(Investir au Cameroun) - Au cours des mois d’août et septembre 2020, les crédits accordés par les banques commerciales camerounaises au secteur privé ont progressé respectivement de 54% et de 50,5%, informe l’agence Ecofin qui l’Institute of International Finance (IFF). Ce sont les plus fortes progressions mensuelles pour cet indicateur, depuis janvier 2017.
Dans le même temps, on note qu’en septembre 2020, les engagements des banques vis-à-vis du secteur public non financier ont progressé de 1,7%. C’est la plus forte progression depuis 2014. Par ailleurs, l’encours de nouveaux engagements au profit des administrations publiques dans le bilan des banques commerciales a atteint 18% à fin septembre 2020, son niveau le plus élevé depuis 2014 aussi.
Cette progression du crédit bancaire est une chose positive pour la relance de l’économie camerounaise, selon les analyses de l’IFF. Cette institution basée à Washington se positionne comme une association mondiale des banques centrales. « L’expérience précédente de la baisse du crédit au secteur privé en 2018 a entraîné une baisse ultérieure de l’activité économique », peut-on lire dans le document.
Le secteur public revient en grâce auprès des banques après une période assez tendue, marquée par d’importants défauts de remboursement enregistrés notamment du côté des sociétés parapubliques. La plus emblématique des créances du secteur public à problèmes est celle de la Société nationale de raffinage (Sonara). L’État a dû trouver un accord de refinancement avec les trois plus importantes banques du pays pour détendre l’atmosphère.
Avec le secteur privé, il se pose d’autres types de problèmes. Il est souvent évincé du marché du crédit, lorsque les prêts au secteur public s’intensifient. Cela a une fois de plus été observé entre décembre 2019 et juin 2020, lorsque des mois de hausse du crédit aux entités publiques sont allés de pair avec une baisse subséquente des prêts accordés au secteur privé.
Les arbitrages pour les banques commerciales actives au Cameroun contiennent de petites complexités. Elles possèdent un stock de réserves supplémentaires de ressources oisives, mais préfèrent les conserver sans aucune rémunération dans les coffres de la banque c (BEAC). Au 30 septembre 2020, ces ressources supplémentaires étaient de 933,75 milliards de FCFA. Mais l’expérience démontre que financer le secteur public ne garantit pas toujours une rentabilité stable. Quant au secteur privé, notamment celui des grandes entreprises qui absorbent 60% de ce crédit bancaire, l’encours des créances douteuses y est de 20%.
Idriss Linge