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Yaoundé - 20 avril 2024 -

Le ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat) s’engage à nouveau à sponsoriser la participation d’entreprises camerounaises à la 9e édition du Salon international de l’entreprise, de la PME et du partenariat de Yaoundé (Promote) prévu du 17 au 25 février prochain. Dans un communiqué rendu public le 22 décembre dernier, Alamine Ousmane Mey, le patron de ce département ministériel, invite les PME locales désireuses de bénéficier de l’accompagnement du Minepat en vue de leur participation à ce grand rendez-vous d’affaires à remplir le formulaire de demande y afférente. Ce formulaire, dit-il, est disponible sur le site Internet de son ministère. Ces entreprises ont jusqu’à ce vendredi 5 janvier 2024 pour transmettre leurs formulaires.

« La liste des entreprises sélectionnées sera communiquée en temps opportun par le Minepat », peut-on lire dans le document. Il faudra donc attendre un peu avant de connaître le nombre de PME qui vont bénéficier de cet accompagnement cette année. Lors de la dernière édition de Promote en 2022, le Minepat avait soutenu la participation de 100 PME locales à ce Salon, à travers des appuis multiformes.

Selon le Minepat, cette initiative d’accompagnement des entreprises à Promote vise à promouvoir le « made in Cameroon » afin de renforcer la position concurrentielle des produits locaux face aux produits importés, en sus d’accroître la visibilité de ces PME. Elle s’inscrit dans le cadre de la politique globale d’accompagnement du secteur privé mise en œuvre par le gouvernement depuis plusieurs années. Cette politique est actuellement réitérée dans la SND30 qui vise la transformation structurelle de l’économie avec comme l’un de ses leviers, la politique d’import-substitution qui vise à produire et à transformer localement.

P.N.N

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A compter du 10 janvier prochain, « les droits d’enregistrement et de timbre sur les mutations des véhicules d’occasion importés seront déclarés et payés dans le Cameroon custom information system (Camcis), en même temps que les droits et taxes de douane à travers le Bulletin de liquidation douanière (BLD) », peut-on lire dans un communiqué rendu public le 2 janvier 2024 par le ministre des Finances (Minfi), Louis Paul Motaze.

En clair, les droits d’enregistrement et de timbre sur les mutations des véhicules d’occasion importés, qui sont déclarés et payés depuis 2017 à travers le système informatique de la Direction générale des impôts (DGI), le seront désormais dans Camsis, un système de dédouanement électronique déployé depuis avril 2020 par la douane. D’après le Minfi, « cette mesure d’administration, qui vise à faciliter les procédures et à améliorer le service rendu aux usagers, n’introduit pas de nouvel impôt et n’accroît aucunement la charge fiscale des contribuables ».

En effet, les documents de la DGI renseignent que toute transaction portant sur un véhicule d’occasion donne lieu à perception des impôts et taxes tels que les droits d’enregistrement calculés au taux de 5% sur la valeur du véhicule acquis ; le droit de timbre sur la carte grise, dont le tarif est fixé à 3 000 FCFA par Cheval Vapeur (CV) ; la taxe à l’essieu pour les véhicules d’occasion de charge utile supérieure à 3 tonnes, dont le tarif varie en fonction de la charge utile ; et le droit de timbre de dimension au tarif de 1 000 FCFA par page.

FN

Dans le cadre des mesures d’élargissement de l’assiette fiscale prises dans la loi de finances 2024 de l’État du Cameroun, il est institué « un taux allégé de 5% au titre de l’impôt sur les bénéfices non commerciaux (BNC), applicable aux revenus générés sur les plateformes numériques par les particuliers qui réalisent des opérations de vente d’un bien, de fourniture d’un service ou d’échange, de partage d’un bien (économie collaborative) », peut-on lire dans la circulaire sur l’exécution de la loi de finances 2024, signée le 29 décembre 2023 par le ministre des Finances, Louis Paul Motazé.

Les termes de cette circulaire ministérielle laissent entendre que depuis le 1er janvier 2024, les revenus générés par les particuliers opérant dans la vente en ligne, activité en pleine expansion au Cameroun depuis l’avènement de l’Internet et des réseaux sociaux, sont désormais assujettis au paiement de l’impôt sus-mentionné. Il en est de même des revenus engrangés par les « influenceurs », terme généralement utilisé pour désigner des personnes physiques vendant leur notoriété sur les réseaux sociaux et autres plateformes numériques, à travers divers services rendus aux entreprises et à des particuliers.

Au demeurant, si l’on peut comprendre que le gouvernement, en quête permanente de ressources pour satisfaire ses besoins de plus en plus croissants, s’intéresse à cette autre niche fiscale (comme ce fut déjà le cas il y a quelques années avec les transferts d’argent par voie électronique, NDLR), l’on peut cependant s’interroger sur l’effectivité de la mise en œuvre de cette mesure. Ceci, au regard de la complexité de la traçabilité des revenus issus des activités sus-mentionnées.

En effet, s’il est loisible de retracer les revenus générés par les entreprises formelles de vente en ligne, aux fins du paiement des différents impôts auxquels la société est assujettie, il apparaît bien difficile d’assurer par exemple la traçabilité des revenus engrangés par un jeune étudiant qui vend des produits à travers ses pages sur les réseaux sociaux, et se fait payer en cash. La même difficulté apparaît pour le cas d’un « influenceur » qui fait la publicité de produits sur ses pages pour doper les ventes, contre une rémunération effectuée par d’autres moyens de paiements en dehors de ceux assurant une certaine traçabilité comme le chèque ou encore le Mobile Money.

« Le système fiscal camerounais est déclaratif. Les assujettis devront souscrire leurs déclarations conformément à la législation en vigueur. L’administration fiscale se réservant ensuite le droit de s’assurer de la conformité desdites déclarations au moyen des contrôles divers. Les équipes en charge desdits contrôles ayant tous les moyens pour reconstituer les revenus des concernés », confie une source autorisée à la direction générale des impôts (DGI) du ministère des Finances.

Brice R. Mbodiam        

Le franc CFA, utilisé au Cameroun, est actuellement l’une des devises les plus recherchées par les agents économiques présents au Nigeria voisin et même au Ghana. À l’aéroport d’Accra, la capitale ghanéenne, les voyageurs en provenance de Lomé ou d’Abidjan peuvent constater que le premier bureau de change accepte de convertir 1000 francs CFA à un taux proche de celui du dollar américain.

Au Nigeria, la demande de franc CFA est encore plus forte, du fait de la faible disponibilité de liquidités en nairas et de la dépréciation de cette monnaie locale. Dans les bureaux de change de Lagos, 1000 francs CFA peuvent rapporter jusqu’à 1875 nairas. Cet intérêt marqué pour le franc CFA contraste avec la perception d’une partie des populations des pays de la zone Franc, comme le Cameroun, qui y voient un symbole de la domination économique de la France.

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Evolution du naira par rapport au CFA (cours officiels)

Au Nigeria comme au Ghana, ce regain d’intérêt s’explique de la même façon : la facilité de conversion et la stabilité relative de la valeur du franc CFA. Le paradoxe réside dans le fait que le Nigeria et le Ghana représentent un marché potentiel combiné de près de 250 millions d’habitants, soit environ 60% de la population de la Cedeao. Selon le FMI, le PIB du Nigeria devrait reculer à 394 milliards de dollars en 2024, loin des 477 milliards de 2022. Néanmoins, même affaiblies, les économies nigériane et ghanéenne cumuleraient encore 61% du PIB global de la Cedeao et de l’Uemoa.

L’importance prise par le franc CFA dans ces deux pays ne reflète donc pas un renversement des forces économiques régionales, mais la façon dont toutes ces économies ont été affectées par des facteurs exogènes. Si le cedi ghanéen vaut théoriquement plus que le franc CFA face au dollar, il a perdu comme le naira nigérian jusqu’à 90% de sa valeur face au billet vert, tandis que la dépréciation du franc CFA est restée limitée à 19%. Face à l’euro, la monnaie de la zone Franc est demeurée stable, alors que le cedi et le naira ont chuté de plus de 79% en moyenne.

L’une des conséquences de cette appréciation relative du franc CFA est une distorsion des prix dans les villes frontalières au Nigeria et au Ghana, du fait du pouvoir d’achat plus important qu’il représente par rapport aux monnaies de ces pays. Sur les produits transfrontaliers, les hausses de prix fragilisent des populations souvent rurales, aux revenus limités et peu évolutifs. Pour l’heure, aucun document public ne laisse penser que les banques centrales de ces zones économiques coopèrent sur cette question.

Idriss Linge, Agence Ecofin

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Dans son adresse à la nation à l’occasion de la fin d’année 2023 et du Nouvel An 2024, le président Paul Biya a annoncé le démarrage, « au cours de l’année qui s’annonce », de la phase 2 du projet construction de l’autoroute Yaoundé-Douala. Avec cette annonce, le gouvernement dispose, à ce jour, de moins de 12 mois pour conclure l’accord avec le partenaire privé qui devra mener les travaux, l’État ayant entrepris de réaliser la phase 2 de ce projet en mode PPP.  

Au ministère des Travaux publics (Mintp), maître d’ouvrage du projet, l’on est persuadé que les travaux pourraient effectivement débuter au courant de l’année 2024 comme annoncé par le chef de l’État le 31 décembre dernier. « Les discussions avec Mota Engil sont très avancées, et elles devraient effectivement se conclure pour un démarrage des travaux cette année. L’entreprise en charge des travaux de la phase 1 (China First Highway Engineering, NDLR) a également soumis une offre. La comparaison des deux va permettre de décider avec qui on va y aller. Tous les éléments techniques sont là pour choisir avec qui on ira pour l’exécution de cette deuxième phase », ont confié à Investir au Cameroun des sources proches de ce dossier au Mintp.

Initialement, trois entreprises ou groupements d’entreprises avaient été retenus dans le cadre de l’appel public à manifestation d’intérêt lancé le 4 mars 2020 en vue de la sélection des entreprises et/ou groupements d’entreprises devant accompagner le gouvernement dans le financement, la conception, la construction, l’exploitation et la maintenance de l’autoroute Yaoundé-Douala phase 2. Il s’agit des Français Sogea-Satom-Vinci/Razel-Fayat, du Portugais Mota Engil et des Chinois Sinohydro-PCRB-SDHS.

Selon nos sources, le dialogue de préqualification s’est achevé le 30 juin 2023 et en octobre de la même année le processus était rendu à l’étape de l’offre finale. « L’offre finale du seul candidat (Mota Engil, NDLR) ayant atteint cette étape a été reçue le 7 septembre 2023 et transmise à la commission spéciale des contrats de partenariat relative à ce projet mise en place par le Premier ministre, haute autorité des contrats de partenariat », indiquent nos sources. Cette commission disposait d’un délai d’un mois pour achever ses travaux et soumettre au chef du gouvernement son rapport en vue d’une adjudication éventuelle. Mais à ce jour, le nom du partenaire retenu n’est pas encore officiellement connu.

L’entreprise chinoise China First Highway Engineering (CFHEC), qui a réalisé le premier tronçon de l’autoroute (60 km), est entrée dans la danse après le « désistement » du groupement français Sogea-Satom-Vinci/Razel-Fayat et a également introduit une offre. Mais l’on ne précise pas quand celle-ci a été transmise. Ce que l’on sait, c’est que les deux offres sont actuellement à l’étude à l’effet de voir à qui confier le projet.

« Après l’adjudication, il restera à négocier les termes du contrat avec l’adjudicataire avant sa signature et son entrée en vigueur. La recherche des financements du partenaire privé se fera avec le contrat signé. Il s’agit d’un partenariat public privé de type concessif dans lequel le partenaire privé portera effectivement le risque de la demande (risque de trafic). Toutefois, compte tenu du niveau très faible niveau des trafics enregistrés actuellement, l’État devra apporter une subvention d’investissement au début pour assurer l’équilibre financier du projet », affirment nos sources. Et pour le faire et lancer les travaux cette année, il faudra aller vite…

La phase 2 du projet vise à construire sur 136 km, une autoroute de 2x2 voies extensibles à 3 voies de Bibodi, localité du département du Nyong-et-Kellé (Centre), à Douala (Littoral), la métropole économique du Cameroun. Cette deuxième phase est segmentée en deux lots : Bidodi-Edéa (70 km) et Edéa-Douala (66 km). Pour cette phase, le gouvernement estime le coût global des travaux à 812,8 milliards de FCFA (hors taxes). À noter que sur les 196 kilomètres de la future chaussée, seuls 60 km (phase 1) ont été réalisés depuis le début des travaux en 2014. Ce premier tronçon, reliant la capitale Yaoundé à Bibodi, a été ouvert à la circulation le 31 décembre 2021.

Patricia Ngo Ngouem

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Depuis le 1er janvier 2024, date d’entrée en vigueur de la loi de finances 2024 de l’État du Cameroun, toutes les personnes désireuses d’obtenir un visa de sortie du pays auprès d’une ambassade étrangère devront impérativement présenter une « attestation de conformité fiscale » (ACF). Selon les agents du fisc, il s’agit d’un document qui, comme son nom l’indique, apporte la preuve que son détenteur est parfaitement en règle envers l’administration fiscale.

« L’attestation de non-redevance (ANR) a été substituée par l’attestation de conformité fiscale (ACF), et la portée de ce document a été renforcée, à travers : sa délivrance exclusive par voie informatisée ; l’exigence de sa présentation pour les opérations d’importation ou d’exportation et d’obtention des subventions publiques, les demandes de visas de sortie auprès des ambassades et des consulats, le règlement des factures par l’État, les collectivités territoriales décentralisées, les établissements et entreprises publics, les sociétés à capital public et les entreprises privées qui figurent sur une liste arrêtée par le Minfi (ministre des Finances), la délivrance des attestations de prise en charge et d’exonération », détaille la circulaire relative à l’exécution de la loi de finances 2024, signée le 29 décembre 2023 par le ministre des Finances, Louis Paul Motazé.

Selon le gouvernement camerounais, cette nouvelle disposition est une « mesure de promotion du civisme fiscal » dans le pays. Elle permet surtout d’accroître les recettes fiscales, en incorporant dans le fichier de l’administration fiscale, les nombreux contribuables qui échappent encore aux mailles du fisc. Il s’agit non seulement des opérateurs économiques véreux, qui multiplient généralement des subterfuges pour ne pas s’acquitter de leurs obligations vis-à-vis de l’administration fiscale, mais aussi et surtout des acteurs du secteur informel, qui représentent environ 45% du PIB du pays, pour une contribution fiscale de seulement 5%, selon les estimations du ministère des Finances.

Pour ramener ces potentiels contribuables dans le système, le gouvernement n’a de cesse de multiplier les réformes, comme celle prescrivant désormais l’obligation de présenter une ACF lors d’une procédure de demande de visa de sortie du Cameroun. Il en est de même, selon le ministère des Finances, du « renforcement du mécanisme de retenue à la source, qui permet d’effectuer des prélèvements à l’occasion des transactions réalisées par les entreprises du secteur informel auprès des grandes entreprises ».

À en croire le Minfi, ce dispositif a fait passer la population fiscale du Cameroun de 89 741 en 2015, à plus de 140 000 contribuables professionnels en juillet 2021. Avec à la clé la mobilisation, « chaque année, de plus de 50 milliards de FCFA (de recettes) au titre des précomptes et acomptes sur les contribuables du secteur informel », apprend-on de la même source.

Brice R. Mbodiam

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La construction de la route Ebolowa-Akom II-Kribi (179,2 km), dans la région du Sud, devrait démarrer cette année. « Les négociations avec les bailleurs de fonds, qui ont longtemps achoppé sur les questions environnementales, sont finalement en train d’aboutir. Toutes les dispositions nécessaires seront prises pour que la construction de cette route, tant attendue par les populations concernées, démarre effectivement en 2024 », a assuré Paul Biya le 31 décembre 2023 au cours de son traditionnel discours de fin d’année.

Cette annonce du chef de l’État intervient après l’autorisation donnée au ministre de l’Économie, Alamine Ousmane Mey, de signer le 4 août 2023 un accord de prêt d’environ 130,4 milliards de FCFA avec la Standard Chartered Bank Londres pour la construction de cette route. Le 22 août 2023, Paul Biya habitait Alamine Ousmane Mey à contracter un nouveau prêt de 8 milliards de FCFA auprès de la même banque anglaise, devant servir à l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan de gestion environnementale et sociale (PGES). Ce qui porte le coût global du projet à 138,23 milliards de FCFA.

Ces fonds ont été sollicités après la signature le 23 mars 2022 d’un contrat de gré à gré entre le ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi, et Roberto Costantini, directeur Afrique de l’entreprise italienne ICM Construction, chargée de la construction de cette route dont la durée des travaux est de 36 mois, selon les termes du contrat.

La construction de la route Ebolowa-Akom II-Kribi est une promesse du chef de l’État faite aux populations de la région du Sud du pays à l’occasion du Comice agropastoral d’Ebolowa en 2011. Le projet a été attribué à ICM à la suite de la visite d’État effectuée par Paul Biya du 20 au 22 mars 2017 en Italie. Sa réalisation va permettre de relier Ebolowa à Sangmelima pour faciliter notamment le transit des ressources forestières venant du Congo à destination du port de Kribi.

Frédéric Nonos

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Le Cameroun devrait connaitre une nouvelle hausse des prix des carburants au cours de l’année 2024. « L’année dernière, le gouvernement a été amené à procéder à un léger relèvement des prix des carburants à la pompe. Grâce à cette mesure, la subvention des produits pétroliers, qui était de plus de 1000 milliards de FCFA en 2022, a été réduite à environ 640 milliards de FCFA en 2023. Cependant, cette subvention continue de peser significativement sur le Trésor public. Nous n’aurons très certainement pas d’autre choix, que de la réduire de nouveau. Nous veillerons néanmoins à ce que les ajustements nécessaires n’impactent pas substantiellement le pouvoir d’achat des ménages », a en effet indiqué le président de la République, Paul Biya, lors de son discours de fin d’année prononcé ce 31 décembre 2023.

Cette annonce présidentielle, qui intervient au lendemain d’une pénurie du carburant super, est conforme aux engagements pris par le pays dans le cadre de son programme avec le Fonds monétaire international (FMI). Dans le cadre de ce programme, il est d’ailleurs prévu qu’une nouvelle hausse intervienne en 2025 en fonction de l’évolution des cours des produits pétroliers sur le marché international. 

Depuis le 1er février 2023, le litre de super coûte 730 FCFA, en hausse de 100 FCFA (+15%) par rapport au 630 FCFA d’antan. Le litre de gasoil quant à lui est vendu à 720 FCFA, contre 575 FCFA auparavant. Ce qui correspond à une augmentation de 145 FCFA (25,2%). Le litre de pétrole vendu aux industriels par la Société camerounaise des dépôts pétroliers (SCDP) coûte 410,19 contre 560,19 FCFA, soit une hausse de 150 FCFA (36,5%). Seul le prix du pétrole lampant est resté stable à 350 FCFA le litre de même que celui du gaz domestique (6 500 FCFA pour la bouteille de 12,5 kg). 

Constatant que la mise en œuvre des projets devant permettre de répondre aux aspirations des populations se heurte à l’insuffisance des ressources financières, Paul Biya a promis une « intensification notable au cours de l’année qui s’annonce » de la lutte contre la corruption et des détournements des deniers présentés comme un impératif pour la préservation des ressources publiques.

Le président de la République a ensuite rappelé que la confiance dans le système judiciaire participe inévitablement de la perception du climat des affaires. « La justice est, comme vous le savez, l’un des piliers de l’État de droit. Il est donc impératif qu’elle agisse en toute impartialité et soit imperméable aux interférences de toute nature. Je voudrais vous assurer, qu’en tant que garant de son indépendance, je continuerai à prendre toutes les mesures nécessaires à son bon fonctionnement ».

Évoquant la grève des enseignants qui paralyse le secteur éducatif (surtout secondaire), avec le mouvement On a trop supporté (OTS) depuis octobre 2022, Paul Biya a reconnu que « la sérénité n’y est pas complètement revenue malgré les efforts du gouvernement ». Il a rappelé qu’en dehors des nombreuses mesures de divers ordres qui ont été prises par les administrations concernées, plus de 72 milliards de FCFA ont été débloqués en 2023 pour prendre en charge les dépenses y afférentes. « Une provision complémentaire de 102 milliards de FCFA a également été constituée dans le budget de l’État, au titre de l’exercice 2024, afin d’apurer les dépenses résiduelles », a indiqué le chef de l’État.

En attendant, Paul Biya brandit la menace contre les grévistes. « Je voudrais être clair à cet égard. Autant je suis soucieux de voir les enseignants bénéficier des conditions appropriées pour l’exercice de leur noble métier, autant je suis intransigeant pour le respect du droit à l’éducation de notre jeunesse. Des mesures fermes vont à cet égard être prises pour veiller à ce que nos enfants ne se retrouvent pas victimes d’une éducation au rabais ».

Frédéric Nonos

Après une phase pilote réussie, le Cameroun se prépare à généraliser la procédure dématérialisée d’obtention du visa technique du ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable (Minepded), dans le cadre du contrôle des importations des équipements électroniques et électriques, réputés contenir des substances qui appauvrissent la couche d’ozone. En prélude à cette réforme, le Guichet unique des opérations du commerce extérieur (Guce), bras armé de l’Etat du Cameroun en matière de dématérialisation et de facilitation des procédures du commerce extérieur, et le Minepded ont organisé, le 28 décembre 2023 à Douala, un séminaire de sensibilisation des parties prenantes (banques, entreprises, douane, usagers, etc).

En plus de la dématérialisation du visa technique, la réforme proposée par le Minepded et le Guce permet également de payer les frais y afférents sur la plateforme e-Guce, apprend-on officiellement. Ce qui est non seulement un moyen de facilitation du paiement, eu égard à la panoplie des outils de paiement intégrés à cette plateforme, mais aussi une garantie de sécurisation des recettes issues du visa technique du Minepded.

Pour rappel, le visa technique délivré par le Minepded aux importateurs des équipements électriques et électroniques, apprend-on de sources autorisées, permet de catégoriser les équipements importés, d’en assurer la traçabilité jusqu’en fin de cycle. Ce qui permet de s’assurer du traitement desdits équipements comme déchets au bout de la chaîne, afin d’éviter leur rejet dans la nature.

Selon les responsables du Guce et du Minepded, le contrôle des importations des équipements électriques et électroniques est une matérialisation des engagements pris par l’Etat du Cameroun, à travers la ratification, le 30 août 1989, de la convention de Vienne sur la protection de la couche d’ozone, et le protocole de Montréal relatif aux substances qui appauvrissent la couche d’ozone.

BRM

Le ministre de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales (Minepia), Dr Taïga, et son homologue du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, ont signé le 28 décembre 2023 à Yaoundé, un accord de financement de 130 milliards de FCFA avec la Bridgin Foundation, une fondation de droit belge. L’accord signé en présence du Premier ministre, Joseph Dion Ngute, vise à booster la pisciculture et la production laitière au Cameroun, grâce à la mise en place d’infrastructures et équipements y afférents.

Les investissements à réaliser par ce partenaire du gouvernement camerounais, apprend-on, le seront en mode FBOT (Finance-Build-Operate-Transfer). C’est-à-dire que la Bridgin Foundation apporte à la fois les financements, assure la construction des infrastructures, la production et la commercialisation des produits, avant la rétrocession de l’investissement au gouvernement camerounais au bout de 25 ans d’exploitation.  « L’Etat du Cameroun ne débourse rien, mais facilite juste les procédures », tient à préciser le ministre Mbarga Atangana.

Une fois réalisé, l’investissement annoncé par la Bridgin Foundation permettra d’assurer une production annuelle de 100 000 tonnes de poissons et 50 000 tonnes de lait, affirme le ministre du Commerce, cité par le journal à capitaux publics Cameroon Tribune. Ce projet, poursuit-il, permettra de réduire les importations annuelles de poissons, qui s’élèvent actuellement à 250 000 tonnes par an, et coûtent au pays environ 150 milliards de FCFA.

Le projet participe de l’ambition des pouvoirs publics de réduire les importations massives de poissons et de lait, qui obèrent la balance commerciale du pays chaque année. Selon le ministre de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales, il s’agit surtout de doper la production nationale de deux produits qui occupent une place de choix dans la politique d’import-substitution, mise en œuvre depuis 2021 par le gouvernement.

Les bénéfices réalisés dans le cadre de cet investissement, souligne Tanko Mouhamadou, directeur général et président de la Bridgin Foundation, serviront à développer dans le pays les infrastructures dans les secteurs de l’éducation, de la santé, et à renforcer l’autonomisation de la femme.

P.N.N

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En moyenne sur les douze derniers mois, le taux d’inflation s’élève à 7,5% en novembre 2023. C’est ce qui ressort de la note sur l’évolution des prix à la consommation finale des ménages au Cameroun en novembre 2023, publiée par l’Institut national de la statistique (INS). Bien que cet indicateur soit en baisse de 0,2% par rapport au 7,7% du mois d’octobre 2023, il représente toujours plus du double de la limite du seuil de 3% fixé par la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale) dans son dispositif de surveillance multilatérale. Selon le document, les taux d’inflation restent supérieurs à 7% dans 9 des 10 régions du pays, avec le plus élevé enregistré à Bertoua (Est), soit 8,9 %. Bamenda, la capitale régionale du Nord-Ouest, affiche le taux le plus bas avec 6,1%, mais celui-ci est également au-dessus de la norme communautaire.

L’INS explique que cette inflation provient principalement de « la progression de 11,6% des prix des produits alimentaires, de 13,8% des coûts de transport et de 7,7% des prix des meubles, des articles de ménage et des produits d’entretien courant ». Les statisticiens nationaux notent toutefois que l’inflation alimentaire a baissé de 0,4% sur la période sous revue. Cette baisse des prix des produits alimentaires est à mettre en lien avec le recul des prix des pains et céréales (-1,1%), des poissons et fruits de mer (-1,1%), des huiles et graisses (-1,1%), ainsi que des légumes (-0,4%). En revanche, les prix des viandes et des fruits ont augmenté sur la même période, respectivement de 0,6% et de 1,9%. Pour les produits non alimentaires, la baisse concerne uniquement les boissons alcoolisées, tabacs et stupéfiants (-0,1%).

Dans la loi de finances 2024, le gouvernement camerounais prévoit que l’inflation se replierait à 4% l’année prochaine contre 6,7% à fin décembre 2023, bien que ce taux reste au-dessus du seuil communautaire. Dans sa réponse à la situation inflationniste, la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), institution d’émission des pays membres de cet espace communautaire, assèche les banques au moyen du relèvement répété de ses principaux taux directeurs, de la suspension des opérations d’injection de liquidités dans le système bancaire de la Cemac et de l’intensification des opérations de reprise de liquidité auprès des établissements bancaires. Mais la Beac reconnaît que seulement 20% de l’inflation est d’origine monétaire.

P.N.N

Dans une correspondance adressée le 20 décembre 2023 au Premier ministre, Joseph Dion Ngute, l’Association des producteurs d’alcool du Cameroun (CAPA, en anglais) sollicite du gouvernement une augmentation des prix des bières et des boissons gazeuses de 50 FCFA (selon la loi, ces prix sont soumis à la procédure d’homologation préalable, NDLR). Cette mesure, indiquent le regroupement constitué de Boissons du Cameroun (SABC), de l’Union camerounaise des brasseries (UCB), de Guinness Cameroon, de la Société camerounaise de fermentations (Fermencam) et de la Société de fabrication des vins du Cameroun (Sofavinc), vise à permettre à ces opérateurs économiques de pouvoir faire face à l’augmentation de leurs charges fiscales induite par des dispositions de la loi de finances 2024 de l’État, promulguée par le président de la République le 19 décembre 2023.

« La solution optimale, convenant à toutes les parties, est de procéder à une augmentation de 50 FCFA par bouteille de bière et de boissons gazeuses, dès la mise en application de la loi de finances 2024. Cette hausse modérée ne pourrait être acceptable pour les industriels qu’à la seule condition du maintien de la base de calcul de DA (droit d’accises) identique à celle en vigueur à ce jour. Cette augmentation, conjuguée aux nouvelles dispositions de la loi de finances 2024, permettra ainsi à l’État de prélever en sus la TVA additionnelle, et laissera la marge de manœuvre nécessaire, afin de faire une répartition entre les autres acteurs (producteurs, distributeurs et détaillants), apportant par la même occasion une réponse aux revendications des distributeurs et des barmen », expliquent les membres du CAPA.

En effet, à en croire ces derniers, en « supprimant l’abattement sur les DA pour les bières et en réduisant de plus de moitié (60%) celui des boissons gazeuses », la loi de finances 2024 de l’État du Cameroun augmente les charges fiscales des producteurs d’alcool « d’environ 12 milliards de FCFA », apprend-on. Ce qui, selon le CAPA, correspond à « un impact d’environ +8 FCFA par bouteille de bière et +10 FCFA pour les boissons gazeuses ». Tout ceci sans compter que « plusieurs autres mesures de cette loi sont défavorables à l’industrie brassicole », et que la « hausse des prix des matières premières (…) depuis 2021 », consécutivement à la crise russo-ukrainienne et la période post-Covid, « a engendré un coût additionnel de 26 FCFA par bouteille de bière, hors augmentation des coûts de l’énergie et de la main-d’œuvre », détaillent les membres du CAPA dans la lettre au PM.

Fin du statu quo fiscal

En effet, l’on se souvient que depuis le 1er janvier 2023, l’Agence de régulation du secteur de l’électricité (Arsel) a autorisé une augmentation des tarifs de l’électricité aux entreprises de l’ordre de 30% ; tandis que le gouvernement, pour faire face à l’explosion de la subvention des produits pétroliers à la pompe, a décidé de procéder à une hausse des prix à compter du 1er février 2023. Dans le même temps, la loi de finances 2023, elle, consacrait l’extension de la taxe spéciale sur les produits pétroliers au gaz industriel utilisé comme énergie d’appoint par les entreprises, face aux coupures récurrentes de l’énergie électrique observées dans le pays. Cette mesure imposait alors aux consommateurs du gaz industriel, approvisionnés par Gaz du Cameroun (GDC), qui a lui-même décidé d’augmenter ses tarifs de 20%, de payer au fisc 70 FCFA par mètre cube de gaz consommé (cette taxe est passée à 60 FCFA dans la loi de finances 2024, NDLR).

Cependant, souligne le CAPA dans sa lettre du 20 décembre 2023, « malgré ces vents contraires, les membres du CAPA ont exprimé leur détermination à demeurer des entreprises citoyennes, et l’industrie brassicole un partenaire stratégique du gouvernement dans sa lutte contre la vie chère. À cet effet, leur proposition était de combattre ensemble l’inflation, pour le bien et la protection des consommateurs, à travers le maintien inchangé des prix des boissons, sous condition d’un statu quo fiscal des impôts et taxes spécifiques ». Ce statu quo n’a pas été maintenu dans la loi de finances 2024, qui, selon les producteurs d’alcool, est plutôt « venue fragiliser davantage l’un des secteurs clés de l’économie camerounaise… ».                          

Brice R. Mbodiam

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Le ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique par intérim (Minmidt), Fuh Calistus Gentry, a signé, le 22 décembre 2023, un communiqué « interdisant désormais toute activité minière artisanale et artisanale semi-mécanisée au-delà de 30 m de profondeur ». D’après le membre du gouvernement, la mesure vise à protéger et préserver l’environnement et à prévenir tout risque d’éboulement et les pertes en vies humaines associées.

Fuh Calistus Gentry invite tous les opérateurs dont les profondeurs des sites d’exploitation vont au-delà de la profondeur susmentionnée à « suspendre immédiatement leurs activités, à évacuer leurs machines et équipements de production, à restaurer et à fermer lesdits sites ». Pour les semi-mécanisées, seuls feront exception les exploitants miniers qui auront « préalablement présenté un plan d’exploitation et une étude géotechnique sur la stabilité des talus, avec pour objectif de migrer vers la petite mine », précise le Minmidt.

D’après la loi portant nouveau Code minier (après celui de 2016) promulguée le 19 décembre 2023 par le président de la République, Paul Biya, « l’activité minière artisanale doit se concentrer à une profondeur maximale de 10 m en utilisant des méthodes et procédés ne mettant en œuvre que la motricité humaine ». Cette mesure intervient dans un contexte où l’abandon des sites miniers au Cameroun donne lieu à des trous béants devenus des lacs artificiels qui dégradent l’environnement et mettent les populations riveraines en péril.

Selon un recensement effectué par l’organisation non gouvernementale Foder (Forêts et développement rural) entre 2015 et 2022, 205 décès ont été enregistrés dans les sites miniers des régions de l’Est et de l’Adamaoua, dont 12 cas de noyades dans des lacs artificiels. Les 193 autres décès étaient dus aux éboulements et glissements de terrain causés par des trous béants abandonnés.

Frédéric Nonos

Les travaux de réhabilitation de la section Babadjou-Matazem (lot 1) de la route Babadjou-Bamenda, sur le corridor Yaoundé (Cameroun)-Enugu (Nigeria), affichent un taux d’exécution estimé à 92% au 26 décembre 2023. Le béton bitumineux a déjà été posé le long de 14 des 17 km de cette section, selon le ministère des Travaux publics (Mintp), maître d’ouvrage de cette infrastructure.

Le projet couvre un total de près de 52 km de routes répartis en quatre lots. Le lot 2 deux s’étend sur 18 km entre Matazem et Welcome to Bamenda, le lot 3 va de Bamenda up à Hill station bypass (près de 5 km) et le dernier lot consiste à la réalisation de la traverser urbaine de la ville de Bamenda (près de 12 km). Les sections 2 et 3 sont aussi en cours de réalisation alors les études techniques en vue de la réhabilitation de la traversée urbaine sont en cours.

Démarré en 2017, le chantier de construction de la première section, confié au préalable à l’entreprise française Sogea-Satom, a connu plusieurs arrêts en raison principalement de la situation sociopolitique dans la région du Nord-Ouest qui a occasionné de nombreux dégâts matériels (destruction des engins lourds de construction) et humains (enlèvement et meurtre) chez cette entreprise. Face à ces difficultés, la filiale du groupe Vinci a décidé de se retirer du projet.

Depuis janvier 2022, la société camerounaise Buns a repris les travaux suite à un mémorandum d’entente signé avec le ministère de la Défense (Mindef) pour la sécurisation du chantier. Les travaux devraient être livrés le 6 septembre 2023. La même entreprise s’est également vue attribuer le lot 2 alors que le lot 3 a été confié à une autre entreprise camerounaise des BTP dénommée Bofas. Et ces lots devraient être livrés respectivement 18 janvier 2024 et 17 octobre 2023. Mais lors de sa dernière visite de chantier du ministre Emmanuel Nganou Djoumessi, intervenue en début juillet 2023, le Mintp annonçait déjà des risques de dérapage de délai pour tous ces travaux. On s’achemine donc vers une prorogation des délais de livraison de ces chantiers.

En rappel, le gouvernement camerounais, avec l’appui de la Banque mondiale à travers le Projet de développement du secteur du Transport (PDST), a entrepris de réhabiliter la route nationale n° 6, notamment la section Babadjou-Bamenda qui relie les régions de l’Ouest et du Nord-Ouest. En plus d’éliminer les accidents, la reconstruction de ce tronçon devrait réduire les coûts de transport et les durées de transit sur le corridor routier qui relie Yaoundé, la capitale camerounaise, à la frontière est du Nigeria.

P.N.N

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Au sortir d’un Conseil d’administration extraordinaire tenu le 26 décembre 2023, Tikum Elias Mbanwei (photo) a été nommé au poste de directeur général (DG) du Parc national du matériel de génie civil (Matgénie), l’entreprise publique du BTP du Cameroun. Cet ingénieur des travaux de génie civil, qui officiait jusqu’ici comme inspecteur général des services au ministère des Travaux publics, remplace à ce poste Gustave Ebongué, nommé en septembre 2021, après avoir été directeur général adjoint (DGA) de cette société d’État à partir de juin 2017. Dans le même temps, Joseph Zambo Belinga, universitaire en service à l’Université de Yaoundé I, hérite du poste de président du Conseil d’administration (PCA). En lieu et place de Jean Roland Daniel Ebo, dont les rapports avec les différentes équipes dirigeantes (et mêmes avec les administrateurs, NDLR) qui se sont succédé à la tête du Matgénie depuis 2017 étaient des plus exécrables.

Troisième DG à être nommé au Matgénie depuis 2017, c’est-à-dire en l’espace de 6 ans, Tikum Elias Mbanwei hérite d’une entreprise publique en difficulté depuis 20 ans. Avec à la clé deux anciens DG condamnés ou alors en bisbille avec la justice camerounaise, pour des faits de détournements de deniers publics et diverses autres malversations financières. Il s’agit de Jeremiah Andossey, en fuite depuis son limogeage en 2005 et condamné à vie en 2018 par le Tribunal criminel spécial (TCS), pour détournements des deniers publics d’un montant de 12 milliards de FCFA ; et de Niwa Long Othon, son successeur limogé en 2017 puis emprisonné en 2019, pour soupçons de malversations financières lors de l’exécution du contrat-plan Matgénie-Etat du Cameroun d’un montant de 8 milliards de FCFA.

 Ce lourd passif managérial, auquel il faut ajouter les grèves à répétition des employés réclamant le paiement de leurs salaires, devrait hanter le séjour de Tikum Elias Mbanwei à la tête du Matgénie. En effet, depuis environ deux décennies maintenant, le paiement des salaires dans cette entreprise publique, pourtant transformée en mastodonte public du BTP suite à une réforme intervenue en 2015, est un véritable casse-tête. Et pour cause, l’entreprise est financièrement exsangue. C’est qu’au fil des années, son parc de matériel s’est réduit comme peau de chagrin. Couplée au manque de moyens financiers, aux retards de paiements des rares prestations réalisées généralement pour le compte du ministère des Travaux publics et à la concurrence qui s’est installée sur le marché de la location des engins du BTP (son cœur de métier à l’origine, NDLR), la situation des équipements du Matgénie ne permet même plus à l’entreprise de réaliser les contrats qui lui sont confiés.

Dans son rapport sur les entreprises publiques en 2019, la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR), organisme spécialisé du ministère des Finances, révèle par exemple que cette année-là, le Matgénie a gagné des contrats de prestation pour un montant de 12,4 milliards de FCFA. Mais, l’entreprise n’a pu réaliser « des travaux facturables qu’à hauteur de 1,3 milliard de FCFA, soit un taux de réalisation de 11% ». Et la CTR de poursuivre : « le déploiement marketing impulsé au sein de la société depuis 2018 lui a permis d’avoir un portefeuille important de commandes, qui n’arrivent pas à être exécutées en raison des difficultés de trésorerie. On peut citer des contrats de travaux d’entretien des infrastructures routières avec diverses administrations et des privés pour un montant de 15,7 milliards de FCFA, en tant que prestataire ou maître d’ouvrage dans le domaine du génie civil (81%), et des études (19%) ».

La valse des DG, une solution cosmétique…

Face à ces difficultés, les quelques revenus générés par l’entreprise servent essentiellement à payer des charges, principalement constituées des salaires des employés, qui sont généralement sur le pied de guerre chaque fin du mois, habitués qu’ils sont à l’accumulation des arriérés. Selon la CTR, ces charges « absorbent 89,95% du chiffre d’affaires » du Matégnie, situation qui, à en croire l’organisme spécialisé du ministère des Finances, « pourrait constituer à terme un risque budgétaire pour l’État, si la tendance n’est pas inversée ». Afin de pouvoir justement inverser cette tendance, plusieurs initiatives ont été prises ou envisagées, bien au-delà des remplacements des différents directeurs généraux, qui s’apparentent chaque fois à une solution cosmétique.

D’abord, pour doper le parc d’engins du Matgénie, le 1er février 2019, le gouvernement camerounais, à travers le ministère des Travaux publics, a signé avec la société belge DEM Group, un contrat de 157 milliards de FCFA, en vue de la fourniture de plus de 600 engins et véhicules au Matgénie. Le contrat prévoyait la livraison de ces équipements sur 2 ans, afin de permettre à cette société d’État de se déployer davantage sur le terrain de l’entretien routier, conformément à un contrat de partenariat signé avec les communes camerounaises ; de doper son parc pour plus d’efficacité dans la location des engins aux entreprises ; et de constituer de la ressource matérielle pour la réalisation de ses propres travaux dans le secteur du BTP. Mais, aussitôt signé il y a bientôt 5 ans, ce contrat semble avoir été oublié dans les tiroirs du gouvernement.

Ensuite, pour permettre au Matgénie de se positionner sur le marché devenu très concurrentiel du BTP au Cameroun, et ainsi en tirer des revenus devant conduire au rétablissement de l’équilibre financier de l’entreprise, les services du Premier ministre (PM) ont suggéré deux solutions au ministre des Travaux publics, qui sont jusqu’ici restées lettre morte. En effet, apprend-on de sources autorisées, suite à un plaidoyer de la direction générale du Matgénie auprès du gouvernement, les services du PM ont suggéré au ministre Nganou Djoumessi, début septembre 2021, d’attribuer à cette entreprise publique deux contrats d’un montant cumulé de 70 milliards de FCFA. Dans le même temps, la Primature a demandé à ce membre du gouvernement de formaliser, à travers un projet de texte à valider, l’attribution au Matgénie d’une quote-part de contrats publics dans le secteur du BTP. « Jusqu’ici, nous continuons d’attendre le retour du ministère par rapport à ces instructions des services du Premier ministre », confie une source proche du dossier. Dans l’intervalle, la valse des DG se poursuit, sans pour autant interrompre la longue agonie du Matgénie.

Brice R. Mbodiam

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Le ministère des Travaux publics (Mintp) a annoncé, le 23 décembre, que le gouvernement procèdera en 2024 à la réhabilitation des tronçons routiers Moutourwa-Maroua sur la nationale n° 1 et Magada-Yagoua sur la nationale n° 12, dans la région de l’Extrême-Nord. Aucune date précise n’est toutefois avancée. Le 19 décembre, le patron de ce département ministériel, Emmanuel Nganou Djoumessi, a publié un appel d’offres international pour l’exécution desdits travaux d’infrastructures. Le document précise que le marché est scindé en trois lots suivant trois sections de routes à réaliser, à savoir : les axes Moutourwa-Maroua (36 km), Magada-Guidiguis (68,30 km) et Guidiguis-Yagoua (68,70 km), soit 173 kilomètres de routes à réhabiliter. Les candidats ont jusqu’au 16 février 2024 au plus tard pour soumettre leur offre.

La réhabilitation de ces tronçons routiers s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la politique du gouvernement en matière de développement économique et social, et vise à assurer la bonne circulation des biens et des personnes dans les localités desservies, à promouvoir le développement économique et la réduction de la pauvreté au sein des populations, à faciliter l’accès aux pays de la sous-région à partir du pont frontalier sur le Logone entre Yagoua et Bongor (Tchad) en cours de construction, et à accélérer les échanges économiques entre le Cameroun, le Tchad et la RCA.

Ces travaux d’infrastructures, qui consistent en l’aménagement de ces tronçons en béton bitumineux (BB), font partie du Projet d’aménagement territorial et de promotion du secteur privé de la région de l’Extrême-Nord, véritable carrefour sous-régional entre trois des quatre pays du bassin du lac Tchad (le Cameroun, le Nigeria et le Tchad) mais qui subit un déficit de développement structurel et persistant, une rupture du contrat social au Nigeria voisin qui s’est manifestée par une insurrection extrémiste violente avec des répercussions dans la région et une crise environnementale préoccupante, conséquence du changement climatique. Ce projet bénéficie d’un prêt de plus de 133 milliards de FCFA (203,11 millions d’euros) de la Banque africaine de développement (BAD), approuvé par le conseil d’administration de l’institution le 25 octobre dernier. L’Union européenne (UE) devrait aussi injecter 19,6 milliards de FCFA (30 millions d’euros) dans le projet, à travers un don du EU-Africa Infrastructure Trust Fund.

P.N.N

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Les entreprises privées et publiques camerounaises, qui sollicitent des financements auprès de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC), vont désormais bénéficier de la garantie souveraine de l’État. C’est l’objet de la convention de garantie de portefeuille signée le 20 décembre 2023 à Douala, entre le ministre des Finances, Louis Paul Motazé, et le président de la BDEAC, le Camerounais Dieudonné Evou Mekou. C’était en marge de la tenue, dans la capitale économique camerounaise, d’une Assemblée générale de cette institution financière sous-régionale.

« Cette convention est une grande avancée, parce que beaucoup d’entreprises qui nous sollicitent pour des financements sont confrontées au problème de garantie. Nous pensons qu’avec cette garantie souveraine de l’État, ce problème est résolu. Nous bénéficions ainsi d’un grand appui de l’État du Cameroun », se satisfait le président de la BDEAC. Le montant de cette garantie souveraine, ainsi que les modalités d’accès à cet appui étatique aux financements de la BDEAC n’ont pas été précisés. Cependant, l’on sait que depuis la loi de finances 2021, l’État du Cameroun a mis en place une ligne de garantie d’un montant de 200 milliards de FCFA au profit des entreprises, principalement les PME, en quête de financements auprès des banques et autres institutions financières. 

Ce mécanisme de garantie, qui n’a pas obtenu les résultats escomptés à partir de sa mise en œuvre en 2022, selon le ministre des Finances, Louis Paul Motazé, a été réajusté en 2023. Pour plus d’efficacité, souligne le ministre. Selon le mécanisme réformé, sur l’enveloppe de 200 milliards de FCFA de garantie mise à disposition par l’État, 30% permettront de faciliter l’accès aux crédits aux entreprises et établissements publics, contre 70% pour les entreprises du secteur privé. Le taux de couverture des crédits par cette facilité réservée uniquement aux entreprises de droit camerounais à capitaux majoritairement camerounais est plafonné à 30% pour les grandes entreprises, contre 70% pour les PME. Cependant, apprend-on, ces plafonds de couverture peuvent être portés à 60% pour les grandes entreprises et à 80% pour les PME opérant dans les zones économiquement sinistrées. Il s’agit ici des régions du Nord-Ouest, Sud-Ouest et de l’Extrême-Nord, en proie à la crise dite anglophone pour les deux premières, et aux attaques de Boko Haram pour la dernière.

Par ailleurs, apprend-on, sont éligibles à cette facilité de l’État, les prêts destinés à financer les besoins en fonds de roulement des entreprises, et surtout à l’investissement dans les filières identifiées comme prioritaires par la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND30). Il s’agit notamment de l’énergie ; des services financiers ; de l’agro-industrie ; du numérique ; des filières forêt-bois, textile-confection-cuir, mines-métallurgie-sidérurgie, hydrocarbures-pétrochimie-raffinage, chimie-pharmacie ; constructions ; services.

« Sont également prioritaires, les prêts visant à accroître la production locale de nos principaux produits d’importation et permettant de renforcer nos capacités d’exportation. Seront exclues de ce champ, les opérations de refinancement, de restructuration, de remboursement ou de rachat d’un prêt existant », avait précisé le secrétaire général du ministère des Finances, Gilbert Didier Edoa, le 16 août 2023 à Yaoundé. C’était lors de la présentation du mécanisme révisé, effectuée au cours de la cérémonie de signature d’une convention de garantie de portefeuille entre le ministère des Finances et l’Association des établissements de crédit du Cameroun (Apeccam).

Brice R. Mbodiam

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Après une interruption de cinq ans, l’indice de développement des technologies de l’information et de la communication (TIC) a été publié le 13 décembre dernier par l’Union internationale des télécommunications (UIT). Dans ce rapport 2023, le Cameroun perd quatre places en Afrique centrale par rapport au classement 2017. Avec 36,8 points, le pays de Paul Biya se positionne comme le 6e pays d’Afrique centrale où le niveau de développement des TIC est le plus élevé sur les 10 pays classés. Il occupait la 2e position en 2017. Le Cameroun arrive derrière le Gabon qui se maintient au premier rang avec 72,9 points, Sao Tomé-et-Principe (54,5 points), l’Angola (44,1 points), le Rwanda (40,1 points) et la Guinée équatoriale (37,6 points).

C’est dire qu’entre les deux périodes sous-revues, le Cameroun n’a pas enregistré le même progrès que plusieurs pays de la sous-région en matière de développement des TIC. En effet, ledit rapport, qui s’intitule « Measuring digital development: The ICT Development Index 2023 », analyse et évalue les progrès accomplis dans le domaine des TIC dans 169 pays et territoires. Ces pays sont notés sur une échelle allant de 0 à 100 points en se basant sur 10 indicateurs, dont le pourcentage des particuliers utilisant Internet, la pénétration de la téléphonie mobile à large bande mobile, le trafic Internet à large bande mobile (en giga-octets par abonnement), le prix des données mobiles et des services voix et le taux de possession de téléphones mobiles. Et dans la plupart de ces indicateurs, le Cameroun est en dessous de la moyenne. S’agissant par exemple de la couverture des réseaux 3G et 4G, le Cameroun enregistre un score de 18,4 sur 100 tandis que le Gabon obtient la note de 98 sur 100 et Sao Tomé celle de 37,6 sur 100. Sur le prix des données mobiles et des services voix, le Cameroun a 0,8% tandis que le Gabon a 85,2%.

Cette étude fait donc ressortir les retards accusés par le Cameroun par rapport à plusieurs pays de la sous-région Afrique centrale dans le développement de l’économie numérique. Pourtant, d’après les autorités locales, des progrès significatifs ont été réalisés dans ce sens par le pays au cours de ces quatre dernières années. Par exemple, d’après le ministère des Postes et Télécommunications, le taux de pénétration du haut débit mobile est passé de 18% à 39% en quatre ans. Le pays devra donc fournir encore plus d’efforts s’il veut remonter dans le top 3 des pays qui affichent des progrès notables dans le domaine des TIC en Afrique centrale comme c’était le cas en 2017.

Sur le plan africain, le Maroc arrive en tête du classement suivi de l’Île Maurice, des Seychelles, l’Afrique du Sud, la Libye, l’Algérie, l’Égypte, la Tunisie, le Botswana, et le Gabon qui ferme le top 10 africain de ce classement.

Selon le rapport de l’UIT 2023, des progrès sensibles en matière de développement des TIC ont été réalisés en Afrique. Utilisé par plusieurs acteurs du secteur des TIC et numérique, l’Indice de développement des TIC de l’UIT est considéré comme l’un des référentiels des données et des analyses mondiales les plus fiables sur l’état du développement des TIC.

Sandrine Gaingne

Classement Afrique centrale 

Economie Rang Afrique centrale 2023 Rang Afrique centrale 2017
Gabon 1er 1er
Sao Tomé-et-Principe 2e 3e
Angola 3e 5e
Rwanda 4e 4e
Guinée équatoriale 5e 6e
Cameroun 6e 2e
Congo 7e Non classé
RDC 8e 7e
Burundi 9e 8e
Tchad 10e 9e
RCA Non classé  10e  

 

Classement Afrique  

1-Maroc (Score : 85,1 points)

2-Maurice (81,7)

3-Seychelles (80,9)

4-Afrique du Sud (80,5)

5-Libye (79,4)

6-Algérie (77,8)

7-Egypte 75,8

8-Tunisie (75,4)

9-Botswana (74)

10-Gabon (72,9)

11-Eswatini (71,7)

12-Cap-Vert (68,1)

13-Namibie (68,1)

14-Sénégal (66,5)

15-Ghana (65,9)

16-Djibouti (63,6)

17-Côte d’Ivoire (59)

18-Sao Tomé-et-Principe (54,5)

19-Kenya (54,2)

20-Mauritanie (53,7)

21-Zambie (49,5)

22-Lesotho (44,3)

23-Nigeria (44,2)  

24-Angola (44,1)

25-Comores (43,5)

26-Zimbabwe (42,7)

27-Togo (40,2)

28-Rwanda (40,1)

29-Bénin (38,3)

30-Mali (38,2)

31-Guinée équatoriale (37,6)

32-Tanzanie (37,2)

33-Cameroun (36,8)

34-Ouganda (34,8)

35-Ethiopie (33,8)

36- Malawi (31,5)

37- Guinée-Bissau (33,1)

38-République du Congo (29,2)

39-RD Congo (29,1)

40-Burkina Faso (28,5)

41-Madagascar (26,4)

42-Mozambique (25,8)

43-Burundi (23)

44-Somalie (21,4)

45-Tchad (20)

 

Le Port autonome de Douala (PAD) et Sapro Logistics Cameroun (SLC) ont signé, le 21 décembre 2023, une convention portant sur l’aménagement d’une zone logistique et d’un parking d’attente des camions en zone aval du port au terme d’un processus de sélection lancé en octobre 2020, apprend-on d’une note d’information du PAD. SLC est la filiale camerounaise du groupe Sapro, fondé par le milliardaire congolais Paul Obambi. C’est ce dernier qui est d’ailleurs l’administrateur directeur général de SLC.   

Le projet sera déployé sur deux sites d’une superficie totale de 15 ha (avec une zone logistique sur 5 ha et un parking de camions sur 10 ha). La zone logistique sera constituée d’un quai de chargement et de déchargement, des chemins de fer, un entrepôt métallique modulable de grande capacité, des aires d’entreposage des conteneurs, des voies de circulations de largeur supérieure à 12 m pour une mobilité plus accrue des engins. Le parking d’attente pour camions comprendra une aire de parking d’une capacité de 621 semi-remorques et 30 tracteurs de camions. La zone de vie quant à elle comprendra un bâtiment administratif, un hôtel, une infirmerie, un mini marché, une mosquée, un réfectoire, des espaces de parking pour véhicules léger, un poste de police, une mini-station d’épuration.

Le projet, dont la date de démarrage n’est pas encore connue, sera réalisé en mode BOT (Build-Operate and Transfer) et est prévu pour s’exécuter en 3 ans. Sapro Logistics Cameroun doit investir les 44,4 milliards de FCFA HT nécessaire pour sa réalisation, sans aval ni caution du PAD et de l’État du Cameroun. Le partenaire du PAD va ensuite exploiter les infrastructures pendant 21 ans. Le taux de rentabilité interne (TRI) du projet sur les 24 ans est de 185,1%.  

Le projet qui devrait générer 250 emplois directs et environ 800 emplois indirects, « devrait désengorger des voies de desserte du port, le long desquelles stationnent continuellement des camions qui assurent le transport des marchandises (…) ou encore d’offrir des solutions de stockage et de gestion logistique des marchandises pour les opérations diverses de pré et de postacheminement à l’importation et à l’exportation », fait savoir le PAD. Son directeur général, Cyrus Ngo’o, rappelle que l’aménagement d’une zone logistique et d’un parking de camions en zone aval du domaine portuaire fait partie des projets prioritaires retenus par le schéma directeur de développement de ce port à l’horizon 2050, dans le cadre de l’ambitieux programme de rénovation et de modernisation des installations et des équipements portuaires.

Frédéric Nonos

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Le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé, le 20 décembre dernier, la prorogation d’un an du programme de réformes économiques du Cameroun censé prendre fin en juillet 2024. L’annonce a été faite par le ministre des Finances (Minfi), Louis Paul Motaze, dans un communiqué publié jeudi 21 décembre. «Le conseil d’administration du Fonds a approuvé la prorogation de 12 mois dudit programme afin d’approfondir d’autres problématiques émergentes, à l’instar de la réduction des risques liés au changement climatique », peut-on lire dans le document.

Dans un communiqué le 17 novembre, le FMI a annoncé être parvenu à un accord avec les autorités camerounaises sur la prorogation, jusqu’en juillet 2025, du programme économique et financier triennal (juillet 2021-juillet 2024) appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC) et le Mécanisme élargi de crédit (MEDC). « Cette prorogation s’accompagne d’un accès à des ressources supplémentaires pour permettre au gouvernement de disposer de marges budgétaires additionnelles, à l’effet de mener à bien ces réformes », indique le Minfi. Cette rallonge devrait ainsi permettre au Cameroun de bénéficier d’un financement supplémentaire de 145,4 millions de dollars (près de 89 milliards de FCFA), précisait le FMI dans son communiqué en novembre dernier.

Il est aussi prévu que d’autres bailleurs apportent des appuis budgétaires, tels que la Banque africaine de développement (BAD) qui vient d’approuver un prêt de 74,25 millions d’euros (environ 49 milliards FCFA) au Cameroun pour la mise en œuvre de la première phase du Programme d’appui au redressement du secteur de l’électricité (Parsec). La BAD promet un second financement de 30,94 millions d’euros (20,3 milliards de FCFA), dont le décaissement est prévu pour janvier 2025. Elle conditionne toutefois l’instruction de cette phase à l’extension d’un an du programme triennal soutenu par le FMI.

Cette prorogation répond notamment au besoin de permettre au pays de rétablir la viabilité de la dette, de limiter l’inflation et de réduire le déficit budgétaire. Les autorités camerounaises, apprend-on, se sont par exemple engagées à réduire encore le déficit primaire hors pétrole pour le ramener à moins de 2% du PIB et l’encours de la dette publique à 40% du PIB en 2024. Selon les projections du FMI, l’encours de la dette publique devrait passer de 45% du PIB fin 2022 à moins de 42% fin 2023.

En plus de cette prorogation du programme, le conseil d’administration du FMI a aussi approuvéle décaissement de près de 45 milliards de FCFA en faveur du Cameroun, annonce le Minfi. Cela porte à environ 345 milliards de FCFA, le total des décaissements effectués depuis le début du programme triennal en cours, conclu le 29 juillet 2021. Ce programme devrait permettre au pays d’engranger environ 770 milliards de FCFA au titre d’appuis budgétaires, d’après les autorités. Sur cette enveloppe, 380 milliards de FCFA devraient être mis à disposition par le FMI, tandis que le reste devrait provenir des bailleurs de fonds tels que la BAD, la Banque mondiale, l’Union européenne (UE) et la France.

Patricia Ngo Ngouem

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Sur la période de 72 heures allant du 18 au 20 décembre 2023, le Trésor public camerounais a effectué des remboursements d’un montant total de 95 milliards de FCFA sur le marché des titres publics de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), apprend-on officiellement. Dans le détail, une dette de 20 milliards de FCFA a été réglée le 18 décembre, pour apurer une émission d’obligations du Trésor assimilables (OTA) effectuée il y a 2 ans, tandis que 75 milliards de FCFA étaient destinés à l’apurement, le 20 décembre 2023, d’un emprunt contracté par émission de bons du Trésor assimilables (BTA) il y a 13 semaines.

Afin de pouvoir effectuer ces remboursements, qui représentent le plus gros volume d’emprunts jusqu’ici remboursé par le pays sur ce marché en un laps de temps, le Cameroun a dû effectuer de nouveaux emprunts. Sur une enveloppe de 120 milliards de FCFA recherchés à travers divers instruments financiers, environ 100 milliards de FCFA ont pu être mobilisés, apprend-on de sources internes au ministère des Finances.

 « Sur le remboursement de 20 milliards pour les OTA, nous n’avions pas de pression, puisque les fonds étaient déjà disponibles. C’est sur le remboursement de 75 milliards de FCFA sur les BTA qu’il fallait chercher la totalité de l’enveloppe. Ça n’a pas été facile. Mais, nous y sommes parvenus », souffle une source autorisée dans ce département ministériel.

À l’en croire, pour obtenir l’enveloppe recherchée afin de permettre ce remboursement, il a fallu consentir des taux d’intérêt dépassant 5,5% tous instruments confondus. Ce qui est pratiquement le double des 3% jadis servis par le Cameroun sur cette même catégorie de titres. La faute à une politique monétaire de plus en plus austère mise en place par la Beac pour combattre l’inflation.

BRM

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Le Camerounais Elvis Castanou a été promu au poste de directeur général de Hydrochem Cameroun, société spécialisée dans la vente d'engrais, en remplacement de Kudjoe Agbenyaga, démissionnaire. C’était à l’issue d’un conseil d’administration de cette structure du groupe NJS fondé par feu Noutchogouin Jean Samuel, tenu le 29 novembre dernier.

Elvis Castanou devient ainsi le tout premier directeur général de cette société sous sa nouvelle dénomination. Car la société qui était autrefois connue sous le nom Yara Cameroun a été récemment rachetée par le groupe NJS. Avec l’acquisition de cette société, le groupe du défunt homme d’affaires camerounais actuellement centrée sur le développement maîtrisé de l’élevage, envisage d’élargir son offre destinée au secteur agricole. L’objectif étant de promouvoir les meilleures pratiques agricoles afin d’augmenter la productivité des cultures au Cameroun et vulgariser de nouvelles techniques.

Pour l’aider à atteindre ces objectifs, le groupe a donc porté son choix sur Elvis Castanou, une tête connue dans la gestion des entreprises du groupe Noutchogouin. En effet, avant sa nomination, il a occupé la fonction de directeur général de Icrafon, une autre entreprise dans laquelle feu Noutchogouin Jean Samuel détient des parts. Il a par ailleurs officié comme directeur commercial des Brasseries et Limonaderies du Burundi Brarudi S.A. et responsable marketing chez Heineken à Kigali au Rwanda. Ces expériences acquises dans le secteur de l’agro-industrie lui seront certainement utiles dans ses nouvelles fonctions. Diplômé de Grenoble école de management, l'expert en finances, marketing et commerce international devra également faire appel à ses qualifications académiques pour remplir ses missions à la tête de Hydrochem Cameroun.

SG

L’enquête sur le climat des affaires dans le secteur industriel, récemment publiée par le ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), révèle que 81% des chefs d’entreprises trouvent le taux de pression fiscale (part des dépenses fiscales sur le chiffre d’affaires) élevé,18% le trouvent moyen et 1% le considèrent comme faible. Plus de la moitié des patrons des 1000 entreprises enquêté estiment n’avoir pas de bons rapports avec les services de la douane, des impôts et autres. D’une manière générale, souligne l’étude, les patrons du secteur industriel pensent que la fiscalité est lourde au Cameroun.

Estimé à 11,8% du PIB en 2022, le taux de pression fiscale a atteint 12,6% en 2023, selon la direction générale des impôts (DGI) du ministère des Finances, qui le projette à 13,55% en 2024. Pour la DGI, la pression fiscale au Cameroun reste encore inférieure à la moyenne africaine évaluée à 17,2%, ainsi qu’aux standards internationaux. « Il est généralement admis que la part des prélèvements obligatoires dans la richesse nationale doit atteindre au moins 25% pour être significative et engendrer un véritable développement », soutient-on à la DGI.

D’après des experts financiers, le problème de la fiscalité au Cameroun n’est pas la pression, mais l’équité fiscale. En effet, la pression fiscale dans le pays est essentiellement supportée par un nombre infime de contribuables, notamment les grandes entreprises, tandis que de nombreux potentiels contribuables échappent au fisc. Dans son récent rapport sur la gouvernance et la corruption au Cameroun, le Fonds monétaire international (FMI), indique que « les grandes entreprises formelles au Cameroun sont grevées non seulement par un taux d’imposition global élevé, mais aussi par des limites inhabituellement strictes en matière de déductions fiscales ».

L’institution de Bretton Woods fait savoir que « des charges fiscales effectives élevées sur les bénéfices des entreprises formelles favorisent l’informalité et la déclaration erronée des bénéfices et du chiffre d’affaires ». Elle propose au Cameroun de réduire les taux légaux de l’impôt sur les sociétés, de l’impôt minimum et des systèmes d’imposition forfaitaire (libératoire) et simplifiée prévus dans le Code général des impôts. Depuis 2020, le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) déplore le caractère « confiscatoire » de l’impôt dont le taux général sur les sociétés est de 33% (y compris la surtaxe du conseil local), tandis que l’impôt minimum est de 2,2% du chiffre d’affaires. 

Frédéric Nonos

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Au cours de l’année 2024, le Trésor public camerounais va poursuivre sa stratégie de recherche des capitaux sur différents marchés, afin de pouvoir financer le budget de l’État. À ce titre, apprend-on de la loi de finances de l’État de l’année 2024, promulguée le 19 décembre 2023 par le chef de l’État, un peu plus de 514 milliards de FCFA devraient être mobilisés sur le marché des capitaux sous-régional.

Dans le détail, selon les projections du gouvernement, une enveloppe maximale de 375 milliards de FCFA devrait être mobilisée par émissions de titres publics. Ici, le Cameroun aura le choix entre la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (Bvmac), le marché financier unifié de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale), et le marché des titres publics de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), l’institut d’émission commun aux six pays de la Cemac. Au regard du montant global d’endettement par émissions des titres publics projeté dans la loi de finances 2024, l’hypothèse la plus probable est l’utilisation des deux marchés par l’État.

En clair, à côté des émissions régulières des bons du Trésor assimilables (BTA) et des obligations du Trésor assimilables (OTA) sur le marché des titres public de la Beac, l’on s’achemine, au cours de l’année 2024, vers l’émission du 8e emprunt obligataire de l’État du Cameroun sur le marché financier sous-régional. L’hypothèse de l’émission d’un nouvel emprunt obligataire est d’autant plus probable que la bataille pour la mobilisation des financements sur le marché des titres de la Beac, ces dernières années, est devenue plus rude avec les autres États de la Cemac, généralement plus généreux que le Cameroun sur les taux d’intérêts servis aux investisseurs.

À côté des financements à lever par émissions des titres publics, pour un montant n’excédant pas 375 milliards de FCFA, la loi de finances 2024 prévoit un endettement de 139,4 milliards de FCFA sur le marché bancaire national. En d’autres termes, au cours de l’année 2024, le Trésor public contractera des emprunts auprès des banques locales pour ce montant-là.

Au demeurant, que ce soit pour les émissions des titres publics que sur les emprunts bancaires, l’un des plus gros enjeux des opérations de levées de fonds de l’État du Cameroun en 2024 sera le taux d’intérêt proposé aux pourvoyeurs des capitaux. En effet, depuis fin 2021, l’on assiste à un durcissement de la politique monétaire par la banque centrale, qui a eu pour conséquence le relèvement des taux d’intérêt sur le marché des capitaux. Une réalité plutôt inconfortable pour le Cameroun, arc-bouté, depuis belle lurette, à la pratique des taux d’intérêt bas.

Fidèle à sa pratique d’une rémunération maîtrisée des pourvoyeurs de capitaux, contrairement aux autres pays de la Cemac qui aguichent généralement les investisseurs avec des taux d’intérêt alléchants, le Trésor public camerounais a dû accumuler des échecs sur le marché des titres de la Beac en début d’année 2023, avant de consentir à relever ses taux. Tout en demeurant le pays qui s’endette le moins cher sur ce marché. C’est également dans l’optique de maîtriser la rémunération de son endettement sur le marché des capitaux que le Cameroun a expérimenté, en 2023, la toute première émission obligataire à taux multiples sur le marché financier unifié de la Cemac.

Brice R. Mbodiam

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Boissons du Cameroun, leader du marché brassicole dans le pays, et le Fonds Pierre Castel viennent de gratifier le Réseau des associations féminines de l’arrondissement de Mouanko (Rafamo), dans la région du Littoral, d’un lot d’équipements de transformation de manioc. D’une valeur de 5 millions de FCFA, ce don leur a été remis le 19 décembre 2023, apprend-on.

« En offrant ce jour au Rafamo, d’un don en équipement de transformation de tubercules de manioc, nous assumons notre leadership. Et c’est finalement ce qui distingue notre entreprise qui est régulièrement citée comme première entreprise citoyenne au Cameroun », a expliqué le directeur général de Boissons du Cameroun, Stéphane Descazeaud.

La sollicitude du leader du marché brassicole au Cameroun envers la femme rurale de Mouanko s’intègre dans la stratégie RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) de cette entreprise. À en croire le DG, celle-ci se déploie « dans toutes les régions du Cameroun. C’est un moment de partage avec les populations autour des problématiques de développement durable autour de six thématiques : éducation, santé, environnement, sport, arts et culture, entrepreneuriat ».

BRM

La ministre de l’Habitat et du Développement urbain (Minhdu), Célestine Ketcha Courtès, a procédé, le 19 décembre, à la pose de la première pierre des travaux de construction de 3060 nouveaux logements au quartier Olembe, à Yaoundé. La première phase, dite pilote, prévoit la construction de 60 logements dans un délai de neuf mois sur un espace de 5 000 m2. Il s’agit de trois immeubles et d’un espace vert, objet de la pose de la première pierre mardi. Dans le cadre de la deuxième phase, il est prévu de construire les 3 000 autres logements sur 20 ha. Cette seconde phase doit démarrer en 2024 et s’étalera sur quatre ans, apprend-on.

Ces logements, dont le chantier a été confié au groupe espagnol Pablo y Natalia Holding Group (PNHG), s’inscrit dans le cadre du programme gouvernemental de construction de 10 000 logements sociaux et d’aménagement de 50 000 parcelles constructibles. « Après le programme de construction de logements sociaux par les PME camerounaises et le programme Coffor qui, après évaluation à date présentent des résultats peu reluisants pour diverses raisons, le Minhdu, dans la recherche de solution pragmatique visant à rattraper le gap et à répondre à la demande de plus en plus pressante, a entrepris la relance de ce programme en lui insufflant un nouveau souffle par la préparation de plusieurs protocoles d’entente avec des partenaires prêts à accompagner l’État dans sa mission par la production en masse de logements. C’est dans ce cadre que ce chantier a été confié à l’entreprise PNHG », justifie le ministère.

Au Cameroun, le déficit de logements est évalué à 2,5 millions d’unités. L’expansion démographique, la pauvreté et le taux de chômage font partie des nombreux facteurs qui expliquent ce déficit, selon les autorités. Pour tenter de combler le gap, le gouvernement a lancé, en 2010, le programme de construction de 10 000 logements dans l’objectif de faciliter l’accès à un logement décent aux Camerounais. La première phase de ce programme prévoyait la construction de 1 675 logements à Yaoundé et Douala, dont 500 à Olembe. 

P.N.N

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Selon le ministère des Travaux publics (Mintp), Emmanuel Nganou Djoumessi, le patron de ce département ministériel, effectue dès ce 21 décembre une visite de travail dans la région de l’Extrême-Nord. Visite au cours de laquelle il va procéder à la mise en service du pont Limani qui relie le Cameroun au Nigeria. Situé à Mora, commune du département du Mayo-Sava proche de la frontière nigériane, ce pont de 124 mètres, dont la réhabilitation a débuté en 2021, a été financé à près de 1,4 milliard de FCFA conjointement par le Mintp et le ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat).

Le pont, qui s’était effondré en 2015, permet de relier Limani au corridor Amchidé-Bankim, une route liant le Cameroun et le Nigeria. Cette route a été rouverte en 2019 après 5 ans de fermeture, en raison de l’insécurité causée par le groupe terroriste Boko Haram. Cette infrastructure est considérée par les autorités locales et les populations comme une plaque-tournante des transactions économiques entre les deux pays. A cet effet, elle devrait permettre de densifier les échanges commerciaux entre le Cameroun et le Nigeria, deux économies majeures d’Afrique centrale et de l’Ouest.

Par ailleurs, la mise en service du pont est un soulagement pour les populations qui peuvent désormais rallier sans problème Amchidé, grand marché à la frontière nigériane. A noter que les travaux réalisés par l’entreprise Coma Sarl concernent également la réalisation d’un radier général en béton cyclopéen sur 42,5 ml, l’assainissement des voies d’accès et protection des remblais, ainsi que des terrassements et aménagements des voies d’accès au pont.

P.N.N

Depuis le 20 décembre 2023, les centrales à gaz de Kribi (KPDC, 216 MW) et à fuel lourd de Dibamba (DPDC, 88 MW) sont de nouveau disponibles. La société britannique Globeleq, qui contrôle ces ouvrages de production (56% contre 44% pour l’État du Cameroun), a décidé de les remettre « exceptionnellement » en service, apprend-on d’un communiqué publié par le producteur indépendant d’électricité le même jour. Ce qui devrait réduire la fréquence et la durée des coupures d’électricité que connaissent actuellement six des 10 régions du Cameroun, dont les villes de Yaoundé et Douala. 

Pour justifier sa décision, Globeleq évoque « les engagements pris [par le gouvernement] afin de réduire la dette due par Eneo dès le 27 décembre 2023 ». Évaluée à 107,7 milliards de FCFA à fin novembre 2023, cette dette est projetée à 115 milliards de FCFA à fin décembre. Au ministère des Finances (Minfi), nos sources indiquent que le gouvernement s’est engagé à payer environ 30 milliards de FCFA d’ici le 27 décembre.

Pour comprendre cet engagement, il faut savoir qu’Eneo, contrôlé par le fonds d’investissement britannique Actis (51% contre 44% pour l’État du Cameroun), justifie son insolvabilité vis-à-vis de Globeleq par le volume de ses créances dues par le secteur public (État et autres entités publiques). Il est donc question pour l’État de mobiliser sur le marché des capitaux de l’argent, afin de régler une partie de la dette publique due à Eneo, pour que la filiale d’Actis puisse à son tour éponger une partie des impayés accumulés auprès de Globeleq.

Incertitude

Cette opération de monétisation est l’une des « solutions d’urgence de nature à réduire de façon significative les arriérés de paiement accumulés par Eneo » mise sur la table en novembre dernier pour convaincre Globeleq à remettre en service ses centrales thermiques. Du fait des arriérés accumulés par la filiale d’Actis, le producteur indépendant d’électricité avait déjà mis ses centrales à l’arrêt pendant la première semaine de novembre 2023. Et pour justifier la deuxième mise à l’arrêt, intervenue le 1er décembre, le directeur général de Globeleq Cameroun, Frédéric Mvondo (photo), évoquait, dans un courrier consulté par Investir au Cameroun, le fait qu’« aucun élément concret sur le montant et le calendrier de l’opération de monétisation n’est arrêté », et conditionnait la remise en service des ouvrages par la finalisation de cette opération.

Une perspective jusqu’ici bloquée, notamment par le bras de fer entre l’État et le distributeur exclusif de l’électricité sur la prise en charge des frais de cette levée de fonds. « Eneo ne veut rien prendre en charge. L’État va tout assumer », peste un responsable du Minfi. « Le non-paiement des sommes annoncées aux dates dues contraindrait Globeleq à appliquer de nouvelles mesures de sauvegarde en protection des équipements de production », menace pour sa part Frédéric Mvondo dans son communiqué. À lire entre les lignes, Globeleq attend d’autres paiements après l’opération de monétisation qui devrait permettre de lui verser environ 30 milliards de FCFA d’ici le 27 décembre. Serait-ce toujours par le biais du même mécanisme ? Rien n’est moins sûr.

Il faut dire que l’État continue de contester les créances revendiquées par Eneo. À fin septembre 2023, le distributeur exclusif de l’électricité au Cameroun chiffrait la dette publique à 234,5 milliards de FCFA, répartie en trois grandes catégories de débiteurs : l’État central (131,7 milliards de FCFA), les entreprises publiques (55 milliards de FCFA) et les autres entités publiques (47,8 milliards de FCFA). « L’État [central] ne doit rien à Eneo. Certaines entités publiques doivent environ 70 milliards de FCFA à Eneo. L’État compte se subroger à ces entités pour payer d’ici le 27 décembre environ 30 milliards de FCFA », soutient un haut responsable du Minfi, dont les collaborateurs participent aux commissions mises en place pour évaluer la dette du secteur public vis-vis d’Eneo.

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La société GLOBELEQ informe l’opinion publique avoir procédé à la suspension de la production des centrales électriques de Kribi et de Dibamba le 1er décembre 2023.

Cette décision de sauvegarde faisait suite au non-paiement par Eneo de factures dues aux entreprises KPDC et DPDC d’un montant culminant à FCFA 115 milliards.

Le groupe GLOBELEQ souhaite remercier le Gouvernement pour les engagements pris afin de réduire la dette due par ENEO dès le 27 décembre 2023.

Fort de ce confort et dans le souci de permettre à la population camerounaise de préparer et vivre sereinement les fêtes de Noël, le groupe GLOBELEQ a décidé de remettre exceptionnellement en service les centrales de Kribi et Dibamba.

Le non-paiement des sommes annoncées aux dates dues contraindrait GLOBELEQ à appliquer de nouvelles mesures de sauvegarde en protection des équipements de production.

KPDC S.A. & DPDC S.A.

Le Directeur Général

1 Globe

L’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (Oapi) est en voie d’harmoniser les stratégies d’exploitation des contenus culturels dans le contexte de leur diffusion par les voies numériques. 40 participants représentant les ministères de la Culture, les organismes de gestion collective des droits et les Industries culturelles des 17 États membres de cette organisation sont réunis depuis le 18 décembre 2023 à Douala. L’objectif de cette réunion qui s’achève ce 20 décembre est de trouver « une solution commune d’exploitation et les moyens de défense contre l’exploitation illicite des droits d’auteurs des artistes-musiciens et écrivains », explique le directeur général adjoint de l’Oapi, Mondésir Oualou Panouala.

Il y a quelques années, poursuit ce dernier, les méthodes et outils de travail n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui. À ce jour, « nous sommes avec des supports numériques et les techniques et collectes ne sont plus les mêmes. Cela nous amène à harmoniser les règles de fonctionnement et les stratégies ». Cette harmonisation en vue intervient dans un contexte où « les contenus des artistes et écrivains sont distribués sur Internet sans que ces derniers ne soient au courant de ceux qui les exploitent », précise le directeur adjoint de l’Oapi, qui rappelle que le but de ces réflexions « est de lutter contre la piraterie des contenus, afin de permettre aux auteurs et États de percevoir et d’améliorer leurs revenus ».

Pour atteindre cet objectif, l’Oapi est soutenu par le projet Droits de propriété intellectuelle pour l’Afrique (Afripi). Lancé en février 2020, ce projet est financé à 17 millions d’euros, soit 11,16 milliards de FCFA par l’Union européenne (UE) et l’office de l’UE pour la propriété intellectuelle (Euipo). Selon Abong Bebey Blaise, chargé des opérations Afripi, ces fonds ont pour objectifs d’apporter un appui à la stratégie de protection de la propriété intellectuelle de l’Union africaine (UA), le renforcement des capacités institutionnelles de l’Oapi et l’Organisation régionale africaine et la propriété intellectuelle (Aripo), le soutien aux PME et l’appui à la stratégie de l’UE en ce qui concerne les indications géographiques. Le projet Afripi s’achève en 2025.

FN

Le ministre des Mines par intérim, Fuh Calistus Gentry (photo), devrait présider le 22 décembre 2023 sur « le site du projet d’exploitation du fer de Mbalam », la cérémonie de « lancement des travaux de construction de la mine » de ce gisement de fer de niveau mondial, écartelé entre le Cameroun et le Congo. Le « projet de programme » de cette mission du ministre Calistus Gentry, signé le 19 décembre 2023 par ses propres soins, n’indique ni la localité qui va abriter cette cérémonie, ni une éventuelle participation des autorités congolaises. Tout au plus, il est prévu, après le « lancement des travaux de construction de la mine », des « échanges avec les autorités locales » à Ntam, ville camerounaise frontalière au Congo, dans la région de l’Est.

Mais, par-dessus tout, la principale curiosité de cette cérémonie prévue par le ministre camerounais des Mines réside dans le fait que depuis le 17 août 2022, date de l’attribution du permis d’exploitation du gisement de fer de Mbalam à la société Cameroon Mining Company Sarl (CMC), aucune information n’a filtré jusqu’ici, ni sur le financement, ni sur les partenaires financiers de ce gigantesque projet minier. Tout au plus, l’on sait à travers des annonces faites par AustSino, partenaire de Bestway Finance (véhicule d’investissement basé à Singapour et ayant la même maison-mère que CMC) sur le projet minier de Mbalam, qu’un aéropage d’entreprises chinoises a rejoint ledit projet.

 Il s’agit notamment de China Railway 20 Bureau Group Corporation (CR20G), China Machinery Engineering Corporation (CMEC), China Civil Engineering Construction Corporation (CCECC) et China National Chemical Engineering Heavy-Mechanized Corporation Ltd (CNCEHMC), ou encore CCC Mining Group Limited. L’on peut remarquer qu’il s’agit pour la plupart d’entreprises de constructions et d’infrastructures, ou alors de sociétés minières. Aucun partenaire financier n’apparaît sur cette liste. A moins que pour la construction de la mine de Mbalam, la société Cameroon Mining Corporation ne soit exclusivement portée, au plan financier, que par sa maison-mère Coconut Logic Holdings Pte Ltd (qui contrôle également Bestway Finance), véhicule d’investissement également basé à Singapour.

Opacité

Cette situation en rajoute aux zones d’ombres qui entourent la conduite du projet de fer de Mbalam depuis le constat de l’incapacité de l’Australien Sundance Ressources, premier développeur dudit projet, à le conduire jusqu’à terme. En effet, ils sont nombreux les observateurs de la scène minière camerounaise qui continuent de s’interroger sur le fait qu’une entreprise (CMC) créée le 16 mars 2022, ait pu successivement signer une convention minière avec l’Etat du Cameroun deux semaines plus tard (31 mars), puis obtenir un permis d’exploitation à peine cinq mois après sa création. Le tout sur un gisement de fer d’envergure mondiale.

A ces zones d’ombres, il faut ajouter le manque de transparence ayant entouré l’attribution de cette concession, comme celles de toutes les autres en cours dans le pays. En effet, à l’instar de tous les autres titres miniers actifs au Cameroun, le permis d’exploitation de CMC n’a toujours pas été rendu public jusqu’ici, en violation de l’article 144 du Code minier de 2016 (un tout nouveau vient d’être promulgué par le chef de l’Etat, NDLR). Cet article dispose que « les actes qui consacrent l’attribution, la prolongation, le renouvellement, le transfert, l’amodiation, le retrait ou la renonciation à un permis d’exploitation doivent faire l’objet d’une publication au Journal Officiel et dans les journaux d’annonces légales ».

Pour rappel, le gisement de fer de Mbalam, qui s’étend jusqu’à Nabeba au Congo, est considéré comme une réserve de niveau mondial. Sundance Resources Ltd, le premier développeur du projet, prévoyait un déploiement en deux phases. Il tablait, dans la première phase, sur une production annuelle de 40 millions de tonnes de minerai à enfournement direct, sur une période de 12 ans. Et dans la deuxième de prolonger l’exploitation du gisement de plus de 15 ans, en produisant un concentré d’itabirite hématite à haute teneur. Mais, pour en arriver là, des investissements globaux de plus de 5 000 milliards de FCFA sont nécessaires. Aussi bien pour la construction de la mine, d’une ligne de chemin de fer de 510 Km en direction du port de Kribi, et d’un terminal minéralier au sein de la même plateforme portuaire.

Brice R. Mbodiam

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Au sortir des assemblées générales constitutive et extraordinaire organisées le 19 décembre 2023 à Douala, la capitale économique du Cameroun, Paul Félix Bangoweni (au milieu sur la photo) a été porté à la tête de la toute première interprofession de la filière palmier à huile du Cameroun. Cette faîtière a été baptisée Organisation interprofessionnelle de la filière palmier à huile du Cameroun, en abrégé Interpalm-Cam.

M. Bangoweni est le secrétaire général de l’Union des exploitants du palmier huile du Cameroun (Unexpalm). Il s’agit de l’une des trois organisations professionnelles ayant participé au projet de création d’Interpalm-Cam, aux côtés du Syndicat national des producteurs d’huile de palme (Pop’s) et de l’Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun (Asroc).

Selon ses promoteurs, Interpalm-Cam a pour principal objectif d’augmenter la production d’huile de palme au Cameroun, en quantité et en qualité, de manière à la rendre disponible pour les industries de la 2e transformation. En effet, les investissements dans ce segment se sont accélérés ces dernières années, induisant un déficit structurel d’huile de palme dans le pays. Officiellement, ce déficit atteint désormais 160 000 tonnes chaque année, imposant au pays des importations massives pour approvisionner les raffineries et les savonneries.

Présentée par ses acteurs comme l’un des principaux moteurs de la croissance économique et de la création des emplois au Cameroun, la filière palmier à huile, apprend-on, totalise près de 1 000 milliards de FCFA d’investissements dans le pays, pour plus de 60 000 emplois.

BRM

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Le Pan African Associates (P2A), un fonds d’investissement canadien créé par la diaspora camerounaise du Canada, promet d’incuber 13 projets portés par des jeunes. L’engagement a été pris au terme de la deuxième édition de la Semaine Inspire ou Inspire Week (en anglais), tenue du 4 au 8 décembre dernier à l’Institut universitaire de la côte (IUC) à Logbessou, dans le 5e arrondissement de Douala. Il s’agit d’une initiative nationale visant à encourager l’entrepreneuriat chez les jeunes (étudiants ou porteurs de projets).

Parrain de cette édition placée sous le thème « Économie verte et intelligence artificielle : défis et opportunités en Afrique ! », le PDG de Mit Chimie, Emmanuel Wafo, a donné les raisons qui l’ont poussé à soutenir cette initiative. « Fort de mes 30 années d’expérience professionnelle, j’ai pensé qu’il est de mon devoir d’aller en direction des plus jeunes pour leur montrer que tout est possible et qu’on peut encore croire en notre pays à force de travail », a expliqué le patron de Mit Chimie, entreprise spécialisée dans la distribution des produits chimiques et plastiques, basée à Douala. Pour l’organisation de cet évènement, Emmanuel Wafo a accordé 1,5 million de FCFA, dont 500 000 FCFA de primes offertes aux trois porteurs de projets les plus pertinents.  

Pour les organisateurs de cette foire entrepreneuriale, l’objectif est de réunir autour des jeunes porteurs de projets, des entrepreneurs qui ont du vécu, afin qu’ils partagent leurs expériences aux jeunes pour les motiver et les inspirer. « Nous pensons qu’il y a là des enjeux importants pour le développement de l’Afrique. Nos jeunes sont doués et nous voulons vraiment les outiller pour qu’ils restent ici pour participer à l’essor du Cameroun », a souhaité Jackson Guimezap, président du groupe P2A.

Soutien financier

Pendant cinq jours, des jeunes ont reçu des formations en entrepreneuriat, des masterclass ont été animés par des experts, dont ceux du ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle, et un concours entrepreneurial a été organisé pour primer les meilleurs projets. Sur 150 projets au départ, 13 ont été sélectionnés par le jury. Au terme des pitchs (présentation), Nestor Nji a décroché le premier prix spécial Emmanuel Wafo d’une valeur de 250 000 FCFA. Il est porteur d’un projet de production et de commercialisation des poissons par aquaculture. Cette activité, qu’il mène depuis plusieurs années déjà dans la région du Nord-Ouest du Cameroun, contribue à la sécurité alimentaire et à la protection des ressources marines. Pendant son pitch, il a mis en avant son besoin en financement (500 000 FCFA) pour passer à l’étape supérieure afin de combler la demande grandissante qu’il n’arrive pas à satisfaire. « C’est une satisfaction et une joie de gagner ce prix qui va me permettre non seulement de mâturer mon projet, mais aussi de mieux prendre soin de mes étangs », s’est réjoui le lauréat.

Le deuxième prix est revenu à Sandrine Eyoum qui a défendu son projet « Eliot bio cosmétique ». Il vise à collecter les déchets organiques pour la production du biogaz et de digestat. Elle empoche 150 000 FCFA. Jonathan Njideu est vainqueur du troisième prix grâce à son projet sur l’industrie de l’emballage respectueuse de l’environnement pour les produits alimentaires. Ce dernier reçoit 100 000 FCFA.

En plus des primes, les 13 porteurs de projets retenus auront droit à un séjour d’incubation d’un an au sein de P2A durant l’année 2024. L’idée, apprend-on de P2A, est d’aider ces jeunes talents repérés à entrer dans l’incubateur avec une idée d’entreprise et d’en sortir avec une entreprise. « Les bénéficiaires recevront un ensemble de formations pour les amener à mieux mâturer leurs projets et P2A leur apportera du soutien financier pour se lancer sur le marché », explique un responsable du fonds d’investissement.

Frédéric Nonos

Le conseil d’administration du groupe de la Banque africaine de développement (BAD) a annoncé avoir approuvé, le 14 décembre 2023, un prêt de 74,25 millions d’euros (environ 49 milliards FCFA) au Cameroun pour la mise en œuvre de la première phase du Programme d’appui au redressement du secteur de l’électricité (Parsec). Cet appui budgétaire permettra de financer une partie des actions du Plan de redressement prioritaire du secteur de l’électricité du Cameroun pour la période 2023-2026. Cet engagement de la BAD intervient après celui de la Banque mondiale.

L’institution de Breton Woods a en effet signé le 20 novembre une convention de financement de ce « plan d’urgence » à hauteur de 300 000 dollars (180 milliards de FCFA), via le Programme axé sur les résultats dans le secteur de l’électricité (PforR). Le PforR financera notamment les activités de mise à niveau des postes de transformation, la compensation tarifaire, la pose des compteurs intelligents dans les bâtiments publics, les branchements des ménages, les extensions et le renforcement du réseau de distribution.

À ce jour, ce plan a déjà récolté 229 milliards de FCFA sur les 400 milliards de FCFA que le gouvernement recherche. Il lui reste donc à mobiliser une enveloppe complémentaire de 171 milliards de FCFA, alors que la mise en œuvre dudit plan est annoncée pour début 2024. La BAD se dit toutefois disposée à accorder un second financement de 30,94 millions d’euros (20,3 milliards de FCFA) au titre de la deuxième phase du Parsec et dont le décaissement est programmé pour janvier 2025. « L’instruction de la phase II se fera sous réserve de l’extension d’un an du programme avec le FMI, pour laquelle le dialogue se poursuit avec le gouvernement », précise l’institution financière.

Selon la BAD, le financement proposé répond à une requête du gouvernement camerounais soumise à la Banque le 5 mai 2023, et qui s’inscrit dans un contexte marqué par l’apparition d’un déséquilibre financier global du secteur de l’électricité dans l’ensemble du pays. À cet effet, le Parsec se fixe comme mission d’appuyer la mise en œuvre des politiques et réformes institutionnelles, tout en stimulant la dynamique des réformes indispensables à l’amélioration de la gouvernance du secteur de l’électricité. Concrètement, l’investissement de la BAD servira à appuyer l’amélioration de la qualité du service de l’électricité par l’accroissement du rendement du segment distribution, le renforcement des capacités humaines des différents intervenants dans le secteur et le redressement de la situation financière du secteur à travers des mesures visant la réduction des pertes commerciales.

Pour faire face aux multiples déséquilibres, à la faible progression du taux d’accès et à la sous performance des opérateurs du secteur de l’électricité au Cameroun, le gouvernement a adopté, en février 2023, le Plan de redressement du secteur de l’électricité (PRSEC) pour conduire les réformes, les actions et les mesures de nature à faire face aux différents obstacles sur le chemin de l’émergence énergétique et électrique au Cameroun. Prévu pour couvrir la période 2023-2030, ce plan nécessite une mobilisation de 6 000 milliards de FCFA. Le « plan d’urgence » financé par la Banque mondiale et la BAD s’intègre dans le PRSEC et fait appel à certaines actions qui devrait permettre l’évacuation et distribution de l’électricité de la centrale hydroélectrique de Nachtigal (420 MW) dont l’entrée en service commercial est prévue en septembre 2024.

P.N.N

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Dans un communiqué daté du 12 décembre 2023, le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, demande à 177 contribuables, pas à jour du paiement de leurs impôts, de se rapprocher « de toute urgence de leurs centres des impôts de rattachement en vue du règlement de leurs arriérés fiscaux au plus tard le 22 décembre 2023 ».

Il s’agit des entreprises rattachées à la direction des grandes entreprises, au Centre régional des impôts du Centre 1 et 2, au Centre régional des impôts du Littoral extérieur, du Sud, de l’Est, du Centre extérieur, du Sud-Ouest… Dans la liste on retrouve des entreprises comme la Compagnie forestière du Cameroun (CFC), l’Agence forestière du Cameroun, la société financière et d’épargne pour le développement, Yuan Dong Congo BZV SARL, la Société de traitement du bois, Central Africa Investment Corp…

Le fisc veut ainsi mobiliser davantage de recettes fiscales à quelques jours de la fin de l’exercice 2023 qui s’étend du 1er janvier au 31 décembre. Objectif : atteindre l’objectif de collecte annuel de plus de 2800 milliards de FCFA prévu dans la loi de finances de l’État du Cameroun pour l’exercice 2023. À noter qu’au premier trimestre 2023, la direction générale des Impôts (DGI) avait déjà mobilisé des recettes globales de 818,5 milliards de FCFA sur un objectif de 761,5 milliards de FCFA, soit un taux de collecte de 107,5%.

Par ailleurs, dans une démarche qui vise à assainir le fichier des contribuables, le ministre des Finances donne la possibilité aux entreprises n’ayant souscrit à aucune déclaration fiscale, ni réalisé une activité au titre des quatre derniers exercices et qui souhaitent cesser définitivement leurs activités, de bénéficier de la dispense du contrôle fiscal. Ces entreprises peuvent également bénéficier d’une annulation d’office des sanctions pour défaut de dépôt des déclarations et de versements des impôts au titre des exercices non prescrits. Pour cela, ces contribuables doivent déposer auprès de la DGI ou de leur centre des impôts de rattachement, une déclaration de cessation définitive d’activités au plus tard le 31 décembre 2023, indique le ministère des Finances.

SG

Le Cameroun travaille actuellement avec plusieurs partenaires pour l’expérimentation du projet « Inclusive Bonds », une initiative pilote dont le lancement dans le pays est annoncé pour 2024. Un atelier de travail réunissant toutes les parties prenantes a eu lieu ce mardi 19 décembre à Yaoundé, afin « d’officialiser les modalités et les engagements nécessaires à la réussite du projet », selon le ministère du Commerce (Mincommerce).

Initié en 2020 par le cabinet FinAfrique, ce concept vise à améliorer les conditions d’accès au financement à l’attention de la couche entrepreneuriale la plus vulnérable constituée par les très petites et moyennes entreprises (TPME) et du secteur informel. Il consiste à lever des fonds sur le marché financier (BVMAC), les alloués aux établissements de microfinance locaux pour que ceux-ci financent les TPME et le secteur informel. Pour la phase pilote, deux secteurs sont ciblés. Il s’agit de transformation artisanale et le commerce transfrontalier, d’où la forte implication du ministre du Commerce. Luc Magloire Mbarga Atangana a d’ailleurs présidé la cérémonie de clôture de l’atelier de dialogue sur les Inclusive et Bonds et reçu le directeur exécutif de FinAfrique, Fabrice Kom Tchuente.

« Le principal mode de financement formel accessible à ce segment du secteur privé est la microfinance. En effet, la popularité des institutions de microfinance révèle un modèle de financement adapté aux petites économies, mais ce secteur connaît malheureusement une insuffisance de ressources pour satisfaire la demande qui lui fait face. Par ailleurs, la pratique de taux usuriers par de nombreuses microfinances alourdit les conditions de remboursement des emprunteurs, ce qui ne facilite pas leur accès à un cap supérieur de leur activité », affirme FinAfrique.

Soutien de multiple institutions internationales

Ce cabinet de conseil, dont la vocation est d’accompagner les institutions africaines dans leur quête de performance, explique que sa démarche consiste ainsi « à proposer un nouveau mécanisme de financement qui tienne compte des caractéristiques socioculturelles et économiques africaines spécifiques aux TPME et aux activités informelles ». Ce financement, dit-il, se présente à la fois comme une « alternative » et un « complément » vis-à-vis des financements déjà existants, mais surtout une « solution financière abordable » pour les couches entrepreneuriales vulnérables.

Dans le cadre de ce concept, l’État et les institutions de financement ont la charge de sélectionner un établissement de microfinance « crédible » pour jouer le rôle d’émetteur, apprend-on. Il est ensuite à la charge de cette microfinance, « émetteur désigné », de sélectionner pour un secteur donné des groupements/coopératives ayant fait preuve de bonne gouvernance opérationnelle et financière, car ce sont ces derniers qui procèdent à la désignation, au sein de leurs adhérents, des emprunteurs « bénéficiaires désignés » de cette opération, d’après la même source.

Dans un communiqué publié le 29 novembre dernier, FinAfrique a déclaré avoir reçu une subvention de 900 000 dollars canadiens (plus de 402 millions de FCFA) du Centre de recherches pour le développement international (CRDI) basé à Ottawa au Canada pour la mise en œuvre de ce projet au Cameroun et en Côte d’Ivoire. Le cabinet y indique également que ce projet a rassemblé autour de lui un Groupe de travail dans lequel figure des institutions internationales telles que le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) qui apporte également un appui financier à cette initiative, la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Africa Guarantee Fund, Proparco, le Fonds africain de garantie et de coopération économique (Fagace), le Fonds de solidarité africain, la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (BVMAC), ainsi que les administrations publiques telles que le Mincommerce et le ministère des Finances (Minfi) pour ce qui est du Cameroun.

Patricia Ngo Ngouem

Le Premier ministre camerounais, Joseph Dion Nguté, a officiellement lancé le 18 décembre 2023 à Yaoundé, le Projet de soutien de la Banque islamique de développement (BID), exécuté dans le cadre du Plan présidentiel de reconstruction et de développement des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest (PPRD). Doté d’un montant de 23,7 milliards de FCFA, dont 21 milliards de FCFA mis à disposition par la BID, ce projet permettra de réhabiliter ou de reconstruire des infrastructures de base dans les deux régions anglophones du Cameroun, en proie à une crise socio-politique désastreuses depuis fin 2016.

Ces infrastructures, qui seront construites dans des secteurs tels que l’éducation, la santé, l’élevage, l’agriculture, l’habitat, l’électricité, etc. seront réparties dans 47 communes des deux régions sus-mentionnées. Concrètement, le projet sera implémenté dans 24 communes de la région du Nord-Ouest, contre 23 pour sa consœur du Sud-Ouest.

L’on se souvient que l’engagement de la BID à accompagner le gouvernement camerounais dans la reconstruction de ses deux régions anglophones avait été pris le 10 mai 2023, en marge de la 48e réunion annuelle du conseil des gouverneurs de cette institution financière. En effet, c’est ce jour-là que le président de la BID, Muhmmad Al Jasser, avait signé avec le ministre camerounais de l’Économie, Alamine Ousmane Mey, un accord de prêt d’un montant de 32,250 millions d’euros, soit 21,155 milliards de FCFA.

Ce prêt venait alors donner une bouffée d’oxygène à la mise en œuvre du PPRD, pour lequel le gouvernement peine encore à mobiliser les financements nécessaires, estimés à 154 milliards de FCFA. Pour rappel, le PPRD vise à réduire les effets de la crise sur les populations et l’économie des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest dévastées par la crise sociopolitique qui y sévit depuis fin 2016. Il est axé sur trois piliers à savoir : la restauration de la cohésion sociale, la reconstruction et la réhabilitation des infrastructures de base et la redynamisation de l’économie locale.

BRM

Ce 19 décembre 2023, se tient l’assemblée générale constitutive de l’Interprofession de la filière palmier à huile du Cameroun (Interpalm-cam). Avec Investir au Cameroun, le représentant du Comité des initiateurs du projet décline les enjeux de la mise en place de cette structure. Celui qui est par ailleurs le secrétaire général de l’Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun (Asroc) revient également sur la politique des quotas dans la distribution de la matière première aux industries de la deuxième transformation (producteurs d’huile raffinée et de savons), qui fait de plus en plus jaser dans la filière.

Investir au Cameroun – Qu’est-ce qui motive la création d’une interprofession de la filière palmier à huile au Cameroun, et pourquoi maintenant ?

Jacquis Kemleu Tchabgou : Nous avons pensé que pour résoudre le problème qui nous préoccupe actuellement, à savoir la disponibilité de la matière première qu’est l’huile de palme, il faut que les différents segments de la filière puissent se concerter. Ce d’autant plus que nous n’avons pas pu trouver des solutions à notre difficulté au niveau du gouvernement. Pour ce faire, nous avons pensé qu’il fallait que ce qui nous a animés lorsque nous créions les différentes entités qui constituent l’interprofession que nous voulons créer, à savoir le Syndicat national des producteurs d’huile de palme (Pop’s), l’Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun (Asroc) et l’Union des exploitants du palmier à huile du Cameroun (Unexpalm), nous anime cette fois-ci pour la mise en place d’une organisation plus élargie, afin que nous puissions nous-mêmes trouver la solution à notre principal problème qui est la disponibilité des noix de palme au niveau des petits producteurs, pour alimenter les industries de la première transformation, en vue de rendre disponible l’huile de palme brute au niveau de la 2e transformation (raffineurs, savonneries). Tout ceci en volume, parce que nous avons un gros déficit structurel (160 000 tonnes officiellement, NDLR), et en qualité, parce que lorsque l’huile est extraite par les planteurs villageois grâces aux pressoirs artisanaux, non seulement le taux d’extraction est faible, mais la qualité n’est pas bonne. Et au bout de la chaîne, le prix peut devenir exorbitant.

En nous mettant ensemble, il est question de mettre en commun nos énergies pour plus d’efficacité. Concrètement, à travers l’interprofession, il est question que les fonds que les industries de la 2e transformation mettaient à l’époque à la disposition des industries de la première transformation pris individuellement, comme la CDC, la Socapalm ou encore Pamol, soient maintenant mis à la disposition de l’ensemble des acteurs qui travaillent dans l’exploitation du palmier. Donc, nous serons mieux organisés, mieux structurés, ce qui nous permettra de devenir une véritable force de propositions au niveau du gouvernement, relativement à cette difficulté d’accroître la production locale d’huile de palme brute, qui n’a pas pu être résorbée depuis plus de 10 ans qu’on en parle. Dans le cadre de cette interprofession, nous allons accompagner les petits planteurs en mettant à leur disposition ce qui leur permettra d’avoir des engrais pour accroître leur production et récolter à temps, parce que l’huile de palme est une denrée périssable. Tout ceci leur permettra de mieux gagner leur vie, parce qu’on a l’impression qu’ils sont des laissés-pour-compte en les comparant aux industriels de la première et de la 2e transformation, alors que ce sont eux qui fournissent la matière première essentielle. Et cela n’est possible que si les noix mises à la disposition de la première transformation sont vendues à des prix alléchants, ce qui enlèvera dans leur esprit cette idée selon laquelle en transformant eux-mêmes leurs noix, ils gagneront mieux.

Les petits planteurs nous ont dit qu’ils ne sont pas formés, qu’ils mettent des années sans mettre le moindre matériel végétal dans leurs plantations, alors qu’il y a une possibilité qui, jusqu’ici, n’a toujours pas été exploitée par les producteurs d’huile de palme ayant des plantations. Mais, ce n’est qu’aujourd’hui que le collège formé des producteurs des noix de palme a eu cette information.

Nous poursuivons également un 2e objectif qui est la formation de ces petits planteurs. Il est question de les aider dans la mise en place des comptabilités fiables, qui vont permettre de faire des analyses véritablement économiques de leurs activités. Que peut-on faire sans statistiques ? À côté de cette formation, il y aura un accompagnement technique, puisque nous poursuivons un objectif d’accroissement de la production en quantité et en qualité. Il faut que ces petits planteurs sachent que lorsqu’ils sont dans les champs, ils doivent utiliser des techniques culturales permettant d’atteindre tous ces objectifs. Les itinéraires techniques doivent être respectés. En plus de cela, il y aura un accompagnement parfois financier ou simplement matériel. Parce que, voyez-vous, dans le 2e collège constitué par les industries de la première transformation, vous avez par exemple la Socapalm qui produit des semences, des plants et qui a décidé de mettre ces plants de dernière génération à la disposition des exploitants du premier collège. Vous savez que ces industriels ont une contrainte aujourd’hui, qui est celle de ne plus étendre les plantations pour respecter la durabilité des activités. Cette entreprise a même créé en son sein toute une direction du développement durable, qui va former les gens prêts à travailler pour que, eux ils puissent produire une huile durable, respectueuse de la protection de l’environnement.

IC : Vous reconnaissez que cela fait 10 ans que le problème de l’accroissement de la production nationale d’huile de palme se pose, et que malgré les actions aussi bien de l’État que des acteurs de la filière les résultats obtenus ne sont pas positifs. Quels sont les leviers sur lesquels l’interprofession en gestation compte appuyer pour réussir ce qui a été couronné d’échec au cours des 10 dernières années ?

JKT : Vous savez, la communication est une arme fatale. De la journée de communication sur l’avènement de l’interprofession que nous avons organisée récemment à Yaoundé, il en ressort que beaucoup d’acteurs n’étaient même pas au courant que les industriels de la 2e transformation ont accompagné ceux de la première transformation pendant longtemps, en mettant des milliards de FCFA à leur disposition au moment de la récolte. C’était un élément déterminant d’émulation.

Les petits planteurs nous ont dit qu’ils ne sont pas formés, qu’ils mettent des années sans mettre le moindre matériel végétal dans leurs plantations, alors qu’il y a une possibilité qui, jusqu’ici, n’a toujours pas été exploitée par les producteurs d’huile de palme ayant des plantations. Mais, ce n’est qu’aujourd’hui que le collège formé des producteurs des noix de palme a eu cette information. Il n’est plus question d’étendre les plantations, mais de les régénérer, et des offres existent dans ce sens depuis des années du côté des producteurs d’huile de palme, dans la perspective de booster les champs. Vu sous cet angle, le simple fait de décider de dialoguer entre nous au sein d’une interprofession est déjà, en lui-même, vecteur de résultats probants.

IC : Est-ce que vous essayez -là de rassurer les petits planteurs, dont l’un des obstacles pour booster la production est généralement le manque de moyens à la fois matériels et financiers ?

JKT : Oui, on les a rassurés ! Parce que certains nous ont dit qu’ils n’ont pas pu mettre des engrais dans leurs plantations depuis 3 ans, et qu’ils sont même surpris par leur niveau de production, auquel ils ne s’attendaient même pas. Nous travaillons sur des financements alternatifs, puisque nous savons que l’État aujourd’hui a des difficultés à mobiliser des ressources suffisantes pour gérer toutes les questions qui le préoccupent comme le paiement des salaires, des fournisseurs, la gestion des crises multiformes… Donc, nous devons simplement aller vers ceux qui ont pensé qu’il faut financer les chaînes de valeurs, à l’instar de la Banque africaine de développement (BAD). Et le palmier à huile est parmi ces chaînes de valeurs, à côté des fruits comme l’ananas et tout le reste.

Ce n’est pas l’État qui a proposé la politique des quotas. Cela émane des acteurs de la filière eux-mêmes, au regard de la situation de certains qui n’avaient pas les capacités pour acheter la matière première.

Avec l’interprofession, les institutions comme la BAD vont dire, enfin nous avons en face de nous un bon interlocuteur. Ça leur renverra une certaine image de la filière et leur financement aura un sens. Grâce à l’interprofession, nous allons donc nous rendre vendables. C’est ce que nous avons expliqué aux petits planteurs. Ne dissimulons plus ce que nous faisons. Au contraire, faisons-le savoir parce que la bancabilité passe aussi par la transparence. Si vous montrez que vous ne produisez rien au cours d’une année, comment pouvez-vous prétendre à un financement ou un accompagnement quand on n’est pas sûr que vous allez produire des noix qui permettront d’obtenir la matière première recherchée ? C’est une logique qui est simple à comprendre. Mais, en plus de les avoir rassurés sur les financements, on leur a fait comprendre que ce n’est pas seulement une question d’argent. La formation est immatérielle, mais elle a son fondement, elle est indispensable.

IC : Le déficit de production d’huile de palme au Cameroun a conduit à la mise en place de la politique des quotas, afin de garantir l’approvisionnement de tous les industriels de la 2e transformation, en fonction de leurs capacités de production et du niveau de disponibilité de la matière première. Quelle appréciation faites-vous de cette politique aujourd’hui, après plusieurs années d’application ?

JKT : Il faut que je vous explique. Ce n’est pas l’État qui a proposé la politique des quotas. Cela émane des acteurs de la filière eux-mêmes, au regard de la situation de certains qui n’avaient pas les capacités pour acheter la matière première. Nous sommes donc tombés d’accord sur le fait que nous devons aller sur un principe simple, et qui consiste à accorder aux différents acteurs de la matière première en fonction de leurs capacités réelles de transformation. Quoi de plus logique ? Nous disons ces derniers temps « qu’ensemble nous sommes plus forts et que rien ne sera plus comme avant ». Sauf que quand l’administration s’en mêle, il y a des choses qui ne sont plus acceptables. Il y a des logiques qui sont même déplacées.

Comment pouvez-vous imaginer que dans une politique des quotas, la matière première disponible soit d’abord divisée en deux, avec une partie distribuée à égales parties à tout le monde et l’autre partie distribuée au prorata des capacités de transformation de chaque acteur ? C’est quelle logique ? Le Cameroun est un pays libéral et l’investissement est libre. Cette façon d’appliquer la politique des quotas correspond à quelle théorie mathématique ? C’est cela que nous ne voulons plus. Quand entre-nous, nous allons nous regarder, nous allons dire que telle unité produit une tonne, on lui donne la matière première pour une production d’une tonne, son responsable ne discutera pas. Il ne viendra pas corrompre le représentant de l’Asroc ou de Pop’s au sein de l’interprofession pour qu’il dise qu’on lui donne un peu plus que ce qu’il mérite. Ce ne sera plus possible. C’est ce type de problème que nous voulons résoudre à travers l’interprofession qui sera créée.

Vous comprenez donc que cette politique des quotas a glissé, parce qu’elle a été mal mise en œuvre après un certain temps. Et c’est récent ! On a toujours reparti en fonction des capacités réelles de production, jusqu’à ce que des fonctionnaires nous apportent une formule alambiquée et inacceptable. Nous avons décidé ne nous prendre en charge. Nous allons désormais dire à l’État, voici les besoins des industriels de la 2e transformation et des ménages, voici ce que les petits planteurs et les planteurs industriels peuvent mettre à disposition et comment ce sera distribué entre nous, voici l’écart que nous avons décidé d’importer pour respecter notre engagement à mettre sur le marché le produit fini, dont a besoin le consommateur. Une fois dit de cette manière-là, qu’est-ce que vous avez d’autre à dire si ce n’est valider ce qu’on vous dit ? Cette fois-là, nous aurons aussi une autre responsabilité. Parce que nous avons vu des importations non autorisées s’opérer et mettre ainsi en difficulté les industries de la première transformation.

Nous ne voulons plus fonctionner dans les prébendes, où on dit si vous nous ajoutez 100 FCFA, on vous garantit le volume. Non ! Il n’y aura plus cela ! Dans la transparence, la filière va gagner et l’État du Cameroun va gagner.

C’est pour mettre un terme à toutes ces pratiques que nous avons décidé de nous mettre ensemble. Il faut à un moment se regarder et dire qu’il n’est plus loisible d’importer, mais d’exporter parce que c’est attractif à l’extérieur et on va capter des devises, ou alors il est loisible d’importer maintenant parce que c’est moins cher, il est loisible de baisser le prix ou de l’augmenter selon la circonstance. Quand on n’est pas dans une interprofession, on subit l’administration. Par exemple, on vous a accordé un prix au moment où certains coûts de facteurs étaient à la hausse. Mais, quand c’est plutôt à la baisse on se regarde froidement. Nous l’avons fait récemment. Les transformateurs ont dit, la matière première comme variable dans les coûts de production a baissé, donc on baisse aussi les prix. Nous avons fait une proposition de baisse au ministre du Commerce lorsqu’il nous l’a demandée. C’est cette logique-là que nous voulons développer avec l’interprofession. Nous ne voulons plus fonctionner dans les prébendes, où on dit si vous nous ajoutez 100 FCFA, on vous garantit le volume. Non ! Il n’y aura plus cela ! Dans la transparence, la filière va gagner et l’État du Cameroun va gagner.

Plus grave encore, ce qui s’est passé ces derniers temps dans la filière c’est la volonté de voir le Comité de régulation faire financer ceux qui sont chargés de travailler quotidiennement pour le développement du Cameroun par les industriels de la filière. Je n’ai pas envie de dire leur octroyer un 2e salaire. Comment pouvez-vous imaginer qu’on vous dise qu’il y a un budget de 300 millions de FCFA à mettre à la disposition d’un comité (Comité de régulation de la filière des oléagineux, NDLR), qui est simplement chargé de s’assurer que l’offre est disponible et d’aller nettoyer le marché quand il est pollué par tout ce qui n’est pas conforme ? Ce budget correspond à quoi ? Nous avons travaillé pour dire que cette enveloppe ne devrait pas dépasser 30 millions de FCFA, mais elle a été quand même ramenée à 59 millions de FCFA. Comment comprenez-vous que nous partions de 300 millions a finalement 59 millions de FCFA ? De surcroît pour un comité dont la durée de vie est essentiellement limitée dans le temps. Est-ce qu’un comité de régulation fait un siècle ? Il a été créé pour une circonstance en 2004, la circonstance n’est pas terminée ? Ce sont autant de choses qui nous déterminent à nous autodéterminer en mettant sur pied cette interprofession.  

Vous dénoncez ce que vous appelez un glissement dans la mise en œuvre de la politique des quotas. Est-ce que vous dénoncez aussi le fait que l’on mette les producteurs d’huile de palme raffinée et les savonneries sur le même pied d’égalité dans la distribution des quotas ?

Tout ça, c’est l’industrie. On parle des transformateurs, tout court. Qui vous a dit que quand on raffine on est gagnant ? C’est ce que ceux qui ne sont pas dans le domaine pensent. Même ceux qui n’étaient pas encore dans le domaine pensaient comme cela avant, mais quand ils se sont retrouvés dans le raffinage, ce sont eux qui ont commencé à défendre les positions qui n’étaient pas les leurs hier. Quand vous fractionnez la matière brute pour obtenir la stéarine pour produire du savon, est-ce que vous savez que vous venez d’achever un processus de production qui a un coût ? C’est un problème de technicité et de compréhension des réalités de la filière. Pour produire du savon et de l’huile raffinée, c’est deux chaînes de production et de conditionnement différents qui sont mises en valeur. Ceux qui comprennent cette réalité devraient plutôt plaider pour qu’on donne plus de matière première à ceux qui font l’effort de mettre ces deux produits sur le maché. 

IC : Que répondez-vous à ceux qui pensent que la politique des quotas freine plutôt l’éclosion du segment industriel, dans la mesure où elle empêche certains de se développer davantage ?

JKT : Ecoutez, quand il y a une difficulté, la régulation se fait dans tous les pays du monde. Je vous ai dit que n’eut été la politique des quotas, tous les petits industriels allaient fermer. Ce sont les gros industriels, notamment les membres de l’Asroc, qui ont accepté et conduit de bout en bout la marche vers cette politique acceptée par tous, parce qu’elle est claire et obéit à un fondement mathématique. Est-ce qu’il est normal d’acheter de l’huile qu’on ne peut pas transformer ?

Même les évaluations des capacités faisaient problème. Quand vous nous mettez des administrateurs qui n’ont aucune certification pour aller évaluer les industries, cela répond à quelle logique ? Quand vous n’êtes pas certifiés, vous ne pouvez pas évaluer celui qui est certifié.

A travers les quotas, il était question pour tout le monde de travailler, mais en fonction du volume de son investissement. En période de crise, la régulation se fait. Ce n’est pas une exception camerounaise. C’est parce que le Cameroun a dit qu’il faut qu’on préserve tout notre tissu industriel, qui est encore en cours de construction, que la politique des quotas a été proposée et adoptée. Sinon, en réalité, quand on parle de libéralisme, chacun devait aller acheter au regard de sa capacité financière à pouvoir payer. C’est ce que nous faisions avant.

IC : Au regard de l’intérêt que les investisseurs manifestent de plus en plus pour le segment de la 2e transformation, n’est-ce justement pas l’occasion d’implémenter à nouveau ce libéralisme-là pour ouvrir le marché ?

JKT : Nous allons y arriver progressivement. Parce que même les évaluations des capacités faisaient problème. Quand vous nous mettez des administrateurs qui n’ont aucune certification pour aller évaluer les industries, cela répond à quelle logique ? Quand vous n’êtes pas certifiés, vous ne pouvez pas évaluer celui qui est certifié. Et quand vous leur dites ça, c’est comme de la raillerie. Qu’est-ce qui est difficile à comprendre là-dedans ? Quand nous nous mettrons ensemble, on commettra ceux qui ont la compétence et la qualité pour faire ce genre de travail. Sans publicité, on les connaît au Cameroun. La SGS a été choisie par l’État du Cameroun, Véritas est dans ce pays…

IC : Quels seront les chantiers immédiats de l’interprofession qui va naître sur le volet distribution de la matière première huile de palme ?

JKT : Je vous dis que nous avons nous-mêmes écrit l’équation permettant la distribution des quotas et l’avons fait adopter. Mais, il y a des malins-génies qui croient contester ce qu’ils ne peuvent même pas. Tout a marché jusqu’à ce que la corruption s’installe. Il faut convenablement prononcer les mots. Vous avez des gens aujourd’hui qui ont des quotas avec des usines fermées. C’est connu. Allez-vous renseigner ! C’est de la corruption. Donc, très vite on va remettre en place l’équité, en passant à un partage normal. C’est-à-dire en fonction des capacités de production de chacune des unités industrielles concernées.

Entretien avec Brice R. Mbodiam

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Les entreprises indiennes Kalpataru Projets International Limited et Transrail Lighting Limited ont décroché trois lots du projet d’interconnexion des réseaux électriques du Cameroun et du Tchad (Pirect), apprend-on dans l’avis d’attribution de marché signé de Victor Mbemi Nyankga, directeur général de la Société nationale de transport de l’électricité (Sonatrel). Cette dernière est l’entreprise publique qui pilote le projet côté camerounais.

Les deux entreprises indiennes sont chargées de la conception, la fourniture et le montage des lignes haute tension pour l’interconnexion de 225 kV entre le Réseau interconnecté Sud (RIS) et le Réseau interconnecté Nord (RIN) en trois lots. Le montant global du marché est évalué à un peu plus de 119,7 milliards de FCFA pour une durée d’exécution de 20 mois pour chaque lot.

Dans le détail, l’entreprise Kalpataru Projets International Limited, société d’ingénierie, d’approvisionnement et de construction indienne, décroche les lots 1 et 2 de ce projet. D’un montant de 41,4 milliards de FCFA, le lot 1 concerne les travaux des lignes haute tension de Nachtigal à Yoko (région du Centre). Et le lot deux consiste à la réalisation d’une ligne haute tension de Yoko à Tibati (région de l’Adamaoua) pour un montant de 34,1 milliards de FCFA.

Le lot 3 quant à lui est attribué Transrail Lighting Limited, entreprise indienne établie à Mumbai. Il concerne la conception, la fourniture et le montage de la ligne haute tension de Tibati à Wouro Soua (région de l’Adamaoua) pour un montant de 44,2 milliards de FCFA.

Pour ces marchés, les deux entreprises retenues étaient en compétition avec plusieurs autres à l’instar du groupement Synohydro dont les offres ont été rejetées pour non-conformité dans les trois lots. Les entreprises telles que le Groupement China Railway First Group, Kec International, Larsen & Toubro… quant à elles ont vu leurs offres évaluées, mais, pas retenues.

À noter que l’indien Kalpataru a déjà travaillé dans plusieurs projets électriques en Afrique et au Cameroun. Notamment le projet de construction de la ligne de transport d’énergie électrique de 225 kV entre Nkongsamba-Bafoussam et Yaoundé-Abong-Mbang. Transrail Lighting Limited pour sa part revendique avoir fait ses preuves dans plusieurs projets en Afrique.

Avec l’attribution de ces marchés, les travaux de réalisation de ce projet, lancé officiellement le 21 novembre dernier à Yaoundé par les gouvernements tchadien et camerounais, devraient démarrer de manière effective sur le terrain. Une fois terminé, ce projet devra permettre d’alimenter les régions du nord du Cameroun et le Tchad et ainsi améliorer le taux d’accès à l’électricité dans les deux pays. Il sera notamment question de prendre l’énergie électrique que va produire le barrage de Nachtigal (420 MW), encore en construction dans la région du Centre du Cameroun et de la conduire via un réseau de transport sur plus de 1300 km pour atteindre la ville tchadienne de Bongor.

Prévu pour être livré au cours de l’année 2027, le Pirect est évalué à 557,5 milliards de FCFA, financé par la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, la Banque islamique de développement, l’Union européenne et les deux États.

Sandrine Gaingne

Adeline Tsemo Machega épouse Pelage est à la quête de financements pour doper la production de son entreprise. Pour ce faire, la promotrice de Madinina Foods Sarl ouvre son capital (plus de 10 millions de FCFA en 2022). Elle prépare actuellement « un plan d’affaire à soumettre aux investisseurs dès 2024 ». Avec cette opération, elle souhaite mobiliser 30 à 40 millions de FCFA auprès « d’un ou plusieurs potentiels actionnaires prêts à partager les risques », précise la jeune patronne de 32 ans. Ce qui portera son capital entre 40 et 50 millions de FCFA.

Avec ces fonds, Adeline Pelage ambitionne de « construire une unité de production et d’acheter des machines en vue de passer d’une production actuelle de 1000 paquets de biscuits et madeleines par mois à 10 000 paquets par mois en fin 2024 ». À en croire la patronne de Madinina Foods, « l’objectif est de porter son chiffre d’affaires de 10 millions de FCFA en 2022 à 100 millions de FCFA d’ici 2026 ».

En production depuis 2019, Madinina Foods produit et commercialise des madeleines, cookies et sablés à base de farine de patate douce, 100% naturels. Basée à Douala, capitale économique du pays, cette biscuiterie est connue pour sa marque premium « Bobo ». Sa promotrice déclare avoir démarré son entreprise avec un capital de 500 000 FCFA, et emploie à ce jour cinq personnes. 

« Au départ, l’objectif était de se différencier sur un marché aujourd’hui partagé entre des marques locales low-cost et des marques internationales importées », explique Adeline Pelage. Près de trois ans plus tard, le pari semble gagné pour ces produits jugés naturels, sans conservateurs, sans additifs et sans colorants. « Conçus en formats de 35 g, 75 g et 230 g, ils coûtent entre 500 F et 2000 FCFA et sont déjà disponibles dans près de 40 supermarchés et restaurants à Douala et Yaoundé », explique la patronne de Madinina Foods.

En quête de rentabilité

Malgré ce succès, elle fait savoir que son entreprise n’est pas encore rentable. Bien plus, elle fait face à plusieurs difficultés. Il s’agit notamment des délais (un à trois mois) de paiement des clients. « Ce qui nous oblige à trouver d’autres sources de financements pour continuer à produire », se plaint l’entrepreneure, qui affirme financer son entreprise grâce à son salaire de banquière.

Autre difficulté, le non-respect du carnet de commandes du fait d’un outil de production peu performant. « Aujourd’hui, nous peinons à répondre à la demande des grandes surfaces avec un retard d’une à deux semaines sur des commandes à livrer en trois jours », poursuit-elle. Ces difficultés empêchent la lauréate du Prix Pierre Castel 2023 d’élargir son marché. Les 15 000 euros, soit 10 millions de FCFA, reçus de ce prix lui ont permis d’acquérir un four rotatif et une ensacheuse automatique. « Mais faute d’espace, ce four n’est pas opérationnel », explique Adeline Pelage. 

Vainqueur du prix entrepreneuriat féminin de la Délégation générale du Québec à Dakar au terme du 3e Forum international sur l’entrepreneuriat (FIE), les 1er et 2 novembre 2023 à Douala, Adeline Pelage a gagné 2000 dollars canadiens, soit 950 000 FCFA, un voyage au Québec avec frais de transport et séjour payés, un accompagnement de trois mois dans un incubateur québécois pour accélérer le processus de son projet. Formée en pâtisserie en France, la boulangère qui bénéficie déjà de l’encadrement de l’Institut européen de coopération et de développement (IECD), dans le cadre de l’accompagnement du Prix Castel, entend « mettre à profit l’incubation québécoise pour revoir nos recettes surtout nos madeleines, tout en restant naturelles ».

Frédéric Nonos

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En ce début de saison sèche, les prix du cacao au Cameroun poursuivent leur progression, après les augmentations successives enregistrées depuis le lancement officiel de la saison 2023-2024, au mois de septembre 2023. Selon les données compilées par le Système d’information des filières (SIF), dispositif d’alerte sur les prix piloté par l’Office national du cacao et du café (Oncc), le prix maximum du kg de fèves atteint 2 150 FCFA ce 18 décembre 2023. Il est en hausse de 50 FCFA, soit la même proportion d’augmentation que le prix minimum, qui culmine désormais à 2 000 FCFA.

Cette nouvelle hausse des prix des fèves était d’autant plus prévisible que le pays entre à peine dans la saison sèche, généralement très propice à l’embellie sur les prix. En effet, cette période de l’année, qui s’étend généralement jusqu’au mois de mars, est marquée par le bon état des routes. Ce qui rend non seulement facile l’accès aux bassins de production, mais aussi épargne les producteurs de la décote souvent pratiquée par les acheteurs du fait du mauvais état des routes durant la saison des pluies.

Mais au Cameroun, depuis au moins une campagne, cette logique est démentie par la réalité des prix, qui ne cessent de progresser indépendamment de la saison sèche ou pluvieuse. Témoignant ainsi de la vigueur de la demande en fèves, elle-même consécutive à l’arrivée de nouveaux broyeurs sur le marché local.

BRM

A fin septembre 2023, Eneo chiffre ses créances dues par le secteur public (État et autres entités publiques) à 234,5 milliards de FCFA, selon un document interne dont Investir au Cameroun a obtenu copie. À en croire la même source, cette dette a atteint ce montant malgré des paiements de 43,1 milliards de FCFA reçus de l’État depuis le début de l’année. Elle est répartie en trois grandes catégories de débiteurs : l’État central (131,7 milliards de FCFA), les entreprises publiques (55 milliards de FCFA) et les autres entités publiques (47,8 milliards de FCFA).  

Les sommes réclamées à l’État du Cameroun par le distributeur exclusif de l’électricité au Cameroun ont donc augmenté de 38,5 milliards de FCFA, depuis la lettre adressée le 14 avril au Premier ministre camerounais, Joseph Dion Ngute, par Actis, actionnaire majoritaire d’Eneo (51% des parts). Dans ce courrier signé par David Grylls, associé d’Actis, le fonds d’investissement britannique estimait la dette du secteur public vis-à-vis de sa filiale camerounaise à 186 milliards de FCFA.

Seulement, ce montant est tout de suite contesté par l’État du Cameroun, et des commissions sont mises en place pour arrêter d’un commun accord le montant de la dette du secteur public vis-à-vis d’Eneo. Mais, à en croire le communiqué publié à l’issue du conseil d’administration de l’électricien tenu le 7 décembre 2023 à Yaoundé, ce travail n’est toujours pas bouclé plusieurs mois après. « Le management a été encouragé à poursuivre le dialogue avec le régulateur (l’Agence de régulation du secteur de l’électricité, NDLR) pour résoudre les points en suspens, notamment la reconnaissance des investissements d’Eneo, la compensation tarifaire et l’éclairage public », y lit-on.  

Depuis toujours, la compensation tarifaire et la facturation de l’éclairage public font l’objet d’âpres négociations entre la filiale d’Actis et l’État et ses démembrements. Pour mieux comprendre, il faut savoir que la compensation tarifaire (subvention au consommateur supportée par l’État, représentant la différence entre le coût réel du kilowattheure et ce que paie effectivement le consommateur) dépend de plusieurs variables, comme le niveau d’investissement réalisé par Eneo, dont l’évaluation fait toujours l’objet de longues tractations avec le gouvernement. Par ailleurs, les villes du pays ne disposant pas d’un réseau d’éclairage public moderne, les consommations sont estimées à partir notamment du nombre de lampadaires recensés. Mais, les communes et Eneo peinent toujours à se mettre d’accord sur le nombre de lampadaires fonctionnels sur une période donnée. Ce qui demande souvent de conduire des contre-expertises.

Des fêtes de fin d’année dans les délestages

À fin septembre 2023, Eneo estime la compensation tarifaire à 75 milliards de FCFA et la facture de l’éclairage à 68,8 milliards de FCFA. Ce qui signifie que sur les 234,5 milliards de FCFA revendiqués par l’électricien à son actionnaire de référence (44% des parts), seuls 90,7 milliards sont déjà consolidés. L’incertitude continue de peser sur un montant de 143,8 milliards de FCFA, soit plus de 61,3% de la somme globale.  

Depuis plusieurs mois, les discussions entre Eneo et l’État sont en cours pour le règlement d’une partie de la dette publique due à l’électricien. Le sujet présenté comme une « situation d’urgence » a été au centre du conseil d’administration du 7 décembre dernier. « Les administrateurs ont été assurés du plan et entier soutien du gouvernement pour trouver des solutions rapides pour les paiements urgents du secteur », peut-on lire dans le communiqué signé du ministre Séraphin Magloire Fouda, président du conseil d’administration d’Eneo.

Mais, selon nos informations, rien de concret n’a été obtenu à ce jour sur cette question. On évoque la structuration d’une opération de monétisation d’une partie de la dette de l’État vis-à-vis d’Eneo, afin de permettre à la filiale du fonds d’investissement britannique de régler à son tour une partie de son ardoise vis-à-vis de ces fournisseurs. Estimant notamment qu’« aucun élément concret sur le montant et le calendrier de l’opération de monétisation n’est arrêté », le producteur indépendant d’électricité Globeleq, qui réclame jusqu’à 107,7 milliards de FCFA à Eneo, a arrêté, pour la 2e fois, depuis le 1er décembre 2023 ses centrales d’une capacité installée de 304 MW, provoquant des délestages dont la rotation dure plus de six heures.

Il faut dire que le financement de l’opération de monétisation est l’une des pommes de discorde qui bloque l’opération. La filiale d’Actis, qui supportait jusqu’ici ces charges, représentant entre 7 et 8% de la somme à mobiliser, refuse désormais de le faire. Et de son côté, l’État ne semble non plus disposé à les assumer. D’où le blocage, qui devrait maintenir la tension dans la fourniture du pays en électricité pendant les fêtes de fin d’année. Et de sources internes au secteur, la situation va aller en s’aggravant, à mesure qu’on progressera dans la saison sèche. Il faut notamment savoir qu’au plus fort de l’étiage, la centrale hydroélectrique de Memve’ele, qui a une capacité installée de 211 MW, produit souvent zéro wattheure à certains moments de la journée, faute d’un débit d’eau capable de faire tourner ses turbines.  

Aboudi Ottou  

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Le gouvernement camerounais et l’ambassade de France ont lancé, le 15 juin à Yaoundé, le Projet d’appui à la sécurité alimentaire dans les territoires ruraux du Cameroun (Secal). Le projet, qui s’étale de 2024 à 2026, est financé à hauteur de 16 millions d’euros (environ 10,5 milliards de FCFA) au titre du troisième Contrat de désendettement et de développement (C2D), une initiative française de « remise » de la dette en faveur des pays en voie de développement. Il vise à contribuer durablement à la création d’emplois, à la croissance inclusive et à la sécurité alimentaire du pays, à travers l’amélioration de l’écosystème des entreprises rurales identifiées dans les différents bassins de production.

« Le projet Secal est l’une des réponses aux crises sécuritaires et tensions inflationnistes induites par les conséquences de la pandémie du Covid-19 et de la guerre russo-ukrainienne qui ont fortement érodé les acquis de certaines actions menées par le gouvernement dans la lutte contre l’insécurité alimentaire au Cameroun. Ses interventions ont pour objectif d’accompagner les pouvoirs publics dans la mise en œuvre réussie de la stratégie de développement du secteur rural adossée à la SND30 », affirme le ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), Alamine Ousmane Mey, qui a procédé à son lancement.

Au Cameroun, quelque 2,9 millions de personnes (soit 10,6% de la population) sont en insécurité alimentaire sur la période octobre-décembre 2023, selon les résultats du Cadre harmonisé des zones à risque et d’identification des populations en insécurité alimentaire et nutritionnelle au Cameroun dévoilés lundi 11 décembre. La situation, apprend-on, s’est particulièrement dégradée dans 10 départements du pays : cinq dans le Sud-Ouest, trois dans le Nord-Ouest et deux dans l’Extrême-Nord. Cette réalité est consécutive notamment à la hausse des prix des intrants, la flambée des prix des denrées alimentaires, des conditions météorologiques extrêmes (sécheresse et inondations) dans la partie septentrionale du pays, la destruction des cultures par les chenilles, la dévastation des champs par les éléphants et la crise sociopolitique dans les régions anglophones.

Les activités du projet Secal, selon les autorités camerounaises, devaient contribuer à renforcer la productivité et la production des produits agricoles et agroalimentaires en milieu rural, améliorer l’offre des services financiers adaptée aux entrepreneurs ruraux, soutenir la résilience des systèmes alimentaires et nutritionnels en milieu rural, renforcer la disponibilité et l’accessibilité des produits agricoles dans le Nord, l’Extrême Nord, le Littoral, l’Ouest et le Centre, ainsi que le dispositif de stockage et de commercialisation desdits produits en milieu rural. « Il s’agit ici de renforcer la puissance agricole du Cameroun, à l’effet non seulement de nourrir sa population, mais également d’exporter l’excédent de sa production vers les pays voisins », a déclaré le diplomate français, Thierry Marchand, dont le pays appuie les efforts du Cameroun dans le secteur agricole.

P.N.N

Le ministre des Finances (Minfi), Louis Paul Motaze, et le directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (CDEC), Richard Evina Obam, ont signé, vendredi 15 décembre à Yaoundé, la convention fixant les modalités de gestion des opérations entre les deux structures. Cette signature constitue le premier acte sur la voie de la matérialisation des dernières mesures gouvernementales consacrant le lancement de la phase active du recouvrement des fonds et des valeurs de la CDEC détenus par des tiers. Par cette entente, la CDEC pourra désormais s’appuyer sur les comptables publics pour ses opérations financières dans tout le Cameroun.

L’activité des comptables du Trésor, en qualité de « préposé » de la CDEC, résulte des termes du décret du 15 avril 2011 portant organisation et fonctionnement de cette structure publique placée sous la double tutelle technique et financière du Minfi. Celui-ci dispose, en son article 33, que « la CDEC utilise le concours des comptables du Trésor, agissant en qualité de préposé, selon les modalités définies dans une convention établie entre la CEEC et l’administration du Trésor ». La même mesure est contenue dans un arrêté du Minfi du 1er décembre 2023 fixant les règles relatives à l’organisation financière et comptable, les modalités de dépôt et de retrait, de consignation et de déconsignation des fonds et/ou valeurs détenus par la CDEC.

Selon ce texte, le directeur général peut décerner ou faire décerner par les préposés de la CDEC des contraintes contre toute personne qui, tenue de verser des fonds et/ou valeurs détenus ou reçus à la Caisse ou auprès des préposés de la CDEC, est en retard dans l’exécution de ses obligations. Les préposés de la Caisse des dépôts et consignations sont comptables envers cette dernière des recettes et des dépenses qui leur sont confiées. Ils délivrent un récépissé des sommes dont ils font recette pour le compte de la CDEC. « Ce travail se fera au nom et pour le compte de la CDEC », a précisé le Minfi.

Louis Paul Motaze a notamment instruit la direction générale du Trésor (qui sera en première ligne des opérations financières visées par la présente convention et auprès de laquelle il est ouvert un compte au nom de la CDEC qui retrace toutes les opérations effectuées par les comptables publics pour le compte de cette caisse) à mettre à disposition un « personnel de qualité, trié sur le volet et capable de s’adapter et de délivrer les services que lui concède la CDEC », selon les standards requis par cette entente. « Je sais que les réflexions sont en cours au niveau du Trésor pour s’arrimer aux normes de la présente convention. Le processus y relatif doit donc être accéléré afin de concrétiser cet arrimage qui me paraît essentiel non seulement pour le maillage territorial de la CDEC, mais aussi pour l’efficacité de service public des Finances en général », a déclaré le membre du gouvernement.

Pour Richard Evina Obam, DG de la CDEC, cette convention est « capitale » dans le processus d’opérationnalisation de la structure qu’il dirige. Déjà parce qu’elle permettra aux préposés comptables relevant du Trésor public de travailler pour le compte de la CDEC en recevant les dépôts et en autorisant les retraits, les consignations et les déconsignations, dit-il. Mais aussi parce qu’elle contribuera à ce que « le service public de dépôts et de consignations puisse s’opérer sur le territoire national étant entendu que la CDEC opère dans son siège social (à Yaoundé, NDLR), mais ses relais à travers le territoire sont puisés au niveau de la direction générale du Trésor ».

 Patricia Ngo Ngouem

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Dans les prochains jours, le Cameroun va changer son mécanisme d’approvisionnement du marché domestique en carburants. Dans une lettre du secrétaire général de la présidence de la République (SGPR), Ferdinand Ngoh Ngoh, adressée le 14 décembre 2023 au ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, on apprend que le président de la République, Paul Biya, « prescrit de procéder à la libéralisation des importations des produits pétroliers ». Concrètement, selon la même lettre, la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures (CSPH) va désormais attribuer des quotas aux « importateurs majeurs du secteur, présentant les profils techniques et financiers leur permettant de procéder immédiatement aux importations ».

À en croire plusieurs acteurs internes au secteur et à l’administration, cette terminologie désigne les membres du Groupement des professionnels du pétrole (GPP), actuellement présidé par le PDG de Neptune Oil, Antoine Ndzengue. Il s’agit notamment des marketeurs TotalEnergies, Tradex, Ola Energy, Nepturne Oil, Bocom. D’ailleurs, dans le même courrier, il est demandé au Minee de « permettre aux marketeurs d’acquérir les produits pétroliers directement auprès des fournisseurs de leur choix ». Avec ces nouvelles orientations, Paul Biya « réhabilite » la CSPH dans « la fonction de pilotage du processus d’attribution des quotas aux importateurs », responsabilité dévolue au ministère de l’Eau et l’Énergie (Minee) depuis près de 4 ans, et repositionne également les marketeurs sur le marché des importations des produits pétroliers au détriment de la Société nationale de raffinage (Sonara).

La Sonara perd sa manne

Pour mieux comprendre cette évolution, il faut savoir qu’après l’incendie des installations de la Sonara, survenu fin mai 2019, le Cameroun s’approvisionne en produits pétroliers exclusivement à partir des importations. En vue d’assurer un approvisionnement régulier du marché local, le président de la République avait décidé, en fin de cet exercice, d’attribuer au raffineur public des agréments pour la couverture de 80% des importations des produits pétroliers consommés par le pays, et seulement 20% aux marketeurs, apprend-on du rapport 2020 de la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR), un organisme spécialisé du ministère des Finances (Minfi). Cette décision, couplée au « soutien à la raffinerie » (47,88 FCFA par litre de carburants vendu), a permis à la Sonara de réduire ses pertes entre 2019 et 2020 de 107,3 à 10,6 milliards de FCFA, et d’atteindre un résultat net positif après impôts de 78,9 milliards de FCFA en 2021.

Aujourd’hui, le chef de l’État demande de repartir les parts de marché en fonction des « profils techniques et financiers » des marketeurs, et confine la Sonara à la simple « confirmation des analyses réalisées par la société Hydrac (Hydrocarbures analyses contrôles, NDLR) » sur les produits pétroliers importés. Cette orientation devrait avoir un impact négatif sur la santé financière de cette société d’État. Mais, « il s’agit d’une bonne nouvelle pour les marketeurs-importateurs comme TotalEnergies ayant des capacités techniques et financières importantes », commente une source interne au GPP. En effet, sachant qu’un importateur gagne 16 FCFA sur chaque litre de super, gasoil et pétrole lampant importé, l’augmentation des parts de marché entraîne forcément la hausse du chiffre d’affaires.  

En fin d’année 2019, Paul Biya avait par ailleurs prescrit, toujours selon la CTR, « la sélection de quatre traders internationaux, pour l’approvisionnement pérenne du pays en produits pétroliers ». À la suite de cette prescription, le ministère de l’Eau et de l’Énergie a mis en place un « nouveau mécanisme consistant, tous les trimestres, à sélectionner par voie d’appel d’offres international quatre traders pour fournir les importateurs locaux de produits pétroliers », avec parmi les critères principaux « l’offre la plus basse proposée en matière de prime accordée au trader ».

Baisse des primes des traders

« Et depuis cette période, le nouveau mécanisme d’approvisionnement a permis d’obtenir des baisses significatives de la prime de l’ordre de 98 dollars par tonne métrique (-76,56%) pour le super, 77 dollars par tonne métrique (-63%) pour le gasoil et 53 dollars par tonne métrique (-49%) pour le jet A1. Une simulation faite sur cette base a révélé la réalisation par l’État d’économies annuelles de l’ordre de 100 à 150 milliards de FCFA [sur la subvention des produits pétroliers] », soutient-on à la fois à la CTR et au Minee. Et, selon les mêmes sources, ce sont ces économies qui sont transférées (en partie) à la Sonara, à travers la ligne « soutien à la raffinerie » insérée dans la structure des prix dès mars 2020. Selon le Minee, au 30 septembre 2023, cette ligne avait permis de mobiliser 270 milliards de FCFA. Un argent destiné à rembourser les nombreux créanciers intérieurs et extérieurs du raffineur public dont la dette est en cours de restructuration.

Malgré ces avantages, Paul Biya vient de prescrire de revenir quasiment à la situation d’avant, « sans concertations avec les ministères sectorielles », soutiennent plusieurs sources dans ces administrations, qui disent avoir été surprises par ces nouvelles directives. D’ailleurs, la correspondance du SGPR, répercutant les instructions présidentielles, ne vise aucun courrier provenant d’un département ministériel sectoriel. La décision du président de la République intervient cependant alors que le pays connait, depuis quelques jours, une pénurie du super carburant. Du coup, dans le secteur pétrolier et au sein du sérail, on n’hésite pas à établir un lien de causalité entre les directives du chef de l’État et cette pénurie.

« Quand chaque importateur ou marketeur allait acheter le produit, il pouvait surfacturer. Et le manque à gagner (à verser par l’État à chaque marketeur, NDLR) variait d’un importateur à un autre. En procédant par appel d’offres, on n’a, non seulement harmonisé les prix d’achat à l’importation, mais également réduit le volume de la subvention de l’État. Mais, en fait, l’affaire d’appel d’offres pour importer les produits gênait certains. Ils se sont donc mis au travail pour montrer les limites des appels d’offres en organisant les pénuries », analyse un cadre du secteur, tout en s’abstenant de pointer précisément un acteur. « La solution qui est aujourd’hui abandonnée n’était pas parfaite, mais elle adressait déjà un problème. Celui de l’explosion des primes des traders et des manques à gagner compensés par l’État. À mon avis, c’est le refus d’une collaboration plus étroite avec les marketeurs qui conduit à la décision actuelle », ajoute un autre cadre dans le secteur pétrolier.

Stocks règlementaires non assurés

Quoiqu’il en soit, ce nouveau mécanisme n’a pas permis au Cameroun de toujours disposer des stocks règlementaires, fixés à 15 jours de consommation pour les stocks commerciaux. La preuve, la pénurie actuelle, si l’on en croit le ministre de l’Eau et de l’Énergie, est due à des « conditions météo-océanologiques défavorables », qui ont retardé pendant quatre jours les navires devant desservir le pays. Ce qui suppose que si les stocks commerciaux disponibles couvraient 15 jours de consommation, cet incident n’aurait pas impacté la disponibilité de l’essence dans les stations-service.

D’ailleurs, de sources concordantes, la Sonara a souvent peiné à assurer la couverture de 80% des importations des produits pétroliers consommés par le pays, accordée par l’État. Selon la CTR, en 2021, par exemple, « la Sonara n’a satisfait les besoins du marché national qu’à hauteur de 67,89%, correspondant à 1 408 486 m³ ». En cause, liste la même source, la « rareté des devises » et « le blocage de ses opérations d’importation par la Beac pendant le dernier trimestre 2021, pour défaut de présentation des pièces justificatives (quittances douanières) des précédentes importations ».

Par ailleurs, le processus de passation des marchés d’importations est lui aussi souvent accusé d’être à l’origine des retards dans le renouvellement des stocks. En juin 2022, par exemple, des traders, sélectionnés après un appel d’offres, avaient finalement jeté l’éponge jugeant les primes trop bases. Ce qui a obligé la commission de passation des marchés, logée au Minee, à reprendre le processus, faisant courir au pays le risque d’une perturbation dans l’approvisionnement des produits pétroliers.

Plusieurs sources au sein du Groupement des professionnels du pétrole affirment que la libéralisation des importations des produits pétroliers devrait permettre d’éviter ces problèmes, si l’État et les acteurs du secteur capitalisent les acquis du mécanisme précédent. « L’État connaît déjà le niveau de prime que les traders sont prêts à accepter. On ne pourra plus lui raconter m’importe quoi. L’administration peut d’ailleurs fixer un montant plancher de prime à ne pas dépasser », tente-t-on de rassurer. En tout cas, selon les nouvelles directives de Paul Biya, il revient au ministère de l’Eau et de l’Énergie de « veiller à ce que les entreprises chargées de l’importation et de la distribution des différents produits respectent les prix homologués par le gouvernement ». L’enjeu est en effet important : une non maitrise des primes des traders pourrait compromettre le « soutien à la raffinerie » sur lequel repose le remboursement de la dette restructurée de la Sonara.  

Aboudi Ottou

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Dans la nuit du 14 au 15 décembre 2023, et même dans la matinée de ce vendredi 15 décembre, des files de véhicules, motos-taxis et particuliers munis de bidons étaient toujours visibles dans certaines stations-service de Yaoundé, la capitale camerounaise. Preuve que la distribution des carburants, notamment du super, se heurte toujours à des épines, après les approvisionnements annoncés en début de semaine par le gouvernement, suite à la pénurie née le week-end dernier.

Pourtant, à la Société camerounaise des dépôts pétroliers (SCDP), l’on assure avoir régulièrement approvisionné la capitale, à hauteur de volumes oscillant entre 1000 et 1300 m3, largement au-dessus de la demande habituelle qui ne dépasse pas souvent 900 m3 chaque jour. Suffisant pour que des sources internes au secteur pétrolier mettent la situation actuelle sur le compte de « contraintes logistiques de certains marketeurs », après le retrait de leurs cargaisons des cuves de la SCDP.

La persistance des perturbations sur le marché de la distribution des carburants survient surtout trois jours après l’expiration du délai annoncé par le gouvernement pour un retour à la normale, après la pénurie. En effet, dans un communiqué signé le 11 décembre 2023, le ministre de l’Eau et de l’Énergie (Minee), Gaston Eloundou Essomba, avait annoncé le retour du super dans les principales villes (Douala, Yaoundé, Bafoussam) dès « le 12 décembre ». Au 15 décembre, soit trois jours après le délai gouvernemental, les perturbations persistent dans la capitale du pays.

BRM  

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Au cours de la dernière session de son Comité de politique monétaire (CPM), tenue le 12 décembre 2023 par visioconférence, la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) a annoncé, pour le compte de l’année 2023, une baisse des réserves de change des pays de la zone Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, RCA et Tchad), dont elle est l’institut d’émission commun.

Concrètement, ces réserves, qui garantissent solidairement les importations des pays de la Cemac, « reviendraient de 4,95 mois d’importations des biens et services en 2022, à 4,12 mois en 2023 ». Ce qui correspondrait à un « taux de couverture extérieur de la monnaie qui passerait de 73,1% en 2022 à 71,1% en 2023 », souligne le communiqué ayant sanctionné les travaux du dernier CPM de la Beac.

Interrogé sur les causes de ce recul des réserves de change, le gouverneur de la Beac a mis à l’index l’attitude de certains opérateurs économiques de la Cemac. En effet, a révélé Abbas Mahamat Tolli, ces derniers sont toujours à la manœuvre, pour se soustraire à l’obligation de rapatrier les devises issues de leurs activités à l’extérieur de la zone Cemac, que leur impose pourtant la nouvelle règlementation de change.

Mais, précise-t-il, en dépit de cette baisse qui va être enregistrée en 2023, le niveau des réserves de la Cemac demeure confortable pour permettre les importations de biens et service en toute sérénité. « Il n’y a pas péril en la demeure », a souligné le gouverneur de la banque centrale.

BRM  

Le ministre du Commerce (Mincommerce), Luc Magloire Mbarga Atangana (photo), souhaite voir les prix du poisson baisser sur le marché pendant la période des fêtes de fin d’année. Lors d’une réunion avec les acteurs de la filière le 12 décembre dernier à Yaoundé, le membre du gouvernement a exhorté ces derniers à œuvrer dans ce sens « afin de soutenir le pouvoir d’achat des ménages » durant cette période festive qui se traduit généralement par une forte demande de poisson.

Cet appel intervient dans un contexte où les produits alimentaires constituent depuis plusieurs mois le principal moteur de l’inflation. Selon l’Institut national de la statistique (INS), le taux d’inflation moyen annuel enregistré au Cameroun au cours du mois d’octobre 2023 a culminé à 7,7%. Cette augmentation provient principalement de la progression de 12,3% des prix des produits alimentaires. L’INS explique que l’augmentation des prix des produits alimentaires peut être principalement attribuée à la hausse des prix, bien que les augmentations aient reculé, des produits tels que les pains et céréales, les poissons et fruits de mer, ainsi que les huiles et graisses.

Pour cette fin d’année, la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) projette une hausse de la production halieutique au Cameroun favorisée par « la reprise des activités de pêche, en raison du repos biologique instauré au cours du troisième trimestre 2023 ». Selon les statistiques du ministère des Pêches, de l’Élevage et des Industries animales (Minepia), 150 186 tonnes de poissons ont été produites au Cameroun entre janvier et août 2023, contre 145 621 tonnes pour la même période en 2022. Ce qui fait une augmentation de 3%.

De façon plus spécifique, la production de la pêche artisanale maritime est passée de 113 561 tonnes entre janvier et août de l’année 2022 à 116 627 tonnes au cours de la même période en 2023, soit une augmentation de 3%. Dans le même temps, la pêche industrielle a connu une baisse de 9% passant de 9 888 tonnes en 2022 à 8 969 tonnes en 2023. La production de la pêche continentale a connu une évolution haussière de 8% pour se situer à 18 735 tonnes sur la période sus-revue. Quant à l’aquaculture, la production est passée de 4 796 tonnes à 5 855 tonnes, soit une augmentation de plus de 22% au 31 août 2023 comparée à la même période il y a un an, d’après la même source. Malgré cette hausse de la production, l’offre reste inférieure à la demande estimée à 500 000 tonnes par an. Pour satisfaire sa consommation locale, le Cameroun importe chaque année plus de 200 000 tonnes de poisson congelé.

À noter que cette action du Mincommerce s’inscrit dans la continuité des mesures engagées depuis plusieurs mois par Luc Magloire Mbarga Atangana dans le cadre d’un « appel citoyen » lancé aux opérateurs économiques. Cet appel a notamment abouti à la baisse des prix du pain, du poulet, des œufs et du ciment.

P.N.N

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Lors du conseil de communauté relatif à l’examen et à l’adoption du projet de budget de la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY) pour l’exercice budgétaire de 2024, tenu le 13 décembre, les conseillers de cette municipalité ont autorisé le maire de la ville, Luc Messi Atangana, à signer un contrat de concession avec la société Salem Tours Mfoundi (STM) pour l’exploitation d’un réseau de transport public de personnes par autobus de plus de 50 places dans la ville. Selon les termes du contrat, le nouveau concessionnaire du transport de masse par bus, sur qui peu d’informations sont disponibles, dans la capitale a un délai de 6 mois, après la signature dudit accord, pour mobiliser les moyens matériels nécessaires à l’exploitation de son réseau.

Il s’agit notamment de l’acquisition du matériel roulant (autobus de 50 places au minimum), l’aménagement effectif d’une base logistique et la matérialisation des arrêts bus. Cette société, a appris Investir au Cameroun, a été sélectionnée à l’issue d’un avis à manifestation d’intérêt lancé par la CUY. Sur les quatre opérateurs qui ont soumissionné, trois d’entre eux ont été retenus pour la poursuite des négociations par la commission créée par décision du maire de la ville en vue d’analyser les offres reçues. Les négociations portaient notamment sur le nombre de lignes d’exploitation, les caractéristiques des bus, le prix de base et les clauses des contrats et cahiers de charge. Au final, seule l’entreprise STM a mené les négociations jusqu’au bout avec, à terme, la signature d’un contrat et la sélection de trois lignes de bus pour une phase pilote.

La sélection de ce nouvel opérateur intervient dans un contexte où Yaoundé peine à disposer d’une société de transport de masse viable. La Société de transports et équipements collectifs de Yaoundé (Stecy SA), qui a débuté ses activités le 13 février 2017, a vu son contrat résilié le 17 février 2023 par le maire de la ville. Ce, « au motif d’un certain nombre de manquements par la Stecy a ses obligations contractuelles », selon le rapport sur les coûts des risques budgétaires générés par les projets exécutés en PPP publié en mai 2023 par le ministère des Finances (Minfi). Le document ne précise pas de quels manquements il s’agit. Mais en mai 2021, le ministre des Transports, Jean Ernest Masséna Ngalle Bibehe, avait accusé l’entreprise de sous-traiter ses locaux et de prêter son matériel à un opérateur de transport interurbain clandestin.

Solution alternative au BRT

Stecy SA fait toutefois partie des quatre opérateurs qui ont répondu à l’avis à manifestation d’intérêt de la CUY. En en croire nos sources, cette entreprise s’est « désistée » du processus au motif que « ses conditions contractuelles n’ont pas été acceptées » par les membres de la commission, notamment celles liées à la subvention d’équilibre. Stecy avait remplacé la société Le Bus, une coentreprise détenue par des institutions publiques camerounaises et le groupe américain Parker International Industries. Née d’un partenariat conclu en 2005, l’entreprise a mis la clé sous le paillasson en 2016.

La nouvelle société de transport en commun par bus pourra-t-elle faire mieux là où ses prédécesseurs ont échoué ? Pour certains experts du secteur des transports, la faillite de ces opérateurs s’explique par le fait que cette activité n’est pas rentable en raison notamment du problème des voies de communication dans la capitale du Cameroun. Tout entrepreneur qui s’y lance est confronté aux problèmes de bouchons et des voies mal entrevues. Résultat : les bus passent plus de temps dans les embouteillages et les garages à cause du mauvais état des routes et la faible densité du réseau. À la CUY, l’on explique que l’arrivée prochaine de cette société sur les routes de Yaoundé est une solution alternative en attendant le lancement du projet BRT (Bus Rapid Transit) de la ville, annoncé depuis 2019.

P.N.N

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La société norvégienne Scatec, qui a construit dans la partie septentrionale du Cameroun les centrales solaires de Maroua et Guider, d’une capacité cumulée de 30 MW, vient de décrocher un financement d’un montant d’un peu plus de 60 milliards de FCFA (100 millions de dollars) auprès de la Société financière internationale (SFI), filiale de la Banque mondiale dédiée au financement du secteur privé. Selon le communiqué officiel publié le 13 décembre 2023 par Release, filiale à travers laquelle le développeur norvégien de projets solaires a obtenu le financement, ce prêt qui permettra le déploiement de nouveaux projets au Cameroun et au Tchad est assorti d’une ligne de garantie d’un montant de près de 40 milliards de FCFA (65 millions de dollars), pour couvrir le paiement des factures des clients de Scatec sur lesdits projets.

« (…) Release explore activement de nouvelles opportunités au Cameroun, au Libéria et dans le reste de l’Afrique de l’Ouest et centrale, renforçant ainsi son engagement à faire progresser les solutions d’énergie renouvelable sur le continent africain et sur d’autres marchés sélectionnés », laisse entendre Hans Olav Kvalvaag, PDG de Release, parlant des ambitions de ce développeur de projets solaires et de sa maison-mère au Cameroun. En effet, apprend-on de sources autorisées, Scatec peaufine actuellement deux nouveaux projets de solaire dans la partie septentrionale du Cameroun. Ces deux centrales, apprend-on, devraient avoir une capacité de production globale de 25 à 30 MW. Et le financement et la garantie obtenus de la SFI viennent davantage déblayer le chemin pour faciliter la réalisation de ces projets, indiquent nos sources.

La mise en œuvre effective des deux projets actuellement en discussion avec l’État du Cameroun devrait permettre à Scatec de renforcer son statut, à la fois de pionnier et de leader de l’énergie solaire au Cameroun. En effet, les centrales solaires de Maroua et de Guider, inaugurées en septembre 2023 par le ministre camerounais de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, constituent le tout premier projet d’envergure réalisé dans le solaire au Cameroun. Ceci, pour le grand bonheur de la diversification du mix énergétique du pays (largement dominé par l’hydroélectricité) et des populations et entreprises des trois régions septentrionales du Cameroun.

En effet, selon Eneo, le concessionnaire du service public de l’électricité dans le pays, grâce à l’injection des premiers mégawatts des centrales solaires de Maroua et Guider dans le réseau interconnecté Nord (RIN) en fin d’année 2022, dès le premier trimestre 2023, les régions du Nord, de l’Adamaoua et de l’Extrême-Nord, qui constituent le RIN, n’ont pas connu les habituels délestages pour cause de déficit de production. Il s’agit d’une grande première depuis 3 ans, alors que les centrales solaires modulaires sus-mentionnées n’injectaient sur cette période qu’entre 15 et 18 MW dans le réseau, apprend-on.

De plus, l’arrivée de ces infrastructures énergétiques induit « l’arrêt des centrales thermiques autrefois utilisées pour renforcer l’offre de production dans cette partie du pays, générant ainsi des économies budgétaires pour l’État », avait souligné le ministre Gaston Eloundou Essomba dans le communiqué publié la veille de l’inauguration des centrales construites par Scatec à Maroua et Guider.

Brice R. Mbodiam

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