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Yaoundé - 20 avril 2024 -
Finance

Emprunt obligataire 2023 : le Cameroun peine à obtenir une prise ferme de 120 milliards après avoir revu ses ambitions

Emprunt obligataire 2023 : le Cameroun peine à obtenir une prise ferme de 120 milliards après avoir revu ses ambitions

(Investir au Cameroun) - L’emprunt obligataire 2023 que l’État du Cameroun se prépare à lancer sur la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (Bvmac) ne portera plus sur un montant de 200 milliards de FCFA, a-t-on appris de sources internes au processus. Il est désormais question de mobiliser 150 milliards de FCFA. Entre autres causes, le pays peine à obtenir des cinq arrangeurs de l’opération une prise ferme conséquente. Il s’agit de la banque d’affaires Financia Capital et des sociétés de bourses Afriland Bourse & Investissement, Attijari Securities Central Africa, Société Générale Capital Securities Central Africa et Upline Securities Central Africa.

Pour un emprunt obligataire de 200 milliards, ces institutions financières proposaient une prise ferme de 102 milliards après d’âpres négociations, soit 51% du montant sollicité. Une fois l’opération ramenée à 150 milliards, elles proposent désormais 94 milliards, ce qui représente 62,6% de la somme recherchée. Ce niveau de prise ferme est le plus bas jamais proposé au Trésor public camerounais dans le cadre d’un appel public à l’épargne. Pour illustration, au cours de l’emprunt obligataire de 2022 d’un montant de 200 milliards de FCFA, pour lequel le Cameroun avait finalement obtenu 230 milliards de FCFA des investisseurs, les quatre co-arrangeurs avaient déjà assuré au Trésor camerounais une enveloppe de 180,5 milliards de FCFA (plus de 90%) avant même le début des souscriptions. Ce qui garantissait d’ores et déjà le succès de l’opération.

Du coup, le ministre des Finances souhaite obtenir le relèvement de la prise ferme autour de 120 milliards de FCFA, soit 80% de la somme sollicitée. De bonnes sources, Louis Paul Motazé (photo) rencontre une nouvelle fois le 30 mai 2023, les cinq arrangeurs de cet emprunt obligataire. Il s’agit de l’ultime round des négociations, apprend-on. Face à l’âpreté des tractations, l’opération qui était prévue au mois de mai devrait finalement être lancée en juin 2023.

Pour comprendre ces difficultés, il faut savoir que cette levée de fonds se déroule à un moment où les conditions du marché des capitaux sous-régional sont jugées draconiennes, avec l’installation de la pratique des taux d’intérêt élevés. Une réalité à mettre notamment en lien avec le durcissement de la politique monétaire (relèvement répété des taux directeurs, accélération des ponctions de liquidité dans les coffres-forts des banques) par la Beac, l’institut d’émission des six pays de la Cemac (Cameroun, Gabon, Congo, Tchad, RCA et Guinée équatoriale).

Emprunt à taux variables

En plus de la réduction de l’enveloppe sollicitée, l’État du Cameroun a également décidé, apprend-on, d’expérimenter pour la première fois une opération de levée de fonds à taux d’intérêt variables. C’est-à-dire que pour le même titre, l’investisseur sera invité à souscrire aussi bien pour des maturités moins longues assorties de taux d’intérêt moins élevés, que pour des maturités plus longues, frappées de taux d’intérêt beaucoup plus élevés. Cette option vise à réduire l’exposition du Trésor public aux taux d’intérêt élevés pratiqués sur le marché.

Concrètement, apprend-on, dans le cadre de son emprunt obligataire 2023, le Cameroun propose un volume de titres à 6 ans de maturité pour un montant de 80 milliards de FCFA, assortis d’un taux d’intérêt de 6,75%. Une enveloppe de 50 milliards de FCFA est également recherchée à travers des titres publics d’une maturité de 4 ans, pour un taux d’intérêt de 6%. La dernière option offerte aux investisseurs est de fournir 20 milliards de FCFA à l’État du Cameroun, contre une rémunération de 7,25% pour une maturité de 8 ans.

Au regard de ces offres, l’on constate que le Cameroun s’apprête à lancer son emprunt obligataire le plus cher depuis le début de ses interventions sur le marché financier il y a bientôt 13 ans. En effet, depuis son opération sur ce qui était alors le Douala Stock Exchange (DSX) en décembre 2010, jusqu’à la dernière de mai 2022, les taux d’intérêt servis par le Trésor public ont oscillé entre 5,5% et 6,25%, pour des maturités de 5 à 7 ans. Pour l’emprunt de 2023, ces taux vont se situer entre 6 et 7,25%.

Brice R. Mbodiam

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