(Investir au Cameroun) - Les gouverneurs des régions du Nord, Jean Edi’i Abate, et de l’Extrême-Nord du Cameroun, Midjiyawa Bakari, viennent d’effectuer une visite de travail à Bruxelles auprès du Service européen pour l’action extérieure, sorte de bras armé de la diplomatie de l’Union européenne (UE). Au-delà de la question cruciale de la restauration du lac Tchad, dont l’assèchement a pour conséquence de plomber les activités agropastorales et de pêche, qui permettent aux populations de la partie septentrionale du pays de vivre, le gouverneur de l’Extrême-Nord a plaidé pour le sauvetage de l’activité touristique dans sa région de commandement.
« Le tourisme nous rapporte énormément de devises. (…) Donc, nous leur avons dit de nous aider à enlever cette mention (de zone rouge, NDLR) qui est négative, et qui fait que les touristes n’arrivent pas », a indiqué Midjiyawa Bakari.
En 2013, l’enlèvement de la famille Moulin Fournier, de retour du parc national de Waza, par les islamistes de la secte Boko Haram, avait conduit l’Union européenne a placé la région de l’Extrême-Nord du Cameroun sur la liste rouge des lieux à ne pas fréquenter par les touristes. Ce qui avait sonné le glas de l’activité touristique dans cette région camerounaise, principalement animée par les touristes européens.
Selon les données de la délégation régionale du Tourisme et des Loisirs pour l’Extrême-Nord, en 2015, par exemple, soit 2 ans après l’enlèvement des Moulin Fournier, le « taux d’occupation de certains hôtels est passé de 90% à 30% » dans cette région camerounaise, entraînant la suspension des activités de certains établissements hôteliers, faute de touristes.
Sites touristiques attractifs
Aujourd’hui, la situation n’a pas beaucoup évolué. Il est question de changer complètement la donne, pour que l’activité touristique dans cette partie du Cameroun retrouve son lustre d’antan. De ce point de vue, le gouverneur de l’Extrême-Nord souligne que passée la période que l’on peut considérer comme le printemps de Boko Haram, secte islamiste qui ciblait essentiellement les occidentaux pour les enlèvements avec demandes de rançon, la région est désormais sécurisée, grâce au travail abattu sur le terrain par les forces de sécurité camerounaises. « Aujourd’hui, vous pouvez partir de Garoua (Nord) à Kousseri (Extrême-Nord), en aller-retour, sans escorte », fait observer Midjiyawa Bakari.
À la faveur de cette accalmie, fait remarquer le patron de la région de l’Extrême-Nord, certains touristes européens ont recommencé à revenir, mais en nombre très réduit. Du coup, malgré les actions de promotion des autorités publiques, les sites touristiques de l’Extrême-Nord, parmi lesquels le célèbre parc de Waza et sa faune très diversifiée, ou encore les montagnes du Rhumsiki, continuent désespérément d’attendre le flux de visiteurs d’antan.
La rareté des touristes dans la région de l’Extrême-Nord, qui abrite les sites touristiques parmi les plus attractifs au Cameroun, est telle que selon les projections du World Travel & Tourism Council (WTTC), forum pour l’industrie du voyage et du tourisme regroupant des opérateurs de la filière, le tourisme ne pèsera qu’un peu plus de 3% dans le PIB du Cameroun en 2028, soit moins que les 4% enregistré en 2013, année au cours de laquelle le tourisme a débuté sa descente aux enfers dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun.
Brice R. Mbodiam
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