(Investir au Cameroun) - Au cours du Conseil de cabinet du mois courant, présidé le 25 juin 2020 par le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural (Minader), Gabriel Mbairobe, a révélé que la production du maïs au Cameroun a culminé à 2,3 millions de tonnes au cours de l’année 2019.
Cette production n’a cependant pas pu satisfaire une demande nationale qui, elle, se situe à un peu plus de 2,8 millions de tonnes, a-t-on appris. Calculette en main, le Cameroun a donc enregistré un déficit de production du maïs de plus 500 000 tonnes en 2019.
Ce déficit, qui perdure depuis plusieurs années, contraint souvent les sociétés brassicoles à recourir aux importations pour satisfaire leurs besoins en gritz de maïs. Il en va de même pour les acteurs de la filière avicole, le maïs constituant jusqu’à 80% de la provende, l’aliment principal des poulets.
Face à ce décalage entre la production nationale de maïs et les besoins des industriels et des populations, le gouvernement camerounais a mis en place il y a quelques années le programme national d’appui à la filière maïs. Ce programme piloté par le ministère de l’Agriculture a défrayé la chronique dans le pays en 2006.
En effet, au terme d’une enquête diligentée sur le terrain, l’Association pour la défense des intérêts collectifs (Acdic) avait révélé l’existence sur la liste des bénéficiaires des financements du programme, de plusieurs Groupes d’initiative commune (GIC) n’opérant pas dans la production du maïs.
Mieux, l’Acdic découvrira que ces GIC, en plus fictifs pour la plupart, étaient tous tenus par des cadres du Minader, qui siphonnaient ainsi les fonds publics par un mécanisme visiblement bien huilé. Les détournements ainsi opérés dans ce seul programme avaient été évalués à plus d’un milliard de FCFA.
En 2017, au terme d’un audit sur l’efficacité de la panoplie de programmes hébergée par le Minader, 15 d’entre eux avaient été simplement annulés, dont le programme national d’appui à la filière maïs, dont le coordonnateur avait d’ailleurs eu maille à partir avec la justice.
Brice R. Mbodiam