(Investir au Cameroun) - La ministre camerounaise des Postes et Télécoms, Minette Libom Li Likeng, et le Directeur général d’Eneo, Joël Nana Kontchou, ont paraphé le 20 septembre 2016 à Yaoundé, la capitale du pays, un protocole d’accord portant rétrocession à l’Etat du Cameroun d’un réseau de plus de 700 Km de fibre optique construit par le concessionnaire du service public de l’électricité.
Officiellement, cet investissement d’un montant total d’environ 17 milliards de francs Cfa, apprend-on, a été rétrocédé sans contrepartie financière. «Ce protocole nous permet d’augmenter notre capacité nationale du large bande», s’est réjouie la Ministre Libom Li Likeng, qui n’a pas évoqué le sort réservé à l’amende infligée en son temps à la société d’électricité par le régulateur des télécoms, du fait du déploiement de ce réseau de fibre optique.
En effet, l’on se souvient que le déploiement de ce réseau par Aes Sonel (devenu Eneo après son rachat par le fonds britannique Actis) avait valu au concessionnaire du service public de l’électricité une amende de 500 millions de francs Cfa. Dans la décision prise par l’Agence de régulation des Télécoms (ART) le 18 décembre 2013, le régulateur accusait la société d’électricité d’«exploitation d’un réseau privé indépendant sans autorisation».
En clair, selon l’ART, cette entreprise de production et de distribution de l’électricité avait foulé au pied la loi camerounaise régissant le secteur des télécoms, qui octroie jusqu’ici le monopole du déploiement de la fibre optique en interurbain à l’opérateur historique des télécoms, Camtel.
Derrière la mise en place de ce réseau de fibre optique, des experts du ministre des Postes et Télécoms du Cameroun avaient même vu une ambition de la société d’électricité, de se lancer sur le marché de la fourniture de l’Internet.
«Nous voulions offrir de l’Internet par fil et nous étions au stade des négociations. Chaque fois qu’il y a eu achoppement sur les négociations, l’ART nous a menacés de sanctions. On voulait apporter au Cameroun la technologie du Courant porteur en ligne (technologie visant à faire passer de l'information à bas débit ou à haut débit sur les lignes électriques en utilisant des techniques de modulation avancées. Encore appelée CPL, ndlr) », avait confirmé un cadre de la défunte Aes Sonel.
Brice R. Mbodiam
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