(Investir au Cameroun) - Malgré une économie plus diversifiée, le Cameroun restera, en 2021, au bas du classement des contributeurs aux recettes d’exportations de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac), apprend-on d’un récent rapport de la Banque centrale de cette sous-région (Beac). Sur les trois principaux produits vendus par la zone sur le marché mondial, ce sont d’autres pays qui vont continuer d’occuper les premières places.
Il est ainsi attendu que le Cameroun soit 4e en matière de production pétrolière avec des volumes estimés à 3,7 millions de tonnes en 2021, contre un peu plus de 14 millions de tonnes pour le Congo, qui domine le secteur dans la sous-région. Malgré des volumes attendus en hausse à 1,42 million de tonnes, le Cameroun sera deuxième en matière de production de gaz naturel. Enfin, il sera troisième en matière de production de bois et d’agrumes, avec un total attendu de 2,6 millions de mètres cubes. Pour 2021, les revenus d’exportations du Cameroun sont attendus en hausse de 18,2%. Mais cette progression moins forte que celle du Tchad (+35,7%), de la Guinée équatoriale (34,9%), du Gabon (31,1%) et du Congo (18,4%).
Enfin, on note que la hausse des exportations camerounaises devrait lui permettre de réduire son déficit commercial, c’est-à-dire la perte réalisée sur les échanges de biens et de services, avec ses partenaires extérieurs. Les prévisions de la Beac situent cet indicateur à -512,1 milliards de FCFA. C’est mieux que le résultat commercial négatif de 637,3 milliards de FCFA concédé en 2020. Mais des pays comme le Congo, le Gabon et la Guinée équatoriale devraient faire mieux, avec des excédents commerciaux attendus respectifs de 2 207, 1 737 et 1035 milliards de FCFA.
Cette position du Cameroun n’est pas nouvelle. D’après les calculs d’Investir au Cameroun, le pays est seulement 4e contributeur aux revenus d’exportations. Selon les données miroirs (fournies par les pays partenaires) du centre pour le commerce international, le pays a exporté entre 2011 et 2020 pour seulement pour 49 milliards $, contre 92 milliards $ pour le Congo, 87,6 milliards $ pour la Guinée équatoriale et 80 milliards $ pour le Gabon.
Il reste à voir comment cette situation impactera sur les avoirs extérieurs nets (AEN) des pays de la Cemac en 2021. À la fin de l’année 2020, le Cameroun était le pays qui offrait l’essentiel de ces actifs financiers avec une part équivalente de 2 336 milliards de FCFA sur un total de 1 876 milliards pour la sous-région (du fait des AEN négatifs du Tchad et de la Guinée équatoriale). Mais il faut dire que ces avoirs comprenaient une part importante sous la forme de dette extérieure.
Pour des pays dont la valeur de la monnaie est connectée à celle d’une devise de référence, la bonne santé des exportations est importante pour réduire les risques de déséquilibre et d’ajustement à travers une dévaluation.
Les autorités camerounaises ont toujours défendu l’atout que représente la diversité de leur économie. Une qualité qui a permis au pays de stabiliser ses revenus d’exportation, qui, entre 2011 et 2020, ont été divisés seulement pas 1,4, contre 5 fois moins d’exportations d’un pays comme la Guinée équatoriale.
Mais on peut aussi noter que cette diversité repose depuis les indépendances sur les mêmes groupes de produits, à l’exception du gaz qui est nouveau. Et plusieurs de ces produits historiques connaissent des baisses de production pour diverses raisons. Le bois quant à lui se porte mieux, mais la difficulté à contrôler les exploitants du secteur fait perdre des ressources non négligeables au pays, selon des organisations de la société civile comme le Cradec ou le CED.
Idriss Linge