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Yaoundé - 20 avril 2024 -
Agriculture et agroindustrie

Cameroun : la nouvelle banque agricole dans le pipe

(Investir au Cameroun) - La création d’une banque agricole annoncée par le chef de l’Etat camerounais devrait incessamment se matérialiser avec l’agrément attendu de la Commission bancaire de l’Afrique centrale.

Près de deux décennies après la liquidation du Crédit agricole du Cameroun (CAC), les Camerounais auront à nouveau une banque ayant pour mission de concourir au financement des projets agricoles. Il s’agit de la Cameroon agriculture financial rural corporation (CAFRUC), dont le dossier de création serait très avancé. Il y a quelques jours, le Ministère des finances, par l’intermédiaire du chef de ce département ministériel Essimi Menyé, a clairement indiqué que « le texte de création est prêt » puisqu’il ne restait qu’à soumettre le dossier à l’appréciation de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (COBAC). Des propos qui confirment ceux de son collègue de l’Agriculture et du Développement rural, Jean Nkuété selon qui, « la mise en place d’une banque agricole dont l’étude est terminée [...] a été transmis au Ministère des finances pour la coordination et la suite du processus ». L’évolution de ce dossier trouve un assentiment favorable auprès des opérateurs du monde agricole qui trouvent là un moyen idoine pour pouvoir financer leurs activités.

La COBAC indique que les nouvelles banques ont l’obligation de se doter d’un capital minimum de 10 milliards FCFA et l’Etat devant être l’unique actionnaire de la CAFRUC, on comprend que le gouvernement a longtemps mûri son projet.

 

Le FMI impose l’ajustement structurel

La création de la nouvelle banque agricole sera la matérialisation de l’annonce faite par le président de la République en janvier 2011, alors que Paul Biya participait au Comice agro-pastoral à Ebolowa, ce rendez-vous étant considéré comme la plus importante fête dédiée au monde rural.

Selon toute vraisemblance, les autorités semblent avoir tiré les leçons dues à l’absence d’une institution financière spécialisée dans le financement de l’agriculture, alors que le Cameroun est un pays essentiellement agricole avec quelques 13 millions de personnes vivant dans la campagne représentant environ 70% de la population totale du pays. La création de la CAFRUC devrait donc combler le vide laissé, aussi bien par le Crédit agricole du Cameroun, la Banque camerounaise de développement (BCD), le Fonds national de développement rural (FONADER) ou encore le Fonds de garantie pour la petite entreprise (FOGAPE) qui avaient entre autres pour mission de concourir au financement des activités agro-pastorales.

Ces institutions financières ont fait faillite à la fois à cause d’une gestion gabégique, mais également, à cause de la politique d’austérité économique imposée par les institutions de Bretton Woods, la Banque mondiale (BM) et le Fonds monétaire international (FMI) ayant mis l’économie camerounaise sous ajustement structurel pendant près de vingt ans, entre la fin de la décennie 1980 et le début de la décennie 2000. De l’avis des observateurs, la naissance de la future banque agricole voudrait dire que les autorités ont sans doute tiré les leçons du passé.

Officiellement, le Cameroun importe chaque année, les denrées alimentaires estimées à plus de 500 milliards FCFA. Cette forte dépendance des produits étrangers ferait en sorte que la balance commerciale hors pétrole a atteint le chiffre record de 700 milliards FCFA en 2010. A cela s’ajoute le fait que des commerçants camerounais sont plus enclins à vendre leurs produits à l’extérieur où les revenus seraient plus élevés, ce qui affecte aussi l’offre interne.

 

L’Etat comme unique actionnaire

La création d’une banque destinée prioritairement au financement de l’agriculture pourrait permettre de réduire ces importations, à travers une relance de la production nationale. Il y a trois ans, alors que le pays venait de vivre des émeutes contre la vie chère dénommées « les émeutes de la faim », les gouvernants avaient pris un certain nombre de mesure visant notamment à une détaxation douanière et fiscale des produits de consommation courante sans que véritablement l’on ait ressenti les effets de cette baisse décrétée sur les produits. Par ailleurs, en décidant de créer une banque agricole, les autorités se seraient entourées d’un minimum de précautions, notamment la mobilisation des fonds. En effet, un texte de la COBAC indique que toutes les nouvelles banques ont l’obligation de se doter d’un capital minimum de 10 milliards FCFA. Et lorsqu’on sait que l’Etat devrait être l’unique actionnaire de la CAFRUC avec 100% d’actions, on comprend que le gouvernement a longtemps mûri son projet. D’ores et déjà, les locaux auraient été trouvés, tandis que le recrutement du personnel serait également assez avancé.

Le Cameroun, qui connaît épisodiquement des périodes de famine dans la partie septentrionale du pays à la nature de type sahélienne, a pendant de longues années connu une autosuffisance alimentaire. Le pays qui reste et demeure malgré tout la mamelle nourricière des pays de la Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) et du Nigeria entend, à travers la CAFRUC, améliorer l’offre agricole du pays et continuer en même temps d’être le principal pourvoyeur en vivres à ses voisins.

Achille Mbog Pibasso, Douala

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