(Investir au Cameroun) - Au cours de la campagne cacaoyère 2021-2022, qui s’est achevée le 15 juillet 2022, le Cameroun a transformé localement 86 850 tonnes de fèves de cacao, selon le bilan de campagne révélé le 18 août 2022 par l’Office national du cacao et du café (ONCC). Le volume de fèves ainsi transformé correspond à seulement 29,5% de la production nationale commercialisée, officiellement estimée à 295 163 tonnes.
Bien qu’en hausse de 28% par rapport à la campagne cacaoyère précédente, le taux de transformation de la saison 2021-2022 est une nouvelle fois largement en dessous de la barre de 50% de la production nationale, que le gouvernement et les acteurs de la filière s’étaient fixés à l’horizon 2020. Cette projection était faite dans le cadre du plan de relance des filières cacao-café, qui ambitionnait également de porter la production cacaoyère nationale à 600 000 tonnes.
La timidité observée dans la transformation locale du cacao (60 405 tonnes en 2019-2020, contre 62 425 tonnes en 2020-2021 et 86 850 tonnes en 2021-2022) persiste alors que ces dernières années, le Cameroun a pourtant enregistré l’arrivée de deux nouvelles unités de transformation industrielle, d’une capacité cumulée d’au moins 80 000 tonnes. Il s’agit d’Altantic Cocoa (48 000 tonnes extensibles à 64 000 tonnes), qui a lancé ses activités en 2020 dans la zone industrialo-portuaire de Kribi, dans la région du Sud, et de Neo Industry (32 000 tonnes), située dans la ville de Kekem, dans la région de l’Ouest.
À l’arrivée de ces deux opérateurs, qui se sont ajoutés aux trois autres déjà opérationnels et aux unités artisanales qui essaiment dans le pays (40 recensés au cours de la dernière campagne), il faut ajouter l’augmentation des capacités de broyage de Sic Cacaos, le leader du marché. En effet, grâce à un investissement estimé à environ 5 milliards de FCFA, cette filiale du Suisse Barry Callebaut a porté ses capacités de broyage au Cameroun de 32 000 à 50 000 tonnes depuis l’année 2015.
« Malgré les investissements réalisés dans la transformation, l’activité cacaoyère au Cameroun continue d’être largement dominée par les exportations de fèves brutes. Peut-être que pour encourager la montée en puissance des usines qui se sont installées, il va falloir que l’État pense à instaurer la méthode des quotas à exporter et à transformer localement », suggère un fin connaisseur de la filière.
Pour rappel, au cours de la saison 2021-2022, les 38 exportateurs répertoriés par l’ONCC ont exporté vers le marché international 217 107 tonnes de fèves produites au Cameroun, soit plus de 70% de la production nationale commercialisée.
Brice R. Mbodiam
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