(Investir au Cameroun) - Depuis son retour sur le fichier des exportateurs de bananes au Cameroun en juin 2020, la Cameroon Development Corporation (CDC) a exporté 9 521 tonnes de bananes, selon les statistiques publiées par l’Association bananière du Cameroun (Assobacam). Avec 1 785 tonnes exportées au mois de février 2021, cette unité agro-industrielle publique a réalisé sa plus grosse performance en neuf mois.
Ces statistiques révèlent à quel point la crise socio-politique qui sévit dans les régions anglophones du Cameroun (Nord-Ouest et Sud-Ouest) depuis fin 2016, plombent les activités de ce mastodonte agro-industriel, qui exploite des plantations de bananes, de palmiers à huile et d’hévéa dans les régions du Sud-Ouest et du Littoral.
En effet, après une suspension des activités sur le segment banane, entre septembre 2018 et juin 2020 (soit 20 mois), cette entreprise, 2ème employeur du pays (22 000 employés) après l’administration publique, peine à se relancer sur le marché. En raison notamment des difficultés financières consécutives à la crise séparatiste dans les régions anglophones du Cameroun.
Perte de 32 milliards de FCFA en 2018
Selon la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR), organe spécialisé du ministère des Finances, la CDC a, sur la période 2016-2018, perdu 60,9% de son chiffre d’affaires, du fait de cette crise. Pour la seule année 2018, Christopher Ngalla, manager du groupe banane à la CDC, estime à 32 milliards de FCFA les pertes enregistrées par cette unité agro-industrielle contrôlée à 100% par l’Etat.
C’est que, du fait de la crise dite anglophone que vit le Cameroun, certaines installations de la CDC ont été incendiées et ses employés violentés dans les plantations par des militants séparatistes. Ce qui avait amené le top mangement de l’entreprise à suspendre les activités, notamment sur le segment banane, dont les plantations et usines de traitement sont situées dans la région du Sud-Ouest en crise.
Pour reprendre les activités de façon optimale, les responsables de la CDC avaient déjà exprimé à l’Etat un besoin financier de 29 milliards de FCFA à la mi-2019. Une requête qui n’a visiblement pas encore rencontré l’assentiment des autorités publiques, en raison certainement, d’une part, des tensions dans la trésorerie publique (hausse des dépenses sécuritaires, impact du Covid-19 sur la mobilisation des recettes, etc.) ces dernières années, et d’autre part, de la persistance de la crise dans les deux régions anglophones du pays, en dépit d’une certaine accalmie.
Brice R. Mbodiam
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