(Investir au Cameroun) - La République du Congo s’apprête à lancer un programme de trois émissions d’obligations du Trésor assimilables (OTA) à 2, 3 et 5 ans de maturité sur le marché des titres publics de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), institut d’émission commun aux États de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA, Guinée équatoriale). Le montant cumulé recherché au cours des trois opérations en préparation est de 120 milliards de FCFA, à raison de 40 milliards de FCFA chacune, apprend-on officiellement.
Ces opérations devraient être rémunérées à 5,9%, 6,1% et 6,5% respectivement, selon une correspondance que vient d’adresser l’arrangeur de cette opération (EDC Investment Corporation) aux banques camerounaises, pays dont les investisseurs revendiquent plus de 70% des souscriptions aux appels de fonds effectués sur le marché monétaire de la Cemac, depuis son lancement en 2011.
De fait, au même titre que le Cameroun, qui implémente avec succès depuis l’année 2019, une stratégie de mobilisation des financements de longs termes sur le marché monétaire, au détriment du marché financier sur lequel les services du Trésor du pays étaient actifs depuis 2010 ; le Congo jette également son dévolu sur le marché des titres publics de la Beac, pour des emprunts à maturités longues.
« Le marché monétaire est le marché traditionnel des Trésors publics et des banques, pour émettre des OTA, dont la durée moyenne du prêt est plus longue que les emprunts obligataires (sur le marché financier, NDLR). Les OTA offrent un délai de grâce plus long à l’État, dans la mesure où le principal n’est remboursé qu’au terme de sa maturité, contrairement aux emprunts obligataires dont le remboursement intervient généralement par quart, à partir de la 2e année », explique Samuel Tela, le directeur de la trésorerie à la direction générale du Trésor du ministère des Finances.
Ce cadre des régies financières est présenté dans ce département ministériel, comme étant le principal artisan de cette stratégie de recentrage des opérations de levées de fonds du Trésor camerounais sur le marché monétaire, au lieu de la bourse unifiée de l’Afrique centrale.
Camisole de force
Au demeurant, en marchant ainsi sur les traces du Cameroun, le Congo jouit-il de la même confiance auprès des investisseurs, pour réussir la success-story que vit le Trésor camerounais sur le marché de la Beac, depuis le lancement de son programme 2020 sur les OTA (201,7 milliards de FCFA mobilisés en cinq opérations, entre avril et mai derniers, dont une opération sur les OTA à 10 ans de maturité) ? L’inclination à répondre à cette interrogation par la négative est bien forte.
Premièrement, à la différence du Cameroun, qui mobilise les financements pour réaliser des projets d’infrastructures, le Congo, lui, recherche des fonds pour apurer ses dettes et oxygéner la trésorerie publique. « L’opération vise à lever un montant global de 120 milliards de FCFA (…) pour refinancer l’encours résiduel de l’emprunt obligataire (2016-2021 de 150 milliards de FCFA émis sur le marché financier régional, NDLR) détenu par le syndicat bancaire, d’un montant de 92,2 milliards de FCFA ; et financer l’appui budgétaire avec un montant minimum de 27,5 milliards de FCFA de new money », révèle la correspondance adressée aux banquiers camerounais.
Deuxièmement, en plus de l’objectif de l’opération susmentionné, qui renseigne à suffisance sur la solvabilité du Trésor public congolais, l’arrangeur de ce programme d’émission des OTA impose aux investisseurs une clause de souscription équitable aux trois opérations annoncées. « Toute souscription sera répartie équitablement sur les trois titres OTA proposés », précise EDC Investment Corporation. Au-delà d’écarter ainsi toute flexibilité dans le choix des investisseurs, en leur mettant une sorte de camisole de force, fait remarquer un financier, « les taux proposés sont très proches, quelle que soit la maturité ». Toutes choses qui, au final, pourraient échauder les investisseurs, analyse une source proche du marché monétaire.
Brice R. Mbodiam
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