(Investir au Cameroun) - Le secteur de l’élevage dans la Vina, département de la région de l’Adamaoua, l’un des principaux terreaux de l’élevage au Cameroun, se porte de plus en plus mal. Selon Abdoulaye Nana, président de la cellule de coordination de l’Association pour la promotion de l’élevage au Sahel (Apees), 8 000 bœufs sont morts dans ce département de la partie septentrionale du Cameroun au cours de la seule année 2017.
« Si le prix moyen d’un bœuf est de 250 000 francs Cfa, cela fait une perte d’environ 2 milliards de francs Cfa pour ce seul département. Comme conséquences, des villages sont abandonnés, des écoles sont fermées, et la famine s’installe.», révèle ce responsable de l’Apees dans une interview au trihebdomadaire régional L’œil du Sahel.
A l’origine de cette situation désastreuse que vit le secteur de l’élevage dans la Vina, l’Apees met à l’index l’insécurité de plus en plus grandissante. Non seulement ce climat d’insécurité ne garantit plus le suivi vétérinaire efficace des animaux, met aussi a installé le règne des prises d’otages ciblant essentiellement des éleveurs, qui sont généralement obligés de payer des rançons de plusieurs millions de francs Cfa pour sortir leurs proches des griffes des kidnappeurs.
Selon l’Apees, cette insécurité dans la région de l’Adamaoua est principalement le fait des incursions dans cette partie du Cameroun des rebelles centrafricains de la Seleka et anti-balaka, qui sévissent le long des frontières que partage le Cameroun avec la RCA.
Le désarroi des éleveurs de l’Adamaoua vient s’ajouter à ceux de la région de l’Extrême-Nord, auxquels les exactions de la secte islamiste nigériane Boko Haram ont causé d’importantes pertes au cours des cinq dernières années.
Selon un rapport de la Banque mondiale publié en septembre 2018, environ 17 000 têtes de bovins et des milliers d’ovins et de caprins ont été emportés par des membres de Boko Haram dans les villages de la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, depuis 2013 ; ce qui représente une perte sèche de plus de 3 milliards de francs Cfa.
Cependant, cette estimation n’est que partielle, puisque les exactions de Boko Haram sur le secteur de l’élevage ne se sont pas limitées aux vols du bétail. Leurs attaques ont également eu des effets néfastes sur le fonctionnement des marchés du bétail, la prise en charge sanitaire des bêtes, ou encore le fonctionnement de l’activité d’élevage dans son ensemble.
A en croire un rapport du ministère camerounais de l’Elevage, des Pêches et des Industries animales (Minepia), le secteur de l’élevage a payé le plus lourd tribut de la guerre contre Boko Haram, avec des pertes estimées à 54,8 milliards de francs Cfa au total depuis 2013, soit environ 65% des pertes globales. Ces pertes, apprend-on, sont consécutives, souligne le rapport, «aux vols, rapts, tueries d’animaux, etc., aux maladies animales et à la baisse de la valeur commerciale des animaux».
Brice R. Mbodiam
Lire aussi: