(Investir au Cameroun) - Les populations de nombreux quartiers, des services administratifs et des entreprises de la ville de Yaoundé, ainsi que d’autres localités des régions du Centre et du Sud du Cameroun, se sont de nouveau réveillées sans électricité ce 14 novembre 2022. Nombre d’entre eux entament ainsi le 3e jour d’affilée sans électricité. Pour les plus chanceux, l’énergie électrique est revenue dans le réseau pendant quelques heures au cours du week-end du 12 au 13 novembre dernier, avant que la distribution soit à nouveau interrompue. Pendant de longues heures.
Selon les prévisions du ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, cette galère devrait se poursuivre jusqu’au 16 novembre 2022. C’est en effet la date prévue pour la fin des « travaux de raccordement de la centrale hydroélectrique de Memve’ele (211 MW) au réseau interconnecté Sud (RIS) ». Ces travaux réalisés par la Société nationale de transport de l’électricité (Sonatrel) sont à l’origine des perturbations actuellement observées dans la distribution de l’énergie électrique dans les régions du Centre et du Sud du Cameroun.
Afin de rendre moins pénibles ces travaux de raccordement pour les consommateurs alimentés à partir du RIS, qui couvre six des 10 régions que compte le pays, un planning de rationnement de l’électricité a été publié dès le 11 novembre 2022 par Eneo, le concessionnaire du service de production et de distribution de l’électricité. Mais, au final, ce programme n’a pas été respecté. Les délestages prévus à partir de 8h pour être interrompus à 16h voire 20h, à compter du 12 novembre 2022, ont plutôt débuté peu après 6h du matin, et se sont prolongés jusqu’au jour d’après, voire un peu plus dans certains cas. « Sonatrel a connu des imprévus. Ce qui a augmenté les contraintes et bouleversé les programmes diffusés », souffle un cadre d’Eneo, sans plus de détails.
Contraintes hydrologiques
Au demeurant, en dépit des désagréments actuels, qui devront durer encore deux jours, les travaux de raccordement du barrage de Memvé’élé au RIS vont doper l’offre d’électricité dans le pays. Concrètement, ces travaux permettront d’évacuer l’énergie produite par ce barrage à travers une ligne de transport d’une capacité plus importante (222 Kv au lieu de 90 Kv pour l’ancienne ligne), dont la construction vient de s’achever. Mais, apprend-on de sources autorisées, malgré la fin des travaux de construction de cette ligne de transport, et l’augmentation de l’offre subséquente, l’électricité injectée dans le RIS par cette centrale hydroélectrique atteindra difficilement la totalité des 211 MW de capacités installées (60 MW sont déjà injectés dans le réseau depuis 2019, et 90 MW depuis 2020, grâce à l’ancienne ligne de transport, NDLR).
En cause, le faible débit du fleuve Ntem et les variations de l’hydrologie. L’on a, par exemple, observé une baisse drastique de la production de Memve’ele qui est passée de 90 MW disponibles 24h/24 durant toute la période la Coupe d’Afrique des nations de football (entre janvier et février 2022) à une puissance de 30 MW seulement en soirée (entre 18h et 22h), et à 0 MW en dehors de ces heures, quelques jours après. Pour résoudre le problème, la construction d’un barrage-réservoir est déjà envisagée.
Investissement d’un montant de près de 450 milliards de FCFA, l’aménagement hydroélectrique de Memvé’élé est cité dans un rapport de la Banque mondiale comme étant l’un de ces projets camerounais, dont les coûts sont deux à six fois supérieurs à ceux de projets similaires, réalisés dans les pays ayant le même niveau de développement que le Cameroun. À l’origine des surcoûts ainsi mis à l’index par la Banque mondiale, il y a entre autres éléments, le rallongement des délais de livraison des chantiers, qui entraîne la mobilisation prolongée des engins et autres personnels sur les sites des travaux, avec les implications financières y afférentes.
Brice R. Mbodiam
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