(Investir au Cameroun) - Dans son rapport sur les entreprises publiques du Cameroun en 2019, la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR) révèle que les 50 entités dont les performances ont été analysées affichent un résultat net global de -59,5 milliards de FCFA. Cet indicateur se dégrade davantage par rapport à l’année 2018, au cours de laquelle les pertes de ces entreprises en fin d’exercice culminaient à seulement 56,5 milliards, contre 70 milliards de FCFA en 2017, souligne la CTR.
À en croire la CTR, les plus grosses pertes ont été enregistrées dans les secteurs combinés « hydrocarbures, eau et électricité » et « industrie et commerce ». Sur le segment « hydrocarbures, eau et électricité » (EDC, Sonatrel, Arsel, AER, CSPH, SCDP et Sonara), apprend-on, les entreprises ont enregistré une perte sèche de 96 milliards de FCFA en 2019. Cette contreperformance est portée par la Société nationale de raffinage (Sonara), que l’incendie de mai 2019 a, à ce jour, cantonné aux importations de produits pétroliers finis.
À côté de ce secteur, les entreprises et établissements publics rassemblés au sein du secteur « industrie et commerce » (Cicam, Magzi et CHC Hilton) affichent une perte cumulée de 28 milliards de FCFA en 2019, selon les pointages de la CTR. Ce secteur doit principalement sa méforme aux difficultés de la Cotonnière industrielle du Cameroun (Cicam), qui est à bout de souffle sur le marché local du textile, à cause de la concurrence des produits chinois et ouest-africains.
Endettement abyssal
En dehors de ces contreperformances, l’on note tout de même des embellies, notamment dans le secteur « santé, emploi, sécurité sociale et recherche scientifique ». Sur ce segment, le résultat net des entreprises est non seulement positif, mais aussi, et surtout le plus reluisant de tous.
En effet, ce secteur enregistre un bénéfice net de 74 milliards de FCFA en 2019, en raison principalement, apprend-on, de la robustesse des performances de la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS), le fonds de pension du Cameroun, dont les états financiers ont été pris en compte dans le rapport 2019 de la CTR.
Pour rappel, les entreprises publiques au Cameroun produisent généralement de « piètres résultats », selon une analyse du Fonds monétaire international (FMI). En plus de ne pas procurer de dividendes à l’État-actionnaire, et de vivre pour la plupart sur des subventions qui représentent 1% du PIB du pays, selon le ministère des Finances, nombre de ces entreprises affichent un endettement abyssal (2 624,4 milliards FCFA pour 37 entreprises en 2017, NDLR), qui constitue un véritable risque budgétaire pour le Trésor public, selon diverses analyses officielles.
Afin d’inverser cette tendance, le gouvernement invoque depuis quelques années la suspension des subventions et l’orientation des entreprises publiques vers des prêts non souverains des partenaires financiers et établissements de crédit, dont le corollaire est l’amélioration de la performance et de la compétitivité.
Brice R. Mbodiam
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