(Investir au Cameroun) - A cause de nouveaux engagements financiers pris par l’État pour satisfaire les revendications des enseignants actuellement en grève, parce que revendiquant différents avantages financiers liés à leur statut, les autorités camerounaises envisagent une révision du budget 2022.
Si l’on s’en tient à une correspondance du 21 mars 2022 de Ferdinand Ngoh Ngoh, le secrétaire général de la présidence de la République, s’adressant à son homologue de la Primature, il est écrit que, « compte de l’augmentation imprévue des dépenses des personnels de l’État au titre de l’année 2022, le chef de l’État instruit le ministre des Finances de procéder au réajustement du cadrage budgétaire de l’exercice en cours ».
L’augmentation « imprévue » des dépenses des personnels ici est liée au fait que le chef de l’État a décidé début mars, d’un déblocage de plusieurs milliards de FCFA dans le cadre de la résolution financière des revendications des enseignants en grève depuis près d’un mois sous le mouvement « On a trop souffert » (OTS). Ces ressources, selon René Emmanuel Sadi, le ministre de la Communication, serviront, entre autres, à apurer, à compter du mois de mars 2022 et de manière progressive, en tenant compte de l’antériorité des promotions, les rappels relatifs à l’indemnité de non-logement et au complément salarial dû aux enseignants ; le paiement échelonné, à compter du mois de juin 2022, des rappels relatifs aux avancements et reclassements des enseignants.
À côté de ces dettes envers les enseignants, le gouvernement a décidé de procéder au paiement, à partir du mois de mars 2022, du complément salarial mensuel à verser aux enseignants (titulaires ou non du décret d’intégration) qui ne perçoivent actuellement que les 2/3 de leur salaire et de l’indemnité de non-logement due aux enseignants qui n’en perçoivent pas.
Incidemment, ces dépenses annoncées de l’État vont gonfler la masse salariale fixée dans la loi de finances 2022 à 1 138,49 milliards de FCFA, soit plus de 1/5 e du budget global du pays arrêté à 5 599,7 milliards de FCFA. Car, si on peut subodorer que l’État a prévu d’apurer « progressivement » sa dette envers les enseignants au cours de cette année, les nouveaux paiements programmés à la fin de ce mois n’ont pas été budgétisés. Ce qui obligera le gouvernement, selon les règles, à procéder à un collectif budgétaire. Cela nécessite de passer par le parlement pour réviser le budget de l’État.
Sylvain Andzongo