(Investir au Cameroun) - Emmanuel Nganou Djoumessi, le ministre des Travaux publics (Mintp) a saisi, le 20 août dernier son homologue en charge des Marchés publics (Minmap), Ibrahim Talba Malla.
Dans sa correspondance, le Mintp demande une autorisation pour passer un marché de gré à gré avec la Corporation commerciale canadienne (CCC), en vue de la poursuite de la phase 2 des travaux de réhabilitation de la pénétrante est de la ville de Douala. Le Mintp motive sa demande par le fait que les difficultés techniques et financières de Wietc/Crcc14, groupement chinois en charge des travaux, l’ont conduit à engager la procédure de résiliation de son contrat.
L’entreprise canadienne, pour laquelle l’autorisation du gré à gré est sollicitée, « dispose des capacités techniques et financières avérées pour accompagner le gouvernement dans la réalisation de cette importante infrastructure. Elle a fait ses preuves dans le cadre des travaux de réhabilitation du stade de la Réunification à Douala, et permettra certainement d’atteindre les objectifs intermédiaires urgents fixés, à savoir le maintien de la circulation, de la signalisation et de sécurité routière et, la mise en circulation d’au moins quatre voies (sur les six prévues) dans la perspective du Chan 2020 », argumente le ministre des Travaux publics. Il précise que l’offre de l’entreprise canadienne est attendue ce 26 août 2019 et fera l’objet d’une analyse préalable par une sous-commission mise en place par le Mintp.
Au lendemain de cette correspondance, le ministère des Travaux publics a abrité une rencontre, le 21 août dernier, une négociation entre l’administration (Mintp-ministère des Marchés publics, l’Agence de régulation des marchés publics) et le groupement chinois Weihai Railway Economic et Technical Cooperative Co Ltd/China Railway 14th Bureau Group Co Ltd (Wietc/Crcc14) en vue de la résiliation du marché portant sur la réhabilitation de l’entrée est de la ville de Douala.
Négociations
Au cours de cette réunion, le directeur général des travaux d’infrastructures au Mintp a indiqué que le maître d’ouvrage souhaite que compte tenu des exigences liées au Chan 2020 et à la CAN 2021 qu’organisera le Cameroun, un accord a été trouvé avec l’entreprise afin qu’il soit mis fin au marché de façon non contentieuse. En effet, dans le cadre de ces évènements, le rajustement des délais de livraison impose qu’une partie des travaux soient livrée au plus tard le 15 décembre 2019 (4 voies circulables jusqu’à l’entrée du stade de Japoma).
Pour rompre le contrat avec la partie chinoise, le chef de division des affaires juridiques du Mintp a présenté l’offre suivante au groupement : le paiement des travaux exécutés au terme de la visite contradictoire des travaux exécutés, la remise des pénalités de retard après examen, la mainlevée du cautionnement de bonne fin, le rachat de certains éléments préfabriqués et matériaux déjà disponibles sur le chantier, l’évaluation et examen des modalités de paiement des frais de démobilisation de l’entreprise.
En réaction, le groupement chinois a fait savoir qu’à cette liste devraient être ajoutés les frais d’enregistrement du marché. En outre, le consortium d’entreprises a déclaré qu’il accepte toutes les propositions qui sont faites même comme il y a obligation pour elle de se référer à sa hiérarchie avant la signature du protocole d’accord portant résiliation d’accord partie.
En considérant la mobilisation du personnel et du matériel de l’entreprise sur le site, la partie chinoise a sollicité qu’un autre projet lui soit attribué en vue de continuer ses activités sur le territoire national avec le concours de l’administration. Elle a signalé également ne pas être en mesure de viser un document qui comporte des sanctions relatives à une quelconque défaillance. Elle a sollicité d’avoir un délai précis pour la libération effective du chantier.
Cahier de charges
Les travaux de la phase 2 de l’entrée Est de Douala ont été attribués, pour un coût de 33,14 milliards de FCFA, au Groupement Weitc/Crcc14. Cette deuxième phase des travaux concerne l’élargissement de la chaussée du PK10+200 au PK19+200 (pont sur la Dibamba) en une chaussée à six voies, soit un linéaire de 9 kilomètres x 3, de chaussée à aménager.
Outre l’élargissement, la consistance des travaux comprend la construction de cinq giratoires, d’un passage inférieur au niveau du giratoire de Yassa et d’un passage supérieur au niveau du giratoire de Japoma, pour faciliter l’accès au complexe sportif de Japoma en cours d’aménagement. L’éclairage public et le mobilier urbain sont également pris en compte.
Seulement, les travaux confiés au groupement chinois ont plutôt créé d’énormes désagréments à Douala au lieu de faciliter la circulation d’une importance névralgique sur le corridor Douala-Bangui-Ndjamena. Ces dernières semaines, le tronçon de 9 km de cette entrée de Douala se faisait en quatre heures au minimum. Ce qui a provoqué le courroux du gouvernement, car des voies de contournement n’avaient pas été prévues au moment de lancer les travaux.
Sylvain Andzongo