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Yaoundé - 25 avril 2024 -
Environnement des affaires

Télécoms : clarification du marché camerounais

(Investir au Cameroun) - En exigeant des opérateurs une identification complète de leurs abonnés actifs, le gouvernement camerounais veut établir les vrais chiffres de la téléphonie mobile et empêcher l’anonymat des appels téléphoniques.

Jean-Pierre Biyiti Bi Essam s’attaque à la cybercriminalité.

Jean-Pierre Biyiti Bi Essam s’attaque à la cybercriminalité.

Par François Bambou, Yaoundé

 

Quel est le volume réel du parc des abonnés à la téléphonie mobile au Cameroun ? Qui pèse quoi sur le marché camerounais ? Autant de questions auxquelles le Ministère camerounais des postes et télécommunications voudrait trouver une réponse. Alors que les opérateurs revendiquent un total de 7,5 millions d’abonnés, le Ministère pense que ce chiffre est surfait. Dorénavant, les opérateurs et exploitants des réseaux publics de téléphonie doivent procéder à l’identification de leurs abonnés ainsi que de leurs terminaux, au moment de la souscription post payée ou prépayée des services de téléphonie ouverts au public. Ce qui devrait aboutir, espère le ministre Jean Pierre Biyiti Bi Essam, à l’élimination de la vente de cartes SIM à la sauvette, et à l’identification systématique des nouveaux acheteurs de cartes SIM. Jusqu’à la fin du mois de novembre prochain, chaque opérateur devra collecter auprès de ses abonnés les informations relatives à la carte nationale d’identité (ou passeport ou carte de séjour), au numéro de série du téléphone, encore appelé Identité internationale d’équipement mobile (IMEI), y compris les photos 4x4 et les coordonnées de résidence de l’abonné. Concernant les personnes morales, il faudra fournir l’acte attestant l’existence légale de l’entreprise, le plan de localisation et les photos du garant. Du fait de l’engouement des populations et de la rude concurrence à laquelle se livrent les opérateurs, ces derniers en sont arrivés à vendre les puces à la criée ou même en vrac.

 

Lutter contre la criminalité

Au-delà de ces considérations économiques, le gouvernement camerounais, qui a associé les services de police pour cette opération, entend également lutter contre la criminalité, en limitant l’usage anonyme du téléphone dans les actes criminels. On dénonce ainsi le fait, pour certains brigands et escrocs, d’utiliser le téléphone portable pour commettre des infractions telles que les menaces, arnaques, chantages, injures, dénonciations calomnieuses, escroqueries, diffamations, attentats, actes terroristes, cybercriminalité, entre autres. « C’est une situation inadmissible, s’insurge Etitane Belinga, le patron de la Réglementation au Ministère des PTT. Il y a des cas d’escroqueries qui sont signalés. Le chantage et les actes de terrorisme peuvent être perpétrés en utilisant le téléphone portable. Les voitures peuvent être piégées à partir du téléphone portable. Les spécialistes de la police criminelle peuvent vous en dire davantage. Partout dans le monde, pour acheter une puce, on se fait identifier. Cela doit être pareil au Cameroun. C’est une question de sécurité, et pour cela, les puces ne doivent pas se vendre à la criée ».

La grande inquiétude au sein de l’opinion est donc de savoir si les informations collectées ne vont pas servir à violer le secret des échanges ou à mettre des citoyens sur écoute. A ce sujet, les initiateurs du projet rassurent sur le caractère confidentiel des informations recueillies, arguant que la Loi camerounaise punit sévèrement tout opérateur qui se rendrait coupable de la divulgation, de la publication ou de l’utilisation de ces informations à d’autres fins. Une explication qui ne rassure pas totalement, puisqu’il est déjà acquis que, pour les besoins de lutte contre la criminalité, la police aura accès aux données collectées.

 

Laxisme de la part du régulateur

Selon le Ministère des postes et télécommunication, cette opération aurait du être menée il y a longtemps par l’agence de régulation du secteur des télécommunications. « Le Ministère a interpellé le régulateur sur la situation qui prévaut pour lui rappeler que c’est son devoir de rappeler les opérateurs à l’ordre. Le Ministère a attendu sa réaction en vain. Il n’a pas eu vent qu’une réunion ait été convoquée avec les opérateurs pour faire respecter les textes ». Cette critique du Ministère de tutelle rejoint un sentiment déjà exprimé par les associations de consommateurs, dénonçant un certain laxisme de la part du régulateur, face à la très forte dégradation de la qualité du service offert par les opérateurs, à des coûts toujours élevés, comparés à ceux pratiqués dans d’autres pays du continent par ces mêmes opérateurs.

Ce qui devrait aboutir, espère le ministre Jean Pierre Biyiti Bi Essam, à l’élimination de la vente de cartes SIM à la sauvette, et à l’identification systématique des nouveaux acheteurs de cartes SIM.

Au terme de cette opération d’identification, prévient le ministre des Postes et Télécommunications, plusieurs lois seront prises pour renforcer la régulation du secteur. Biyiti Bi Essam annonce ainsi la publication prochaine d’un texte de loi sur la cybercriminalité et la cybersécurité, et, d’autre part, un projet de loi régissant les communications électroniques.

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