(Investir au Cameroun) - Au cours de l’année 2021, le gouvernement camerounais poursuivra sa politique de mobilisation des fonds sur le marché des capitaux, pour financer son déficit budgétaire évalué à 1 481,9 milliards de FCFA, selon les chiffres contenus dans le projet de loi de Finances 2021, en cours d’examen au parlement.
Outre les tirages sur les prêts-projets (703,4 milliards) et les appuis budgétaires (260 milliards de FCFA) à solliciter auprès des bailleurs de fonds internationaux, le gouvernement camerounais entend lever sur le marché des capitaux une enveloppe globale de 452 milliards de FCFA, apprend-on officiellement. Concrètement, des titres publics d’un montant de 350 milliards de FCFA seront émis sur le marché, tandis que des emprunts bancaires directs de 102 milliards de FCFA sont prévus.
Sur les titres publics, le marché monétaire sous-régional (Beac), devenu la coqueluche du Trésor public camerounais, devrait de nouveau remporter les faveurs du gouvernement pour des emprunts aussi bien de long terme (obligations du Trésor assimilables) que de court terme (bons du Trésor assimilables). Cependant, même si depuis 2019 le gouvernement s’est recentré sur le marché pour ses emprunts de long terme, il n’est pas exclu qu’en 2021, le pays renoue avec un emprunt obligataire sur le marché financier unifié, basé à Douala, la capitale économique du pays.
Lobbying de la BVMAC
En effet, selon nos sources, le ministre des Finances, Louis Paul Motazé, a récemment reçu les responsables de la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (BVMAC), venus proposer au gouvernement camerounais des conditions plus attractives pour lever les fonds sur ce marché. Pour rappel, les coûts jugés prohibitifs, les délais de remboursements moins souples et les délais d’exécution des opérations plus longs sont les principaux éléments qui ont détourné le Trésor camerounais de ce marché depuis 2 ans.
En dehors des émissions de titres, pour lesquelles l’État sollicitera déjà indirectement les banques agréées comme spécialistes en valeurs du Trésor (SVT) sur le marché monétaire, ou comme intermédiaire de bourse sur le marché financier unifié, les établissements de crédit seront directement interpellés pour des emprunts globaux de 102 milliards de FCFA en 2021.
À l’observation, cette enveloppe représente à peine le dixième des avoirs de l’administration publique et des collectivités locales décentralisées dans le système bancaire local (976 milliards de FCFA à fin août 2020, NDLR). « Lorsque l’État camerounais va sur le marché bancaire, c’est en réalité pour emprunter son propre argent », ironise un cadre du ministère des Finances.
Brice R. Mbodiam
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