(Investir au Cameroun) - Depuis le 26 septembre 2021, Eneo, le concessionnaire du service public de l’électricité au Cameroun, a renoué avec le rationnement de l’énergie électrique dans les trois régions septentrionales du Cameroun, apprend-on dans un communiqué officiel. Cette reprise des délestages dans le Nord, l’Extrême-Nord et l’Adamaoua, selon l’entreprise, est consécutive au fort déficit hydrologique, qui s’est aggravé et réduit considérablement la production du barrage de Lagdo.
La situation est d’autant plus intenable du fait de l’incapacité d’Eneo à approvisionner en combustibles les centrales thermiques installées dans cette partie du Cameroun. « La tension de trésorerie à laquelle doit faire face le secteur de l’électricité tient aux impayés accumulés de certaines grandes entreprises publiques, ainsi qu’au non-paiement du milliard hebdomadaire de l’État, habituellement destiné à couvrir ces dépenses courantes », explique le producteur et distributeur de l’énergie électrique au Cameroun.
En effet, selon des documents officiels consultés par Investir au Cameroun, au 31 mai 2021, la dette réclamée à l’État par Eneo s’élevait déjà à 163,078 milliards de FCFA. À cette enveloppe, il faut ajouter les 44,524 milliards de FCFA réclamés à la même date aux entreprises et établissements à capitaux publics, ce qui porte l’enveloppe globale à 207 milliards de FCFA.
Ainsi privée d’une importante trésorerie, la compagnie d’électricité se dit incapable d’assurer l’approvisionnement des centrales thermiques de la partie septentrionale du pays, qui nécessitent « des besoins importants et réguliers en trésorerie en constante croissance, en plus des complexités logistiques ». En effet, selon des correspondances échangées entre le ministère de l’Eau et de l’Énergie et Eneo dès la fin de l’année 2020, les besoins en fuel pour approvisionner les centrales thermiques du septentrion au cours de l’année 2021 s’élèvent à 30 milliards de FCFA, en hausse de 18 milliards de FCFA par rapport aux projections initiales.
Centrales solaires
Pour comprendre cette forte progression de la facture du carburant, il faut par exemple intégrer que la décision de transférer 20 MW de la centrale d’Ahala vers les villes de Garoua (12 MW) et de Ngaoundéré (8 MW) en janvier 2021, a, à elle seule, augmenté les dépenses en carburant des centrales thermiques de cette partie du pays de 3 milliards de FCFA par mois, apprend-on des sources autorisées.
Afin d’atténuer le déficit énergétique, qui depuis le 26 septembre 2021 recommence à créer le malaise dans les ménages et plombe les activités économiques dans les trois régions septentrionales du Cameroun, l’électricien Eneo envisage d’injecter dans le réseau interconnecté Nord (RIN), 30 MW d’énergie solaire à compter du mois de janvier 2022. Pour réaliser cet objectif, le concessionnaire du service public de l’électricité espère, avec le concours du gouvernement, pouvoir rapidement finaliser les contrats de production de cette énergie avec la société norvégienne Scatec.
Selon les estimations officielles, la location de ces centrales solaires modulaires et mobiles (le coût n’est pas révélé), pour une période de 4 ans, comme le prévoit le gouvernement, devrait réduire les délestages actuels dans la partie septentrionale du pays de 98%. Le projet, selon le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, va également baisser de 5 milliards de FCFA sur les neuf premiers mois d’exploitation, le coût des combustibles utilisés pour faire tourner les centrales thermiques dans cette partie du Cameroun.
Brice R. Mbodiam
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