(Investir au Cameroun) - Dans un arrêté signé le 16 juillet 2021, le gouverneur de la région de l’Ouest, Awa Fonka Augustine, annonce la fermeture temporaire sur l’ensemble du territoire de la région de l’Ouest, des marchés de commercialisation des porcs et des sous-produits des fermes porcines, et l'interdiction de circulation et de transport de ces mêmes produits. À en croire le gouverneur, « ces mesures préventives visent à faire face aux risques de propagation de la maladie et à protéger le cheptel porcin dans la région de l’Ouest ».
En effet, après plusieurs indices (saisie d’une cargaison de porcs morts et vivants dans la ville de Mélong le 4 juillet, décès en masse des porcs dans certains élevages du pays…) recensés çà et là sur le territoire national, la survenue d’une nouvelle épizootie de PPA au Cameroun est confirmée dans une correspondance dont Investir au Cameroun a pu avoir copie. Dans cette lettre datée du 25 juin 2021, le ministre de l’Élevage, le Dr Taïga, prescrit à ses collaborateurs dans les 10 régions du pays, des mesures en vue de la « gestion de l’épizootie de peste porcine africaine en cours ». Dès l’entame de sa correspondance adressée aux délégués régionaux du ministère de l’Élevage, ce membre du gouvernement révèle que « des cas confirmés de peste porcine africaine ont été rapportés dans plusieurs régions du pays depuis quelques semaines, au Réseau d’épidémiosurveillance des maladies animales du Cameroun (Rescam) ».
Fort de cette réalité, le ministre Taïga recommande à ses collaborateurs un ensemble de mesures. Il s’agit notamment de l’information et la sensibilisation des acteurs de la filière porcine, la surveillance des élevages et des marchés de porcs, le contrôle des mouvements de porcs et des produits d’origine porcine, l’exigence des documents sanitaires conformément à la réglementation, la désinfection systématique des véhicules affectés au transport des porcs, la mise en œuvre des mesures sanitaires dans tous les foyers, la réactivation des check-points…
80% du cheptel décimé en 1982
Toutes ces mesures gouvernementales n’ont pas semblé suffisantes aux yeux du gouverneur de la région de l’Ouest, qui a décidé, depuis le 16 juillet 2021, de fermer tous les marchés de porcs et d’interdire la circulation de ces animaux sur l’ensemble de ce bassin de production. Préjudiciable à l’ensemble des acteurs de la filière, la décision prise par le gouverneur de la région de l’Ouest devrait avoir un impact sur l’approvisionnement des villes de Douala et de Yaoundé, dans lesquelles s’est développée, depuis quelques années, une florissante activité commerciale autour de la viande de porc (braiseurs installés devant les débits de boisson).
Au demeurant, font remarquer les acteurs de la filière, cet impact devrait être limité, dans la mesure où l’approvisionnement des deux principales villes du pays pourra se poursuivre à partir des régions septentrionales du Cameroun, devenues les principaux bassins de production de porcs du pays. « Le développement de l'élevage porcin dans le bassin du Logone a été dopé par l'épidémie de peste porcine africaine survenue en 1982 dans les élevages intensifs du Sud du Cameroun. Il s'agissait alors d'approvisionner les villes de Yaoundé et de Douala en viande de porc locale, en complément du recours aux importations de viandes congelées. En quelques années, le porc du Logone est devenu un produit compétitif sur ces marchés, en concurrence avec des viandes de diverses origines », explique le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) dans une note sur la filière porcine camerounaise.
Pour rappel, la toute première épizootie de peste porcine au Cameroun, survenue en 1982, avait officiellement décimé 80% du cheptel porcin du pays. Ce qui avait plombé cette filière, qui contribue pourtant à l’amélioration de la production carnée du Cameroun.
Brice R. Mbodiam
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