(Investir au Cameroun) - La plateforme syndicale des professionnels du transport routier estime à 175 milliards de francs Cfa, le chiffre d’affaires annuel réalisé par les opérateurs du transport par camions au Cameroun. Cependant, soutient cette organisation, 45% de ce chiffre d’affaires, soit 75,6 milliards de francs Cfa, échappe aux professionnels de cette activité régie par la loi du 21 juillet 2001.
En effet, dénoncent les responsables de la plateforme syndicale qui ont donné une conférence de presse le 24 juillet 2017 à Yaoundé, cette activité a été infiltrée par des opérateurs «clandestins», qui ont institué une pratique appelée «transport pour compte propre» ; laquelle crée une sorte de «concurrence» déloyale vis à vis des véritables professionnels du transport, apprend-on.
Il s’agit de grandes unités industrielles, de grands commerçants ou encore de marqueteurs, qui distribuent eux-mêmes leurs produits sur l’ensemble du territoire national, grâce à leur propre flotte de camions, mais qui ne sont pas reconnus par la loi du 21 juillet 2001 régissant les professions de transporteur routier et d’auxiliaires des transports routiers.
«Dans ce pays, même le moto-taximan paye l’impôt libératoire. L’investissement pour acquérir une moto pour le transport est d’environ 450 000 francs Cfa. Comment un opérateur qui exploite un camion semi-remorque, pour lequel il faut investir entre 120 et 140 millions de francs Cfa, peut-il effectuer le transport de marchandises sans être assujetti au payement du moindre centime au titre de taxe ?», s’interroge El Hadj Oumarou (photo), le coordonnateur du Bureau de gestion du fret terrestre (Bgft).
Derrière cette dénonciation des professionnels du transport, l’on croit percevoir une survivance du conflit qui oppose depuis 2015, le milliardaire nigérian Aliko Dangote et les transporteurs camerounais. En effet, en même temps qu’il lançait sa cimenterie à Douala, la capitale économique camerounaise, M. Dangote avait fait débarquer au port de Douala 200 camions qui assurent à ce jour la distribution du ciment de la marque Dangote sur le territoire national. «Dangote est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Ils sont des centaines dans le pays à faire ce transport pour compte propre, qui est en réalité du transport clandestin au sens étymologique», soutient El Hadj Oumarou.
Interrogés sur cette propension à transporter eux-mêmes leurs produits, certains industriels invoquent l’argument de la recherche de l’efficacité, qui ne s’accommode pas de l’état de vieillissement dans lequel se trouve le parc automobile des professionnels du transport. En effet, lors de la conférence du 24 juillet dernier à Yaoundé, la plateforme syndicale des professionnels du transport routier a, elle-même, révélé que 70% du parc automobile des transporteurs camerounais est âgé d’au moins 25 ans.
Brice R. Mbodiam
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