(Investir au Cameroun) - La Synergie des syndicats des travailleurs opérant à la Cameroon Water Utilities (Camwater), l’entreprise publique en charge de la gestion de l’eau potable dans le pays, annonce une grève illimitée dès le 6 novembre 2020, si leurs revendications ne sont pas satisfaites. Très symbolique au Cameroun, cette date correspond à la traditionnelle commémoration par le parti au pouvoir, le Rdpc, de l’accession au pouvoir du chef de l’Etat, Paul Biya.
Ces syndicalistes, qui ont, le 14 octobre 2020, adressé au Premier ministre (PM) « une pétition valant préavis de grève », disent exprimer ainsi leur ras-le bol après l’échec de plusieurs médiations avec le top mangement de l’entreprise, en dépit des recommandations formulées par le ministère du Travail et de la Sécurité sociale.
De sources proches du dossier, à l’origine des dissensions entre les représentants des employés et la direction générale de Camwater, se trouvent les mêmes griefs déjà détaillés par les syndicalistes dans une lettre adressée le 27 août 2020 au Premier ministre. Il s’agit principalement des retenues sur salaires jugées illégales par les représentants des employés, de la suppression de 25% du salaire des cadres affectés, du non-paiement de la dette sociale due aux employés, de la non-représentation des travailleurs au sein du conseil d’administration de l’entreprise…
« Apologie des détournements des deniers publics… »
Autant de revendications pour lesquelles les syndicalistes accusent le directeur général de Camwater, Gervais Bolenga, de faire du dilatoire. Par exemple, apprend-on, les travaux de la commission mixte paritaire instruite par le ministère du Travail suite au malaise à Camawater, qui devaient se dérouler le 16 septembre 2020, n’ont pas pu avoir lieu, « pour défaut de quorum, la délégation employeur ayant fait défection sans justification », peut-on lire dans la pétition adressée au PM.
En réponse à toutes ces accusations, le DG de Camwater a donné sa version des faits allégués par les syndicalistes, dans une lettre datée du 7 octobre 2020, adressée au Secrétaire général des services du PM. On y apprend, par exemple, que l’employeur conteste la composition de la commission paritaire parce qu’il juge l’effectif supérieur aux 15 personnes règlementairement autorisées, pour pareille instance. De plus, poursuit-il, « au regard du rythme de deux sessions par assises imprimé aux travaux, la soutenabilité budgétaire de cette activité semble compromise dans le contexte de rétrécissement de nos ressources ».
Dans le même temps, Le DG de Camwater explique que « la suppression de 25% du salaire à 52 cadres affectés procède de la mise en application d’une résolution du Conseil d’administration du 22 décembre 2018, tirant les conclusions d’une mission du Contrôle supérieur de l’Etat ayant jugé certaines primes dénuées de fondement juridique ». Fort de ce rappel, précise le DG, la réclamation des syndicalistes « pourrait s’assimiler à l’apologie des détournements des deniers publics réprimée par les textes en vigueur ».
Après avoir révélé qu’il attend toujours le renflouement par le ministère des Finances du compte d’affectation spécial devant permettre de liquider la dette sociale des employés, et rappelé que le processus de désignation du représentant du personnel au sein du Conseil d’administration est en cours, Gervais Bolenga conclut que « nonobstant les réticences d’une minorité à assimiler les mesures de rigueur et de moralisation impulsées, le climat social reste serein dans l’entreprise… ».
Brice R. Mbodiam
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