(Investir au Cameroun) - Des petites et moyennes entreprises (PME) fournisseurs de l’entreprise turque Yenigün, constructeur du stade de football de Japoma à Douala, se plaignent d’accumuler aujourd’hui plusieurs mois d’arriérés de paiement sur leurs prestations.
« Pour ma part, l’entreprise me devait jusqu’à 11 mois d’arriérés, elle a réglé quelques mois et pour le reste, nous sommes toujours dans l’attente, or nous avons des contraintes avec nos propres fournisseurs, et surtout l’administration des impôts qui attend qu’on paye diverses sortes d’impôts sur notre chiffre d’affaires alors que nous n’avons encore rien encaissé », a confié un des promoteurs d’une de ces PME.
Chez Yenigün Cameroun, il est difficile d’avoir une quelconque information, car le site de travail est barricadé et l’entreprise filtre soigneusement les entrées. Néanmoins, selon des sources proches du dossier, ces arriérés traînent depuis le début du deuxième trimestre 2019. Les responsables de l’entreprise turque expliquent depuis toujours qu’ils attendent la contrepartie du gouvernement pour payer tout le monde.
Fin décembre 2019, le gouvernement du Cameroun à travers le ministère des Finances a signé une convention avec la filiale locale du groupe bancaire United Bank for Africa (UBA). L’opération n’a pas fait l’objet d’une forte médiatisation, et le montant exact accordé n’est pas connu. Des sources proches d’UBA ont admis sous couvert de la confidentialité que plusieurs milliards avaient été rendus disponibles.
Les arriérés de paiement sont un des principaux défis des PME au Cameroun, car celles-ci ont majoritairement une faible trésorerie et doivent faire face à de nombreuses dépenses de court terme, y compris celles en rapport avec le paiement de l’impôt. Plusieurs promoteurs interrogés par l’Agence Ecofin ont reconnu que cette immobilisation des paiements dont ils sont victimes fragilise leurs équilibres financiers et la relation construite avec les banques.
La loi camerounaise donne la possibilité d’ouvrir un contentieux judiciaire en recouvrement. Mais depuis la Loi de finances 2018, un recours de ce type s’accompagne du dépôt d’une caution qui représente entre 10% et 15% du montant du paiement sollicité. Une contrainte qui repousse plusieurs PME qui n’ont surtout aucune garantie que la justice tranchera en leur faveur.