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Yaoundé - 20 avril 2024 -
Energie

Gaz du Cameroun augmente ses tarifs de 20% et accentue la pression sur les coûts de production des industriels

Gaz du Cameroun augmente ses tarifs de 20% et accentue la pression sur les coûts de production des industriels

(Investir au Cameroun) - Dans une lettre adressée le 15 mai 2023 à ses clients, la société Gaz du Cameroun (GDC), qui approvisionne en gaz naturel une trentaine d’entreprises industrielles dans la ville de Douala, la capitale économique pays, annonce une augmentation de ses tarifs de 20%, à compter du 1er juin 2023. La filiale au Cameroun du Britannique Victoria Oil & Gas (VOG) explique cette « première augmentation des prix en 10 ans » par « la hausse significative de ses coûts opérationnels », en raison de la conjoncture globale.

L’augmentation plutôt significative des tarifs du gaz naturel destiné à alimenter les principales usines de production de la capitale économique du Cameroun survient après l’extension au gaz naturel, de la taxe spéciale sur les produits pétroliers (TSPP). Contenue dans la loi de finances 2023 de l’État du Cameroun, cette extension impose depuis janvier 2023 aux entreprises consommatrices de gaz industriel de payer au fisc une taxe de 70 FCFA pour chaque mètre cube de gaz consommé.

Dans le même temps, depuis janvier 2023, l’Agence de régulation du secteur de l’électricité (Arsel) a également revu à la hausse de près de 30% les tarifs de l’électricité pour les clients « grands comptes », vocable regroupant les entreprises industrielles réputées énergivores. À cela, il faut ajouter l’augmentation depuis février 2023 des prix du super, du gasoil et du pétrole lampant utilisé par les industriels. Sur ces sources d’énergie, la proportion de l’augmentation des prix varie entre 15,8% et 36,5%.

Conflit russo-ukrainien

L’explosion des coûts de l’énergie dans le secteur industriel au Cameroun depuis le début de l’année 2023 devrait avoir pour conséquence une augmentation beaucoup plus importante des coûts de production des entreprises. En effet, depuis la période post-Covid, aggravée par le déclenchement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine en février 2022, ces entreprises ont déjà vu les prix sortie-usine de leurs produits connaître des hausses significatives, en raison de la flambée des prix du fret maritime et des matières premières sur le marché international.

En effet, selon l’Indice des prix à la production industrielle (IPPI) publié par l’Institut national de la statistique (INS), les coûts de production dans les entreprises industrielles au Cameroun en 2022 ont connu la plus forte augmentation depuis 6 ans, atteignant 13,3% en glissement annuel. À en croire les données de l’INS, deux principaux secteurs d’activités subissent particulièrement cette hausse des coûts de production.

 Il s’agit du secteur extractif, notamment l’industrie pétro-gazière, et du secteur de la sidérurgie-métallurgie. Dans ces deux branches d’activités, les prix sortie-usine ont respectivement progressé de 29% et 16,9% au cours de l’année 2022. Contre seulement 5,8% dans l’industrie chimique, pharmaceutique et du plastique ; 1,9% dans l’industrie textile ; 10,9% dans l’agroalimentaire et 15,9% dans l’industrie du cuir.

Homologation des prix

De cette hausse des coûts de production dans les entreprises industrielles, en a résulté une augmentation des prix à la consommation finale des ménages. « Dans le même sillage, l’on a noté une hausse significative des prix à la consommation finale des ménages de 6,3% en 2022 (soit plus du double des 3% admis comme seuil de tolérance dans l’espace Cemac, NDLR). Donc, les entreprises n’ont pas entièrement reporté les hausses de prix à la production à la consommation finale, mais ont amorti le choc subi, soit par les mesures prises par le gouvernement sous forme de subventions, soit en réduisant leurs marges », souligne la note d’analyse de l’INS. 

Parmi les entreprises obligées de réduire leurs marges bénéficiaires pour faire face à la hausse des coûts de production, l’on peut citer celles dont les prix des produits (fer à béton, ciment, tôles, huile de palme, huile raffinée, etc.) au consommateur sont réglementairement soumis à la procédure d’homologation. En effet, malgré l’explosion de leurs coûts, ces entreprises ne peuvent pas répercuter les surcoûts sur les prix finaux au consommateur. Ceci dans la mesure où le gouvernement, qui est chargé d’homologuer les prix, s’oppose systématiquement depuis des années à toute augmentation des prix sur le marché, en dépit du contexte d’inflation généralisée.

En raison de cette opposition à toute augmentation des prix, la dernière homologation des prix du fer à béton au Cameroun remonte par exemple à une décennie, fait remarquer l’Organisation camerounaise des industries de transformation de l’acier (Ocita). Alors qu’après l’industrie pétro-gazière, l’industrie sidérurgie-métallurgie, dont est issue le fer à béton et bien d’autres matériaux ferreux, est identifiée par l’INS comme la 2e branche d’activité subissant la plus importante hausse des coûts de production depuis au moins 2 ans. L’augmentation des tarifs de l’électricité et du gaz naturel, deux sources d’énergie dont les sidérurgistes-métallurgistes sont les principaux consommateurs, devrait complexifier la situation dans cette filière au cours de l’année 2023.

Brice R. Mbodiam

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