(Investir au Cameroun) - L’euphorie qui a entouré l’affectation de 30% du budget de l’Etat du Cameroun à l’investissement public (BIP) en 2014, s’est un peu estompée avec la publication, en fin de semaine dernière, du bilan de l’exécution du BIP par le ministère de l’Economie. En effet, il en ressort qu’au 30 septembre 2014, seulement 36% du BIP camerounais a été exécuté.
Ce qui révèle, une fois de plus, la sous-consommation de ces financements, pourtant destinés à booster l’investissement public, et de ce fait doter les populations de certaines infrastructures de base dont le pays manque cruellement. Au plan régional, seules les régions du Nord (50,2%) et de l’Ouest (62,2) affichent des taux de réalisation atteignant 50%. Avec 19%, la région du Centre est la moins performante en matière de consommation du BIP.
A l’origine de cette sempiternelle sous-consommation du BIP au Cameroun, plusieurs arguments sont avancés. Il y a d’abord, soutient une certaine opinion, la frilosité des gestionnaires de crédits, qui sont de plus en plus prudents dans les engagements sur les fonds publics, de peur d’être happés par les serres de l’opération Epervier, du nom de cette opération lancée depuis quelques années et visant à traquer les gestionnaires indélicats de la fortune publique.
Ensuite, apprend-on, il y a le fait que les entreprises présentent des offres qui bémolisent les coûts des marchés, dans l’optique d’en être les moins disant et par conséquent les adjudicataires finaux. Le stratagème dans ce cas consiste à gagner le marché, puis à demander des rallonges budgétaires en cours du projet, lesquelles rallonges ne sont pas souvent acquises, situation conduisant généralement à l’abandon des chantiers.
Enfin, les experts évoquent comme obstacle à la consommation du BIP, les lenteurs administratives observées dans la passation des marchés publics, lesquelles lenteurs se sont décuplées depuis la création d’un ministère des Marchés publics, qui concentre l’essentiel des passations des marchés de l’ensemble du pays. Par ailleurs, les difficultés de trésorerie des entreprises, généralement occasionnées par le payement tardif des prestations réalisées pour le compte de l’Etat, sont également mises à l’index.
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