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Yaoundé - 29 mars 2024 -
Energie

Pipeline : la Cemac ignore l’entrée de Savannah au capital de Cotco

Pipeline : la Cemac ignore l’entrée de Savannah au capital de Cotco

(Investir au Cameroun) - Dans sa décision du 15 mai dernier autorisant la Société des Hydrocarbures du Tchad à boucler la reprise des parts de Petronas dans le système de production et de transport du pétrole tchadien via le Cameroun, le président de la Commission de la Cemac, le Gabonais Ona Ondo, continue de considérer Exxon Mobil comme actionnaire du consortium qui exploite les puits de pétrole de Doba au Tchad et l’oléoduc qui relie le Tchad au Cameroun sur une distance de plus de 1000 km. « Considérant qu’avant la réalisation de l’opération, Totco est détenu à 40,19% par Exxon Mobil, laquelle détient également 41,06% de Cotco ; (…) est compatible avec les règles du marché commun au sein de l’Union économique de l’Afrique centrale, l’acquisition de la société Petronas Carigali Chad Exploration & Production inc par la société des hydrocarbures du Tchad (SHT) », peut-on lire.

Pourtant, la junior pétro-gazière britannique Savannah Energy avait annoncé en décembre 2022 avoir conclu un accord avec Exxon Mobil pour le rachat de ses actifs. La transaction, chiffrée à 407 millions de dollars (environ 248,3 milliards de FCFA), comprend également une participation directe de 40% dans le champ pétrolier de Doba. Nulle part dans sa décision, le président de la Commission de la Cemac n’évoque cette société, un peu comme si la transaction avec Exxon Mobil n’avait jamais eu lieu.

Cette omission conforte le Tchad qui a toujours contesté cette transaction considérant « Savannah » comme une nébuleuse. C’est d’ailleurs pourquoi N’Djamena a, début 2023, annoncé la nationalisation de tous les actifs et droits qui appartenaient à une filiale d’Exxon Mobil dans le pays, y compris ses participations dans Totco. Mais même cette nationalisation n’est pas prise en compte. Il faut dire que ce volet de l’affaire reste pendant devant la Cour internationale d’arbitrage de la Chambre de commerce internationale de Paris.

Décrispation entre N’Djamena et Yaoundé

Sur le pendant camerounais de l’oléoduc, N’Djamena aurait souhaité avoir le soutien de son voisin. Sauf que le pays de Paul Biya va légitimer la présence de Savannah Energy dans Cotoco, en signant avec l’entreprise britannique un accord pour l’acquisition de 10% des participations de Savannah Energy dans cette entreprise pour un montant de 4,9 millions de dollars (près de 27 milliards de FCFA). « La réalisation aura lieu après la satisfaction de certaines conditions préalables liées aux modifications des statuts de Cotco et devrait avoir lieu au second semestre 2023 », indique le communiqué de Savannah Energy publié au lendemain de la signature. Par ailleurs, la SNH et Savannah « se sont engagées, entre autres, à se soutenir mutuellement en tant qu’actionnaires de Cotco ».

Seulement, avant même la finalisation de ce deal qui avait été en partie au centre de la dernière crise diplomatique entre le Cameroun et le Tchad, Yaoundé adopte une posture plus conciliante avec son voisin. Le pays lève son verrou sur l’acquisition par N’Djamena des actifs de la Malaisienne Petronas, et en retour, le Tchad s’est engagé à « rétrocéder à la Société nationale des hydrocarbures du Cameroun, et à la demande de cette dernière, une partie de ses actions dans Cotco », peut-on lire dans la décision de la Commission de la Cemac.

« Je pense que les bruits ont été solutionnés, les nuages ombrageux qui semblaient peser dans nos rapports ont été éclairés et le Cameroun et le Tchad voient désormais dans la même direction », a assuré Gali Ngothe Gatta, le secrétaire général de la présidence de la République du Tchad, au sortir d’une séance de travail au palais de l’Unité à Yaoundé, le 19 mai 2023.  

Cédrick Jiongo 

Lire aussi :

23-01-2023-Pipeline : la Cemac appelle le Tchad à céder une partie de ses actions dans Cotco au Cameroun

16-05-2023-Affaire Savannah : Yaoundé lève son verrou contre le contrôle du pipeline par N’Djamena

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