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Yaoundé - 18 avril 2024 -
Banque et Finance

Panorama bancaire

(Investir au Cameroun) - Le réveil du secteur bancaire camerounais est-il possible ?

L'intérêt soudain des capitaux étrangers pour le secteur bancaire camerounais provoque un certain frémissement.

Souvent critiquées pour la modestie de leurs concours au financement de l'économie, les grandes institutions sont aujourd'hui engagées dans l'élargissement de leurs portefeuilles entreprises. Le mot d'ordre est le même, aussi bien à la BICEC qu'à la SGBC, deux institutions aux modèles de développement différents qui se partagent néanmoins le leadership du secteur. A l'inverse de l'Afriland First Bank, en régression continue, ces deux banques rompent avec un certain attentisme. « Notre rôle ne doit plus être le seul financement des opérations d'import-export », précise un jeune cadre bancaire venu étoffer la Bicec. Toutefois, encore réelle, la domination des banques françaises est en train de s'estomper. L'arrivée des institutions africaines (nigérianes, marocaines et ivoiriennes) devrait permettre une redistribution des cartes. Ainsi, Ecobank Cameroun, Attijariwafa Bank, Banque Atlantique et United Bank for Africa (UBA) devraient voir leurs parts de marché évoluer de 15% en 2009 à 30 à 40% d'ici 2012, selon les estimations des professionnels.

« Notre rôle ne doit plus être le seul financement des opérations d’import-export », précise un jeune cadre bancaire venu étoffer la Bicec.
« Notre rôle ne doit plus être le seul financement des opérations d'import-export », précise un jeune cadre bancaire venu étoffer la Bicec.


L'appétit des banques africaines
Des perspectives plutôt bien accueillies par l'Association professionnelle des établissements de crédit du Cameroun (APECAM). Avec des procédures beaucoup plus simplifiées et un modèle de développement qui s'appuie sur la bancarisation plutôt que sur l'accompagnement des multinationales, ces banques africaines ont un véritable rôle à jouer dans les chantiers du Cameroun émergent. Certes, de par leurs engagements, leurs modèles de développement s'avèrent d'emblée plus risqués que ceux de leurs consœurs occidentales, prudentes et conservatrices sur le « risque » de la personne physique. D'autre part, le déclin des vieilles exploitations industrielles d'origine coloniale poussent certaines banques françaises, qui n'ont pas développé la partie retail, à solder leur présence.

Encore réelle, la domination des banques françaises est en train de s'estomper. L'arrivée des institutions africaines (nigérianes, marocaines et ivoiriennes) devrait permettre une redistribution des cartes.

C'est dans ce cadre que s'inscrit la reprise de 65% du capital de la Société camerounaise de banque (SCB) par Attijariwafa Bank, au détriment du Crédit Agricole français. Cette reprise, négociée au prix fort (164 milliards FCFA) et assortie d'un plan de développement, marque la fin de l'errance de la SCB, troisième banque camerounaise, ballotée de main en main depuis 2003 quand le Crédit Agricole l'avait reprise au Crédit Lyonnais. Contrairement à sa rivale qui a misé sur une acquisition, la BMCE Bank (troisième banque marocaine) s'est implantée au Cameroun en septembre 2008 par la création d'une filiale. En dehors de l'appétit des banques africaines pour le Cameroun, la présence d'autres banques occidentales comme la Standard Chartered et la Citibank contribuent à l'accélération de la modernisation du secteur et à l'implémentation des standards internationaux.

A.W.

Une modernisation née d'une longue période d'assainissement
A l'instar de toute l'économie camerounaise, le secteur bancaire a souffert de la crise des années 80 qui a découlé sur une longue période d'ajustement structurel. Beaucoup d'institutions bancaires ont coulé à la fin des années 80 et durant la décennie qui a suivi. C'est le cas déjà de la Société camerounaise de banque (SCB) qui a vécu une scission-liquidation en 1989 avec transfert des créances douteuses et compromises et fusion des actifs sains avec la Société commerciale de banque-crédit Lyonnais (SCB-CL). La même année (1989) verra la liquidation et fermeture du Fonds de développement rural (Fonader), de la Banque Camerounaise de Développement (BCD), de la Banque Paribas-Cameroun (Paribas), de cameroon bank (Cambank), ainsi que la scission-liquidation de la Bank of Credit and Commerce Cameroon (BCCC), avec cession des actifs sains à la Standard Chartered Bank Cameroon (SCBC). L'année 1990 connaîtra son lot avec la liquidation du passif de la Banque internationale pour le commerce et l'industrie du Cameroun (BICIC). C'est en novembre de la même année que le capital social minimum des banques a été relevé de 300 millions à 1 milliard FCFA. Une opération qui contribuera à hâter la logique de consolidation. La scission de la Meriden Cameroon Bank (MCB) et de la Banque internationale pour l'Afrique occidentale au Cameroun (BIAOC) ont permis de créer la BM-BIAOC.

Dans les années 1990, l'harmonisation de la règlementation bancaire au sein de la CEMAC permettra aux acteurs d'envisager désormais des destins régionaux. La dévaluation brutale, en 1994, accélèrera la réserve des banques françaises vis-à-vis d'une économie camerounaise qui peine à sortir d'un régime sévère du FMI. C'est ainsi que la Banque nationale de Paris (BNP) retirera son appui technique à la Banque internationale pour le commerce et l'industrie du Cameroun (BICIC). En 1996, la BM-BIOC, issue d'une fusion, sera liquidée. Il en sera de même pour le Crédit Agricole du Cameroun, remplaçant de la Fonader, qui sera liquidé en 1997. La BICIC sera fermée et remplacée par la BICEC, Banque internationale du Cameroun pour l'épargne et le crédit. L'institution, détenue majoritairement par l'Etat, sera privatisée dans la foulée.

Cameroun : Afriland First Bank revendique le deuxième rangDans notre présentation du panorama du secteur bancaire camerounais, le 20 novembre 2009, nous avions attribué sur la foi de sources du secteur le leadership du secteur bancaire au tandem BICEC-SGBC, déplorant un certain « attentisme » d’Afriland First Bank. Nous avons été récemment interpellés par Joseph Toubi, vice-président exécutif d’Afriland First Bank, à propos de son groupe : « De 2007 à 2009, notre banque est passée de 13,71 à 17,57% de part dans un marché de 1835 milliards FCFA en matière de crédit. A l’image des crédits accordés, le volume des dépôts est en croissance constante à Afriland First Bank Cameroon. Ainsi, nous sommes passés de 14,76% de part de marché dans ce service en 2007 à 17,26% au terme de l’année 2009. Cette progression place Afriland First Bank en deuxième position au Cameroun. » Au regard de ce qui précède, il est clair, note M. Toubi, « que le total bilan de la banque Afriland est en hausse ». Dont acte. Nous remercions M. Toubi pour cette précision.

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