(Investir au Cameroun) - Au cours d’une descente sur le terrain qu’il effectuera du 19 au 23 septembre 2023 dans la partie septentrionale du Cameroun, le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, procédera à l’inauguration des deux plus grandes centrales solaires du pays, apprend-on dans un communiqué officiel signé ce 14 septembre 2023. Dotées d’une capacité cumulée de 30 MW, ces infrastructures énergétiques ont été construites dans les villes de Guider, dans la région du Nord, et de Maroua, la capitale régionale de l’Extrême-Nord.
« L’entrée en service officielle de ces deux centrales solaires permettra d’améliorer de manière substantielle la qualité du service public de l’électricité dans la partie septentrionale du pays, jadis sujette à des baisses drastiques de production du barrage de Lagdo, dues à des problèmes d’hydrologie. Ces centrales induisent l’arrêt des centrales thermiques autrefois utilisées pour renforcer l’offre de production dans cette partie du pays, générant ainsi des économies budgétaires pour l’État », indique le ministre Gaston Eloundou Essomba dans le communiqué sus-mentionné.
Bien qu’elles soient inaugurées et officiellement mises en service en ce mois de septembre 2023, les centrales solaires de Maroua et Guider, qui injectent progressivement leurs mégawatts dans le réseau interconnecté Nord (RIN) depuis fin 2022, ont déjà contribué à améliorer la fourniture de l’électricité dans la partie septentrionale du Cameroun. Selon Eneo, le concessionnaire du service public de l’électricité dans le pays, au premier trimestre 2023, par exemple, les régions du Nord, de l’Adamaoua et de l’Extrême-Nord, qui constituent le RIN, n’ont pas connu les habituels délestages pour cause de déficit de production. Il s’agit d’une grande première depuis 3 ans, alors que les centrales solaires modulaires sus-mentionnées n’injectaient sur cette période qu’entre 15 et 18 MW dans le réseau, apprend-on.
Pour rappel, le projet d’installation de centrales solaires modulaires dans la partie septentrionale du Cameroun remonte à l’année 2021. En effet, c’est cette année-là que le gouvernement camerounais, par le truchement du ministère de l’Eau et de l’Énergie, valide l’offre de la société Scatec. Cette entreprise norvégienne se propose alors de résorber au moyen de la construction de centrales photovoltaïques d’une capacité de 30 MW, la baisse drastique du niveau des eaux dans le barrage de Lagdo, qui a ramené la production de cette infrastructure à seulement 20 MW, sur une capacité installée de 72 MW.
Des économies de 5 milliards de FCFA en 9 mois
Mais, eu égard à des contingences techniques, le projet n’a pas pu démarrer en mars 2021, comme souhaité par le gouvernement. « C’est un projet intéressant. Mais, nous sommes obligés d’être prudents pour deux raisons. D’abord, c’est une technique nouvelle au Cameroun. Et l’énergie solaire est un peu particulière. Même si au Nord il y a beaucoup de soleil, le solaire est par définition une énergie variable. Il faut qu’on se rassure que la quantité d’énergie qui sera injectée à partir de ces centrales modulaires sera stable, comme l’exigent les clients aussi bien industriels que résidentiels. Il y a donc des aspects techniques qu’il faut vérifier. Ensuite, face à cette offre spontanée, nous sommes tout de même tenus de faire des consultations, pour nous assurer qu’il n’y a pas d’offres alternatives », avait confié à Investir au Cameroun une source proche du dossier. C’était en mai 2021.
Le retard pris dans la réalisation de ce projet avait contraint le gouvernement camerounais et Eneo, en 2021, à transférer 20 MW de thermique de la centrale d’Ahala (non loin de Yaoundé) à Garoua (12 MW à Djamboutou) et Ngaoundéré (8 MW), pour soulager les populations et les entreprises du Septentrion, alors en proie à des délestages quotidiens. Ce transfert des capacités d’Ahala avait engendré des surcoûts de combustibles intenables, alors estimés à environ 2,4 milliards de FCFA supplémentaires chaque mois (80 millions de FCFA par jour), avaient révélées des sources internes à Eneo.
Selon les estimations du ministère de l’Eau et de l’Énergie, la location des centrales solaires modulaires de Scatec, pour une période de 4 ans, comme le prévoit le gouvernement depuis 2021, devrait engendre des gains de l’ordre de 5 milliards de FCFA sur les neuf premiers mois d’exploitation, en raison de l’arrêt de certaines centrales thermiques dans cette partie du Cameroun.
Brice R. Mbodiam
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