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Yaoundé - 29 mars 2024 -
Economie

Fusion Gicam-Ecam : Célestin Tawamba désavoué par le Comité des sages

Fusion Gicam-Ecam : Célestin Tawamba désavoué par le Comité des sages

(Investir au Cameroun) - Réuni le 25 mai 2023 à Douala, la capitale économique du Cameroun, le Comité des sages du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) a demandé à son président, Célestin Tawamba, « de surseoir immédiatement toute activité sur le traité de fusion entre le Gicam et Ecam (Entreprises du Cameroun, NDLR) », peut-on lire dans le procès-verbal (PV) de cette réunion, signé du nouveau président de cette instance, en la personne de Richard Howe, ancien directeur général de British American Tobacco (BAT) Cameroun. Pour justifier leur décision, les « sages » disent avoir « constaté des erreurs de forme et de fond » dans le traité de fusion signé le 5 avril 2023 entre Célestin Tawamba et Protais Ayangma, les présidents des deux organisations patronales. Ils indexent notamment des « informations incomplètes », une « saisine tardive du comité des sages ».

Selon les statuts du Gicam, la principale organisation patronale du Cameroun, le Comité des sages est chargé de « veiller au respect des valeurs et principes du Gicam et apporter des conseils et des éclairages au Conseil d’administration ». Il est constitué des anciens présidents et vice-présidents du Groupement. Convoquée depuis le 9 mai 2023, cette session du Comité des sages avait deux points à l’ordre du jour : « le traité de fusion signé en date du 5 avril 2023 entre le Gicam et Ecam » et « la demande du président du Gicam de recevoir des orientations stratégiques et conseils sur ledit traité ».

Y ont pris part, outre le président Richard Howe, Olivier Behle, fondateur du cabinet-conseil qui porte son nom ; Henri Fosso, patron de Fimex International, et André Siaka, patron de Roud’Af. Armel François, ancien directeur général des Plantations du Haut-Penja (PHP), et Roger Mbayen, ancien patron de Cameroon Shipping Lines (Camship), ont été représentés. Absents, Paul Kammogne Fokam, patron d’Afriland First Group, et Louis Yinda, ancien directeur général de la Société sucrière du Cameroun (Sosucam), ont été consultés, selon les termes du PV.  

Opposition à la dissolution du Gicam

Selon le premier avis émis par le Comité, le projet de fusion doit être mis sous l’éteignoir « jusqu’à l’exécution, à la satisfaction du Comité des sages, d’une due diligence par un cabinet compétent pour réassurer les membres du Gicam sur le bien-fondé du dossier ». En réalité, apprend-on de sources autorisées, les membres de cette instance sont contre la fusion-création, qui entrainera la dissolution du Gicam, comme prévu par le traité de fusion signé le 5 avril 2023. Pour atteindre l’objectif affiché d’unification des voix des membres du Gicam et de E-Cam, les « sages » conseillent donc à Célestin Tawamba, dans leur second avis, « d’inviter E-Cam à s’abonner au Gicam et de leur proposer un siège institutionnel au Conseil d’administration ».

Le PV ne motive pas ce conseil au président-directeur général de Holding Cadyst Consumer Group (HCCG). Mais, selon nos informations, les « sages » penchent pour cette option du fait du déséquilibre entre les deux organisations patronales, en termes de nombre d’adhérents, de poids économique et de valeur du patrimoine. En effet, créé en 1957 (66 ans), le Gicam revendique 1000 adhérents, dont 27 associations professionnelles. Selon ses données, ses membres génèrent 75% du chiffre d’affaires des entreprises modernes, contribuent à 74% aux recettes fiscales de l’État et comptent près de 200 000 employés. Par ailleurs, le groupement dispose d’actifs, dont un immeuble situé à Bonanjo, en plein cœur du quartier administratif de la capitale économique du pays. Créé en 2009 (14 ans), Ecam revendique pour sa part environ 400 membres. Cette organisation patronale, constituée pour l’essentiel de PME, n’a jamais communiqué sur son poids économique ou son patrimoine.

Pour les « sages », le processus de fusion actuel souffre également de manquements sur les plans éthique et de la gouvernance. Pour eux, la cérémonie de signature du traité de fusion, organisé le 5 avril 2023 à Douala, aurait dû être la dernière étape. Elle devait intervenir après la validation du texte par le Conseil d’administration, le Comité de sages et l’Assemblée générale. Car, ce texte prévoit notamment la dissolution du Gicam, décision qui est du seul ressort de l’Assemblée générale, réunie en session extraordinaire après consultation du Comité des sages.

Contre le 3e mandat

Or, selon le traité de fusion, l’Assemblée générale extraordinaire doit se limiter à « entériner le traiter de fusion ». Par ailleurs, alors que le même document affirme que « par résolution du 3 mars 2023, le Conseil d’administration du Gicam a validé l’initiative du Gicam et a donné mandat à son président à l’effet d’en poursuivre la mise en œuvre et de porter le projet à son terme », des dissensions se font jour au sein de cette instance. La session du Conseil d’administration, tenue le 5 mai 2023, s’est par exemple terminée en queue de poisson, des membres ayant marqué leur opposition au traité de fusion.

Des membres du Comité de sage soupçonnent aussi le PDG de HCCG de vouloir dissoudre le Gicam uniquement pour se maintenir à la tête du patronat. En effet, en l’état actuel des textes de cette organisation patronale, Célestin Tawamba n’a plus le droit de se représenter après son 2e mandat qui s’achève en décembre 2023. Une dissolution du Gicam et la création d’une nouvelle entité mettraient donc les compteurs à zéro pour lui. Il est donc aussi question de faire échec à cette manœuvre jugée non éthique.

Selon nos informations, le PV de la réunion du Comité des sages est parvenu, ce 26 mai 2023, au président du Gicam. Il revient désormais à Célestin Tawamba de communiquer le contenu aux membres du Conseil d’administration et de l’Assemblée générale. Une session du Conseil d’administration a été convoquée pour le 30 mai 2023 et une Assemblée générale ordinaire est annoncée le 2 juin 2023.

Aboudi Ottou  

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10-04-2023 - Gicam-Ecam : comment la fusion ouvre la porte au maintien de Célestin Tawamba à la tête du patronat

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