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Yaoundé - 28 mars 2024 -
Finance

Cameroun : véritable déferlante du groupe marocain Attijariwafa dans le secteur financier

Cameroun : véritable déferlante du groupe marocain Attijariwafa dans le secteur financier

(Investir au Cameroun) - Arrivée au Cameroun il y a 4 ans, à la faveur du rachat des actifs détenus par le Crédit agricole français au sein de ce qui est désormais la Société commerciale de banque (SCB-Cameroun), le groupe bancaire marocain Attijariwafa, dirigé par Mohamed El Kettani (photo), quadrille méthodiquement le secteur de la finance dans le pays. La dernière action de ce maillage progressif du secteur financier local est la création, en septembre 2015 à Douala, la capitale économique camerounaise, d’une filiale de sa société de transfert d’argent Wafacash, qui ira à l’assaut du marché du transfert d’argent en Afrique centrale à partir du Cameroun.

Société anonyme dotée d’un capital initial de 2 milliards de francs Cfa, Wafacash Central Africa a pour directeur général Mehdi Khandid, qui sera secondé par une DGA de nationalité camerounaise, en la personne de Solange Dorothée Kotock Mpote épouse Yana Ntamack. Créé en 1991, Wafacash, qui gère les marques Western Union et Money Gram, est l’actuel leader du marché des transferts internationaux au Maroc.

Cette société arrive sur un marché camerounais du transfert d’argent sur lequel les leaders mondiaux que sont Western Union et Money Gram, font désormais face à la concurrence du leader des transferts domestiques, la société à capitaux camerounais Express Union en l’occurrence. Cette entreprise s’est également lancée avec bonheur dans le segment des transferts internationaux (notamment sur les pays d’Afrique centrale et de l’Ouest) avec des tarifs très compétitifs.

Cependant, afin de préserver ses arrières sur ce marché de plus en plus concurrentiel, Wafacash Central Africa s’est doté d’un champ d’action bien plus étendu. Il va du simple transfert d’argent à «la mise en œuvre et la maintenance des guichets automatiques», en passant par «l’exercice de l’activité de change manuel ; la gestion, l’administration, la direction, la mise en œuvre et le contrôle pour son compte personnel ou pour le compte de tiers, de tous les moyens informatiques et électroniques pour automatiser et faciliter les transactions financières, etc.»

Wafa, pour avancer en toute assurance

La création de Wafacash Central Africa est intervenue deux mois seulement après que le ministère camerounais des Finances ait délivré, le 8 juillet 2015, un agrément à Wafa Assurance Vie Cameroun S.A, filiale de l’assureur marocain Wafa Assurance également contrôlé par le groupe Attijariwafa. Le quitus de l’autorité en charge des assurances au Cameroun survenait ainsi après celui de la Conférence interafricaine des marchés d’assurances (CIMA), le régulateur du secteur en Afrique centrale et de l’Ouest.

Le bras armé du groupe Attijariwafa dans le secteur des assurances devient ainsi la 22ème compagnie d’assurance en activité au Cameroun. La nouvelle compagnie, qui est dotée d’un capital d’un milliard de francs Cfa, ambitionne de développer le marché de l’assurance vie dans le pays en s’appuyant sur le réseau de distribution de la SCB Cameroun, qui est à la base de l’expansion du groupe marocain sus-mentionné dans le pays.

En créant ainsi de toute pièce (sans rachat d’actifs dans une compagnie déjà existante) une filiale de sa compagnie d’assurance au Cameroun, Attijariwafa veut dupliquer dans ce pays l’exemple tunisien, où une synergie parfaite entre ses filiales bancaire et d’assurance ont permis au groupe de rapidement prendre ses marques dans ce pays du Maghreb. L’expérience camerounaise pourrait d’ailleurs être plus intéressante, si l’on s’en tient à la faiblesse actuelle du taux de pénétration de l’assurance dans le pays (environ 2% officiellement).

Mais, pour s’imposer au Cameroun, 2ème marché de la zone CIMA (154,2 milliards de francs Cfa de chiffre d’affaires en 2012) derrière la Côte d’Ivoire (209 milliards de francs Cfa sur la période considérée), Wafa assurance devra batailler aux côtés de deux compatriotes. Il s’agit notamment de RMA Watanya, qui a racheté les branches Vie et non Vie de Beneficial Insurance dans le pays en 2014, et de Saham, dont l’enseigne a récemment remplacé celle de Colina au Cameroun.

SCB Cameroun lève les capitaux pour l’Etat

Côté assurance donc, la bataille pour qu’Attijariwafa s’impose pourrait être bien plus rude que dans le secteur bancaire, où la filiale camerounaise du groupe a bien pris ses marques depuis 2011. En effet, a-t-on appris au sortir d’un Conseil d’administration de la SCB Cameroun en septembre 2015, grâce à une bonne exécution du plan stratégique de développement 2011-2015 de cette institution bancaire, la croissance moyenne annuelle de son Produit net bancaire (PNB) s’est située à 13%, tandis que celle du résultat net a atteint près de 43%.

C’est qu’en plus d’un réseau qui compte désormais 40 agences et environ 90 guichets automatiques dans le pays, SCB Cameroun est devenu un acteur clé dans la stratégie du gouvernement visant à diversifier le financement du budget de l’Etat, en faisant notamment recours au marché des capitaux. En effet, en plus d’être agréé par le ministère des Finances comme prestataire des services d’investissements (PSI) sur le marché des titres publics de la BEAC, SCB Cameroun a déjà arrangé deux emprunts obligataire d’un montant total de 200 milliards de francs Cfa pour le compte de l’Etat camerounais, en 2013 et 2014. En 2013, la filiale camerounaise d’Attijariwafa a également arrangé un emprunt obligataire de 85 milliards de francs Cfa pour l’Etat tchadien.

Pour que ces opérations de levée de capitaux soient couronnées du succès que l’on connaît (elles ont été toutes sursouscrites), cette institution bancaire n’a pas souvent hésité à faire d’importantes prises fermes. «La prise ferme de 50 milliards de francs Cfa a été réalisée par SCB Cameroun comme elle l’a annoncé lors du lancement de l’emprunt obligataire à Douala. Ils le font parce qu’en 2010 (date du lancement du tout premier emprunt obligataire de l’Etat, Ndlr), ils ont été convaincus de l’intérêt d’accompagner l’Etat dans cette opération», avait révélé le ministre des Finances, Alamine Ousmane Mey, en annonçant les résultats de l’emprunt obligataire 2014 de 150 milliards de francs Cfa.

Brice R. Mbodiam

 

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