(Investir au Cameroun) - Plus de crainte que de mal finalement pour la junior pétrolière minière Bowleven, qui a reçu au mois de juillet 2014, le permis du gouvernement camerounais pour exploiter son puits pétrolier d’Etinde aux larges des côtes camerounaises. Publiant ses résultats préliminaires le 12 novembre 2014, l’entreprise a annoncé que son année comptable, qui s’achève au 30 juin 2014, a finalement été pleine de promesses pour ses investisseurs, mais surtout pour des faits qui sont survenus après cette date butoir.
Il s’agit notamment de l’approbation officielle fin octobre 2014, par le gouvernement camerounais, de la cession de deux tiers des actifs de Bowleven au russe Lukoil et au consortium NewAge, maison mère de Camop. Cette cession garantit à Bowleven qu’elle pourra très bientôt encaisser les 170 millions de dollars (environ 85 milliards de francs Cfa) initiaux comme le stipulait le contrat de cession. 80 millions de dollars (40 milliards de francs Cfa) seront payés plus tard, dont une moitié en cash et l’autre moitié en production d’hydrocarbures.
«L’obtention du permis d’Etinde a été une avancée décisive… Nous avons fait de gros progrès dans notre processus visant à transformer les ressources en réserves. Avec le début annoncé du forage dans la localité de Bomono (littoral camerounais), nous serons en activité sur 4 puits d’exploitation et d’exploration», a déclaré Kevin Hart (photo), le Directeur général de la junior pétrolière qui est cotée sur le marché alternatif de la bourse de Londres.
Performances en demi-teinte sur la bourse de Londres
M. Hart a aussi indiqué que de nouveaux travaux sont envisagés et seront financés, non seulement grâce aux fruits de la cession du tiers des actions de Bowleven à Lukoil et NewAge, mais aussi grâce à une confortable trésorerie qui contient encore 14 millions de dollars (7 milliards de francs Cfa) et une facilité de financement relais de 30 millions de dollars (15 milliards de francs Cfa) qui n’a pas encore été exploitée.
Il faudra pourtant que l’opérateur bataille davantage pour rassurer ses investisseurs, parmi lesquelles certains partenaires minoritaires qui se montrent impatients. Un sentiment conservateur qui se ressent sur les performances boursières de l’entreprise, qui reste scotchée à 30 pennies de valeur pour chacune de ses actions, loin derrière les 115 pennies de valeur cible que lui confèrent certaines firmes d’investissement opérant sur le London Stock Exchange.
D’ailleurs, Barclays qui a constamment ajusté ses prévisions pour la valeur du titre Bowleven a indiqué jeudi 13 novembre 2014, qu’elle était surévaluée et a de ce fait revu ses prévisions de cours du titre Bowleven à 50 pennies. Reste à savoir si les autres vont suivre, car le 12 novembre 2014, Westhouse Securities conseillait le titre à l’achat, avec un cours cible inchangé de 115 pennies.
Opportunité éventuelle pour les banques locales
Au terme de l’année de Bowleven, il se dégage deux choses : l’entreprise ne pouvait plus faire face toute seule aux investissements nécessaires pour rendre rentables ses puits pétroliers, d’où l’arrivée de nouveaux acteurs. Aussi, si elle tarde à annoncer de meilleures nouvelles, elle risque une fois encore de perdre le soutien de certains de ses investisseurs.
Au Cameroun, on semble se trouver loin de ces débats d’actionnaires. Pourtant, et conformément aux diverses déclarations successives de l’entreprise, le gouvernement local sur la base du contrat de partage de production devrait, à travers la Société nationale des hydrocarbures (SNH), prélever 20% de la production, même si on ne peut pas dire si ce sera sur la production globale, ou sur la part de production exempte des charges d’exploitation.
Dans tous les cas, si la question du financement du projet devait se poser avec un désintérêt des investisseurs, ce serait un défi non seulement pour Bowleven, mais aussi pour le gouvernement camerounais, qui mise sur le moyen terme sur une augmentation de sa production pétrolière, afin de soutenir les finances publiques. Toutefois, ce défi serait une opportunité pour certaines banques et firmes d’investissements opérant au Cameroun, et qui semblent de plus en plus intéressées par le secteur de l’énergie, notamment dans les phases finales. Un exemple de cet intérêt des banques pour le secteur énergétique est la facilité accordée par BGFI Cameroun à Gaz du Cameroun
Idriss Linge
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