(Investir au Cameroun) - L’Etat du Cameroun va injecter une enveloppe totale de près de 47 milliards de FCFA pour recapitaliser Union Bank of Cameroon (UBC) et National Financial Credit (NFC Bank), deux établissements bancaires du pays en difficultés depuis 2009, a révélé le journal Ecomatin. La publication cite une lettre adressée à cet effet le 18 février 2021, au secrétaire général des services du Premier ministre, Séraphin Fouda, par Ferdinand Ngoh Ngoh, le secrétaire général de la présidence de la République.
« J’ai l’honneur de faire connaître que le président de la République autorise la prise en charge par l’Etat du coût de la restructuration à concurrence d’un montant ne pouvant excéder 29,1 milliards de FCFA pour National Financial Credit (NFC Bank) et 17,8 milliards de FCFA pour Union Bank of Cameroon (UBC) », écrit Ferdinand Ngoh Ngoh.
Au moyen de ces recapitalisations, qui consacrent le rachat du passif (créances douteuses qui seront ensuite recouvrées par la Société de recouvrement des créances, Ndlr) et des actifs de ces deux banques privées, l’Etat camerounais entend ainsi éviter la mise en liquidation de ces deux établissements de crédit. En effet, la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac), le gendarme du secteur dans la zone Cemac, avait prescrit à l’Etat du Cameroun la date butoir du 28 février 2021, pour déclencher les plans de restructuration de ces banques, au risque d’une mise en liquidation.
L’exemple de la CBC
Le Cameroun entend ainsi administrer à ces deux banques privées la même thérapie que celle dont a bénéficié la Commercial Bank of Cameroon (CBC). Fondée en 1997, la CBC a, après une longue période de prospérité, connu des difficultés liées au non-respect des ratios prudentiels et la dilapidation des fonds propres de la banque (presque inexistant en 2009, après avoir dépassé 11 milliards de FCFA en mai 2008, selon un audit de la Cobac, Ndlr). Alors dirigé par l’homme d’affaires Yves Michel Fotso, le fils du promoteur, cet établissement a été finalement mis sous administration provisoire en 2009 par la Cobac.
Après six prorogations d’une durée de 7 ans au total, la fin de l’administration provisoire sera prononcée en 2016, après une recapitalisation de la banque. En effet, en avril 2014, au bout de deux tours de tables boudés par ses actionnaires historiques, qui ont toujours dénoncé « une tentative d’expropriation », la CBC a été recapitalisée à hauteur de 12 milliards de FCFA, dont près de 10 milliards de FCFA injectés par l’État du Cameroun, qui contrôle désormais 98% des actifs de cette ancienne banque privée.
Alors que le contrat de performance signé avec l’Etat après la recapitalisation lui imposait d’atteindre un niveau de fonds propres de 15,529 milliards FCFA en 2020 (contre 12,016 milliards en 2017 ; 12,937 milliards en 2018 et 14,097 milliards en 2019), la CBC revendique le dépassement de ce seuil de près de 8 milliards de FCFA, puisqu’elle annonçait en mars 2020 des fonds propres de 23 milliards de FCFA. Dans le même temps, le résultat net de la CBC de 2,5 milliards de FCFA en 2019 (contre 1,5 milliard de FCFA en 2017) est au-dessus des 2,1 milliards de FCFA d’objectif contenu dans le contrat de performance 2018-2020.
Autant d’indicateurs aguichant qui permettent aujourd’hui à cet établissement de crédit de « préparer l’ouverture du capital (…) au profit des investisseurs crédibles, conformément à l’engagement de l’État, actionnaire majoritaire », comme l’indique la feuille de route 2020 prescrite à la banque.
BRM
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