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Yaoundé - 19 avril 2024 -
Economie

Fer à béton : menacés par les importations, les producteurs locaux réclament un quota dans les projets d’infrastructures

Fer à béton : menacés par les importations, les producteurs locaux réclament un quota dans les projets d’infrastructures

(Investir au Cameroun) - Eu égard aux autorisations spéciales d’importation du fer à béton qui se multiplient, malgré la suspension « jusqu’à nouvel avis » des importations de ce matériau de construction décidée par le gouvernement camerounais en 2016, les trois principaux producteurs de fer à béton au Cameroun ont adressé un mémorandum au Premier ministre (PM), au courant du mois de mai 2021. Dans ce document consulté par Investir au Cameroun dans les services du PM, les sociétés Metafrique, les Aciéries du Cameroun et Prometal en appellent au soutien du gouvernement, pour sauvegarder les investissements par eux consentis depuis quelques années, afin de faire émerger une industrie métallurgique locale.

Ce soutien, selon les opérateurs, passe par le respect de l’interdiction des importations de fer à béton pour protéger la production locale, mesure à prendre à travers un texte réglementaire conjointement signé par les ministres en charge du Commerce, des Finances et de l’Industrie. Une fois ce texte signé, suggèrent les aciéries, les cargaisons importées doivent être systématiquement saisies, puis être réexportées pour dissuader les contrevenants à la règlementation.

En plus de cette mesure, les aciéries locales réclament au gouvernement l’instauration d’un quota de matériaux locaux en fer, à utiliser obligatoirement par les entreprises réalisant des projets d’infrastructures et du BTP financés par l’État du Cameroun. Cette mesure, souligne le mémorandum, devrait être accompagnée par l’instauration, dans le cadre de la loi de finances 2022 en préparation, des incitations fiscalo-douanières visant à encourager la production locale, d’une part, et à dissuader les importations de fer à béton, d’autre part.

Ces mesures de sauvegarde, auxquelles l’on pourrait ajouter une amélioration, au besoin, de la norme locale sur le fer à béton, croient savoir les aciéries locales, contribueraient positivement à la compétitivité de l’industrie locale des matériaux de construction en fer. Ceci, dans un contexte marqué par l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), et l’adoption au Cameroun d’un plan directeur d’industrialisation (PDI) et d’une stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND20-30), dont l’un des piliers est la transformation du tissu industriel local.      

 Une nouvelle usine ultra-moderne

 Pour rappel, avec une production annuelle actuellement estimée à plus de 260 000 tonnes, le secteur des aciéries est parmi les rares au Cameroun à pouvoir satisfaire la demande locale et assurer des exportations. En effet, selon les opérateurs de la filière métallurgie-sidérurgie, cette demande culmine à environ 180 000 tonnes de fer à béton par an, ce qui révèle un écart de 80 000 tonnes potentiellement exportables. Cet écart augmentera de 100 000 tonnes au cours de l’année 2021, grâce à l’entrée en production d’une usine ultra moderne dans la zone industrielle de Bassa, à Douala.

En effet, la société Prometal, le leader du marché local, y finalise les essais en vue de la mise en service de Prometal 4, présentée comme l’usine de transformation du fer la plus moderne et la plus diversifiée d’Afrique subsaharienne. Investissement d’environ 40 milliards de FCFA, cette usine aura la particularité de permettre la mise sur le marché de nouveaux produits, jusqu’ici importés par la plupart des pays d’Afrique, apprend-on de sources autorisées. Il s’agit notamment des poutrelles, des cornières, des fers plats et des fils machines, qui sont des produits intermédiaires permettant de fabriquer les clous, les fers lisses et les vis. De bonnes sources, la fabrication locale des nouveaux produits susmentionnés permettra au Cameroun de réduire de 50% le déficit de la balance commerciale sur les matériaux de construction à base de fer.

Mais, en dépit de ces capacités et avantages comparatifs, les producteurs locaux de fer à béton et autres matériaux connexes continuent de faire face à des importations massives, spécialement autorisées par les pouvoirs publics au bénéfice des entreprises conduisant certains projets d’infrastructures dans le pays. Pour justifier ces importations, il est généralement excipé la non-conformité du fer local par rapport au niveau des infrastructures à réaliser. Cet argument est pourtant balayé par les tests effectués sur le fer local par le Laboratoire national du génie civil (Labogénie) et l’Agence des normes et de la qualité (Anor), d’une part, et d’autre part, par le fait que ce produit local a souvent servi, sans la moindre anicroche, sur des chantiers d’infrastructures majeurs tels que le 2e pont sur le Wouri, les stades d’Olembé et de Japoma, etc.

Brice R. Mbodiam

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