(Investir au Cameroun) - Le Cameroun a consacré, au cours de la période de 3 ans, allant de 2015 à 2017, une enveloppe totale de 956,5 milliards de francs CFA aux importations de riz, de poissons et crustacés, selon les données collectées par le ministère du Commerce.
Le riz, à lui tout seul, a englouti plus de la moitié de cette enveloppe, soit 508,5 milliards de francs CFA, contre 448 milliards de francs CFA pour les poissons et autres crustacés.
Calculette en main, les importations de riz, de poissons et crustacés dans le pays ont coûté l’équivalent de près de 20% de l’enveloppe budgétaire de l’Etat du Cameroun pour l’année 2019, équilibrée en recettes et en dépenses à la somme d’un peu plus de 4850 milliards de francs CFA.
Mieux, les 160 milliards de francs CFA dépensés en moyenne chaque année (181 milliards en 2015, contre respectivement 143,6 et 183,7 milliards en 2016 et 2017) par les importateurs de riz en activité au Cameroun, dépassent largement les 300 millions de francs CFA de subvention accordée chaque année par l’Etat à la Société d’expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua (Semry), pour que cette entreprise publique survive et puisse assurer une production rizicole d’à peine 100 000 tonnes, pour une demande nationale dépassant parfois les 300 000 tonnes par an.
Dans le même temps, ce pays, présenté dans diverses études comme terreau de plusieurs ressources halieutiques, a dépensé en moyenne 140 milliards de francs CFA chaque année (166 en 2015, contre 166,8 et 114,2 en 2016 et 2017) pour importer des poissons et crustacés, alors que ces produits pullulent sur les côtes camerounaises et sont généralement pêchés par des étrangers.
A titre d’exemple, en plus des chalutiers étrangers généralement arraisonnés par la marine nationale, pour activité de pêche clandestine dans les eaux camerounaises, la mise en eau du barrage de Lom Pangar, construit dans la région de l’Est du pays, a permis l’installation de plus de 5000 pêcheurs autour de la retenue d’eau, dont plus de 80% d’étrangers alimentant des circuits d’approvisionnement dans leurs pays respectifs.
Le même phénomène est observé depuis des années autour du barrage de Lagdo, dans la région du Nord, où, selon les estimations de la délégation régionale des Pêches, de l’Elevage et des Industries animales, le Nigeria siphonne entre 70 et 80% de la production.
Brice R. Mbodiam
Lire aussi: