(Investir au Cameroun) - Selon l’Institut national de la statistique (INS), qui vient de rendre publiques les données sur le commerce extérieur du Cameroun, au premier semestre 2021, les importations de poissons et autres crustacés effectuées par le Cameroun au cours de la période sous revue, ont chuté de 18 505 tonnes (-16%) en glissement annuel. Dans le détail, elles ont culminé à 97 203 tonnes pour des dépenses globales d’un peu plus de 64 milliards de FCFA à fin juin 2021, contre 115 708 tonnes pour 77,8 milliards de FCFA de dépenses au 30 juin 2020.
L’INS ne donne pas de détails sur les causes de cette baisse des importations du poisson notamment, qui est avec le riz parmi les produits alimentaires qui grèvent le plus la balance commerciale du Cameroun, selon les données officielles. Mais, l’on peut observer que cette baisse des importations des poissons et crustacés survient dans un contexte de persistance de la pandémie du coronavirus, dont l’une des conséquences a été la perturbation de la chaîne logistique mondiale et la hausse exponentielle des tarifs du transport.
Dans la sous-région Cemac, à laquelle appartient le Cameroun, les importateurs ont également eu beaucoup de difficultés à effectuer des transferts d’argent à l’étranger, en raison de la rigidité de la nouvelle règlementation de change. Toute chose qui a eu pour incidence des retards dans la livraison de certaines commandes passées aux fournisseurs à l’étranger. L’on se souvient d’ailleurs qu’en mai 2021, l’Union des patronats d’Afrique centrale (Unipace), dirigée par le Camerounais Célestin Tawamba, tirait déjà la sonnette d’alarme.
Pêcheurs étrangers
Cette organisation patronale redoutait alors des pénuries de certains produits, si la règlementation de change n’était pas assouplie. « Ces problèmes et dysfonctionnement créent d’importants blocages des transferts et un ralentissement de l’activité, avec l’apparition déjà visible de la pénurie, entre autres, des produits et denrées alimentaires dans certains marchés, avec le risque de rupture de stocks de matières premières et intrants, des fournitures et pièces de rechange des industries », avait indiqué l’Unipace au sortir d’une rencontre tenue en mai 2021.
Mais, au-delà des contingences règlementaires et exogènes explicitées plus haut, les autorités camerounaises mettent la baisse des importations de poissons et crustacés observée ces dernières années, sur le compte des retombées de la promotion de l’aquaculture dans le pays. À titre d’exemple, le 15 juillet 2020, le ministère de l’Élevage a lancé un appel à manifestation d’intérêt visant à sélectionner et à accompagner des investisseurs intéressés par le développement de l’aquaculture, dont la production nationale actuelle culmine à seulement 15 000 tonnes, selon les opérateurs de la filière. Grâce à divers appuis au bénéfice des aquaculteurs, le gouvernement ambitionne de porter cette production à 100 000 tonnes sur le long terme.
Pour rappel, le Cameroun est un grand importateur de poissons depuis des décennies, alors que le pays dispose d’environ 450 km de côtes. Mais, ses cours d’eau, réputés abriter d’immenses richesses halieutiques, sont envahies par des pêcheurs étrangers, qui représentent officiellement plus de 80% de la population de pêcheurs du pays.
Brice R. Mbodiam
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