(Investir au Cameroun) - Se procurer un sac de maïs, de sorgho ou de mil dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun ces derniers jours n’est pas une mince affaire. Et pour cause, les prix de ces céréales, qui font partie des habitudes alimentaires des populations des régions septentrionales du Cameroun, flambent au fil des jours.
Selon le trihebdomadaire régional L’œil du Sahel, dans les marchés de Maroua, la capitale régionale de l’Extrême-Nord, le prix du sac de 120 kg (communément appelé L8, selon des sources locales) de maïs est passé de 18 000 à 24 000 FCFA, soit une hausse de 6 000 FCFA.
À Kousseri, ville frontalière au Tchad, la même quantité de maïs est désormais vendue à 27 000 FCFA, contre 17 000 FCFA, il y a quelques semaines. Ce qui révèle une augmentation de 10 000 FCFA. Dans le même temps, le sac de mil a atteint 23 000 FCFA, contre 12 000 FCFA, il y a trois mois. Calculette en main, sur un trimestre, le sac de cette céréale s’est renchéri de 11 000 FCFA.
À l’origine de cette flambée des prix, selon les commerçants, se trouve le renchérissement des coûts du transport entre les villes et les principaux bassins de production de la région, à cause de l’impraticabilité des routes en saison des pluies. Par ailleurs, certains grossistes sont mis à l’index. Ils sont notamment soupçonnés de créer des pénuries artificielles, pour des fins de spéculation, notamment pendant la période de soudure actuelle.
À la délégation régionale du Commerce pour l’Extrême-Nord, l’on invoque plutôt les effets combinés de l’accès difficile aux bassins de production ; la période de soudure, qui se caractérise notamment par l’épuisement des dernières récoltes ; mais aussi et surtout les achats massifs des Organisations non gouvernementales (ONG) opérant dans les zones de conflits.
« Les ONG achètent en masse ces denrées alimentaires pour satisfaire la demande des populations des zones de conflits. (…) Cette année, nous-mêmes ne sommes pas encore sortis des affres de Boko Haram, mais ces ONG approvisionnent les zones plus lointaines, notamment les régions de l’Adamaoua et de l’Est, dont les populations ont les mêmes habitudes alimentaires que les nôtres. (…) Bien plus, ces ONG vont jusqu’à approvisionner une partie des zones de conflits de notre voisin, le Tchad, mais également du Soudan », a expliqué à L’œil du Sahel Boubakari Abdoulaye, le délégué régional du commerce pour l’Extrême-Nord.
Brice R. Mbodiam
Lire aussi: