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Yaoundé - 24 septembre 2023 -
Finance

Créances douteuses : la Bicec pourrait perdre 32% de son encours de crédit, soit près de 150 milliards de FCFA  

Créances douteuses : la Bicec pourrait perdre 32% de son encours de crédit, soit près de 150 milliards de FCFA  

(Investir au Cameroun) - Sur les 15 banques en activité au Cameroun, la Banque internationale du Cameroun pour l’épargne et le crédit (Bicec) concentre le volume le plus important des créances douteuses. Il s’agit des prêts octroyés par les établissements de crédit, « qui présentent un risque probable de non-recouvrement partiel ou total ».  

Selon les données de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac), le gendarme du secteur, à fin juin 2020, le volume de créances douteuses de la Bicec s’élève à 162,8 milliards de FCFA, soit 30% du stock global évalué à 533,5 milliards de FCFA. Cette institution bancaire accumule donc un peu plus du double du stock de créances douteuses de ses suivants immédiats : Société Générale Cameroun (77,4 milliards), Société commerciale de banque (71,9 milliards) et Afriland First Bank (71,9 milliards).    

Pour la Bicec, ces prêts, qui pourraient ne pas être recouvrés représentent 33,5% de son encours de crédit, chiffré à 486,5 milliards de FCFA. Ce ratio correspond à plus du double de la moyenne nationale, située à 14,7%. Plus préoccupant encore, seuls moins de 10% (15,2 milliards de FCFA) de ces créances sont couvertes par des « suretés réelles (garanties offrant à un créancier un droit sur un bien, meuble ou immeuble, qui lui permet d’obtenir paiement de sa créance, sur le produit de la vente de ce bien, en cas de défaillance du débiteur, NDLR) ».  

Couverture du risque assurée  

Autrement dit, dans l’avenir, la banque pourrait enregistrer une perte de trésorerie de 147,6 milliards de FCFA (32% de son encours de crédit) en plus de la cinquantaine de milliards déjà perdus il y a quelques années, à cause des détournements ayant notamment conduit l’ancien directeur général adjoint de cet établissement de crédit en prison.  

Mais, à en croire un fin connaisseur du secteur bancaire africain, le Marocain Banque centrale populaire (BCP), qui a pris le contrôle de la Bicec, en octobre 2019, en rachetant les actifs du Français Banque populaire-Caisse d’épargne (BPCE), soit 68,5% du capital, a une liquidité suffisante pour faire face à la situation. « En fait, les actifs globaux de BCP sont estimés à 49 milliards de dollars (environ 26 538 milliards de FCFA). Donc, 150 milliards de créances douteuses, c’est un petit problème pour le groupe bancaire marocain. », explique-t-il. L’institution bancaire marocaine revendique d’ailleurs le 6e rang des plus grands groupes bancaires en Afrique, par la taille des fonds propres.

Comme l’oblige la règlementation, pour faire face à l’éventualité de la perte de cet argent, la banque a mis de côté, à fin juin, 145,2 milliards de FCFA. « Cette provision pour risque de crédit va nettoyer le bilan de la Bicec sans résoudre forcément le problème. À partir de là, la distribution des dividendes pourra commencer jusqu’au jour où BCP vendra le problème à quelqu’un d’autre comme l’a fait BPCE… », ajoute notre expert.  

Réformes en cours  

Du côté de BCP, même si son directeur général affirme en public que « la Bicec repose sur des bases financières solides et saines », il est au fait du problème. « En rejoignant le groupe Banque centrale populaire, la Bicec bénéficiera des meilleures pratiques bancaires… », indiquait déjà Kamal Mokdad, lors de l’officialisation de l’accord avec le groupe bancaire français. Depuis, l’actionnaire majoritaire travaille d’ailleurs, avec le concours de l’État du Cameroun, deuxième actionnaire de la Bicec, à revoir la gouvernance de la banque, selon nos sources.  

De l’avis même de Kamal Mokdad, le programme d’intégration mis en œuvre vise à « accélérer le partage des bonnes pratiques » au sein de la filiale camerounaise de BCP. « Pour préparer son avenir », la banque s’est par ailleurs dotée d’une feuille de route stratégique sur 3 ans. Et la refonte du processus d’attribution des crédits fait partie de la longue liste des « projets stratégiques » déjà en cours. Première conséquence, les nouveaux crédits octroyés par la Bicec ont chuté de plus de 90% en 2020.  

Aboudi Ottou  

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