(Investir au Cameroun) - Ce 10 octobre 2022, une mission interministérielle diligentée par le ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique, Gabriel Dodo Ndoké, effectue une descente dans la zone industrielle de Bassa, à Douala, la capitale économique du pays. Officiellement, il est question d’évaluer l’impact sur les entreprises, de la rupture brutale de la fourniture de l’énergie électrique survenue le 20 septembre 2022, suite à l’incendie du transformateur de 50 mégavolts ampère (MVA) de Logbaba, qui permet de desservir cette zone industrielle.
Au cours de la séance de travail qui va clôturer la descente sur le terrain, la Société nationale de transport de l’électricité (Sonatrel), à laquelle incombe la gestion du transformateur consumé depuis 20 jours maintenant, devrait détailler les mesures prises pour que cet équipement soit remplacé au plus tard le 13 octobre 2022, afin de permettre le rétablissement de la fourniture de l’énergie électrique aux entreprises de la zone industrielle de Bassa. C’est le délai donné au gestionnaire public du réseau de transport de l’électricité au Cameroun par le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, au sortir de la réunion de crise qu’il a présidée le 7 octobre 2022 à Yaoundé, la capitale du pays.
Reste maintenant à savoir si la Sonatrel, qui excipe quelques difficultés de trésorerie au passage, tiendra ce délai qui impose aux entreprises situées dans la zone industrielle de Bassa d’attendre quelques jours supplémentaires, pour espérer redémarrer les machines et relancer la production. Le doute est d’autant plus permis que le jour même de l’incendie survenu sur le poste de transformation de Logbaba, la Sonatrel s’était déjà donnée 12 jours pour remplacer cet équipement. Mais, 20 jours plus tard, c’est toujours le statu quo, avec de lourds impacts socio-économiques (arrêt de production ; chômage technique, pénurie, défaut de paiement en vue auprès des banques et des fournisseurs…).
De plus, malgré la suggestion faite par l’électricien Eneo de remplacer le transformateur consumé par un autre de même capacité (50 MVA), apprend-on de sources proches du dossier, l’équipement que la Sonatrel se prépare à installer à Logbaba est de 36 MVA. Ce qui ne garantit pas un approvisionnement optimum des entreprises de la zone industrielle de Bassa et des ménages à partir de ce poste. De ce fait, apprend-on de bonnes sources, avec la solution de la Sonatrel, l’on s’achemine non seulement vers le rationnement des ménages alimentés par le poste de Logbaba, mais aussi un ralentissement de la production des entreprises, en dépit de la reprise.
À moins qu’Eneo, la compagnie de distribution de l’électricité, qui invoque également des tensions de trésorerie en raison des impayés d’environ 150 milliards de FCFA réclamés à l’État et ses démembrements, consente à assumer certaines dépenses supplémentaires. En effet, annonçait déjà cette filiale du fonds d’investissement britannique Actis dans une récente note d’information, avec un transformateur de 36 MVA à Logbaba, il faut en plus faire tourner « la centrale thermique de Logbaba pour une durée moyenne de 16 à 20 heures de temps par jour, entraînant des charges de combustibles supplémentaires d’environ 19 millions de FCFA par jour, afin d’assurer une alimentation continue des ménages et des clients industriels habituellement alimentés par ce poste ». Ce que ne garantit pas le concessionnaire du service public de l’électricité dans le pays.
Brice R. Mbodiam
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