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Yaoundé - 24 avril 2024 -
Finance

Taux d’intérêt, maturités, prise ferme… : les derniers détails de l’emprunt obligataire 2023 de l’État du Cameroun

Taux d’intérêt, maturités, prise ferme… : les derniers détails de l’emprunt obligataire 2023 de l’État du Cameroun

(Investir au Cameroun) - Le 31 mai 2023, la dernière mouture de la convention liant l’État du Cameroun au consortium des cinq arrangeurs (Financia Capital, Afriland Bourse & Investissement, Attijari Securities Central Africa, Société Générale Capital Securities Central Africa et Upline Securities Central Africa), retenu pour conduire le 7e emprunt obligataire de l’État du Cameroun sur le marché financier sous-régional (Bvmac), a été soumise à la signature du ministre des Finances, Louis Paul Motazé. Selon les termes de cette convention, apprend-on de sources autorisées, le montant recherché dans le cadre de cet appel public à l’épargne est maintenu à 150 milliards de FCFA, au lieu du montant initial de 200 milliards de FCFA.

Le gouvernement a été amené à revoir ses ambitions à la baisse, apprend-on, en raison de la conjoncture défavorable sur le marché des capitaux, du fait du durcissement de la politique monétaire par la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac). En effet, depuis plusieurs mois, la Beac assèche les banques (reprises hebdomadaires de liquidités) et rigidifie leur refinancement (hausse des taux directeurs) sur ses guichets, dans l’optique de combattre l’inflation.

Ces conditions peu favorables à la mobilisation des financements, qui ont installé la pratique des taux d’intérêt élevés sur le marché, ont également amené le Cameroun à innover, en optant cette fois-ci pour un emprunt obligataire à taux d’intérêt et maturités variables. Sous réserve du quitus encore attendu de la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale (Cosumaf), quatre possibilités (au lieu des trois précédemment annoncées) sont finalement offertes aux investisseurs qui ont du 12 au 28 juin 2023 pour souscrire.

Maîtrise des coûts

Dans un premier temps, les investisseurs sont invités à fournir au Trésor public une enveloppe de 40 milliards de FCFA, à un taux d’intérêt de 5,80%, pour une maturité de 3 ans, dont un différé de 2 ans. Ce qui signifie que le remboursement de cette première tranche s’effectuera en 2026. En second lieu, l’État du Cameroun recherche auprès des investisseurs une enveloppe de 40 milliards de FCFA, assortie cette fois-ci d’un taux d’intérêt de 6% pour une maturité de 4 ans, dont 2 ans de différé. Force est de constater que contrairement à la première hypothèse discutée avec les arrangeurs, et qui consistait à proposer aux investisseurs des titres pour 80 milliards de FCFA à 6,75% de taux d’intérêt, pour une maturité de 6 ans, le Trésor public, dans sa quête des taux d’intérêt les plus bas, a finalement divisé l’enveloppe en deux. Avec des maturités et taux d’intérêt différents. Résultat des courses, 80 milliards de FCFA pourraient finalement être mobilisés à un taux d’intérêt de 5,9% (soit un gain de presque 1%, NDLR), pour une maturité de 7 ans cette fois-ci.

La 3e tranche proposée aux investisseurs est de 50 milliards de FCFA. Ici, les détenteurs de capitaux qui souscrivent sont rémunérés à un taux de 6,75%, pour une maturité de 6 ans, dont 3 ans de différé. Ce qui signifie que le remboursement de cette tranche débutera en 2027 pour s’achever en 2029. La 4e tranche quant à elle, d’un montant de 20 milliards de FCFA, est rémunérée à 7,25% pour une maturité de 8 ans, dont 3 ans de différé. Sur cette dernière tranche, les remboursements débuteront en 2027 pour s’achever en 2031.

Au regard de ce qui précède, l’on peut une fois de plus observer que guider par son souci de maîtriser les coûts de ses opérations, dans un contexte plutôt difficile sur le marché des capitaux, le Cameroun fait le choix de solliciter de petits montants pour des maturités plus longues et rémunérés à des taux élevés, tandis que les plus grosses enveloppes sont assorties des taux relativement plus bas et des maturités plus courtes.

58 milliards à mobiliser

Cependant, malgré cette stratégie des taux et maturités variables, rien n’est gagné d’avance dans l’opération que le Cameroun se prépare à lancer sur la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (Bvmac), basée à Douala. En effet, apprend-on de sources proches du dossier, le consortium d’arrangeurs ne garantit à l’État du Cameroun que 92 milliards de FCFA de prise ferme, soit 61,3% de l’enveloppe recherchée. Il s’agit du montant déjà acquis avant même le début des souscriptions. Dans le cas d’espèce, c’est le volume de prise ferme le plus bas jamais proposé à l’État du Cameroun depuis le début de ses opérations sur le marché financier en décembre 2010.

À titre de comparaison, pour son emprunt obligataire de 2022, le Trésor public camerounais avait reçu une prise ferme équivalent à 90% du montant recherché. Pour se situer dans les mêmes proportions en 2023, et ainsi garantir le succès de l’opération sans trop d’effort, apprend-on, le ministre des Finances, Louis Paul Motazé, a vainement manœuvré pour obtenir des arrangeurs une prise ferme de 120 milliards de FCFA, soit 80% du montant recherché. « Les arrangeurs ont dit qu’ils n’ont simplement pas assez de liquidité, au regard du durcissement de la politique monétaire », souffle une source proche du dossier. Aussi, pour compléter l’enveloppe déjà réservée par les arrangeurs, le Cameroun devra-t-il batailler sur le marché pour mobiliser le supplément de 58 milliards de FCFA, afin d’atteindre son objectif.                   

Brice R. Mbodiam

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