(Investir au Cameroun) - Après le palais présidentiel, c’est au siège de la Confindustria, la confédération des industries italiennes, que la délégation camerounaise, présidée par le chef de l’Etat, s’est rendue. En vue, établir de nouveaux partenariats entre les opérateurs privés des deux pays. Mission réussie ?

Très ponctuel, le président Paul Biya, s’est installé autour de la table ronde qui réunissait des membres stratégiques de la Confindustria, la confédération des industries italiennes. Face à eux, une délégation camerounaise composée notamment des ministres de l'économie, des travaux publics, de l'enseignement supérieur, ainsi que des membres du patronat camerounais le Gicam. Une rencontre en petit comité plus qu’un forum économique organisé dans le cadre de la visite présidentielle du chef de l’Etat camerounais à Rome le 22 mars à Rome. Ainsi, après un échange avec son homologue italien, Sergio Mattarella, des rencontres avec des acteurs publiques locaux, c’est au secteur privé italien que Paul Biya s’est adressé. La coopération économique devant scellée le partenariat italo-camerounais, lequel répond à une convergence d’intérêts.

Selon la stratégie adoptée par Rome, il s’agit de limiter la pression migratoire par une plus grande coopération économique. Or, Yaoundé, en plein chantier dans le cadre de sa feuille de route Vison 2035 qui doit mener le pays à l’émergence a besoin de nouer de nouveaux partenariats. Tant sur le plan technique que financier.

« Nous vous invitons à venir. Ensemble nous bâtirons un partenariat fort et efficace. »

« Je pensais vous présenter notre pays le Cameroun, mais manifestement vous le connaissez très bien » déclarera Paul Biya. Autour de la table, en effet, des représentants de sociétés italiennes déjà présentes au Cameroun_Piccini constructeur du stade de Yaoundé qui doit notamment accueillir la Can 2019 ; Iveco, sur le transport urbain de la capitale camerounaise ; Pizzarotti pour la construction des 10 000 premiers logements sociaux. « Nous ne pouvions pas repartir sans visiter le grand patronat italien. L'Italie est un grand pays industriel, connu pour ses performances,  pas seulement pour ses Ferrari, et nous sommes fiers d'en être les partenaires. Nous vous invitons à venir, ensemble nous bâtirons un partenariat fort et efficace. »

« L'Italie a la particularité d'avoir une économie qui repose essentiellement sur un tissus de Pme et PMI. Et cela, c’est très intéressant pour nous. »

Dans le cadre de la diversification de son économie, le Cameroun a une priorité : la transformation locale. Ce qui nécessite de renforcer le tissu industriel camerounais. Un domaine où l’expertise italienne est attendue. « Même si l’économie camerounaise est diversifiée, ce qui a fait sa résilience face aux chocs exogènes rencontrés, nous avons besoin de la renforcer davantage, explique Louis Paul Motaze, Ministre de l'Economie, de la Planification et de l'aménagement du territoire du Cameroun. L’objectif aujourd’hui, plutôt que d'exporter exclusivement nos matières premières, il s'agit d'en transformer localement une bonne partie. » L’approche privilégiée : des partenariats entre les opérateurs économiques des deux pays, les PME notamment. « L'Italie a la particularité d'avoir une économie qui repose essentiellement sur un tissus de Pme et PMI. Et cela c’est très intéressant pour nous. Car quand vous étudiez la cartographie des entreprises camerounaises, vous allez vous rendre compte que 80 à 90 % est composée de Pme. Et nous pensons qu’une économie comme la nôtre, qui est également basée sur les Pme, trouverait de nombreux avantages à travailler avec les Italiens. »

Des propositions financières

Encore faut-il que ces PME aient un accès à des financements en mesure de les accompagner sur des projets d’investissement en Afrique. Là encore, l’offre italienne s’avère pertinente. A l’instar des Chinois, les Italiens, à travers trois agences, l'Agence italienne du commerce extérieur; la Sace, l’agence de crédit à l’exportation ; ainsi que Simest, société financière dédiée à l'internationalisation des entreprises italiennes ; propose une solution complète. « Des propositions financières sont faites, il s'agit de les étudier. Même si pour nous, l’objectif maintenant et de favoriser les financements concessionnels. De sorte que les financements ne soient pas trop lourds », nuance le ministre. »

Ceci étant dit, à l’issue des échanges, des discussions pour des projets dans l’agro-business, les infrastructures ou encore l’énergie ont été menées. « Nous ne pouvons pas imposer aux opérateurs économiques des délais, poursuit Paul Louis Motaze. Nous, nous ne sommes qu’un facilitateur. » A ce titre, une mission de suivi, avec la participation de la Confindustria, est prévue à Yaoundé dans les mois prochains. Entre temps, les négociations doivent se poursuivre.

Lilia Ayari, en direct de Rome