultant, dénonce ce qu’il appelle «un deni de la loi sur la gestion de l’environnement». Selon les rédacteurs, la réglementation en matière de gestion de l’environnement dans la mise en œuvre de projets industriels a été bafouée dans le projet de construction du gazoduc Bassa-Bonabéri, conduit par Rodeo Development.
Par exemple, écrivent les contestataires, seulement 17 personnes ont pris part aux consultations populaires à Bassa et à Bonabéri, lesquelles consultations ont été d’ailleurs convoquées 48 heures avant leur organisation, au lieu des 30 jours prescrits par la réglementation en vigueur. De plus, apprend-on, le rapport final de ces consultations occulte «l’opposition du peu de personnes présentes au projet», ainsi que «les déclarations en ce sens des chefs Bassa et Bakoko», les deux communautés vivants sur le site du projet.
Mais au-delà du non respect des dispositions réglementaires en matière de gestion de l’environnement, le Collectif indique aux parlementaires que «le tracé du gazoduc (incriminé) est tout simplement hallucinant : il coupe la ville en deux, passe près des cuves de la Société camerounaise des dépôts pétroliers (SCDP), sous des stations services et autres unités industrielles, longe des établissements scolaires et le chemin de fer, encercle les lieux de rassemblement du public… ». Alors que, partout ailleurs dans le monde, souligne le Collectif, ce type d’infrastructure n’est plus construit à proximité des zones d’habitation, à cause du danger qu’elle représente.
Aussi, le Collectif craint-il que la construction de ce qu’il appelle «engin de la mort» dans la ville de Douala, «sème destruction et désolation», ce d’autant que, apprend-on, «neuf explosions meurtrières de gazoduc ont eu lieu en quatre mois, depuis l’inauguration de l’usine» de traitement de gaz naturel de Logbaba-Ndog-Passi, exploité par la société Rodeo Development. Fort de qui précède, le Collectif requiert l’intervention du parlement camerounais, afin qu’il «empêche la poursuite de la construction et la mise en service de ce gazoduc, qui devrait traverser la ville de Douala sur 17 Km, du Nord-Est au Sud-Est, en passant par le centre-ville».
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