(Investir au Cameroun) - Au 31 décembre 2019, l’encours de la dette publique et à garantie publique (ensemble des dettes contractées par l’État, entreprises et autres établissements publics) a atteint un volume de 8 384 milliards de FCFA, a révélé le directeur général de la coopération et de l’intégration au ministère de l’Économie, Charles Assamba Ongodo. C’était le 21 janvier 2020 à Yaoundé, à l’occasion de la conférence annuelle des services centraux et déconcentrés du ministère de l’Économie.
Cette dette, qui a progressé de 827 milliards de FCFA en seulement huit mois (elle était de 7 557 milliards de FCFA à fin avril 2019), représente désormais 37,4% du PIB du pays, a souligné M. Assamba.
Cette augmentation peut s’expliquer par l’accélération des décaissements des financements extérieurs, au cours du 2e semestre 2019, comme annoncé par le ministère des Finances dans une note explicative du collectif budgétaire décidé par le chef de l’État le 29 mai 2019.
La progression de la dette publique à fin décembre 2019 s’explique également par la révision à la hausse de l’enveloppe des financements à mobiliser sur le marché monétaire (Beac), à partir de juin 2019. Celle-ci est en effet passée de 260 à 350 milliards de FCFA, à la faveur du collectif budgétaire susmentionné.
Risque de surendettement élevé
Globalement, en dépit de sa forte progression sur une période relativement courte, la dette publique camerounaise, qui ne représente qu’un peu plus de 37% du PIB, demeure à priori soutenable. Puisque les critères de convergence en vigueur dans la zone Cemac établissent le plafond de l’endettement public à 70% du PIB.
Cependant, en dépit de la marge de manœuvre dont il dispose encore en matière d’endettement, le Cameroun est classé par les institutions de Bretton Woods parmi les pays « à risque de surendettement élevé ». Et cela eu égard à la célérité avec laquelle il s’est endetté ces dernières années.
« Le risque de surendettement élevé se justifie par le dépassement, depuis l’année 2018, des deux ratios de liquidité que sont le ratio service de la dette sur recettes d’exportations, d’une part, et le ratio service de la dette sur recettes publiques, d’autre part. Ce qui indique qu’à partir de 2018, et jusqu’en 2026, le Trésor public rencontrera d’énormes difficultés pour honorer ses engagements, notamment le règlement du service de la dette à bonne date », explique le ministre camerounais des Finances.
Louis Paul Motaze s’exprimait ainsi devant les parlementaires le 8 juillet 2019, au cours de la présentation du projet de budget 2020 initial de l’État, en prélude au tout premier débat d’orientation budgétaire de l’histoire des finances publiques au Cameroun.
Brice R. Mbodiam
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