(Investir au Cameroun) - La cinquième édition du répertoire des « entreprises modernes » produit par l’Institut national des statistiques (INS) du Cameroun est disponible. Elle regroupe les entreprises « assujetties à la déclaration statistique et fiscale (DSF) ».
Ce document révèle qu’en 2017, 530 « entreprises modernes » ont exporté des biens pour un montant équivalent à 979 milliards de FCFA. Pour faire cette évaluation, l’INS dit avoir utilisé les déclarations fiscales des entreprises incorporées dans le pays et les données de la direction générale des impôts.
Seulement, selon un autre rapport de l’INS, les exportations totales du Cameroun en 2017 se sont chiffrées à 1881,9 milliards de FCFA. Ce qui emmène à s’interroger sur les acteurs derrières les près de 50% des produits sortis du Cameroun au cours de cette année.
Une part importante de cette différence provient du secteur des hydrocarbures, dont les ventes sont partagées entre celles des entreprises partenaires à l’exploitation (dont certaines sont citées dans le répertoire) et la Société nationale des hydrocarbures (SNH). Pour l’année 2017, l’INS a relevé que la contribution à l’export des entreprises du secteur des hydrocarbures présentes dans son document a été de 207,6 milliards de FCFA, de loin la plus importante en comparaison aux autres.
Mais sur la plateforme de l’International Trade Center, il en ressort que les ventes de produits d’hydrocarbures du Cameroun ont été de 697 milliards de FCFA, soit un gap en plus de 489,4 milliards de FCFA comparé aux données de l’INS. Une hypothèse forte serait que ces ventes d’hydrocarbures sont la quote-part de l’État, que ce dernier commercialise via des traders, qui ne sont pas forcément incorporés au Cameroun et dont l’identité n’est pas publique.
La société civile camerounaise est désormais très attentive à ses différences dans les chiffres du commerce extérieur, qui peuvent être des facilitateurs de flux financiers abusifs au détriment de l’économie locale. La SNH, l’entité qui s’occupe de la part d’hydrocarbures revenant à l’État ne communique pas beaucoup sur ses partenaires à la commercialisation. L’élément de transparence connu dans le secteur est celui du gaz naturel liquéfié, commercialisé par une filiale du groupe russe Gazprom.
Idriss Linge