(Investir au Cameroun) - Le chef de l’Etat camerounais, Paul Biya, a signé le 25 novembre 2013, trois décrets concédant «provisoirement», dans la région du Sud-Ouest du Cameroun, 20 «dépendances» du domaine national à la société Sithe Global Sustainable Oils Cameroun (SGSOC), filiale locale du groupe américain Herakles Farms, qui exploite le palmier à huile dans cette partie du pays.
Ces concessions «provisoires», qui portent sur une superficie totale de près de 20 000 hectares répartis dans 20 villages des arrondissements de Nguti, Mudemba et Toko ont, chacune, un délai de validité de 3 ans seulement, souligne le décret présidentiel.
Selon le Centre pour l’environnement et le développement (CED), une Ong qui dénonce la manière dont est conduit ce projet de Heracles Farms depuis son lancement, cette concession provisoire est assortie d’une obligation pour cette entreprise agro-alimentaire d’investir «un montant de 259 milliards de FCfa pour les trois années que dureront la mise en valeur de la concession provisoire».
L’Ong fait également remarquer qu’après 4 années de batailles, «la taille de la concession est passée de 73 000 hectares de terres revendiquées par la compagnie à une superficie d'un peu moins de 20 000 hectares (19 843 ha précisément) ; le prix du loyer de la terre est passé de 250 à 500 francs Cfa par hectare et par an (montant prévu par la concession) à un montant d'un peu plus de 3 000 francs Cfa par hectare et par an (3 333 francs Cfa exactement) ; la durée de la concession passe de 99 ans à une concession provisoire de 3 ans, dont l'extension dépendra du respect par SGSOC de ses engagements en matière d'investissement».
Retour à la légalité
Bref, pour le CED qui réagi aux décrets présidentiels dans un communiqué intitulé «après 4 ans d’illégalité, le Cameroun octroie une concession provisoire à SGSOC», «à première vue, les irrégularités constatées au cours des trois dernières années par de nombreux observateurs dans ce projet donnent l'impression d'avoir été corrigées. Ce que l'on peut toutefois retenir c'est que les décrets légalisent la présence et les activités de SGSOC dans une zone dans laquelle la compagnie a prétendu, depuis 4 ans, détenir des droits pour développer ses activités».
En rappel, Heracles Farms a signé en 2009 avec le gouvernement camerounais, une convention d’établissement induisant la cession de 73.000 hectares de terres, aux fins d’exploitation des plantations de palmiers à huile dans plusieurs localités de la région du Sud-Ouest du pays.
Cependant, des ONG internationales telles que Greenpeace et Oakland Institute, relayées localement par le CED, ont toujours accusé la filiale camerounaise d’Heracles Farms de bafouer les droits des riverains des différents sites du projet, et même d’atteinte à la réglementation en matière de protection de l’environnement au Cameroun.
Ce concert de dénonciations des ONG, en plus des plaintes des populations environnantes, avaient conduit le ministre des Forêts et de la Faune, Philip Ngole Ngwese, à suspendre temporairement les activités de SGSOC. Mais cette mesure avait été levée quelques semaines plus tard, en mai 2013.
BRM
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