(Investir au Cameroun) - Contrairement à une information révélée par le confidentiel Africa Intelligence, et relayée par plusieurs médias, il n’existerait aucun projet de rachat partiel par la Société nationale des hydrocarbures (SNH), le mastodonte pétrolier camerounais, des actifs détenus par la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT) sur le pipeline de plus de 1000 Km que partagent Ndjamena et Yaoundé. C’est du moins ce qu’indique un communiqué officiel signé le 3 mars 2021 par le directeur général de la SHT, Ibrahim Mahamat Djamous.
« Le journal en ligne Africa Intelligence, dans son édition du 24 février 2021, relatait que le gouvernement de la République du Tchad rencontre d’énormes difficultés financières et veut accélérer la vente partielle de ses actions dans le pipeline Tchad-Cameroun à la Société nationale des hydrocarbures (SNH) du Cameroun (…) La Société des hydrocarbures du Tchad (SHT), en sa qualité de gestionnaire des actifs de l’Etat dans l’oléoduc Tchad-Cameroun, tient à apporter un démenti formel à ces informations sans fondement, qui ne tendent qu’à ternir l’image de la République du Tchad », écrit le DG de la SHT dans le communiqué sus-mentionné. Par ailleurs, ce dernier précise « qu’il n’y a jamais eu des échanges de rachat partiel des actifs tchadiens sur le pipeline d’export Tchad-Cameroun avec la SNH ».
Prenant le contrepied d’Africa Intelligence, qui souligne dans son article avoir eu accès à une correspondance adressée à la SHT par Galileo Negoce & Conseil, une structure tchadienne présentée comme le conseil du pétrolier tchadien dans le cadre de cette transaction, qui serait en discussion depuis 2018, Ibrahim Mahamat Djamous assène : « aucun cabinet n’a été mandaté par le gouvernement de la République du Tchad, pour engager des négociations de vente d’un quelconque actif ».
Du côté de la SNH, c’est le silence autour de cette affaire. Mais, dans les milieux pétroliers locaux, cette sortie du DG de la SHT, qui survient une semaine après les révélations faites par Africa Intelligence, ne semble pas surprendre. D’après un habitué du secteur, le démenti de la SHT est en droite ligne de la culture du secret qui entoure généralement les contrats et autres transactions autour du pétrole, principe que tendent à bafouer les révélations d’Africa Intelligence.
Bien que démenti par la partie tchadienne, l’on peut tout de même remarquer que le projet de rachat par la SNH des actifs sur le pipeline Tchad-Cameroun est en cohérence avec les objectifs du Cameroun visant à accroître ces dernières années ses gains sur cette infrastructure majoritairement située sur son territoire. De ce point de vue, l’on se souvient qu’après une rude bataille avec Cotco, l’entreprise qui gère l’oléoduc, le Cameroun a déjà pu obtenir la revalorisation puis l’actualisation tous les 5 ans, du droit de transit du brut tchadien sur son territoire. Ce qui a permis d’augmenter substantiellement les recettes du pays sur cette infrastructure de transport des produits pétroliers.
Brice R. Mbodiam
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