(Investir au Cameroun) - Avec la confirmation du premier cas de Coronavirus dans le pays le 6 mars 2020, et les mesures de restriction prises dès le 17 mars par le gouvernement camerounais, l’activité économique tourne au ralenti sur le territoire national. Cette réalité est visible dans le secteur de la production des huiles végétales raffinées, où la consommation a chuté d’environ 6 000 tonnes au mois de mars 2020, selon Jacquis Kemleu Tchabgou, le Secrétaire général (SG) de l’Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun (Asroc).
S’exprimant au cours d’un débat à la télévision nationale, le 26 avril 2020, ce dernier a révélé qu’au mois de mars dernier, la consommation des huiles végétales raffinées sur le territoire camerounais a culminé à seulement environ 9 000 tonnes, contre une moyenne mensuelle de 15 000 tonnes habituellement. Ce qui révèle une baisse de la consommation d’environ 40% en valeur relative.
Le SG de l’Asroc met cette baisse substantielle de la demande sur le compte non seulement du ralentissement observé principalement dans les secteurs de la restauration et de l’hôtellerie, grandes consommatrices des huiles végétales raffinées ; mais aussi de la suppression des grandes manifestations et autres réunions par le gouvernement, dans le cadre des mesures barrières mises en place pour freiner la propagation du virus.
D’autre part, souligne M. Kemleu, la réduction des flux commerciaux vers la RCA et surtout le Tchad (environ 80% selon la douane camerounaise), qui ouvre aux producteurs camerounais les marchés du Soudan ou encore du Burundi, explique également la baisse de la consommation des savons produits par les raffineurs locaux.
Report des charges fiscales et sociales…
Pourtant, explique le SG de l’Asroc, compte tenu du caractère florissant du marché au début de chaque année, les raffineurs des oléagineux au Cameroun avaient déjà préparé d’importants stocks, qui sont aujourd’hui en situation de mévente.
Du coup, le chiffre d’affaires des opérateurs du secteur prend un sérieux coup, la production est réduite avec pour corollaire la mise en chômage technique de certains employés, et les fournisseurs locaux et internationaux rongent leurs freins à cause du manque de commandes. Idem pour les producteurs des matières premières, dont le produit est par ailleurs périssable (augmentation du taux d’acidité dans l’huile de palme, par exemple).
Mais, en dépit de ce tableau sombre, l’Asroc affiche un certain optimisme. « La situation est inquiétante, mais pas alarmante. Ce qui signifie en réalité qu’on peut la surmonter, et certains efforts sont faits dans ce sens », confie M. Kemleu.
Au demeurant, au regard du contexte et des premières conséquences du Coronavirus, le SG de l’Asroc plaide pour un report des charges fiscales et sociales dues par les entreprises. Pareille mesure gouvernementale, selon lui, permettrait aussi bien aux raffineurs des oléagineux qu’aux autres entreprises du pays de mieux amortir le choc qu’est la crise du Covid-19.
Cette requête est en droite ligne des 18 mesures d’accompagnement adressée au gouvernement par le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam), le 31 mars 2020.
Brice R. Mbodiam