(Investir au Cameroun) - Le 29 mars 2021, le secrétaire général de la présidence de la République (SGPR), Ferdinand Ngoh Ngoh, a adressé à la ministre déléguée à la présidence en charge du Contrôle supérieur de l’État, une correspondance lui prescrivant, sur instruction du chef de l’État, l’accélération de l’audit de la gestion des fonds mis à la disposition des différentes administrations publiques, dans le cadre de la riposte contre la pandémie du Covid-19 au Cameroun. À en croire le SGPR, le rapport de cet audit « faciliterait la conclusion avec le Fonds monétaire international (FMI) d’un nouveau programme économique et financier ».
Au demeurant, si pour la présidence l’audit attendu dans le cadre des négociations avec le FMI est celui émanant du contrôle supérieur de l’État, l’on ne saurait occulter le fait que le Premier ministre, en faisant une allocation de 1,2 milliard de FCFA pour cet audit, dans un décret signé le 22 juillet 2020, prescrit que cette opération de contrôle de la gestion des fonds Covid-19 soit effectuée par la Chambre des comptes de la Cour suprême.
À la primature, des sources internes soutiennent que ce choix du PM a été dicté par des bailleurs des fonds internationaux ayant appuyé le Cameroun dans la riposte contre le Covid-19. Fort de cela, et en dépit d’une lettre de protestation adressée au PM par la ministre déléguée à la présidence de la République en charge du Contrôle supérieur de l’État, correspondance révélée par la presse locale (Mutations du 28 juillet 2020), des missions de la Chambre des comptes ont été déployées dans certains départements ministériels dès octobre 2020, avant d’être interrompues. Mais l’audit de la juridiction des comptes se serait poursuivi. L’institution a d’ailleurs saisi récemment certains bailleurs de fonds du Cameroun en vue de vérifier certaines informations.
Le 15 décembre 2020, une correspondance du SGPR instruit au ministre des Finances, Louis Paul Motaze, le déblocage d’une enveloppe de 32,5 millions de FCFA, destinée à couvrir les frais relatifs à l’audit des fonds du Covid-19 mené par le contrôle supérieur de l'État. En février 2021, le ministre des Finances, interlocuteur privilégié dans la négociation des programmes avec le FMI, a de son côté lancé un appel à manifestation d’intérêt pour la présélection des cabinets de consultants en vue de conduire une mission d’audit indépendant des dépenses publiques liées au Covid-19 au Cameroun.
Si tant est que l’audit des fonds Covid-19 conditionne la conclusion d’un nouveau programme avec le FMI, la multiplication des initiatives y relatives au sein du gouvernement pourrait avoir pour conséquence de gripper la machine des négociations.
Pour rappel, l’audit au cœur de cette sorte de bataille entre différentes administrations concerne plusieurs milliards de FCFA. Il s’agit notamment du fonds spécial de solidarité mis en place par le chef de l’État et doté d’une enveloppe de 180 milliards de FCFA ; d’une facilité de 214 milliards de FCFA, accordée par le FMI ; des dons effectués par les entreprises dans le cadre de la chaîne de solidarité mise en place dans le cadre de la lutte contre la pandémie, etc.
BRM